En Occident il y a bien longtemps que la gauche n‘ose plus parler de démocratiser la propriété des médias. Les grands groupes privés imposent leur image du monde au service public et… balisent l'imaginaire de la gauche. Comme le Venezuela construit une démocratie participative et bat les records en nombre d'élections, les grands médias personnalisent le processus : «Chavez ceci», «Maduro cela», «populiste», «dictateur». Ceci est le journal d'une révolution, aux antipodes de l’AFP ou de Reuters
Le jour est venu de rassembler les cartes produites par l’équipe du Laboratoire International de l’Habitat Populaire et les conseils communaux de la Commune « Vamos con Todo » à Petare Norte, au Venezuela. Moment de grande émotion : découvrir sur une carte collective l’image complète de la lutte d’un quartier populaire contre l’exclusion historique. Yasmine Jiménez, porte-parole de cette commune de Petare, explique, les larmes aux yeux : « Nos grands-parents, nos parents ont dû construire leurs maisons comme ils le pouvaient. Ils n’avaient pas d’ingénieur ou d’architecte à leurs côtés pour leur dire plus ou moins comment faire. Mais leurs maisons sont stables, sont dignes. Il est temps pour nous, communardes et communards, de marquer notre empreinte de transformation dans chaque territoire, dans le monde. Lorsque toutes les missions sociales révolutionnaires s’incarneront en profondeur dans la réalité de nos territoires communaux, nous pourrons dire clairement que nous faisons la révolution et nous pourrons renforcer le socialisme, en tant qu’égalité des droits. Le rôle des femmes est fondamental. C’est nous, les femmes, qui remplissons d’amour nos quartiers et nos familles, et tant que nous nous verrons avec les yeux de l’amour, nous remporterons de grandes victoires politiques. Production : TERRA TV/LIHP. Réalisé et monté par Jesús Reyes. République bolivarienne du Venezuela, mai 2023. Durée : 13 min 15 sec. VO SUBT FRANÇAIS.
Lorsqu’elles sont arrivées en 2015 sur le site où elles ont construit un immeuble de six étages, elles n’ont trouvé que de la ferraille et des débris. Aujourd’hui, les travailleuses (80% de femmes) et les travailleurs de l’AVV « Jorge Rodríguez Padre », sur l’avenue principale d’El Algodonal, secteur Antímano, Caracas, s’apprêtent à occuper leurs logements, et à vivre pleinement leur habitat.
L’école de communication des mouvements sociaux « Hugo Chávez » et TERRA TV appuient depuis longtemps ce collectif du féminisme populaire en réalisant ce type de chroniques audiovisuelles (comme le reportage ci-dessus, signé Victor Hugo Rivera) ou le documentaire « Nostalgiques du futur » tourné avec elles pendant une année et récemment projeté dans de nombreux cinémas en Europe. La finalité est de transférer aux travailleuses et travailleurs les outils de production artistique, pour qu’elles ou ils produisent eux-mêmes leurs images et leurs récits. D’où aussi, en 2023, l’organisation d’ateliers comme celui mené par le photographe Félix Gerardi (dimanche 5 février, voir le reportage photos ci-dessous) ou celui de théâtre donné par Douglas Estevam, du Mouvement des Sans terre du Brésil (du 13 au 16 avril, lire le reportage ici).
Thierry Deronne, Caracas, avril 2023.
Photos : « Voir ce que l’on ne voit plus, rendre l’ordinaire extraordinaire » : le 5 février 2023, la magie communicative de Félix Gerardi a permis qu’en quelques heures « las compañeras » s’emparent de nombreux outils pour écrire leur histoire, en vue de la rédaction d’un livre sur l’épopée de l’autoconstruction de leur immeuble. Photos : T. Deronne
Deuxième épisode d’une chronique vénézuélienne au long cours qui raconte en images comment des citoyen(ne)s rêvent et transforment leur habitat, pour rompre avec la logique capitaliste de l’espace.
