Sandino, retour vers le futur (L’Huma Magazine, février 2024)

A l’occasion des 90 ans de l’assassinat du général nicaraguayen Augusto C. Sandino sur ordre de Washington, L’Humanité Magazine m’a demandé de lui consacrer un article. J’y mets en lumière un Sandino méconnu : constructeur de communes autogérées dans les zones libérées par sa guérilla paysanne, suivant une vision très proche des communes populaires organisées aujourd’hui au Venezuela; et prophète, avec son « Plan pour la réalisation du rêve suprême de Bolivar », des politiques de coopération reprises par la gauche latino-américaine, en particulier sous l’impulsion d’Hugo Chávez. Le 21 février, j’ai prononcé à l’Institut Simon Bolivar à Caracas une conférence intitulée « De Sandino a Chávez » pour développer cette continuité historique (photos ci-dessous)

Le 19 juillet 1979, lorsque s’effondre la dictature des Somoza – longue de près de 45 ans – et qu’entrent à Managua, juchés sur des blindés, les guérilleros du Front Sandiniste, les Nicaraguayens euphoriques découvrent à la télévision l’image en noir et blanc d’un général qui enlève et remet son chapeau. Ce salut de quelques secondes, passé en boucle, est l’unique image en mouvement de Sandino. Revanche pour celui que la longue nuit du somozisme a tenté d’expulser de l’Histoire après son assassinat perpétré sur ordre de Washington, il y a 90 ans, le 21 février 1934.

Dans Augusto C. Sandino, le « C » ne vient pas comme on le lit parfois de « César » mais de «  Calderon » – nom de sa mère, domestique au service d’un propriétaire terrien. De leur relation, le « bâtard » naît en 1895 dans le village de Niquinohomo, à une trentaine de kilomètres de la capitale du Nicaragua. « J’ai ouvert les yeux dans la misère et j’ai grandi dans la misère. Dès que j’ai pu marcher, je l’ai fait sous les plantations de café en aidant ma mère (…) C’est ainsi que j’ai grandi, ou peut-être est-ce pour cela que je n’ai pas grandi. »

C’est là qu’à 17 ans, en 1912, il voit passer le corps mutilé du général patriote Benjamin Zeledón –  un des chefs de l’insurrection contre le président fantoche Adolfo Diaz, agent des Etats-unis -, fusillé par les Marines intervenus massivement dans le pays, emmené dans une charrette à bœufs : « cela m’a donné la clé de la situation nationale ». Travailleur migrant, il part au Guatemala où il est témoin des exactions de la United Fruit Company (1) , empire de la production bananière qui domine déjà l’économie de l’Amérique Centrale. Puis il se fond parmi les travailleurs de la Huasteca Petroleum Company au Mexique, où il apprend énormément des luttes syndicales, au moment où parviennent les vents de l’anarchosyndicalisme, des utopies socialistes, de l’anti-impérialisme et de la révolution soviétique. La déflagration révolutionnaire du Mexique (1910), la grande rédemption des paysans sans terre et des peuples indigènes autour d’hommes à cheval comme Emiliano Zapata et Pancho Villa, le marquent profondément. Sandino y reconnaît la ligne insurrectionnelle initiée au Nicaragua par les leaders de la résistance indigène Diríangén et Nicarao lors de la Conquista espagnole au XVIe siècle, rallumée en 1881 par la rébellion, brutalement réprimée, du peuple indigène Matagalpa qui défend sa terre.

De retour dans sa patrie, Sandino s’enrôle dans l’armée des libéraux en guerre contre les conservateurs. Jusqu’au jour où il décide de rompre avec ce bipartisme de grands propriétaires terriens qui ne voient dans le paysan qu’une chair à canon pour leurs batailles du «pouvoir pour le pouvoir». Il refuse de signer le Pacte de l' »Espino Negro » qui place le pays sous la coupe des États-Unis. « Je ne me vends pas, je ne me rends pas. Patrie libre ou mourir ».

Autour d’un drapeau rouge pour la liberté et noir pour la mort, avec une poignée de mineurs, de paysans et d’artisans, avec toutes et tous ceux qu’ont invisibilisés des siècles de colonialisme, il lance en 1927 sa « guerre de libération nationale ». Le «  général des hommes libres », comme l’appelle l’écrivain communiste français Henri Barbusse, est un homme sûr de lui. Pour les paysans indigènes, il est le « huehualt », le vieux sage . “Justicia, redención, dignidad, libertad” : sa langue fluide parle aux exclus. Autodidacte, Sandino se forge une solide philosophique politique qui va de Bolivar a Lénine. Il entre dans la franc-maconnerie, étudie les alternatives aux religions de l’oppresseur, cherche dans la théosophie – utopie mystique de la fraternité et de l’égalité, les fondements de sa «commune universelle». Il s’intéresse à Gandhi, médite, croit dans la télépathie et dans la réincarnation. Mais son Dieu est anticlérical, c’est le Dieu des pauvres, et la cohésion de son armée repose sur l' »abrazo », l’accolade simple des « hermanos » – frères en toute chose.

Bien avant Guernica (1937), la première frappe aérienne contre une population civile a lieu à Ocotal, en 1927, lorsque les États-Unis bombardent un village où sont retranchés les combattants sandinistes. Sandino comprend qu’une guerre frontale est vouée à l’échec. Il réorganise sa guérilla dans les montagnes profondes de Nueva Segovia, au nord, près de la frontière avec le Honduras, et recrute des milliers de soldats parmi les paysans exploités, humiliés, dont les terres sont volées par les grands propriétaires, formant progressivement une « Armée de Défense de la Souveraineté Nationale ». « Nous ne sommes pas des militaires. Nous sommes du peuple, nous sommes des citoyens armés. Nous irons jusqu’au soleil de la liberté ou jusqu’à la mort ; et si nous mourons, notre cause continuera à vivre. ».

La « petite armée folle », comme l’a appelée la poétesse chilienne Gabriela Mistral, affronte les compagnies états-uniennes – dont la United Fruit – et déstabilise les Marines qui ne soupçonnent pas que derrière les cris d’oiseaux se cache le « télégraphe » de la guérilla. Le « Chœur des Anges », brigade d’enfants, accompagne les embuscades d’un tintamarre qui fait croire que la troupe sandiniste est plus nombreuse. Les prostituées recueillent les confidences des occupants sur l’oreiller.

Face à cette armée insaisissable, les Marines répondent par la terreur, ce qui ne fait que grossir les rangs des rebelles. Au contre-amiral Sellers qui lui propose de renoncer au combat, Sandino répond : « La souveraineté d’un peuple ne se discute pas, elle se défend les armes à la main. » En 1933, après six ans de guerre, les États-Unis retirent enfin leurs troupes non sans avoir armé, entraîné et installé derrière eux « leur » Garde Nationale. Un an plus tard, alors que Sandino s’est rendu à Managua pour signer la paix avec le président libéral Sacasa, il est trahi et assassiné sur ordre de Washington par le directeur de ce corps répressif, Anastasio Somoza García.

Sandino était-il un « bandit », « un assassin communiste » comme le martèleront les manuels scolaires de la dictature somoziste pendant 40 ans ?  « Un naïf », « un aventurier », un « caudillo bourgeois anticolonial » comme pontifiera une gauche liée à Moscou au moment où l’Internationale Communiste décida de substituer à sa ligne anti-impérialiste une ligne exclusive de «classe contre classe» ?

Pour comprendre Sandino, mieux vaut le conjuguer au futur. Dès 1932, il annonce son projet de créer des coopératives dans les zones libérées. Dans un continent où les élites ont les yeux fixés sur le nord, Sandino chambarde la politique. Son armée de paysan(ne)s ébauche une nouvelle géométrie du pouvoir qui puise aux racines du socialisme communard et du bien commun indigène. « La propriété privée est la source des guerres fratricides », explique-t-il. Là où les Yankees semaient la mort et la destruction, le travail agricole des combattant(e)s permet de créer l’embryon d’une société communautaire, autogérée, avec réseau de santé, logements décents, réfectoires communs, écoles d’alphabétisation. Les coopératives sandinistes sont d’authentiques communes, conçues pour vivre et produire collectivement. En faisant la guerre, en résistant, en cultivant, les nombreuses femmes qui se sont jointes à la rébellion acquièrent un statut nouveau. Sans être féministe au sens strict, le mouvement sandiniste marque pour elles le début d’un processus d’autodétermination, en rupture avec une société archaïque, violente, patriarcale, qui les avait complètement annulées. C’est sur cette base populaire que Sandino rêve de construire l’État nouveau. A Wiwili, sur les rives du Rio Coco qui connecte la paysannerie du nord avec les peuples autochtones de la côte caraïbe, il crée un modèle de coopératives qu’il envisage d’étendre peu à peu vers la région atlantique puis, pourquoi pas, au-delà du Nicaragua.

Pour l’élite des États-Unis comme pour l’oligarchie locale, Sandino n’est pas seulement le guérillero à abattre, mais le leader d’une dangereuse révolution qui rend le pouvoir au peuple et dont l’économie oppose la petite propriété aux « latifundios », vastes domaines agricoles aux mains d’une poignée de seigneurs féodaux qui exploitent jusqu’au sang les travailleurs journaliers 

Quelques heures après l’avoir assassiné, la Garde Nationale détruit les coopératives sandinistes et massacre tous leurs membres, y compris les personnes âgées, les femmes et les enfants. Jusqu’en 1979, la dynastie somoziste devient la « grande propriétaire » exclusive des secteurs clefs d’une économie où les relations de production s’apparentent plus au féodalisme qu’au capitalisme.

Une autre prophétie de Sandino inquiète l’Empire : « l’avènement du Nicaragua comme nation latino-américaine », un concept nourri par ses lectures bolivariennes. «  Profondément convaincu que le capitalisme américain a atteint la dernière étape de son développement en se transformant, par conséquent, en impérialisme ; qu’il ne tient plus compte des théories du droit et de la justice ; qu’il méconnaît les principes absolus d’indépendance de chaque section de la nation latino-américaine, nous considérons, écrit-il, que l’Alliance des nationalités latino-américaines nous est encore plus indispensable.»

En 1929, il envoie aux présidents latino-américains son « Plan pour la réalisation du rêve suprême de Bolivar » : une alliance des 21 nations latino-américaines avec conférence permanente de ses dirigeants, constitution d’une Cour de justice latino-américaine pour régler les litiges entre nations, citoyenneté latino-américaine, force de défense commune, base navale et canal interocéanique au service de tous, réparations pour les destructions causées par les États-Unis. Sans oublier la banque latino-américaine pour « financer, sans dépendre de l’extérieur, la construction d’ouvrages et de moyens de communication et de transport », l’union douanière pour stimuler le marché intérieur et « l’appui au tourisme latino-américain afin de promouvoir la connaissance mutuelle entre nos citoyens ». 44 articles au total qui prennent aujourd’hui tout leur sens, à l’heure de la révolution bolivarienne, de l’Alliance Bolivarienne pour les Peuples de nos Amériques (ALBA, créée en 2004), de la Communauté des États Latino-Américains et des Caraïbes (CELAC, 2010) et de l’Union des Nations Sud-américaines (UNASUR, 2008).

En 1934, Somoza fait disparaître le corps de Sandino et de ses compagnons, jamais retrouvés. Le désespoir s’abat sur les quelques survivant(e)s. Mais l’histoire de l’Amérique latine est une course de relais.

Trente ans plus tard, Carlos Fonseca Amador, le fils myope d’une couturière de Matagalpa, réveille la mémoire de l’Armée de Défense de la Souveraineté Nationale jusqu’à en faire l’acte de naissance du Front Sandiniste de Libération Nationale (FSLN, créé en 1961). Fonseca sait que « la mémoire de Sandino est plus vivante chez les paysans que chez l’habitant des villes ». Il rencontre des survivants comme Santos Lopez qui a combattu sous les ordres directs de Sandino. Pendant des années, Fonseca et son équipe recherchent, étudient tout ce qui reste des écrits du « général des hommes libres ». C’est l’époque du Che, et la rébellion des années 1930 confirme le caractère crucial de la guérilla pour la victoire des peuples sur l’impérialisme. Mais aussi, en fin de compte, l’unité nationale comme stratégie fondamentale. La réflexion historique de Fonseca nourrit l’école de cadres du FSLN et contribue puissamment à la victoire de 1979.

