Le Venezuela, seul en Amérique du Sud à créer un programme de rapatriement en pleine pandémie

Les vols humanitaires sont effectués par la compagnie vénézuélienne d’État Conviasa, qui a été sanctionnée par les États-Unis.

Malgré la proximité de la Colombie et du Brésil dont les régimes néo-libéraux abandonnent la population pauvre au Covid, le Venezuela, en ce début d’octobre, a pu guérir 68088 patients sur un total de 77646 cas depuis le début de la pandémie, soit un taux de 88%. On y compte 643 décès (un des taux de létalité les plus bas du monde) alors que la Colombie voisine en compte 26397 (chiffres de l’OMS). Cette politique de santé est d’autant plus remarquable que les voisins sud-américains ne subissent pas, eux, de blocus états-unien ni les sanctions financières occidentales qui limitent fortement l’accès du gouvernement bolivarien aux médicaments. Grâce à sa diplomatie multipolaire, le Venezuela est devenu le 2 octobre, le premier pays de l’hémisphère occidental à recevoir un premier chargement du vaccin russe Sputnik. « Cette aide médicale revêt une importance particulière face aux sanctions illégales, motivées politiquement, des USA, qui limitent l’accès du Venezuela aux médicaments » explique le Ministère Russe des Affaires Extérieures. Après sa troisième phase d’essai sur 2000 volontaires, ce bouclier sera ensuite produit sur place et distribué gratuitement à la population. Ce mois d’octobre arrivera également un chargement du vaccin chinois, qui suivra le même processus.

Ce n’est pas tout.

Plus de 92000 citoyens sont déjà rentrés dans le pays, à leur demande, par des vols affrétés par le gouvernement dans le cadre du programme «Vuelta a la Patria» (Retour à la Patrie) ou grâce aux couloirs humanitaires mis en place par le Ministère de la Santé. Créé en 2019, le programme « Vuelta a la Patria » garantit le transport des Vénézuéliens qui ont émigré et qui souhaitent rentrer au pays, mais qui n’en ont pas les moyens économiques.

En utilisant des avions, des bus et des couloirs humanitaires, 92.000 Vénézuéliens sont rentrés au pays pendant la pandémie depuis des pays comme la Colombie, le Brésil, le Pérou, le Chili. Sur ce total, 9 mille qui étaient infectés par le nouveau coronavirus et ont été traités par le système de santé publique du pays.

Jeudi dernier (1), 800 Vénézuéliens sont revenus d’Espagne et de République dominicaine. La semaine précédente, 600 autres étaient déjà revenus du Mexique, de l’Uruguay et du Panama.


L’État offre des transports gratuits, par voie terrestre et aérienne, ainsi que l’hébergement, la nourriture, les médicaments et les soins médicaux. En effet, selon les règles établies par le gouvernement bolivarien, toute personne qui entre dans le pays doit subir les tests de diagnostic du covid-19 et passer deux semaines en isolement social. Les vols de « Vuelta a la Patria » ont été réactivés en septembre, à la suite de nouveaux accords conclus par l’État vénézuélien avec d’autres nations.

200 Vénézuéliens sont revenus de la République dominicaine jeudi dernier (1) sur le troisième vol humanitaire « Vuelta a la Patria »

Ramses Fuenmayor Arocha, ingénieur système et professeur à l’Université centrale du Venezuela (UCV), s’était rendu au Mexique le 7 mars pour offrir un cours de 10 jours et n’a réussi à revenir que le 9 septembre, sur un vol qui est parti de la ville de Toluca. Les frontières vénézuéliennes étant fermées le 15 mars, son vol a été annulé. Arocha dit avoir envoyé plusieurs lettres à l’ambassade du Venezuela à Mexico jusqu’à ce qu’il soit inclus dans la liste des rapatriés.

«Je dois dire que le personnel de l’ambassade a été très gentil. Tout était très organisé. Le jour même de mon arrivée, ils avaient déjà préparé du matériel pour effectuer un test PCR, le résultat négatif est sorti en trois jours, à ma sortie de la quarantaine » explique ce professeur de l’UCV.

Une autre rapatriée, Ana Karine Rivas, une jeune vénézuélienne qui vivait à Lima, au Pérou depuis deux ans, avait été victime d’un accident en tentant de rentrer dans son pays. Au chômage en raison de la pandémie, Ana a été expulsée de la maison où elle vivait, et a décidé de retourner au Venezuela à pied, avec son compagnon et un autre groupe de 10 Vénézuéliens. La traversée a commencé le 30 avril, et à l’aube du lendemain, les Vénézuéliens ont été heurtés par un camion-citerne alors qu’ils dormaient sur les rives de l’Avenida Panamericana Norte, dans la province de Barranca, au nord de la capitale péruvienne. Dans l’accident, trois personnes sont mortes et neuf ont été blessées.