Que veut dire : comprendre son territoire ? Comment lire son environnement, ses évolutions, ses dynamiques ? Ces interrogations posées par la démarche collective d’étude urbaine engagée dans le vaste quartier populaire de Petare Norte (près de Caracas, au Venezuela) ont poussé le Laboratoire International pour l’Habitat Populaire (LIHP) à initier une cartographique participative du territoire dans une dialectique entre ce qui est possible d’un point de vue technique (incarné par l’acteur scientifique : architectes, ingénieurs, …), ce qui est nécessaire et souhaitable du point de vue des communautés organisées à l’échelle communale (conseils communaux et communes) et ce qui est plausible, pour la puissance publique (l’État vénézuélien et du gouvernement régional de l’État de Miranda) dans le cadre de ses ambitions politiques, de ses actions et de ses projets de réalisations.
Au fil des réunions, des cartes dynamiques sont produites, tissant des liens de « communications » entre ces trois familles d’acteurs en associant, mêlant, combinant : activités humaines (de l’espace intime à l’espace de socialisation) ; activités urbaines (du public et du privé…) pour appréhender le territoire dans son mouvement et dans l’espace.
Cette deuxième chronique audiovisuelle, réalisée par Jesus Reyes de Terra TV, illustre cette démarche de cartographie participative.
Porté par le Laboratoire International pour l’Habitat Populaire*, « Petare Norte » est une expérience-pilote unique au monde, menée avec une commune populaire du vaste « barrio » de Petare, à l’est de Caracas, État de Miranda. Vous pouvez suivre pas à pas chacune des étapes de ce projet participatif de transformation urbaine en vous abonnant à sa chaîne YouTube (sous-titrée en français) : https://www.youtube.com/@terratv2023
« Petare Norte » revêt une importance stratégique au niveau local et international. Son objectif est de trouver des solutions aux problèmes d’une grande agglomération populaire avec la participation directe des habitant(e)s, à toutes les étapes du processus. L’État communal comme plan de la révolution bolivarienne ouvre la la possibilité pour les organisations populaires du territoire de participer, avec voix et vote, à la prise de décision.
La stratégie du projet est l’appropriation du territoire, l’inclusion des habitant(e)s dans l’espace et le temps, le droit d’habiter qui va au-delà du simple droit à la vie et de l’accès à la ville, compris dans ses deux dimensions : le droit d’accès aux biens et aux services et le droit de participer pleinement à la planification de la ville.
Photo : Jean-François Parent, président du LIHP. Carte participative du projet « Petare Norte ». Photo TD
Texte : LIHP
Photos : Thierry Deronne / Vidéo : Jesus Reyes. Production : Terra TV 2023
* Pour plus d’informations : en France : Laboratoire International de l’habitat Populaire, LIHP, 25 rue Jean Jaurès, 93200 Saint-Denis, France / +33 1 42438090 / contact@lihp.info / www.lihp.info Au Venezuela : LIHP Agencia América Latina, Torre Este de Parque Central, Piso 19, A.P. 1010, Caracas, Venezuela / + 58 212 5732543
À Caracas, une armée de femmes auto-formées travaille à la construction de leurs propres maisons tout en transformant la réalité qui les entoure.
Le logement marchandisé, les bidonvilles, les expulsions et le sans-abrisme sont des réalités mondiales et, quels que soient les efforts déployés par les médias grand public pour l’ignorer, il s’agit de l’une des horreurs les plus flagrantes du capitalisme.
En revanche, la Grande Mission Logement du Venezuela (GMVV) a construit plus de 4,4 millions de maisons pour les familles de la classe ouvrière depuis 2011, après que le dirigeant révolutionnaire Hugo Chávez a déclaré que l’accès à la terre et à un logement adéquat étaient des droits de l’homme et le fondement d’une vie digne.
L’objectif est d’atteindre 5 millions de logements d’ici à 2024.
En outre, le programme fournit souvent des infrastructures sociales telles que des écoles, des marchés alimentaires subventionnés et des espaces verts et récréatifs, tandis que les maisons sont livrées équipées d’appareils électroménagers de base. En conséquence, l’extrême pauvreté structurelle au Venezuela est passée de 10,8 % en 1998 à 4,3 % en 2018, selon le dernier rapport disponible publié par l’Institut national des statistiques (INE – Instituto Nacional de Estadística).