Au journaliste basque Ramón de Belausteguigoitia venu l’interviewer dans ses montagnes du nord en 1933, le général rebelle décrit une vision qui garde son mystère: « Depuis l’origine du monde, la terre n’a cessé d’évoluer. Mais c’est ici, en Amérique centrale, que je vois une formidable transformation… Je vois quelque chose que je n’ai jamais dit auparavant… (…) le Nicaragua enveloppé d’eau. Une immense dépression venant du Pacifique… Les volcans au-dessus seulement… Comme si une mer se vidait dans une autre. »

De la fraternité des communes autogérées à l’alliance entre nations-sœurs, la vision de Sandino a gardé sa puissance d’avenir. Celle d’un monde multipolaire, libéré du mythe occidental d’un «centre», avec ses «marges» et ses «périphéries».

T.D., Caracas, 18 février 2024.

Aperçu de l’édition enrichie de nombreuses photos. Pour celles et ceux qui souhaiteraient acheter la version numérique de cette édition de l’HM (avec l’article en p. 76-81) et une mise en page plus riche que la version Web, c’est ici : https://kiosque.humanite.fr/detail/publication/detail-top-right/17?issue_id=167775&switch_toc=archive. Pour une version résumée de l’article : https://www.humanite.fr/histoire/amerique-latine/nicaragua-augusto-sandino-le-sillon-de-la-revolution

L’auteur : Thierry Deronne, Cinéaste, universitaire, licencié en communications sociales http://ihecs.be. A vécu au Nicaragua (1986-88) et réside au Venezuela depuis 1994. Compte «X» : https://twitter.com/venezuelainfos

Notes:

(1) Voir « l’HD » n°641 du 10 janvier 2019 et sur humanite.fr, « 1899, naissance de la United Fruit Company. Bananes, massacres et coups d’État », par Marc de Miramon.

(2) Pour une iconographie intégrale, voir https://acsandino.org.ni/libro-fotos/ (livre de photos téléchargeable en PDF sur le site du petit-fils de Sandino) et http://www.sandinorebellion.com/index.htm (site états-unien).

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2024/03/02/sandino-retour-vers-le-futur-lhuma-magazine-fevrier-2024/

Venezuela: Révolution bolivarienne de B à M #3

Le jeu des sept différences

Il faut savoir un gré infini à @Filip__FI, ce lycéen de la France Insoumise, pour la leçon de journalisme qu’il nous donne depuis peu sur son Blog http://bit.ly/2wcvsiZ. Jean Lacouture définissait le journaliste comme « l’historien du présent » et c’est bien ce qui fait défaut à nos zombies des médias : aider le citoyen lecteur, auditeur ou téléspectateur à comprendre le présent à travers l’examen vivant du passé.

Pour bien comprendre l’univocité scandaleuse des médias actuels contre un processus démocratique qui a vu une énorme participation populaire répondre pacifiquement à trois mois d’insurrection armée de la droite, et où des militants de tous bords veulent élargir les droits citoyens en portant leurs propositions à la discussion de la constituante, on doit prendre en compte la disparition du pluralisme suite au rachat généralisé par les milliardaires, l’inculture crasse des écoles de journalisme réduites à l’enseignement du formatage, l’alliance du carriérisme et du conformisme chez d’ex-pigistes, la peur de se retrouver seul et de perdre des lecteurs, la droitisation des sociétés européennes, etc… mais il y aussi l’histoire profonde d’une Europe encore prisonnière de son histoire de domination. Se rappeler par exemple qu’il y a 200 ans des gazettes et agents nord-américains traitaient déjà Bolivar de « César assoiffé de pouvoir ». Ou comprendre que la politique Sud-Sud du président Chavez, visant à unifier l’Amérique Latine et à la rapprocher de l’Afrique, souvent décriée à cause de rapports avec l’Iran ou la Libye, s’inspirait en réalité de la vision de Bolivar del « Equilibrio del mundo » et de la célèbre conférence de Bandoeng de 1955 où pour le dire avec Lacouture, « les damnés de la terre réinventèrent le monde« . Cette conférence réunissait pas mal de tyrans aux côtés de chefs d’État plus démocrates du Tiers Monde mais nul historien ne conteste qu’elle marqua une étape décisive dans l’émancipation post-coloniale des peuples du Sud.

Thierry Deronne, Caracas, juillet 2017

Episode 3: La révolution bolivarienne sous Chavez, par @Filip__FI

Nous voici à présent lancés dans le cœur du sujet. Rebondissements après rebondissements, la révolution bolivarienne prend enfin forme. Afin de rester dans le cadre d’un article de blog, il est évident que je ne peux étudier avec vous tous les aspects de la Révolution sous Chavez (même s’il se peut que je déborde un peu après Chavez par moment). En revanche, ce qui va suivre tente de faire une synthèse à la fois détaillée, mais aussi simple et accessible de tous. Certains aspects ne seront peut-être pas approfondis, mais l’espace commentaire est évidemment ouvert aux questions si vous le souhaiter.
Mais je vous rassure, on va déjà aller beaucoup plus en profondeur qu’un article de l’Express ou de Libération…
 © Filip FI © Filip FI

I. Une nouvelle constitution

Comme promis, après avoir prêté serment sans conviction sur la constitution de la IVème république, Chavez entame la rédaction d’une nouvelle constitution par le biais d’une Assemblée Nationale Constituante. La République du Venezuela devient République bolivarienne. Changement de nom, changement de ton. Voyons ce que définie cette assemblée pour le pays.

Dans la nouvelle constitution, quatre axes fondamentaux de la société vénézuélienne sont redéfinis:

  • Sur le plan institutionnel, l’accent est mis sur la démocratie participative. La nouvelle organisation politique de la société permet au peuple de s’impliquer davantage dans la gestion des affaires publiques. Les assemblées de citoyens et citoyennes voient le jour, et le recours au référendum devient beaucoup plus fréquent1. Les référendums peuvent être consultatifs, sur des questions d’intérêt général, abrogatoires, pour adopter une loi que le parlement refuse, ou encore révocatoire, pour destituer un élu allant du maire au président de la République. La constitution en elle-même est née de la consultation du peuple, par l’intermédiaire de l’ANC.
  • La nouvelle constitution marque aussi l’apparition de nouveaux droits fondamentaux pour les vénézuéliens. Ainsi, tout vénézuélien a désormais le droit à des soins médicaux gratuits et de qualité2, une éducation gratuite y compris dans l’enseignement supérieur3, et un environnement sur, sain et écologiquement équilibré4. Un chapitre entier est également consacré aux droits des peuples et communautés indigènes5. Leur existence et leurs us et coutumes sont désormais reconnus et protégés par la constitution.
  • La séparation des pouvoirs est elle aussi redéfinie. On compte désormais cinq branches parmi lesquelles le législatif, l’exécutif et le judiciaire, mais aussi le pouvoir électoral chargé de la bonne tenue des élections (sous contrôle du Conseil National Électoral), et le pouvoir citoyen, regroupant au sein du Conseil moral républicain, le défenseur du peuple, le procureur général de la République (fiscal general en espagnol) et l’inspecteur général de la République6.
  • Enfin, en matière économique, on note que la constitution garantit la totale souveraineté de l’Etat sur l’industrie pétrolière et son entreprise PDVSA7. Quand on sait que l’or noir représente 96% des exportations du pays, le monopole de l’Etat sur sa production n’est pas anodin, il vise à garantir la « souveraineté économique et politique » du pays.

Après validation populaire par référendum le 15 décembre 1999, le 20 décembre la nouvelle constitution est adoptée.

Un homme brandit la constitution de 1999 lors d'une mobilisation chaviste (photo non datée)Un homme brandit la constitution de 1999 lors d’une mobilisation chaviste (photo non datée)

 

En 2007, Chavez a annoncé vouloir modifier 33 articles de la constitution. Cette décision provoque un tollé médiatique international.
Le projet de réforme constitutionnel prévoit notamment de limiter la durée quotidienne de travail à six heures (36 heures hebdomadaires), d’interdire aux employeurs le fait d’obliger leurs salariés à effectuer des heures supplémentaires, de multiplier le nombre de conseils communaux, de supprimer l’autonomie de la banque centrale pour allouer plus de fonds aux programmes sociaux ou encore de distribuer les terres non productives aux paysans. Vous vous doutez bien que ce n’est pas ce genre de réformes sur lesquelles les médias vont s’attarder.

Chavez tenant la constitution de 1999 (droite) et la nouvelle (gauche) si la réforme constitutionnelle est approuvée © AFPChavez tenant la constitution de 1999 (droite) et la nouvelle (gauche) si la réforme constitutionnelle est approuvée © AFP

 

La réforme prévoit également d’abolir la limitation du nombre de mandats dans le temps et d’élargir à sept ans la durée d’un mandat présidentiel. Diantre! Il y a là la preuve évidente du caractère dictatorial de cet homme! Une campagne médiatique de grande ampleur est engagée pour dénoncer « l’autoritarisme » présumé de Chavez. Une hypocrisie d’une ampleur risible.
Le projet en lui-même n’est pas imposé au pays. Il est d’abord soumis au vote de l’assemblée nationale puis à celui du peuple par référendum. L’opposition avait boycotté les législatives de 2005 et se plaint de ne pas pouvoir agir sur cette réforme. Drôle de situation non?
Deuxième hypocrisie, encore plus risible celle-ci. On ne parle évidemment pas de l’ensemble de la réforme dans les médias, mais seulement de l’abolition de la limite du nombre de mandats8. On y voit la volonté d’un homme de s’accrocher au pouvoir. Risible encore une fois, quand on sait que l’on peut rester éternellement au pouvoir à condition d’être élu dans bon nombre de pays européens comme le Royaume-Uni, le Portugal, l’Italie, l’Allemagne ou encore…la France.

Vous voulez la fin de l’histoire? Le projet de réforme de la constitution est refusé par référendum le 2 décembre 2007 à 51% de « non ». Chavez reconnait le résultat et s’y soumet, tel un vrai dictateur pas vrai?

II. Des débuts difficiles | Coup d’état de 2002

La révolution met du temps à s’impulser et connait des débuts difficiles. Le prix du baril avait chuté et avait entraîné une forte récession durant l’année 1999. Chavez a réagi en s’accordant avec les pays de l’OPEP pour faire remonter le prix du baril, signant ainsi le grand retour du Venezuela au sein de l’OPEP.

A la crise économique due au pétrole s’ajoute également des déstabilisations politiques venant de l’opposition et des Etats-Unis. Après avoir re-nationalisé PDVSA en accord avec la constitution, Chavez s’attire évidemment les foudres de Washington qui profitait jusqu’alors d’un pétrole bon marché. L’opposition et la Maison Blanche peinent à reconnaître le caractère légitime de la présidence de Chavez et de la nouvelle constitution.
Chavez est également freiné dans sa volonté de réformes sociales par une corruption et un système capitaliste bien encré dans toutes les sphères de la société. C’est ainsi que le 11 avril 2002, un coup d’état ouvertement soutenu par Washington, une bonne partie de l’opposition et par les médias privés, est fomenté contre lui. Le récit de ce coup pourrait être le scénario d’un film hollywoodien par son déroulement aussi tragique qu’extraordinaire. Je vous en fait une petite chronologie ici:

  • 7 avril 2002: Chavez licencie des cadres dirigeants de PDVSA. Malgré la nationalisation, l’Etat peine à contrôler totalement l’entreprise pétrolière et Chavez tente d’y remédier.
  • 9 avril: Le syndicat CTV et le syndicat patronal Fedecamaras organisent une grève générale de 24h.
  • 11 avril: L’opposition organise une manifestation (200 000 personnes) à Caracas exigeant le départ du président Chavez élu démocratiquement. La manifestation ne suit pas le parcours prévu et se dirige vers le palais présidentiel de Miraflores. L’opposition, soutenue par les médias privés cherche la confrontation avec la contre-manifestation chaviste rassemblée autour du palais. Des heurts éclatent, des snipers inconnus tirent sur la foule tuant chavistes comme anti-chavistes (sept d’entre eux seront arrêtés, on les soupçonne d’être directement envoyé par la CIA qui n’en est pas à son premier coup d’essai en Amérique latine), un détachement de l’armée menace de faire « sauter le palais » si Chavez ne renonce pas. Chavez est emmené et séquestré sur une base militaire. Pedro Carmona, président du syndicat patronal Fedecamaras et fervent opposant à Chavez, est auto-proclamé président de la République et fait abolir la constitution de 1999.
  • 13 avril: les vénézuéliens issus des quartiers populaires majoritairement, descendent dans les rues par milliers exigeant la libération de Chavez et son retour à la présidence du pays. Aidé par certains militaires et la garde présidentielle, le palais de Miraflores est repris, Chavez est libéré et revient en héros.
Le peuple devant le palais présidentiel exige la libération de ChavezLe peuple devant le palais présidentiel exige la libération de Chavez

Ce coup d’état qui aura destitué Chavez durant 48 heures va renforcer considérablement sa réputation.
Avant de passer à la suite, je voudrais vous donner une liste de noms que je vous sommes de retenir: Julio Borges, Leopoldo Lopez, Henrique Capriles ou encore Globovision, Venevision, RCTV, Televen, El Nacional, Ultimas Noticias, El Universal, TalCual. Ce sont là des noms de personnalités politiques ou de médias qui ont soutenu le putsch contre un président démocratiquement élu et qui pour la plupart sont encore actifs aujourd’hui. Tachez de vous en souvenir. On reparlera de certains d’ailleurs dans le prochain article.
Je lance d’ailleurs ici un appel à ce que l’on élargisse cette liste de noms le plus possible (en commentaire de cet article ou sur les réseaux sociaux avec des sources, je rajouterais les noms à la liste ci-dessus ou j’en ferais un article à part s’il y en a assez).