«Nous avons demandé de l’aide et personne ne voulait s’arrêter, jusqu’à que, quelques minutes plus tard, un homme nous aide en appelant la police. Après nous avoir emmenés à l’hôpital, l’ambassade nous a aidés avec tout, nourriture, soins, médicaments et quand nous nous portions mieux, ils nous ont fait embarquer sur un vol avec du personnel diplomatique pour rentrer dans notre pays » raconte Rivas.

« Nous exprimons notre douleur et nos condoléances pour l’accident survenu sur la route panaméricaine, à Barranca, au Pérou: un camion-citerne a écrasé plusieurs compatriotes à son retour à pied au Venezuela. Notre personnel consulaire est en contact avec les blessés et les autorités pour les soigner« . – Jorge Arreaza M (@jaarreaza) 1 mai 2020

Ana Karina a subi trois chirurgies aux jambes et marche toujours à l’aide de béquilles. Elle a pris le vol de « Vuelta a la Patria » le 21 juillet à Lima et est rentrée chez elle le 13 août, après avoir accompli la période de quarantaine obligatoire.


« Nous exprimons notre douleur et nos condoléances pour l’accident survenu sur la route panaméricaine, à Barranca, au Pérou: un camion-citerne a écrasé plusieurs compatriotes à leur retour à pied au Venezuela. Notre personnel consulaire est en contact avec les blessés et les autorités pour les soigner
« . – Jorge Arreaza M (@jaarreaza), Ministre des Affaires Etrangères de la République Bolivarienne du Venezuela 1 mai 2020

Deux poids, deux mesures

Bien qu’il soit un pays économiquement soumis à un blocus impérial, le Venezuela recherche des ressources pour suivre les directives des organisations multilatérales.

En mai, l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) avait lancé l’alerte sur la nécessité de créer des ponts pour garantir le retour des immigrés dans leurs foyers, soulignant que l’Amérique latine et l’Afrique de l’Est sont les régions avec la plus grande mobilité humaine au monde. Les derniers jours confirment ces prédictions. Jeudi dernier (1), environ 1000 Honduriens ont lancé une nouvelle caravane d’immigrants à destination des États-Unis.

Une caravane avec un millier de Honduriens est déjà arrivée au Guatemala, après avoir traversé la frontière à travers la ville de Corinthe / Gilda Silvestrucci / Telesur

Le gouvernement de Donald Trump refuse à nouveau d’accueillir cette population en situation de vulnérabilité sociale, conservant la même position qu’il exprimait en 2019, avec les autres caravanes qui ont quitté le Salvador, le Guatemala et le Honduras. En plus de maintenir les portes fermées à l’immigration, Trump a également procédé à quelque 10000 expulsions pendant la pandémie. Les gouvernements qui ont accueilli des citoyens expulsés des États-Unis ont dénoncé le fait que beaucoup sont revenus avec la maladie.
Depuis plus de six mois, les États-Unis sont restés le pays le plus touché par le virus, accumulant 7,3 millions de patients et 208 000 décédés, selon l’Université Johns Hopkins.
Le président Trump a également refusé d’autoriser un vol de la compagnie aérienne vénézuélienne Conviasa à atterrir sur le territoire américain pour rapatrier 524 citoyens qui avaient demandé de l’aide. La chancellerie vénézuélienne a reçu pour instruction que ces personnes se rendent au Mexique afin de pouvoir rentrer ensuite dans leur pays.

D’autre part, la Maison Blanche a annoncé une aide de 128 millions de dollars américains au député vénézuélien Juan Guaidó, officiellement pour aider à combattre la pandémie de covid-19 dans le pays et soutenir les migrants. Cependant, des députés et des personnalités politiques opposées au gouvernement Maduro dénoncent que cet argent n’a jamais été investi dans des actions concrètes. Ce 5 octobre, la Banque d’Angleterre a finalement annulé la remise de l’or vénézuélien à Guaido, dont les implications dans des cas de corruption sont notoires, aux USA notamment.

par Michèle de Mello
Brasil de Fato | Caracas (Venezuela)
03 octobre 2020

Édition: Lucas Weber

Source : https://www.brasildefato.com.br/2020/10/03/venezuela-e-o-unico-pais-do-continente-com-programa-de-repatriacao-durante-pandemia

Traduction : Monica Passos

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2020/10/05/le-venezuela-seul-en-amerique-latine-a-creer-un-programme-de-rapatriement-en-pleine-pandemie/

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