La portée du GMVV (Gran Misión Vivienda Venezuela) repose sur le pouvoir populaire : plus de 70 % des constructions seraient autogérées par les communautés, avec le soutien financier et logistique des institutions gouvernementales. Cela permet de réduire considérablement les coûts.
Pour comprendre son succès, malgré la crise économique actuelle et les sanctions états-uniennes, nous avons visité un projet de construction dirigé par des femmes, qui est devenu un élément essentiel du programme social et un exemple de féminisme de base.
Photo : La construction de l’AVV Jorge Rodríguez Housing Assembly a débuté en 2017, mais a subi plusieurs revers suite à l’imposition des sanctions américaines. (Andreína Chávez Alava / Venezuelanalysis)
Construire l’avenir
La belle paroisse d’Antímano, dans le sud-ouest de Caracas, compte une armée de femmes autodidactes qui travaillent toute l’année pour construire des maisons pour leurs familles et transformer la réalité qui les entoure. Leur histoire a commencé il y a près de 12 ans, lorsqu’elles se sont réunies pour la première fois pour créer l’Assemblée du logement AVV (« Asociación Viviendo Venezolano ») Jorge Rodríguez Padre.
L’ensemble du projet a pris son envol grâce au leadership des femmes. Ayari Rojas et Ircedia Boada, toutes deux mères et principales porte-parole du projet, ont commencé ce voyage en 2012 et ont été chargées de rassembler les 96 familles qui bénéficieront de cette initiative autogérée.
« Nous sommes ici grâce au président Hugo Chávez. Bien que la Grande Mission Logement ait été créée pour fournir des logements aux familles touchées par les fortes pluies de 2010-2011, M. Chávez a compris qu’il fallait accélérer la révolution du logement et il nous a demandé de nous organiser à cette fin. C’est ce que nous avons fait », nous a expliqué Mme Rojas.
Pour les femmes d’Antímano, la tâche à accomplir était claire. « Nous avons commencé par organiser des réunions pour discuter du caractère participatif de notre projet », poursuit Boada, « et nous avons commencé à nous former à la conception architecturale des bâtiments, aux mesures, aux systèmes ergonomiques et à tout ce qui concerne le travail de préconstruction ».
En 2015, ils ont repéré une belle zone avec une vue imprenable sur les montagnes dans le quartier d’El Algodonal, qui avait été abandonnée par son propriétaire avec des tonnes de déchets métalliques. « Nous ne sommes pas des envahisseurs comme certains l’ont dit, nous avons tout fait légalement », a déclaré Boada, rappelant que les factions de droite se sont toujours opposées à ce que la terre soit utilisée au profit du peuple, et non du capital.
L’obtention du titre foncier collectif a été leur première victoire populaire, mais les travaux de construction se sont avérés beaucoup plus difficiles dans un pays assiégé. Cette phase a débuté en 2017 après avoir nettoyé le terrain, s’être entraîné un peu plus et avoir défini les grandes lignes du projet : deux bâtiments jumeaux de six étages, comprenant chacun 48 appartements de 66 ou 76 mètres carrés (deux ou trois chambres à coucher selon les besoins de chaque famille).
« Ce fut cinq ans d’efforts d’autoconstruction tout en vivant sous des attaques constantes, des pénuries alimentaires induites, qui impliquaient de passer des heures à chercher des produits, aux pannes d’électricité nationales et à une pandémie, mais la pire agression a été les mesures coercitives unilatérales de Washington », se souvient Rojas.
Depuis 2017, le blocus américain a entravé tous les secteurs de l’économie vénézuélienne, en particulier l’industrie pétrolière, ce qui a créé de nombreux obstacles pour le gouvernement afin de financer les programmes sociaux, parmi lesquels la Grande Mission Logement, entraînant des retards et de longues pauses dans la livraison des matériaux de construction.