Reprenons. Malheureusement, le coup d’état ne suffit pas à l’opposition. Une grève générale de PDVSA est organisée pendant pratiquement deux mois entre 2002 et 2003. Il y a là une volonté de sabotage de l’industrie pétrolière qui en restera affectée sur sa productivité notamment.

III. D’importantes et impressionnantes avancées sociales

Malgré des débuts difficiles, une fois la révolution réellement lancée, les progrès sociaux vont être impressionnants. Faire l’impasse dessus lorsque l’on parle de la révolution relève clairement de la malhonnêteté intellectuelle.

Les missions bolivariennes (misiones en espagnol) sont une série de programmes sociaux développés au Venezuela depuis 2003 et qui continuent encore de nos jours pour la plupart d’entre-elles (certaines ayant atteint leur but, elles ont pris fin). Les volontés de changements étaient jusque là compromises par, non seulement une opposition néolibérale antidémocratique, mais également par un appareil d’Etat gangrené par une corruption structurelle. Les missions répondent directement à cela par l’implication directe des citoyens dans la gestion public, en continuité avec la démocratie participative prônée par la constitution.

Chaque année, les missions sont rééditées pour répondre à des exigences différentes. Elles traitent chacune d’un ou plusieurs problèmes spécifiques, comme la lutte contre la pauvreté et l’extrême pauvreté, l’éducation, la santé ou encore l’analphabétisme. Elles sont réalisées grâce à des citoyens bénévoles accompagnés de certaines institutions comme les universités ou bien les entreprises publics. Leur financement est en grande partie lié aux excédents de PDVSA, elles sont donc grandement dépendantes de la prospérité de l’industrie pétrolière vénézuélienne, ce qui pose d’autres problèmes que l’on verra plus tard.

Voyons deux exemples de missions très populaires :

  • La mission Robinson a pour objectif d’éradiquer l’analphabétisme. Créée en 2003, il aura fallu seulement deux ans pour qu’en 2005, l’UNESCO proclame le Venezuela, territoire libre d’analphabétisme9.
Hugo Chavez en 2003 lors d'une cérémonie de remise de diplômes dans le cadre de la mission d'alphabétisation Robinson © Maiquel Torcatt NVENPRESHugo Chavez en 2003 lors d’une cérémonie de remise de diplômes dans le cadre de la mission d’alphabétisation Robinson © Maiquel Torcatt NVENPRES

 

D’autres missions concernant l’éducation ont vu le jour avec chacune leur spécificités et particularités comme la mission Sucre ou la mission Ribas.

  • La Gran Mision Vivienda (Grande Mission Logement) consiste elle à charger l’Etat de la construction de logements dans le pays. Créée en 2011, elle est probablement la plus impressionnante en terme d’efficacité. L’année même de son lancement, 146 718 maisons ou appartements ont été construits, 200 080 en 2012, 200 370 en 2013, 126 503 en 2014 et 326 329 en 2015, pour un total de un million de logements en cinq ans10. Pas mal non? Et ce ne sont pas des logements dans un environnement désertique, ils sont accompagnés d’espaces verts, d’aires de jeux et d’espaces prévus pour les activités sociales, culturelles ou sportives.
Inauguration de logements dans le cadre de la Gran Mision Vivienda en 2016Inauguration de logements dans le cadre de la Gran Mision Vivienda en 2016

 

Il existe plus d’une vingtaine de misions actives au Venezuela. Je vous donne quelques chiffres significatifs qui illustrent bien leur impact sur la situation sociale du pays:

  • L’espérance de vie est passée de 72 ans en 1998 à 75 ans en 201411.
  • L’indice de développement humain est passé de 0,699 en 2000 à 0,764 en 201312.
  • Entre 1998 et 2013, l’accès à l’eau potable a augmenté de 15%13.
  • Entre 1999 et 2014, le chômage est passé de 11% à 5,6%14.
  • Le nombre d’établissements de santé est passé de 4 957 en 1998 à 13 372 en 2014. Autrement dit, 8 415 établissements de santé ont été construits en 16 ans15.
  • L’accès à l’éducation secondaire a augmenté de 27,1%16.

IV. Intégration américaine

L’exemple de la révolution bolivarienne a poussé d’autres peuples d’Amérique du sud à se révolter démocratiquement, et différents gouvernements de gauche ont vu le jour après l’arrivée de Chavez. Parmi eux, dans leurs diversités politiques, on peut citer ceux de Lula da Silva au Brésil et Nestor Kirchner en Argentine en 2003, de Tabare Vazquez en Uruguay en 2005, de Evo Morales en Bolivie en 2006, de Rafael Correa en Equateur en 2007, ou encore de Michelle Bachelet au Chili en 2014. Chaque gouvernements possèdent leurs propres caractéristiques et ne se revendiquent pas forcément du « socialisme ».

Lorsque Chavez arrive au pouvoir, l’Amérique latine est loin d’être le continent unifié dont rêvait Bolivar. La seule organisation à vocation réellement continentale est l’OEA (Organisation des Etats Américains), mais l’emprise de Washington sur celle-ci est conséquente. Cuba y était encore exclu jusqu’à il y a peu. Les Etats-Unis rêvaient également d’étendre leur libre-échange à échelle continentale à travers l’ALCA principalement.

C’est ainsi que vont voir le jour différentes organisations, dont le Venezuela de Chavez va participer activement à leur création. On peut notamment citer l’UNASUR (2004) comme alternative à l’ALCA (et l’OEA dans une certaine mesure), la CELAC (2010) comme alternative à l’OEA, ou encore la fameuse ALBA (2004).

Logo de l'ALBALogo de l’ALBA

 

 

Parlons un peu de cette ALBA. Cette organisation de coopération voit le jour en avril 2005 avec un accord entre Cuba et le Venezuela selon lequel le pays envoie du pétrole à Cuba en échange de médecins (Cuba étant le pays avec le plus de médecins au km²). Progressivement, d’autres pays vont rejoindre l’organisation parmi lesquels notamment l’Equateur, la Bolivie, et huit autres pays. L’ALBA met l’accent sur la solidarité, la complémentarité, la justice, et la coopération latino-américaine, selon ses propres mots17. Contrairement à ce qui a pu être dit par certains, l’ALBA n’est en aucun cas une alliance militaire, mais avant tout une coopération économique. Il est cependant vrai de dire qu’elle a un caractère politique plus prononcé que d’autres organisations comme l’UNASUR ou la CELAC. L’organisation s’oppose explicitement à l’impérialisme nord-américain et refuse les logiques d’accaparement des richesses au détriment d’autres peuples. A vous de juger si ces intentions sont louables.

V. Naissance du PSUV

Je rajoute cette petite partie pour préciser que, jusque ici, le parti politique dirigeant cette révolution est toujours le Mouvement Cinquième République créé en 1997. Seulement, il vieillit et rien que son nom n’est plus d’actualité. C’est ainsi que le 14 mars 2008 est créé le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV). Il se fonde par une fusion du Mouvement Cinquième République et de cinq autres partis. Notons que le Parti communiste (PCV) a cependant décidé de rester à l’écart bien qu’il soutienne le président Chavez.

Logo du PSUVLogo du PSUV

 

En 2012 voit le jour un Grand Pôle Patriotique, coalition politique autour du PSUV, qui regroupe plusieurs partis politiques soutenant la révolution bolivarienne, dont le PCV.

VI. Censure des médias au Venezuela? Ça dépend de quel point de vue…

Alors là, c’est une question sensible. Chavez a-t’il muselé la liberté d’expression au Venezuela? A en croire nos médias, c’est irréfutable. A en croire les faits, absolument pas.
Le « problème » de la liberté d’expression au Venezuela n’en est pas un, il ne faut pas avoir peur de le dire, c’est une fable, destinée à détourner le regard des avancées sociales de la révolution. Jamais Chavez n’a empêché la critique de s’exprimer. En réalité, c’est tout l’inverse qui s’est produit. Pour vous donner une idée, je vous invite à lire l’excellent article de Thierry Deronne de 2015 qui explique très bien cette farce (à voir en bas de page). Je vais vous donner quelques éléments mais j’insiste pour que vous alliez le lire si vous n’êtes pas convaincus par ce qui va suivre.

La grande majorité des médias vénézuéliens sont critiques à l’égard du chavisme, et pour cause, en 2014, sur 2896 médias, 80% d’entre-eux étaient des entreprises privées. La vérité, c’est que un des problèmes du chavisme est de ne pas arriver à diffuser de façon massive ses informations auprès de la population. Les chaînes de télévision et les journaux en majorité privés donc, ne cessent de diffuser des informations contre le gouvernement, et très rarement l’inverse. En 2014, 85% des audiences radios et TV étaient réalisées par les médias privés, contre 12% seulement par ceux du public, et 3% par les médias communautaires.
En 2005 a été lancée la chaîne Telesur à l’initiative de Chavez, en coopération avec d’autres pays latino-américains, dans le but justement de contrer l’hégémonie du privé sur l’information, mais c’est loin d’être gagné.
Pire encore, lors du coup d’Etat de 2002, c’est bien l’opposition qui a pris possession de la seule chaîne TV relaie du point de vue chaviste à cette époque, à savoir VTV sur le Canal 8, et qui en a coupé le signal. Cette même chaîne TV a encore récemment été attaquée par des groupes violent d’opposition qui y ont mis le feu, et combien d’autres exemples d’attaques contre la liberté de la presse venant de l’opposition peut-on citer. Tiens donc, les rôles de l’oppresseur et de l’oppressé seraient-ils en réalité inversés?

Scène de la vie quotidienne sous la dictature bolivarienne: la dirigeante d’extrême-droite Maria Corina Machado, impliquée dans plusieurs tentatives de coup d’État depuis 2002, explique aux médias « bâillonnés » qu’il n’y a pas de liberté au Venezuela. © Photo tirée de l'article de Thierry DeronneScène de la vie quotidienne sous la dictature bolivarienne: la dirigeante d’extrême-droite Maria Corina Machado, impliquée dans plusieurs tentatives de coup d’État depuis 2002, explique aux médias « bâillonnés » qu’il n’y a pas de liberté au Venezuela. © Photo tirée de l’article de Thierry Deronne

 

Donc oui, c’est bien une question de point de vue. D’un côté, celui de ces médias privés (vénézuéliens mais aussi la presse internationale qui reprend en chœur) qui inventent leur propre répression, et de l’autre, celui des chavistes qui tentent tant bien que mal de dénoncer la supercherie et de mettre en avant les réussites de la révolution. Oui, il y a bien une censure de l’information au Venezuela, celle de ces groupes privés qui censurent la réalité des programmes sociaux et s’acharnent à dénoncer la révolution plutôt que de faire un vrai travail journalistique.