Mme Rojas est certaine que sans cette agression impériale, qui a frappé les femmes le plus durement, leurs maisons auraient été achevées depuis longtemps. Néanmoins, elles ont continué à avancer en s’appuyant sur la solidarité. « Nous avons contacté d’autres assemblées de logement à proximité et nous avons commencé à échanger des matériaux de construction, comme du ciment contre des tuyaux, en fonction des besoins de chaque organisation. Le pouvoir populaire à son paroxysme ! »
Aujourd’hui, l’un des immeubles devrait être inauguré cette année et faire l’objet d’une célébration nationale. « Il ne s’agit pas seulement de construire des maisons pour nos familles », souligne Claudia Tisoy, mère de famille de 44 ans et plombière autodidacte, « nous construisons aussi l’avenir de notre pays, avec les femmes en tête. C’est cela l’horizon socialiste ».
Photo : Les femmes font une pause déjeuner avant de poursuivre leur travail de construction. Les repas sont préparés par leur propre communauté à partir de produits fournis par chacune des 96 familles. (Andreína Chávez Alava / Venezuelanalysis)
Une révolution féminine
Il est rare de voir des femmes travailler dans la construction, mais il est encore plus rare d’en voir une armée. C’est ce que nous avons trouvé dans le quartier d’El Algodonal. Dès que vous mettez le pied dans le complexe immobilier, les femmes vous saluent tout en effectuant diverses tâches, allant du bétonnage au transport de matériaux, en passant par la menuiserie, la plomberie et bien d’autres encore.
Et ce n’est pas que les hommes manquent à l’appel, mais 80 % des personnes qui ont levé ces murs étaient des femmes, 76 pour être précis, chacune des 96 familles fournissant une personne pour les travaux de construction. En plus de cela, elles se sont formées elles-mêmes à tout.
« Aucun d’entre nous ne connaissait la construction ! Mélanger du ciment et poser des briques ? Pas question ! » nous dit Yusgleidys Ruiz en riant, alors qu’elle se souvient de leurs débuts. « La vérité, poursuit-elle, c’est que la plupart des femmes ici sont des femmes au foyer qui voulaient des maisons dignes pour leurs enfants, alors nous avons appris sur le tas et nous sommes devenues des guerrières par la même occasion.
Mme Ruiz explique que la clé de leur succès réside dans leur éthique et leur engagement. Ils sont divisés en groupes qui se relaient chaque semaine 24 heures sur 24, pour construire le jour et surveiller la zone la nuit, ce qui leur permet de maintenir le projet actif tout au long de l’année.
Pour Ursulina Guaramato, l’expérience a fait d’elle une experte en barres de construction, comme elle l’admet fièrement. « Je suis coupable de tout cela », dit-elle en souriant et en montrant les connexions en acier qui s’étendent à partir de certains piliers inachevés aux étages les plus élevés du bâtiment.
De même, Andreína San Martín est désignée par ses compagnons de travail comme la spécialiste incontestable des machines à treuil, un titre qu’elle a fièrement accepté. « Je suis heureuse parce que j’ai beaucoup appris sur la construction et le plus beau, c’est que je l’ai fait en construisant une maison pour ma famille, pour lui donner une meilleure qualité de vie, une vie digne, comme le disait Chávez.
Pour leur part, les hommes, dont la plupart sont également des constructeurs autodidactes, reconnaissent que c’est un honneur de travailler avec des femmes et d’apprendre à leurs côtés le pouvoir de l’organisation de base.
« Nous prenons toutes nos décisions en tant qu’assemblée, où tout le monde peut s’exprimer. Cette expérience nous a donc permis d’apprendre comment construire le pouvoir populaire et comment il peut conduire à un réel changement. Quand j’aurai des petits-enfants, je leur raconterai l’histoire des femmes qui ont construit tout cela, pas seulement des bâtiments, mais une communauté », a déclaré Carlos Villanoel.
Antonio Rodríguez, charpentier autodidacte, a ajouté que le leadership des femmes a rendu ce projet de logement possible « et c’est pourquoi notre principale devise est : Quand une femme avance, aucun homme ne recule : Quand une femme avance, aucun homme ne recule ! »
Photo : Les décisions sont prises collectivement lors d’assemblées hebdomadaires où chaque représentant de la famille exprime son opinion. (Andreína Chávez Alava / Venezuelanalysis)
Communauté et autosuffisance
Alors que leurs maisons sont sur le point d’être achevées, les hommes et les femmes de l’Assemblée du logement de l’aumônier Jorge Rodríguez veulent devenir les garants de la poursuite de la Grande mission logement du Venezuela en aidant d’autres constructions de logements autogérés à démarrer.
Ils ne vendent pas non plus de la poudre aux yeux. Elles ont été certifiées par des architectes et des ingénieurs qui ont inspecté le site et certaines d’entre elles, dont les dirigeantes Ircedia Boada et Ayari Rojas, ont même obtenu des diplômes dans leurs domaines de spécialisation respectifs.
« Transmettre notre savoir aidera davantage de femmes à s’autonomiser, à construire leur maison et à améliorer leur vie. Avant Chávez, les femmes étaient invisibles, même les héroïnes qui se sont battues pour la liberté de notre pays. Il est temps de libérer les héroïnes que nous portons dans notre sang », a déclaré Boada.
Un autre plan d’avenir est le développement de l’agriculture urbaine, conformément à l’ordre de Chávez selon lequel les organisations du pouvoir populaire doivent être autosuffisantes et posséder les moyens de production. Alors que le Venezuela est soumis à une agression impérialiste constante, ces initiatives de production autogérées ont vu le jour dans tout le pays, mais surtout dans les communes rural.
Le 23 mars 2022 au Venezuela est une journée parmi tant d’autres, parmi des milliers de journées d’une révolution totalement occultée par les grands médias. Dans l’ouest populaire de Caracas des mouvements féministes et le conseil communal Manuela Saénz inaugurent « La Morada », un espace d’écoute, de soins et de prévention pour les femmes et les fillettes. Pendant ce temps, la Commune Altos de Lidice à laquelle nous avons consacré un documentaire, vient d’être déclarée officiellement « territoire libre de malnutrition » et un de ses organisateurs dialogue en direct avec le président. A la demande de ce dernier, le nouveau Ministre des Communes et des Mouvements Sociaux Jorge Arreaza se réunit avec le Ministre de la Construction pour analyser les avancées des projets de logement public pensés et réalisés par les organisations populaires… tandis que les femmes organisées d’Antimano construisent de leurs mains le dernier étage de leur futur immeuble.
A l’autre bout du pays, dans l’état de Tachira, l’Institut des Terres poursuit la réforme agraire en remettant 32 titres de propriété à des paysannes qui ont développé chacune leur parcelle productive. Là, le slogan est « plus de terres sans paysannes, ni de paysannes sans terre ! » Au même moment le président Maduro annonce : « Nous devons renforcer l’articulation avec le Mouvement des Sans Terre du Brésil, répliquer au Venezuela leur production agroécologique ». Les formateurs des Sans Terre travaillent au Venezuela depuis la signature d’un accord avec le président Chávez.
« Le plus beau, pour ces jeunes qui viennent des milieux populaires, c’est de pouvoir réaliser leur rêve, construire leur propre maison sans dépendre d’une entreprise privée. Les projets collectifs de nos apprenti(e)s naissent de la collaboration avec les habitant(e)s, ils ou elles vont dans la communauté, cherchent le problème et proposent des solutions, grâce à leur formation technique, à partir d’une vision sociale« , raconte fièrement l’ingénieur Eskell Romero, directeur de l’école du Constructeur Populaire « Aristobulo Isturiz ». » « Dans chaque lotissement de la Grande Mission Logement Venezuela se trouve un noyau de notre école« .
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Depuis 11 ans, un groupe d’habitants du quartier populaire d’Antímano, secteur « El Algodonal » (Caracas), construit ses propres maisons en autogestion. L’urbanisme « Jorge Rodriguez Padre » est une école intégrale d’architectes et de travailleur(se)s de la construction, en grande majorité des femmes. C’est une des nombreuses écoles de pouvoir populaire si caractéristiques de la révolution bolivarienne où le gouvernement conseille ou fournit des ressources aux organisations populaires pour qu’elles puissent réaliser leurs propres projets.
VO ESP sous-titres français.Image : Ruben Paredes. Son : Victor Hugo Rivera. Réalisation : Thierry Deronne. Production :Terra TV. République bolivarienne du Venezuela, juillet 2021.