Enfin, avant de clore cette partie il faut absolument que je vous parle d’une dernière chose. Une fois toutes les supercheries sur la prétendue censure démasquées, il reste un ultime argument des anti-chavistes: Alo Presidente. Il s’avère que tous les dimanches à 11 heures, était diffusé sur les médias publics radio et tv (15 % d’audience) un programme dans lequel le président de la République, pour ne citer que lui, prend la parole et dialogue avec les citoyens sur des sujets divers et variés. Il y rend également compte des politiques menées par le gouvernement, des choses qui vont, qui ne vont pas etc. Alors effectivement ça peut en effrayer certains, il est préférable d’avoir un gouvernement qui mène sa politique dans son coin, à l’abri des regards, et qui ne rend pas compte de ces actes devant le peuple qu’il est censé représenter. Est-ce une censure des chaines TV? Si ça peut vous rassurer, le programme ne dure que quelques heures le dimanche, le reste du temps, tout fonctionne normalement. (Aujourd’hui l’émission existe toujours sous le nom de Domingo con Maduro)

VII. Les élections: dictature déguisée ou processus démocratiques?

Après la liberté d’expression vient la démocratie. Je vais être concis, mais sachez que l’on n’a vraiment pas de leçons à donner sur ce sujet. Depuis l’accession au pouvoir de Chavez le 6 décembre 1998, dix-sept élections ont eu lieu au Venezuela18. Toutes ont été remportée par le chavisme à l’exception des législatives de 2015. A ces dix-sept élections s’ajoutent sept référendums nationaux, dont six remportés par le chavisme. La fiabilité de l’ensemble des scrutins a toujours été validée par l’ensemble des observateurs internationaux, et le Venezuela est reconnu dans la région comme ayant un excellent système électoral. En 2012, lors de la réélection de Chavez à la présidence, Jimmy Carter, 39ème président des Etats-Unis, a même affirmé que le processus électoral vénézuélien était le « meilleur du monde »19. Un vrai marxiste-léniniste celui-là.

Vote lors de l'élection présidentielle de 2013Vote lors de l’élection présidentielle de 2013

 

Et quand un scrutin est perdu par le chavisme, le résultat est reconnu et respecté. Quand en 2007, le référendum sur la constitution fut perdu par Chavez, il a immédiatement reconnu le résultat et s’est soumis à la démocratie. Quand en 2013, le chavisme gagne les élections, l’opposition ne reconnait pas le résultat20, et quand en 2015, cette même opposition gagne les législatives, le résultat est devenu bon. Démocratie à géométrie variable pour certains donc.
Enfin, tandis que sept référendums ont eu lieu au Venezuela depuis le début de la révolution, sur la même période, seulement deux ont eu lieu en France. Et encore, sur les deux, un n’a pas été respecté (référendum sur le traité constitutionnel européen de 2005).
Conclusion: vaut mieux balayer devant sa porte avant de chercher à balayer dans le vide chez les autres.

VIII. Prises de position contestées

Si les grands médias de communication font pratiquement abstraction des conquêtes sociales de la révolution bolivarienne, ils insistent cependant beaucoup sur les relations qu’a pu avoir Chavez avec certains dirigeants politiques sur la scène internationale et qui sont évidemment contestables. Parmi ces relations, on peut relever celles avec Kadhafi, Al-Assad ou encore Ahmadinejad.

Je ne fais pas partie de ceux qui soutiennent ces prises de positions et je pense que ce fut une grave erreur. Mais je pense cependant les expliquer (pas justifier) par la volonté de créer (selon moi) une grande coalition à échelle internationale contre la politique impériale des Etats-Unis.

Malgré cette erreur de Chavez, il n’est cependant pas vrai de dire que l’essentiel du chavisme repose sur sa politique extérieur. Réduire le chavisme à cela est une fois de plus ridicule et malhonnête.

IX. Mort de Chavez

En juin 2011, Chavez annonce un cancer. Il est soigné à Cuba où les médecins sont parmi les plus compétents du monde. Il se bat et lutte contre son cancer mais celui-ci l’emportera le 5 mars 2013. D’énormes rassemblements ont lieux dans tout le pays et un deuil national de sept jours est décrété. Avant son décès, Chavez émit l’hypothèse selon laquelle son cancer lui aurait été volontairement inoculé, soulignant l’étrangeté du fait que plusieurs dirigeants d’Amérique latine avait vu eux aussi un cancer se développé21. Il comparait même son cas à celui de Yasser Arafat dont les circonstances de la mort sont également étranges et non élucidées.

Avant sa mort, Chavez a également organisé une allocution télévisée dans laquelle il désigne comme successeur, dans le cadre de la constitution, son vice-président Nicolas Maduro. De nouvelles élections doivent avoir lieu le 14 avril pour élire un nouveau président.

Hugo Chavez à gauche et Nicolas Maduro à droite durant l’allocution télévisée dans laquelle Chavez appelle à voter Maduro aux éventuelles futures élections, 8 décembre 2012Hugo Chavez à gauche et Nicolas Maduro à droite durant l’allocution télévisée dans laquelle Chavez appelle à voter Maduro aux éventuelles futures élections, 8 décembre 2012

 

Hugo Rafael Chavez Frias, président du Venezuela du 6 décembre 1998 au 5 mars 2013, aura soufflé un vent nouveau sur l’Amérique latine et sur le monde. Promoteur du « socialisme du XXIème siècle », porteur d’un charisme irremplaçable et d’un courage exemplaire, cet homme a selon moi déjà sa place au panthéon des géants de ce XXIème siècle.

Sa succession parait difficile. Que va-t’il advenir du chavisme sans Chavez? La suite dans le prochain et avant-dernier épisode.

Si vous voulez aller plus loin…

  • …à propos du coup d’Etat de 2002, il est indispensable que vous regardiez ce documentaire qui est vraiment excellent: La révolution ne sera pas télévisée
  • …dans la compréhension du système médiatique vénézuélien, voici l’article de Thierry Deronne que je mentionnais plus haut: Thomas Cluzel ou l’interdiction d’informer sur France Culture
  • …dans la révolution bolivarienne en elle-même, je vous conseille l’excellent bouquin de Andrés Bansart qui va vraiment en profondeur sur le Venezuela et qui aide vraiment à la compréhension de ce qui s’y passe, y compris aujourd’hui: Comprendre le Venezuela, Andrés Bansart, Le Temps des Cerises, 2016

 

ARTICLE PRÉCÉDENT: Episode 2: Avant le 6 décembre 1998 et l’arrivée de Chavez

ARTICLE SUIVANT: Episode 4: Maduro, ou la difficile succession à Chavez

Notes:

1: Article 70 de la Constitution de la République bolivarienne du Venezuela
2: Article 83 de la Constitution de la République bolivarienne du Venezuela
3: Articles 102 et 103 de la Constitution de la République bolivarienne du Venezuela
4: Article 127 de la Constitution de la République bolivarienne du Venezuela
5: Titre III,Chapitre VIII de la Constitution de la République bolivarienne du Venezuela
6: Article 273 de la Constitution de la République bolivarienne du Venezuela
7: Articles 302 et 303 de la Constitution de la République bolivarienne du Venezuela
8: Hugo Chavez veut modifier la Constitution pour rester au pouvoir, Libération, 16 août 2007
9: Venezuela: La mission Robinson, 13 ans d’alphabétisation du peuple, bolivarinfos.over-blog.com
10: Comprendre le Venezuela, Andrés Bansart, Le Temps des Cerises, 2016
11;13;15: Données de l’INE sur la santé
12: Données de l’INE sur l’IDH
14: Données de l’INE sur la main-d’oeuvre
16: Données de l’INE sur l’éducation
17: Site officiel de l’ALBA-TCP
18: Voir la liste sur le site du Conseil National Électoral
19: Carter affirme que le processus électoral du Venezuela est le « meilleur du monde », Business Wire, 21 septembre 2012
20: Au Venezuela, l’opposition refuse l’élection de Nicolas Maduro, Le Monde, 15 avril 2013
21: Chavez: « Les Etats-Unis pourraient inoculer le cancer grâce à leur technologie »

URL de cet article : http://wp.me/p2ahp2-34K

Mahmoud Abbas : ¨Le Venezuela nous a permis de briser le monopole d’Israël sur notre économie.¨

Le gouvernement bolivarien vient de signer un accord avec la FAO pour le développement de cultures vivrières en Afrique sub-saharienne (1) sur la base de son expérience en Haïti via PetroCaribe et la CELAC, et de signer avec le chancelier Djibrill Bassolé plusieurs accords pour approfondir la coopération agricole et énergétique avec le Burkina Faso (2).

Avec la récente visite du chef de l’État Palestinien Mahmoud Abbas, Nicolas Maduro prolonge ce qui avait été son tout premier acte de politique étrangère au lendemain de son élection à la présidence de la République, lorsqu’avait été inauguré à Caracas le siège diplomatique de l’État Palestinien (3)Ce 16 mai 2014 la Palestine et le Venezuela ont signé à Caracas de nouveaux accords qui concernent la coopération énergétique et la solidarité politique.abbasmadurom1

L’accord énergétique, a précisé Maduro, permettra de fournir à la Palestine un premier chargement de 240.000 barils de diesel et de pétrole, ce qui contribuera à couvrir ses besoins pour qu’elle puisse continuer à se fortifier, à se consolider”, ajoutant que la Palestine participera dorénavant aux accords avec PetroCaribe et avec l’ALBA et que le Vénézuéla l’appuiera dans sa politique de renforcer ses liens avec l’Amérique Latine. Pour le président vénézuélien, les ¨traités de libre commerce ne sont ni libres, ni des traités, ce sont des traités de domination économique. L’Alba est arrivé pour en finir avec ces concepts néo-coloniaux dans l’économie« .

Mahmoud Abbas a souligné “un aspect important parmi tout ce que nous avons signé, qui fait de la Palestine une nation observatrice au sein de la CELAC (4); ainsi que la conformation d’une commission ministérielle vénézolano-palestinienne, nous allons préparer la réception de cette commission en Palestine, et la visite rapide du président Maduro et de toute son équipe. Merci à tous ceux qui ont préparé ces accords qui seront suivis de près, merci au Venezuela d’appuyer le peuple de la Palestine dans sa longue lutte, de nous aider à briser le monopole d’Israel sur notre économie¨.

Les deux chefs d’État ont également souscrit un accord pour mettre en place la ¨Misión Milagro¨ dans la nation arabe (mission sociale permettant d’opérer et de soigner gratuitement les patients souffrant de maladies ou de difficultés oculaires). “Nous serons toujours aux côtés du peuple palestinien. Que vivent les mémoires éternelles de Yasser Arafat et de Hugo Chávez !¨ a lancé Maduro.

Cette visite est la troisième pour Abbas qui signa en 2009 avec le président Chavez les trois premiers accords de coopération politique, universitaire, économique et commerciale (5). En octobre 2011, le président palestinien était de retour à Caracas, obtenant l’appui du gouvernement bolivarien pour demander son admission comme membre de plein droit lors de la 66ème session de l’Assemblée Générale de l’ONU.

Source : Ciudad Caracas, http://www.ciudadccs.info/?p=562737

Traduction : Thierry Deronne

Notes :

           (1) https://venezuelainfos.wordpress.com/2014/05/10/%C2%A8de-port-au-prince-a-caracas-nous-partageons-le-meme-objectif-la-souverainete-alimentaire-%C2%A8/

(2) Pour le détail des accords avec le Burkina Faso voir le communiqué conjoint : http://www.fasozine.com/index.php/actualite/12305-djibrill-bassole-a-caracas-une-nouvelle-ere-s-ouvre-entre-le-burkina-faso-et-le-venezuela

(3) Voir https://venezuelainfos.wordpress.com/2013/04/18/premier-acte-de-politique-etrangere-du-gouvernement-maduro-defendre-les-droits-du-peuple-palestinien/ 

(4) Sur la CELAC, voir https://venezuelainfos.wordpress.com/2014/02/01/iieme-sommet-de-la-celac-a-la-havane-retour-en-force-de-lequilibre-du-monde-de-bolivar-et-de-marti/

(5) Voir https://venezuelainfos.wordpress.com/2012/02/13/le-venezuela-defend-les-revendications-du-peuple-palestinien-plusieurs-accords-sont-signes/

URL de cet article : http://bit.ly/1jEeYSu

(vidéos et photos :) Quarante jours à la rencontre des mouvements sociaux.