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« Aujourd’hui, nous inaugurons 100 bases de missions socialistes dans 100 localités où vivent les familles populaires, pour servir des milliers d’entre elles, afin que la population sache qu’elle est protégée. Malgré le blocus états-unien nous avons réorganisé ce réseau avec le soutien de la communauté » a expliqué le président Maduro lors d’une évaluation générale avec l’ensemble des ministres concernés, le 10 novembre 2020. « Nous devons gouverner avec le peuple, par le peuple, pour le peuple, c’est ainsi que Chávez l’a conçu« .
Pour accélérer le mouvement face à la détérioration des conditions socio-économiques sous la pression, depuis plusieurs années, de la guerre économique états-unienne, Maduro a également approuvé le budget qui permettra de mener à bien de nouveaux chantiers avec les conseils communaux et les communes avant le 31 décembre. « Nous allons inaugurer 100 autres bases de missions socialistes pour 150000 communautés populaires, nous le ferons malgré le blocus, car c’est comme ça que nous attaquons vraiment la pauvreté. Les grandes missions sociales sont le mécanisme permettant d’atteindre l’égalité, d’éliminer la pauvreté et de maintenir la communication permanente avec la population« , a-t-il précisé.
La base de missions socialistes « Marisela Mendoza de Brito » a été l’une des premières à être inaugurée dans l’État de Miranda : 13 communautés de la municipalité de Charallave en bénéficieront, soit 2026 familles. Dans ce lieu opérera la Mission Barrio Nuevo Barrio Tricolor dont l’objectif est de réparer les maisons ou d’en construire, le Programme de l’accouchement humanisé, les missions sociales éducatives Ribas, Robinson, Foyers de la Patrie et le Mouvement Somos Venezuela.
À San Carlos, dans le secteur de San Ramón, sept nouvelles bases de mission ont été inaugurées, où les patients seront également soignés par la médecine naturelle. Sur place, 1527 familles bénéficieront des services de cette base. De même, la base de missions socialistes « Rosa Inés » a été inaugurée dans le secteur de San Simón, de la municipalité de Maturín (région orientale du pays), pour s’occuper de plus de 3300 familles. La base de mission « Darío Vivas » dans le secteur de Las Majaguas de la municipalité de Juan Germán Roscio activera les espaces éducatifs, la clinique de médecine générale, ainsi que le système « point et cercle » avec un terrain de sport, l’espace préscolaire et Simoncito.
Ces « bases de missions socialistes » sont composées de trois modules à partir desquels sont gérées les missions sociales, programmes publics de protection créés par la Révolution bolivarienne.
En général le premier des modules internes de chaque base sert de logement aux médecins déjà installés dans ces communautés pour y dispenser des soins permanents. Le second est l’espace prévu pour les programmes de formation et les programmes culturels, notamment le Simoncito (enseignement initial), Misión Robinson (alphabétisation), Misión Ribas (enseignement secondaire) et Misión Sucre (enseignement universitaire). Il y a également un espace pour des activités culturelles, des cours, des ateliers, des lectures de groupe, etc. Le troisième module est une clinique de soins primaires dont le personnel est composé de médecins qui vivent dans la communauté. C’est là qu’opèrent les missions Barrio Adentro, le programme de santé de l’État. En bref, il y a trois espaces : le module résidentiel, le module de services et le module éducatif.
Cette campagne de construction de bases a été relancée par le président Nicolas Maduro le 7 juin 2014, après une enquête qui a déterminé qu’il y avait encore 1 500 communautés dans 255 paroisses avec une pauvreté extrême dans le pays.
Plan de relance de la Gran Misión Barrio Nuevo Tricolor
Le président a également ordonné d’accélérer la Grande Mission Barrio Nuevo, Barrio Tricolor (GMBNBT), dont l’objectif est de construire et/ou transformer l’habitat des secteurs populaires au niveau national (cette mission a déjà remis plus de trois millions de logements à très bas prix aux secteurs populaires).
« Je veux un plan spécial pour donner une forte impulsion à cette mission« , a-t-il déclaré depuis le Palais présidentiel, rappelant que « cette mission est un mécanisme pour vaincre la pauvreté et assurer une meilleure qualité de vie » dans le cadre de la lutte gouvernementale contre l’inégalité produite par les sévères restrictions économiques, financières et commerciales imposées depuis 2014 par l’Occident.