«Je salue notre dangereux ami… » (rires) «…Joao Pedro Stedile, du mouvement des sans terre». Là où d’autres chefs d’Etat évitent tout risque d’incident diplomatique, le nouveau président du Venezuela, élu le 14 avril 2013, préfère bousculer le protocole pour se réunir avec les mouvements sociaux. La signature le même jour d’accords majeurs de coopération avec la présidente du Brésil n’empêche pas Nicolas Maduro de dialoguer avec ceux qui critiquent l’abandon de la réforme agraire et les progrès de l’agro-business sous le mandat de Dilma Roussef. (1)maduro_darcy_ribeiro_brasilia

conversatorio_con_movimientos_sociales_en_la_universidad_de_brasilia

Réunion avec les mouvements sociaux à l’Université de Brasilia, Mémorial Darcy Ribeiro, 9 mai 2013

Ce 9 mai 2013 au mémorial Darcy Ribeiro – qui pour Maduro «fait partie des  hommes capables de transformer la conscience d’une époque» – c’est le porte-parole du Mouvement des Sans Terre, au nom des syndicats et collectifs présents, qui accueille le président vénézuélien. Le lutteur social rappelle que Chavez fut le premier à aller vers eux, à dénoncer les limites institutionnelles de l’État bourgeois en vigueur depuis trois siècles et à chercher l’appui  des mouvements sociaux dans cette transformation.

Avec les militants brésiliens, Maduro évoque la transformation du Marché Commun du Sud (MERCOSUR) dont le Venezuela assumera la présidence le 28 juin « en une identité de peuple, une opportunité de développement, d’intégration énergétique, économique, structurelle de nos pays », notamment à travers la consolidation du SUCRE,  monnaie régionale qui met fin à la dictature du dollar pour la vente et l’achat de produits entre pays de l’ALBA, la Banque du Sud, la création d’une École de Formation des Mouvements Sociaux, la défense des ressources naturelles lors de la prochaine réunion de la CELAC à Caracas, l’organisation d’un Fonds Égalitaire de lutte conte la pauvreté à discuter au sein de l’OPEP : «nous ne sommes pas simplement un gouvernement, nous sommes une révolution populaire au pouvoir et nous transformons la société.  Le pouvoir moral, politique, organisateur des mouvements sociaux est la garantie majeure pour les processus démocratiques de notre région et la clef de leur invincibilité face aux agressions impériales».

La première étape de cette tournée dans les pays du MERCOSUR l’avait mené en Uruguay à la rencontre du Président Mujica et des travailleurs. Maduro, qui entra en politique à travers la militance syndicale, y a proposé la création d’une confédération des travailleurs à l’échelle du continent..

Uruguay, 7 mai 2013

Avec les travailleurs uruguayens, 7 mai 2013

Uruguay Madurocon los trabajadoresNicolas Cochabamba BoliviaQuelques semaines plus tard à Cochabamba, lors de sa rencontre avec les mouvements sociaux boliviens en compagnie d’Evo Morales, le président du Venezuela a de nouveau plaidé pour la création d’une organisation continentale des mouvements de travailleurs, paysans, pêcheurs, communautés indigènes, mouvements féministes, étudiants et pour faire face ensemble aux nouvelles stratégies impériales et aux traités de libre commerce – notamment l’Alliance Pacifique mise sur orbite par les États-Unis (Mexique, Colombie, Pérou et Chili)- et aux plans de la droite latino-américaine pour détruire l’ALBA.“Nous avons décidé de développer fortement à travers l’ALBA tout ce qui concerne l’éducation publique gratuite et de qualité pour nos peuples, de fortifier nos universités publiques. Les pays membres de l’ALBA sont en tête des indicateurs de l’éducation universitaire en Amérique Latine et dans certains cas, dans le monde”.Bolivia movimientos sociales 1Bolivia movimientos sociales 3

Bolivie, 25 mai 2013

Bolivie, 25 mai 2013

Ce volontarisme social de la diplomatie bolivarienne est occulté, ou réduit à une « pétrodiplomatie », par les médias occidentaux qui taisent avec le même soin le « gouvernement de rue » au coeur de la politique intérieure que mène Maduro au Venezuela. Conçu pour « rencontrer directement les problèmes et les résoudre avec la population, organiser un nouveau modèle de gouvernement avec les conseils communaux, essence d’une nouvelle démocratie et du socialisme« , ce « gouvernement de rue » a déjà pris des centaines de mesures et alloué les ressources nécessaires sur la base du diagnostic participatif. (2)

Pour rendre à l’État sa capacité d’action sur le terrain et lutter contre la corruption, Maduro a décrété six Régions Stratégiques de Développement Intégral (REDI). Tout va se jouer dans l’efficacité du suivi par les relais mis en place. Après avoir surmonté la tentative de coup d’État organisée par la droite en avril 2013, le président est en train de regrouper les forces sociales autour du programme sorti des urnes, le « Plan Patria 2013-2019 » (3). C’est pourquoi la droite latino-américaine et ses alliés états-uniens intensifient leurs manoeuvres de déstabilisation, notamment depuis la Colombie. Mais le temps joue en faveur de la révolution bolivarienne. (4)

Thierry Deronne, Caracas, 3 juin 2013.
Version espagnole de cet article : http://www.rebelion.org/noticia.php?id=169235

« Gouvernement de rue », quartier de Coropo, État d’Aragua, Venezuela, 31 mai 2013.

Aragua

Notes :
(1) Voir « A Brasilia le campement national Hugo Chavez exige la reprise de la réforme agraire » http://mouvementsansterre.wordpress.com/2013/03/23/a-brasilia-le-campement-paysan-national-hugo-chavez-exige-la-reprise-de-la-reforme-agraire/
(2) Sur la méthode de gouvernement de Nicolas Maduro, on peut lire « Nous t’écoutons Claudia » https://venezuelainfos.wordpress.com/2013/05/06/nous-tecoutons-claudia/ ; « Gouvernement dans la rue et révolutions dans la révolution : Nicolas Maduro commence à gouverner » https://venezuelainfos.wordpress.com/2013/04/20/gouvernement-dans-la-rue-et-revolutions-dans-la-revolution-nicolas-maduro-commence-a-gouverner/ ; et « Le Venezuela en 2013 : accroche-toi, tu n’as encore rien vu » https://venezuelainfos.wordpress.com/2013/01/06/le-venezuela-bolivarien-en-2013-accroche-toi-tu-nas-encore-rien-vu/
(3) Voir « Ce que la révolution bolivarienne va faire de 2013 à 2019 » https://venezuelainfos.wordpress.com/2013/04/15/ce-que-va-faire-la-revolution-bolivarienne-de-2013-a-2019/

(4) Parallèlement aux mesures issues des assemblées populaires, à l’augmentation générale des salaires et à la mise en oeuvre effective de la nouvelle Loi du Travail, voici quelques mesures qui ont marqué les quarante premiers jours de la présidence de Nicolas Maduro : (merci à Juan Miguel Díaz Ferrer)

Sécurité citoyenne

Création du “Mouvement pour la Paix et pour la Vie”, avec le désarmement effectif de bandes de jeunes délinquants, la création d’espaces culturels et de formation et la création du fonds spécial « Jóvenes de la Patria » (500 millions de Bolivars).
Mise en place du Plan National de sécurité avec l’appui mutuel des communautés populaires, des forces armées et de la police nationale bolivarienne. Dans les premiers mois le taux d’homicides a été réduit de 60 % en moyenne. Il s’agit aussi de mettre fin aux violations des droits de l’homme commises par les polices antérieures.
Renforcement de la Mission A Toda Vida Venezuela pour humaniser les conditions de détention dans le système pénitencier.
Réunion avec  les télévisions privées pour qu’elles réduisent leur dose quotidienne de violence.
Politiques alimentaires
Dialogue avec le secteur privé. La Chambre de l’industrie alimentaire du Venezuela a accepté de travailler avec l’exécutif à trouver des solutions aux problèmes d’approvisionnement et prévoit dans les 180 jours d’augmenter la production de 18%.
Lancement de la construction d’une centrale agro-industrielle près de Caracas avec un investissement d’environ 52 millions de dollars de la Chine.
Nouvelle stratégie visant à accroître les réserves alimentaires du pays.
Importation de 760.000  tonnes de nourriture, huile, lait en poudre, le sucre brut, le thon en conserve, sardines en conserve et le sorgho.
Renforcement du système des magasins d’État PDVAL, qui vend les produits de base 35% moins cher que dans le marché et du réseau FarmaPatria qui vend les médicaments à des prix 40% iférieurs à ceux du marché.
Recensement par les experts agricoles des pays du Mercosur, dans les états du Zulia, Aragua, Portuguesa et autres de 230 000 hectares aptes à la mise en culture immédiate.
 Subventions aux producteurs de riz et de canne à sucre.
 Avec l’Argentine, l’Uruguay, le Brésil, la Bolivie, signature de nouveaux accords agricoles et énergétiques.
 Avec des sociétés brésiliennes, le Venezuela construit une usine d’engrais pour produire 1,5 millions de tonnes par an.
Électricité
Déclaration de l’état d’urgence pour le réseau national d’électricité. Approbation des ressources nécessaires pour renforcer le système électrique national (SEN), dans le cadre du plan de 100 jours présenté par le ministre de l’Electricité.
Inspection du parc d’énergie éolienne de La Guajira (État du Zulia)
Tarifs spéciaux pour les grands consommateurs d’électricité, afin d’encourager les économies d’énergie (commerciaux, etc) et maintien du tarif social pour la population.
Logement
Reprise du plan massif de rénovation urbaine populaire « quartier tricolore ».
Objectif de la Grande Mission Logement Venezuela pour cette année : construction de 380.000 maisons à travers le pays.
Relations Internationales
Visite des pays du MERCOSUR qui ont signé plusieurs accords de coopération avec le Vénézuéla.
Appui aux candidatures de la Bolivie et de l’Equateur au sein du Mercosur.
Articulation des processus d’intégration régionale ALBA–Mercosur, et Petrocaribe-Mercosur. Organisatio à Caracas du VIIème Sommet de Petrocaribe,avec  l’entrée du Guatemala et du Honduras en tant que membres actifs du mécanisme de coopération, démarrage des travaux pour constituer la Zone Économique de Petrocaribe (ZEP), accord spécial signé pour la fourniture d’engrais à promouvoir le développement agro-industriel régional, et régime spécial des liaisons aériennes entre tous les pays membres. Création d’un fonds pour les opérations conjointes. Développement d’un système de développement du commerce interne dans la zone de Petrocaribe.
Vidéos : dialogue avec les mouvements sociaux brésiliens, Mémorial Darcy Ribeiro, le 9 mai 2013.



URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2013/06/03/videos-et-photos-quarante-jours-a-la-rencontre-des-mouvements-sociaux/

« Nous t’écoutons, Claudia »

C’est sans doute la phase la plus importante de la révolution bolivarienne : la mise en pratique du “gouvernement dans la rue” que le président Chavez avait souvent demandé de réaliser, sans guère de résultats, à ses ministres (1). Les médias privés (hégémoniques au Venezuela) et internationaux ne s’y trompent pas en l’occultant totalement…Gobierno-de-calle-Miranda3

La caméra balaie les barrios, on dirait que la pluie leur a pris leurs couleurs. Le président Maduro interroge les citoyens assemblés.

– Comment êtes-vous arrivés ici ? Qui fut le premier a construire ici ?

– Lucero !

– Et d’où venait Lucero ?

– De la campagne.

– Voilà :  vous avez été expulsés de la campagne par le libéralisme. En plus dans les  années 70 les vallées du Tuy étaient devenus non seulement la cité-dortoir de Caracas mais aussi, pardon du mot, le dépotoir des pauvres de Caracas.

– C’est vrai, je l’ai vécu président, on nous a déportés ici dans les années 70, on nous amenait dans des autobus à deux heures du matin quand la pluie avait rasé nos maisons, et puis.. débrouillez-vous ! Et ce que dit la compagne sur nos hôpitaux, c’est vrai : l’autre jour un travailleur a failli mourir, on a trouvé de justesse une ambulance parce qu’il fallait l’emmener jusqu’à Caracas.

Assise parmi les habitants, la nouvelle ministre de la santé Isabel Iturria, fondatrice de l’Hôpital latino-américain de Cardiologie Infantile, confirme : «nous avons inspecté aujourd’hui deux hôpitaux publics : ils n’ont pas assez de lits».

Une porte-parole communale se lève : «Il nous faut plus que ces deux hôpitaux parce qu’on nous renvoie de l’un à l’autre et il ne nous reste qu’à mourir ou à accoucher dans la rue».

Maduro à la ministre : «réunissez-vous dans l’heure, il faut remettre sur pied tous ces hôpitaux, comme nous l’avons fait pour l’hôpital de Coche quand les gens ont dénoncé, nous, nous assumons nos erreurs et nous agissons rapidement».

Depuis deux semaines le gouvernement bolivarien se déploie dans les lieux de travail, les quartiers populaires, inspectant les chantiers publics et cherchant des solutions aux problèmes posés par les organisations sociales – pour la plupart des conseils communaux, au rythme de quatre à cinq assemblées par jour. Certains ministres y gagnent des cernes ou perdent du poids, ou la voix. D’autres en reviennent couverts de pluie et de ciment. Après les États du Zulia et de Miranda, la mobilisation sur le terrain promise par le président Maduro dès sa prise de fonctions, touchera les 21 états restants.noti1_3413

image_previewJohanna, porte-parole de l’économie informelle de la municipalité de Guaicaipuro, prend la parole.

– Président, nous sommes dans la rue sous la pluie, sous le soleil depuis des années, les passants se prennent les pieds dans nos kiosques. On ne nous brutalise plus comme le faisait la police avant, mais plutôt qu’un problème nous voulons être une solution. Nous avons besoin d’un marché couvert,  le dossier n’avance pas.

– Quel est l’organisme chargé du projet ?

– Fundapropatria.

– Appelez-moi le président de Fundapropatria.

– Président je suis Teresa Lopez, je suis fière de mon quartier de Guarimar, notre principal problème, ce sont les voies d’accès. La route alternative est dangereuse, la nuit il y a des accidents, beaucoup n’ont pas été voter parce qu’ils se sentent abandonnés, et Capriles quand il est passé, il nous a offert 25 mille Bolivars… (NdT : ex-candidat néo-libéral aux présidentielles, Henrique Capriles est l’actuel gouverneur de l’État de Miranda). La route c’est le plus important pour nous, nous ne nous vendons pas mais avec nos rues de terre, quand il pleut les enfants ne peuvent pas aller à l’école.

– Le ministre du transport doit s’en charger. Et je viens de parler au président de Fundapropatria, Mr. Tascon, qui viendra au plus tard dans deux semaines pour commencer avec vous la construction du marché populaire (applaudisssements).

– Président, nous avons de grands problèmes avec la collecte des immondices… Avec une dotation de camions, d’autres conseils communaux ont pu pallier l’irresponsabilité du maire….

– Oui nous avons reçu pas mal de dénonciations à ce sujet… (le nouveau ministre de l’environnement Dante Rivas promet de se réunir avec les conseils communaux concernés.)

– Il y a la distribution du gaz dans les quartiers, parfois les gens courent derrière les camions, les forcent à s’arrêter pour se fournir eux-mêmes…

– De qui dépend cela ?

– De PDVSA-Gaz. Et il y a le problème de l’Université Bolivarienne, j’y ai étudié moi-même à mes cinquante ans… (applaudissements) et elle n’a toujours pas de siège propre… nous proposons l’immeuble de Fetramiranda..

– Bien d’accord, nous allons transférer l’ancien siège de FetraMiranda, à l’Université Bolivarienne. Et toutes ces écoles primaires qui ne fonctionnent pas, qu’elles passent sous la responsabilité des communautés !

– Bonsoir Président, je suis Yanoares, porte-parole du secteur de la Matica. Nous avons 186 conseils communaux pour 38000 habitants, nous sommes très nombreux. Nous n’avons reçu aucune aide du gouverneur Capriles, par contre nous avons eu l’appui de mairies, de communes, du conseil fédéral de gouvernement mais les solutions manquent, nous n’avons pas encore l’eau, nous avons besoin de plus d’appui pour la sécurité.. Nous avons des projets de logements mais depuis des années nous n’avons obtenu aucun titre de propriété. A l’école nous prenons soin des pupitres, nous comptons 500 élèves mais la majorité des étudiants doit descendre jusqu’au centre, parce que dans notre communauté il n’y a pas de lycée, pas de Mission Ribas, pas de Mission Robinson. Nous avons une maison d’accueil pour les jeunes victimes de la drogue mais nous avons besoin d’appui, parce que nos permanents ne perçoivent aucun type de ressources.
Gobierno-de-calle-Miranda4– Maduro : Pardonne-moi de t’interrompre un instant, je sens en toi une grande capacité de lutte, je le vois dans ce le dossier que tu as dans les mains et je lis aussi en toi une grande impatience. Si nous faisons la liste des tous les problèmes de ta communauté, nous passerons ici plusieurs jours. Pour ne pas nous laisser submerger, nous devons intégrer les solutions à travers un plan comme le Barrio Tricolor, qui va rénover, reconstruire les quartiers et dont nous avons décidé qu’il allait se mettre en marche ici rapidement, ce qui comprend ton quartier. Nous avons faits nos calculs : 800.0000 sympathisants chavistes n’ont pas été voter le 14 avril, certains ont sombré dans la tristesse qui a suivi la mort du président Chavez et les médias privés les ont bombardés tous les jours : « Maduro n’est pas Chavez, Maduro n’est pas Chavez… ». En plus de cela, reconnaissons-le, nous n’avons pas fait le travail nécessaire, le porte-à-porte pendant la campagne, nous ne l’avons pas fait. Malgré tout, alors que je n’ai eu droit qu’à trois semaines de campagne pour parcourir tout le pays, nous avons gagné avec près de 300.000 voix d’avance, ce fut une victoire héroïque. Mais je vous demande, si deux pour cent de plus des nôtres n’étaient pas allés voter ? Que se serait-il passé avec l’éducation, la santé, le logement si le néo-libéral avait été élu ? Et avec l’ALBA, l’UNASUR, PetroCaribe ? Maintenant, croyez-vous qu’il est possible d’atteindre le socialisme en 2019 ? Je vous pose toutes ces questions pour que nous, le « Venezuela pensant » – avant la bourgeoise se croyait la seule à penser – nous tous réfléchissions aujourd’hui sur les moyens d’atteindre la pauvreté zéro. Certains d’entre nous, quand ils obtiennent enfin l’appartement construit par la révolution, quand ils sortent du chômage et reçoivent un salaire digne, oublient tout, se croient des « Rockefeller », c’est la misère spirituelle du capitalisme. Nous devons nous sentir fiers de nos quartiers populaires, les embellir chaque jour et c’est pouquoi ici dans l’État de Miranda, nous allons relancer le programme Barrio Tricolor.

noticias1116Quand un délégué de prévention d’accidents du travail prend la parole, Maduro parle «des travailleurs de l’électricité, ceux des lignes à haute tension, qui souffrent souvent des articulations, des vertèbres cervicales, évidemment la bourgeoisie n’en est même pas consciente alors qu’elle en est la responsable.»

Lorsque deux jeunes qui ont décidé de renoncer à la délinquance racontent leur vie, remettent leur projet socio-culturel à Maduro et parlent de la difficulté de la réinsertion, le nouveau ministre de la Commune, le sociologue Reinaldo Iturizza et la Ministre du Service Pénitenciaire Iris Varela prennent rendez-vous. Nicolas Maduro qui a lancé ce plan national de désarmement et d’action culturelle avec pour acteurs principaux les jeunes des quartiers populaires, leur demande s’ils connaissent la vie de Malcolm X, et comme ils répondent que non, il leur parle de lui, de l’importance d’étudier l’Histoire, sans laquelle un peuple perd tout horizon, et demande à la chaîne publique VTV de diffuser le film de Spike Lee. Il leur montre l’image qu’il a publiée sur son compte twitter @NicolasMaduro :

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Si vous n’y prenez garde, les médias vous feront aimer l’oppresseur et haïr l’opprimé. Malcolm X.

Puis le président annonce des rectifications comme « le contrôle ouvrier qui n’a pas fonctionné dans nos entreprises de base comme SIDOR, parce qu’il s’est mué en bureaucratie. Est-ce pour cela que nous allons renoncer au contrôle ouvrier ? Non, nous allons le renforcer car notre économie est encore essentiellement capitaliste ». Et d’évoquer le corps d’inspecteurs qui se déploie aujourd’hui dans le pays pour la bataille contre la corruption. « Il y aura des surprises dans les prochains jours. La corruption dans nos rangs, de ceux qui se déguisent en révolutionnaires, doit cesser totalement, comme celle de la bourgeoisie, peu importe le camp. Il y a deux siècles Bolivar avait décrété de fusiller les fonctionnaires corrompus. Nous, nous ne tuons personne mais la loi et la constitution s’appliquent à tous, même à ceux qui se diront ensuite avec l’appui des médias, « persécutés politiquement ».

–       Quand les ministres venaient-ils ici dans les vallées du fleuve Tuy ?

–       Jamais ! répond l’assemblée.

Gobierno-de-calle-Miranda2Routes alternatives, grand marché d’alimentation « Bicentenario », Centres de Diagnostic Intégral, lycées, canalisations d’eau potable, construction d’espaces culturels, crédits pour les producteurs agricoles, voies ferrées, extensions du métro de Caracas, création d’une université polytechnique régionale… Au bout de trois mois, les ministres et le président reviendront sur place pour l’inspection. Ces réunions sont cruciales pour le moral des bolivarien(ne)s. Les médias privés hégémoniques du Venezuela, ne s’y trompent pas : pas une news, pas un article, pas un bulletin radio ne mentionnent ce « gouvernement dans la rue».

Au même moment, alors que Barack Obama reste le seul gouvernant à refuser de reconnaître le verdict des électeurs vénézuéliens, un sommet extraordinaire de PetroCaribe et de l’ALBA se réunit à Caracas. 18 chefs d’État des Caraïbes et d’Amérique Latine rendent hommage au président Chavez en ratifiant l’alliance des deux organismes pour les éloigner un peu plus du chaos capitaliste, par la création d’une zone économique interne qui fortifiera l’industrie, le tourisme, l’agriculture, les liaisons aériennes, entre autres.Petrocaribe5Les médias internationaux, eux aussi, censurent ce sommet qui concerne des millions de latino-américains, de même qu’ils invisibilisent le « gouvernement dans la rue » et, depuis quatorze ans, l’ensemble des réalisations de la démocratie participative vénézuélienne. Ils occultent les sabotages et les assassinats commis par une droite sur orbite états-unienne, relaient avec sympathie le refus de reconnaître le scrutin par son leader Capriles et face aux plans de déstabilisation, personnalisent et réduisent la révolution bolivarienne à Nicolas Maduro, brossé en tribun fantasque, agressif comme ils l’ont fait avec Hugo Chavez.

Huit heures du soir. L’assemblée-fleuve déborde presque la sécurité. Tous veulent parler, saluer, montrer leurs banderoles, remettre leurs messages. Maduro : «Je le vois dans vos yeux, nous saurons répondre en travaillant, en exigeant le respect à l’empire, aux transnationales médiatiques. Tôt ou tard nous reviendrons travailler avec vous. Nous devons rester ce peuple plein d’énergie, invincible, sans jamais nous laisser emporter par l’indifférence, le populisme, le clientélisme. Si nous voulons une école pour nos enfants, pourquoi ne pas commencer en donnant un sac de ciment, toi les briques, toi le pot de peinture, pourquoi ne pas organiser une ou deux journées de travail volontaire ?»

– Président, il reste cinq porte–paroles de conseils communaux qui doivent prendre la parole, c’est le tour de Claudia.

– Nous t’écoutons, Claudia.

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Thierry Deronne, Caracas, le 6 mai 2013.