Par l’intermédiaire de la Gran Misión Vivienda Venezuela (Grande Mission Sociale du Logement, GMVV), le gouvernement bolivarien de Nicolas Maduro a remis au secteurs populaires 3.105.131 maisons, ce qui en fait le seul pays au monde à développer ce type d’action sociale en pleine pandémie. Et jusqu’à présent 1.087.869 titres de propriété ont été remis aux familles bénéficiaires selon les données publiées par la presse du ministère de l’habitat et du logement du pays.
La GMVV a promu l’auto-construction, avec les Conseils Communaux, qui sont l’une des organisations de base les plus consolidées, et a formé les hommes et les femmes dans ce domaine, en leur fournissant des outils pour le plan des structures, le nettoyage du terrain, la préparation des matériaux de construction tels que les blocs et les structures métalliques, entre autres tâches de construction, et en participant également au processus de planification et aux propositions de développement urbain.
Ces politiques de protection sociale s’étendent à tout le pays. La création de la « Mission Venezuela Bella », qui vient de fêter un an de création, a été un facteur fondamental dans la restauration des espaces publics et leur entretien afin de fournir une qualité de vie au peuple vénézuélien. Elle s’appuie également sur les mairies et d’autres organisations pour la réhabilitation et la remise en état des maisons dans les zones urbaines établies par la « Misión Barrio Nuevo Barrio Tricolor« . L’objectif du Ministère de l’Habitat et du Logement pour 2025 est d’en construire et remettre cinq millions, pour lesquels il a garanti l’achat de matériaux de construction spéciaux nationaux et internationaux, avec notamment la coopération de la Chine, en donnant la priorité aux domaines et aux ressources.
Fin avril 2020, dans le cadre de la célébration du neuvième anniversaire de la GMVV, le président Maduro a approuvé un budget pour continuer à honorer la dette sociale qui, au Venezuela, fait partie du Plan de la Patrie rédigé par le chavisme: « Que les villes et les établissements humains soient inclusifs, sûrs, résistants et durables« . Il est prévu de construire 500.000 maisons d’ici 2020 : « Je signe le budget de 647.133 mille petros, pour cette première phase qui prévoit la construction de 500.000 maisons, 602 travaux d’urbanisme et de services de base, l’activation de 729 terrains, la délivrance de titres de propriété unifamiliale et de terrains urbains, ainsi que la planification de neuf nouvelles villes et l’attribution de 200.000 logements pour les jeunes » a déclaré M. Maduro.En 2018, le plan des Assemblées de Construction du Bien-Vivre Vénézuélien (AVV) a été lancé, pour préparer la population au processus d’auto-construction et de gestion de logements durables. Nous nous sommes entretenus avec Ayary Rojas, le principal porte-parole de l’organisation et le responsable de la construction urbaine « Jorge Rodríguez padre », situé dans le secteur El Algodonal de Caracas.En quoi consiste ce projet et comment les gens ont-ils été préparés au processus d’auto-construction de logements ?Il s’agit d’une construction verticale de plus de cinq étages, qui bénéficiera à 96 familles de Caracas. Nous sommes un système organisationnel, participatif et acteur direct de son destin : chacune des familles impliquées qui forge sa propre clé, son habitat et son logement digne, avec beaucoup de discipline, de constance, de volonté, avec des objectifs clairs, avec l’esprit, avec le cœur, avec l’action, notre devoir, notre droit, notre obligation de maintenir ce merveilleux processus qu’est la Grande Mission Logement.Nous avons l’organisation du pouvoir populaire, nous sommes les garants de ce processus d’autogestion constructive et de la distribution équitable des ressources économiques, des matériaux qui sont assignés par l’État à travers Construpatria et l’AVV.Les décisions sont prises en assemblée, l’information est discutée, diagnostiquée et socialisée, et là nous planifions, exécutons, réévaluons dans tous les aspects, modifions et sommes complètement impliqués dans tous les aspects.
« En tant que femmes, nous avons pris le contrôle de cette réalité et nous avons vu dans l’art de la construction les possibilités de l’exercer comme une profession ou comme une partie de notre métier« .
La formation des personnes au processus d’auto-construction de logements a été progressive. Nous avons le soutien technique du Ministère de l’Habitat et du Logement, et de la main d’œuvre qualifiée, nous sommes des organisations atypiques car 80% d’entre nous sont des femmes, constructrices intégrales, nous imprimons le temps d’exécution et nous sommes des participantes directes, du choix de la qualité des matériaux à la bonne exécution des travaux. Le matériel doit être conforme aux normes de sécurité, il doit être le bon, coupé à la taille exacte, selon ce qui a été établi dans le projet initial.
Dans le secteur de l’autogestion, et pour être durable dans le temps, nous nous sommes aventurés dans la production de protéines animales, nous sommes une communauté dédiée à la production de lapins, de lombriculture, nous avons une unité de production porcine et une plantation de maïs qui couvre deux hectares, des arbres différents Pour la récolte à moyen et long terme de mangues, fruits de la passion, carottes, avocat, guanabana, courge, qui sont distribués également aux membres de l’organisation.
Nous traitons tous les domaines que nous considérons vitaux : formation sociopolitique, convivialité sociale, santé, constructif, malheureusement nous avons souffert d’un blocus bestial et inhumain qui nous a affaiblis, mais nous n’avons pas renoncé et nous nous battons toujours, nous sommes un projet qui va du personnel au collectif.Comment le Covid-19 a-t-il affecté l’achèvement des travaux?Le confinement a bien sûr touché le monde entier et nous n’échappons pas à cette réalité, cependant, comme nous sommes un projet autogéré, nous travaillons et nous construisons tous les jours avec quelques limitations, car nous évitons le surpeuplement de personnes dans les espaces. Nous ayons l’avantage d’être dans un espace ouvert, nous respectons les mécanismes de biosécurité mis en place par le gouvernement national.Le chantier a été un peu retardé, c’est vrai, par exemple, nous devions réaliser le faux-plafond du troisième étage et depuis deux semaines nous avons suspendu la tâche en raison du confinement radical, c’est quelque chose que nous ne pouvons pas éviter, nous convenons en tant que communauté que nous devons d’abord garantir la santé et ne pas générer de surexposition aux membres de l’organisation.L’État nous a accompagnées à tout moment, n’a cessé de nous soutenir, de nous envoyer le matériel pour répondre aux attentes et notre urbanisation entre dans les statistiques à livrer à la fin de cette année.Comment s’est opérée la transformation personnelle pour vous en tant que femme, et en tant que leader communautaire, pour la famille?Je pense que cela a été un tournant total, intense, y compris dans le cadre familial, et ce n’est pas courant, malgré le fait qu’Hugo Chávez se soit affirmé comme féministe, car dans notre pays nous continuons dans une certaine mesure à subir cette culture patriarcale, où les femmes ont généralement été invisibilisées, étiquetées comme “sexe faible”, comme des êtres incapables de mener des activités de ce type. Je crois que nous avons brisé des paradigmes, parce qu’ici nous, les femmes, nous nous sommes autonomisées et avons vu dans la construction la possibilité de l’exercer comme une profession ou comme une partie de notre profession, bien que cela soit d’habitude réservé aux hommes, nous démontrons que nous avons la force physique, et à notre rythme la capacité d’effectuer des tâches avec les mêmes compétences et capacités que n’importe quel expert.Nous avons découvert au cours de ces années ce qu’est un travail collectif, l’implication totale du noyau familial, nos attentes sont nombreuses pour l’avenir, nous savons qu’elles ne s’arrêtent pas ici, que le mouvement vénézuélien du logement existe au niveau national et que simultanément dans toutes les régions on construit des logements unifamiliaux et qu’à la différence de Caracas, le système de construction a été extraordinaire et que la formation, l’auto-formation, ce travail cohérent est ce qui nous a conduit au succès. Nous continuons de penser que c’est la voie qui nous incombe en tant que pouvoir populaire, en tant que personne à faibles ressources ou de ressources non constantes. Nous savons bien que dans le capitalisme, nous ne sommes pas en mesure d’acheter une maison dans un habitat décent semblable à ces espaces que nous construisons et qui deviennent une réalité tangible dans ce pays.
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