(1) Voir »Le président Chavez exige au gouvernement d’avancer vers une communication plus profonde et plus populaire »  https://venezuelainfos.wordpress.com/2012/10/21/le-president-chavez-exige-davancer-vers-une-communication-plus-profonde-et-plus-populaire-avec-les-travailleurs-depuis-les-usines/

URL de cet article: https://venezuelainfos.wordpress.com/2013/05/06/nous-tecoutons-claudia/

Ce que va faire la révolution bolivarienne de 2013 à 2019

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Célébration de la victoire, 14 avril 2013, Caracas.

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Le programme révolutionnaire (socialiste, écologique, participatif, basé sur les concepts de souveraineté et de politique étrangère multipolaire) proposé par Nicolas Maduro a été approuvé par 50,7 % des électeurs ce 14 avril 2013, contre 48,9 % au programme néo-libéral du candidat Henrique Capriles Radonski. La victoire de ce programme inconnu des citoyens occidentaux frappe d’autant plus que les médias privés du Venezuela et leurs relais internationaux ont fabriqué depuis quatorze ans l’image du “dictateur Chavez”. Pourtant, en l’absence de celui-ci et malgré l’usure de quatorze ans de pouvoir, la majorité des citoyens s’est mobilisée pour confirmer dans les urnes le programme débattu publiquement depuis juillet 2012, qui avait valu sa victoire à Hugo Chavez en octobre 2013 et qui a constitué le coeur de la campagne présidentielle de Nicolas Maduro. Alors que le candidat de la droite appuyé par les médias privés fait campagne depuis trois scrutins et a disposé de plus de temps pour construire son plancher électoral, Nicolas Maduro n’a eu que quelques semaines pour mener sa première campagne au contact de la population.

Près de 19 millions d’électeurs pouvaient voter et, bien que le vote ne soit pas obligatoire, la participation a été massive (79,8 %). Ce scrutin, comme les 16 autres qui l’ont précédé depuis le début du processus révolutionnaire, a été suivi par 173 observateurs internationaux accrédités par le Conseil National Électoral (CNE) : l’Union des douze Nations Sud-américaines (UNASUR), l’Union Interaméricaine des Organismes Électoraux (UNIORE), le MERCOSUR et le Centre Carter, notamment. Nicolas Maduro a été proclamé officiellement président de la république ce lundi 15 avril par le Centre National Électoral. Les résultats définitifs sont publiés sur le site du CNE :  http://resultados.cne.gob.ve/resultado_presidencial_2013/r/1/reg_000000.html

Du côté de la droite, le scénario se répète : le candidat Capriles Radonski, qui avait participé activement au coup d’État du patronat et de généraux made in CIA contre Chavez en avril 2002, refuse de reconnaître le verdict des urnes et appelle au coup d’État, allumant ici et là des foyers de violence avec l’aide des mêmes  « puissances étrangères » et des mêmes médias. Des centres de santé populaire, un siège du Parti Socialiste Uni du Venezuela ont été détruits, plusieurs personnes ont été assassinées par des commandos d’extrême-droite. Le gouvernement bolivarien, sans tomber dans la provocation,  s’est attelé dès ce lundi à défendre la constitution, à empêcher la violence d’interrompre le cours de la démocratie, et à réaliser son programme pour résoudre les problèmes économiques, sociaux définis durant la campagne, avec l’appui de 20 sur 23 gouverneurs, une majorité de maires et de députés, et de nombreux espaces de démocratie participative.

Comme le dit José Roberto Duque, « Si l’état communal que nous sommes à peine en train de formuler, de discuter et de construire maladroitement à travers des processus et des expériences locales et pour l’heure isolées, se convertit en forme de vie et de participation citoyenne, là oui ce sera la révolution. Cela sera, oui, l’héritage de Chavez, ce sera aussi notre fierté. Nous, formés, moulés par les codes bourgeois, dans des écoles bourgeoises et dans une manière de nous relier absolument bourgeoises, nous aurons démontré que nous pouvons nous faire violence, faire échouer notre être égoïste, individualiste, consommateur et médiocre, pour mériter l’épithète de génération révolutionnaire. La mauvaise nouvelle est que nous, les vénézuéliens vivants, ne saurons jamais si on se souviendra de nous de cette manière. Je le regrette. L’histoire est pleine de personnes qui n’ont pas mesuré la taille de leur contribution à l’humanité« . (1)

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« J’ai voté pour Maduro ! Mission accomplie ». Face au dénigrement de Maduro par les médias comme « simple chauffeur d’autobus » (allusion à sa trajectoire de syndicaliste du transport), l’humour populaire a rendu la politesse.

morales_evoParmi les félicitations des présidents du monde entier, celle du président Evo Morales : « cette victoire montre que face à la soumission, face au pillage du capitalisme et de l’impérialisme, les peuples se manifestent démocratiquement« .

Depuis l’Équateur Rafael Correa a déclaré : “Gloire au peuple courageux qui a vaincu le joug ! Félicitations Président imagesMaduro. Commandant Chávez : le Venezuela ne retournera jamais au passé ! »

L’ensemble des présidents latino-américains seront présents à la prise de fonctions de Maduro, ce vendredi 19 avril 2013.

Le seul fait que le Venezuela bolivarien, système “excessivement démocratique” selon l’ex-président Lula, avec sa surdose de processus électoraux et la participation citoyenne aux dizaines de milliers de conseils communaux, puisse être dépeint comme un régime autoritaire démontre que les médias privés et leurs copies publiques ne défendent plus le droit des citoyens à l’information. Certes, cette propagande prend de moins en moins dans les secteurs populaires en Occident, et éveille des soupçons grandissants chez ceux qui ont compris le rôle des médias dans le maintien de l’ordre néo-libéral mondial.

Mais ni Facebook, ni les blogs ne suffiront à contrebalancer l’image du monde transmise par les médias de masse. Par exemple, la gauche occidentale ferme les yeux sur des guerres coloniales, sur des bombardements humanitaires ou laïcs de populations civiles ou sur des coups d’Etat téléguidés, parce qu’elle n’ose pas affronter les justifications démocratiques diffusées par ces médias et qu’elle préfère y soigner son image de marque. Les citoyens occidentaux ont devant eux une tâche urgente : démocratiser et répartir les ondes de radio et de télévision pour garantir la libre expression des mouvements sociaux, pour briser la colonisation du service public par la logique des médias privés et par le dogme du libre marché et pour que les citoyens puissent comprendre ce qui se passe dans le reste du monde.

L’Argentine l’a déjà fait en légiférant pour offrir un tiers des ondes radiophoniques et télévisées au service public, un tiers aux entreprises privées, un tiers aux associations citoyennes. En Equateur, en Bolivie, ou au Venezuela, la démocratisation des ondes avance plus lentement – ces pays vivent encore sous la domination médiatique de grands groupes économiques privés anti-État, anti-mouvements sociaux (2). Alors que ce thème était jusqu’ici tabou au Brésil, le Parti des Travailleurs et la principale centrale syndicale du pays, la CUT, évoquent pour la première fois publiquement la nécessité d’en finir avec la dictature du monopole privé incarné par TV Globo et toute sa chaîne de journaux, livres, revues, etc.. (3). Quelque chose s’est mis en mouvement en Amérique Latine. Mais démocratiser les ondes dans une seule partie du monde ne suffira pas s’ils restent monopolisés par de grands groupes privés ailleurs.

En Occident, il ne s’agit pas seulement de légaliser et de multiplier les médias citoyens et de refinancer le service public, mais aussi de revenir à une formation intégrale, universelle et critique des journalistes, qui les libèrera de la Fin de l’Histoire, leur rendra le sens original d’un métier qui passe par une véritable rencontre avec l’Autre, par le respect de son Histoire, de son droit d’élire qui il veut, et d’être entendu dans ses propositions. Ce qui implique de restaurer une logique de production où le temps est premier : le temps de voyager, de sortir des hôtels et des conférences de presse, le temps d’écouter, de se former, de comprendre et de découvrir tout qu’on ne savait pas, tout ce qu’on ne comprenait pas.

Sans cela, comment un journaliste européen pourra-t-il comprendre la rébellion vivante dans les gènes des vénézuéliens, ces métis qui n’ont jamais obéi à aucune capitainerie générale du royaume d’Espagne, et qui ne sont plus prisonniers du présent médiatique, mais ont un pied dans le passé et l’autre dans le futur ? Ou que la révolution au lieu de se militariser comme l’annonçaient les médias il y cinq ou dix ans, vient d’élire un président civil et que les médias privés, majoritaires, font librement campagne contre lui ? Ou ce qui pousse des voyageurs du monde entier à chercher à Caracas un sens aux mots démocratie, socialisme, politique ?

Nous publions une synthèse des 70 pages du programme choisi par les électeurs.

Dans beaucoup de pays la “gauche” gouvernementale s’est vidée de tout programme pour se muer en agence de casting et fournir des “évènements” quotidiens aux médias. Les bolivariens, eux, tiennent leurs promesses et ont ouvert le chantier infini de la transformation de la vie. “Ne nous y trompons pas : la formation socio-économique qui prévaut encore au Venezuela est de caractère capitaliste et rentier. Le socialisme commence à peine à imposer sa propre dynamique interne parmi nous. Ce programme est fait pour le fortifier et l’approfondir, en radicalisant la démocratie participative. Nous partons du principe qu’accélérer la transition au socialisme bolivarien du XXIème siècle passe nécessairement par l’accélération de la restitution du pouvoir au peuple. C’est sa condition indispensable. Le présent programme s’efforce d’exprimer la volonté des majorités populaires, mais nous avons beau vouloir figer celle-ci dans des mots, nous savons que cela est totalement insuffisant. C’est pourquoi, à partir de ce jour, nous voulons que ce texte soit le sujet du débat le plus large et le plus libre pour qu’il soit prolongé, biffé, amendé, corrigé, complété et enrichi, pour que ce deuxième Plan Socialiste de la Nation soit une oeuvre éminemment collective, comme il se doit en temps de révolution.” (Introduction du programme par Hugo Chavez, juin 2012).

Thierry Deronne, Caracas, avril 2013.

Programme de gouvernement pour 2013-2019.

Premier objectif :Défendre, étendre et consolider le bien le plus précieux que nous ayons reconquis depuis 200 ans : l’indépendance Nationale.”

INFOGRAFÍA obj 1Exemples de quelques mesures prévues :

Renforcement et expansion du Pouvoir Populaire pour que le peuple soit le pouvoir. Préserver, récupérer et avancer dans les espaces de gouvernement régional et local pour approfondir la restitution du pouvoir au peuple. Continuer à construire l’hégémonie en matière de communications, pour qu’au Venezuela, on écoute toutes les voix. Maintenir et garantir le contrôle de l’Etat sur Pétroles de Venezuela S.A. Garantir l’hégémonie de la production nationale de pétrole. S’assurer une participation majoritaire dans les entreprises mixtes. Maintenir et garantir le contrôle de l’Etat sur les entreprises d’état qui exploitent les ressources minières sur le territoire national.
Promouvoir et stimuler la recherche scientifique et le développement technologique dans le but d’assurer les opérations intermédiaires de l’industrie pétrolière. Renforcer la coordination des politiques pétrolières au sein de l’OPEP. Impulser des mécanismes pour la juste valorisation du gaz. Elever la conscience politique et idéologique du peuple et des travailleurs du pétrole et du secteur minier , ainsi que sa participation active dans la défense des ressources naturelles de la nation. Impulser la participation des travailleurs dans la planification des activités de l’industrie pétrolière. Consolider et approfondir les instances de participation politique du peuple et des travailleurs du pétrole et des mines. Impulser et promouvoir une initiative de coordination entre les grands pays pétroliers.
Garantir l’utilisation des ressources naturelles du pays, souverainement, pour la satisfaction des demandes internes ainsi que son utilisation en fonction des plus hauts intérêts nationaux. Etablir et développer un régime fiscal minier, comme mécanisme de récupération efficace de recouvrement des revenus de l’activité minière.
Projets de développement social, notamment via la convention Chine-Vénézuéla : logements, hôpitaux et centres médicaux. Projets de développement énergétique tels que raffineries, usines de production de gaz naturel, de pipelines et de gazoducs, usines de gaz liquide, projets d’extraction, transport et commercialisation du charbon, etc.. Cette politique a permis de nous rendre indépendants des organismes financiers multilatéraux comme le Fonds Monétaire International (FMI), la Banque Mondiale (BM) et la Banque Interaméricaine de Développement (BID). Fortifier et amplifier les accords de coopération énergétique. Renforcement des accords dans le cadre de Petrocaribe pour contribuer à la sécurité énergétique, au développement socio-économique et à l’intégration des pays des Caraïbes et de l’Amérique Centrale par l’emploi souverain des ressources énergétiques. Renforcement de l’ALBA.
Souveraineté alimentaire pour garantir le droit sacré de notre peuple à l’alimentation. Développer notre potentiel de production agricole. Augmenter la surface agricole irriguée de 178 000 ha jusqu’à 538000 ha irrigués en 2019, ce qui représente une augmentation de 202%. Accélérer la démocratisation de l’accès , pour les paysans, les producteurs et les différentes collectivités et entreprises socialistes, aux ressources nécessaires (terres, eau, arrosage, semences et capitaux) pour la production, en encourageant leur utilisation rationnelle et soutenable. Commencer la construction de 14 Maisons de Pêcheurs au niveau national dans les états de Carabobo, Aragua, Apure, Falcon, Nueva Esparta, Sucre, Miranda et Portuguesa. Créer et consolider les centres de distribution et de vente locale dans les grandes villes, vente et distribution directe de produits de consommation directe dont l’accès sera garanti à la population avec une rémunération juste du travail du paysan dans le but de développer le commerce d’exportation. Multiplication des réseaux de distribution socialiste Mercal, PDVAL, BICENTENARIO, marchés communaux et programmes de distribution gratuite. Renforcer et moderniser le système de régulation sociale d’état pour combattre l’usure et la spéculation dans l’achat et la distribution des aliments, étant donné son caractère de bien essentiel pour la vie humaine.
Mettre en place une politique d’exportation dans les pays des Caraïbes et au nord du Brésil. Donner un coup de pouce au développement et à l’utilisation de technologies pour les matières premières, réduisant les émissions nocives dans le milieu environnemental. Consolidation des espaces de participation citoyenne dans la gestion publique des aires thématiques et territoriales en rapport avec les sciences, la technologie et l’innovation. Consolider le déploiement des infrastructures éducatives du pays dans les centres universitaires, techniques, des médias et pour la formation pour le travail libérateur. Accroître la capacité défensive du pays avec la consolidation de la redistribution territoriale des Forces Armées Nationales Bolivariennes. Accroître la participation active du peuple pour consolider l’union civique et militaire. Renforcer et accroître le système de renseignements et de contre-espionnage militaire pour la défense intégrale de la patrie.

Deuxième objectif :Continuer à construire le socialisme bolivarien du XXIème siècle comme alternative au système destructeur et sauvage du capitalisme et ainsi, assurer la «plus grande sécurité sociale possible, la plus grande stabilité politique et le plus grand bonheur possibles» (Simón Bolívar) pour notre peuple.

INFOGRAFÍA obj 2Exemples de quelques mesures prévues :

Favoriser la démocratisation des moyens de production et impulser de nouvelles formes d’articulation de formes de propriété, en les plaçant au service de la société. Fortifier l ‘appareil productif national, en le modernisant technologiquement pour fournir la base matérielle en l’orientant vers le nouveau modèle du socialisme. Développer des modèles de gestion des unités de production basés sur l’inclusion, la participation des travailleurs et travailleuses, alignés sur les politiques nationales ainsi que sur une culture du travail qui s’oppose au rentisme du pétrole, en démontrant la structure d’ oligopole et de monopole existante. Assurer la formation collective dans les centres de travail en assurant son incorporation dans le travail productif, solidaire et libérateur. Augmenter durablement la production et la distribution de biens culturels au niveau national, à travers la production de 15.000.000 d’exemplaires du système massif de revues, et avec l’augmentation de 200% de la production de livres. Augmenter les infrastructures culturelles mises à la disposition du peuple avec la construction de 336 salles de bibliothèques, une par municipalité, avec le mobilier nécessaire à la lecture. Universaliser la sécurité sociale pour les artistes, les employés du secteur de la culture et les créateurs.
Rendre plus puissantes les expressions culturelles libératrices. Rendre visible l’identité historique et communautaire (Mision Cultura Corazon Adentro). Améliorer l’habitat et les infrastructures pour les peuples indigènes. Accélérer la délimitation territoriale de leurs espaces, à travers la remise de titres de propriété de terres aux communautés indigènes et de dotation de logements dignes à chaque famille indigène en situation de vulnérabilité, dans le respect de leurs choix culturels. Encourager la formation et le financement pour des unités socioproductives, avec le renforcement de 2345 conseils communaux et communes socialistes indigènes au moyen du financement de projets, dans le respect de leurs pratiques et de leurs formes d’organisation traditionnelles. Approfondir la participation politique et active des femmes dans le Pouvoir Populaire. Améliorer et construire des infrastructures pour les communautés pénitentiaires. Développer une politique intégrale de protection et de divulgation scientifique en relation avec la diversité biologique de notre pays, et en particulier en ce qui concerne nos Parcs, ainsi que les réservoirs d’eau de notre pays et ce qu’ils représentent pour la planète.
Renforcer la lutte contre ce qui détermine les conditions d’inégalité qui doivent être supprimées pour éradiquer l’extrême pauvreté. Etendre la couverture de l’inscription scolaire à toute la population. Développer l’éducation interculturelle bilingüe avec la participation des populations indigènes. Consolidation de la transformation universitaire autour de la formation intégrale, de la production intellectuelle et des liens sociaux qui garantissent le développement des capacités créatives et des capacités qui permettent de résoudre les problèmes prioritaires du pays. Renforcer le droit constitutionnel à l’éducation universitaire pour tous et toutes en augmentant les investissements, la poursuite et la dépense, au moyen de l’augmentation de 90% de l’inclusion des jeunes bacheliers au système d’éducation universitaire. Assurer la santé de la population à travers la consolidation du système public national de santé, sur la base de l’approfondissement de Barrio Adentro, du pouvoir populaire et de l’articulation de tous les niveaux du système de protection, de promotion, de prévention et de soin intégrala u service de la santé individuelle et collective. Assurer une alimentation saine et adéquate tout au long de la vie, en concordance avec les demandes de la Constitution concernant la Santé, la Souveraineté et la Sécurité Alimentaire, avec l’augmentation de la prédominance de l’allaitement Maternel Exclusif  jusqu’à 70%.
Renforcer 4500 magasins d’alimentation pour en faire des centres de formation et de soins nutritionnels. Consolider et agrandir le Réseau de Pharmacies Populaires sur tout le territoire national. Développer le Système Economique Communal avec les différentes formes d’organisation socio-productive : entreprises de propriété sociale, unités familiales, groupes d’échange solidaires et d’autres formes associatives pour le travail. Fortifier la base sociale du système d’économie communale. Développer le Pouvoir Populaire dans les entreprises de propriété sociale indirecte. Constitution de Conseils de Travailleurs et Travailleuses dans les entreprises de propriété sociale indirecte. Créer de nouvelles Grandes Missions dans des zones et sur des thèmes ou des problèmes prioritaires. Développer à partir des Grandes Missions, les systèmes d’accompagnement territoriaux pour transformer la vie des familles et des communautés en situation de pauvreté. Garantir la participation active du peuple organisé en ce qui concerne la formation, la transformation du modèle économique de production, la prévention et la protection sociale par les nouvelles instances de participation populaire comme les Conseils Communaux, les organisations de femmes, de jeunes , d’adolescents, d’indigènes, d’afro-descendants, d’étudiants, d’ouvriers et d’ouvrières, de paysans et de paysannes,  de travailleurs du transport, de professionnels, de petits et moyens producteurs et commerçants, associations de la diversité sexuelle, employés de la culture, écologistes, mouvements de villageois parmi beaucoup d’autres dans les sphères de la formation.
Accélérer la participation du peuple aux conseils communaux, groupes de bataille sociale, communes socialistes, cités communales, fédérations et confédérations communales pour le renforcement des possibilités d’action locales dans une perspective territoriale , politique, économique, sociale, culturelle, écologique,et de défense de la souveraineté nationale . De 2013 à 2016 : on développera l’organisation des 21 004 Conseils Communaux qui relieront 8.821.296 personnes (couverture totale de la population vénézuélienne). Le renforcement et l’accompagnement du Pouvoir Populaire dans la période 2013-2019 permettront la mise en conformité de 3 000 Communes Socialistes, selon des prévisions approximatives de 450 Communes, conformément à la démographie des axes de développement territorial. Ces Communes regrouperont 39 000 Conseils Communaux où vivront 4 680 000 familles , ce qui représente 21 060 000 citoyens. Garantir le transfert de compétences en ce qui concerne la gestion et l’administration de la chose publique à partir des instances institutionnelles régionales et locales vers les communautés organisées , les organisations de base et autres instances du Pouvoir Populaire comme stratégie de restitution totale du pouvoir au peuple souverain. Création de 3 000 Banques Communales qui serviront à consolider la nouvelle architecture financière du Pouvoir Populaire. Supprimer toutes les démarches inutiles demandées aux citoyens et aux citoyennes, pour réaliser des opérations légales avec l’Etat, ou pour obtenir des licences, des enregistrements, des diplômes, des certifications, etc…
Elaborer à partir de l’Etat une profonde et définitive révolution dans le système d’administration de la justice pour que cesse l’impunité, pour l’égalité et pour supprimer le caractère de classe et le caractère raciste dans son application. Poursuivre la transformation du Système Pénitentiaire. Activer le Système National de Soins aux Victimes. Garantir le droit et l’accès au libre exercice de l’information et de la communication véritable. Consolider la régulation sociale des moyens de communication en tant qu’outils pour le renforcement du Pouvoir Populaire en promouvant le Système National de Communication Populaire (radios, télévisions communales, journaux communautaires, environnementaux, personnels de l’environnement, ouvriers, jeunes, membres des partis, syndicalistes, paysans,entre autres) en tant qu’espace pour l’articulation de signifiants et de relations produites par la pratique de la communication sociale et humaine dans le but de transformer la réalité à partir du Pouvoir Populaire organisé. Actualiser et développer les plate-formes technologiques des moyens de communication en profitant du développement que représente la mise en arche de la Télévision Digitale Ouverte (TDA) qui permettra d’améliorer la qualité des transmissions.

Troisième objectif :Transformer le Venezuela en une puissance du point de vue social, économique et politique, à l’intérieur de la grande puissance naissante de l’Amérique Latine et des Caraïbes qui garantisse la création d’une zone de paix dans Notre Amérique.

INFOGRAFÍA obj 3Exemples de quelques mesures prévues :

Développer la capacité de production du pays en rapport avec les immenses réserves d’hydrocarbures conformément au principe d’exploitation nationale et de la politique de conservation des ressources naturelles épuisables et non renouvelables. Développer des projets pétrochimiques pour l’exploitation du gaz naturel, la production de carburants et dérivés de raffinage en les transformant en produits d’une plus grande valeur ajoutée. Renforcer et étendre la souveraineté technologique. Approfondir les stratégies de diversification des marchés du pétrole brut et des produits dérivés, avec l’objectif, pour 2019, de 2.200 MBD destinés aux pays asiatiques, 1.250 MBD vers l’Amérique Latine et les Caraïbes, 550 MBD vers l’Europe et 1,150 MBD vers l’Amérique du Nord. Renforcer et élargir le réseau électrique national. Diversifier les sources de production électrique en favorisant le recours au gaz naturel, au coke, et aux autres sources d’énergie. Développer l’utilisation efficace de l’électricité, en ayant recours à des sources alternatives et en développant le recours à la ressource éolienne. Approfondir les alliances politiques et économiques avec les pays qui ont un positionnement géostratégique favorable et dont les intérêts convergent avec ceux de notre nation, ce qui encouragera la construction d’un monde multipolaire.
Développer et adapter les Forces Armées pour le défense de notre Patrie. Consolider la coopération avec les pays frères en accord avec les exigences de la Défense Intégrale de la Patrie. Conserver et préserver les milieux naturels. Incorporer la reconnaissance de la Culture propre à chaque Peuple dans les processus de planification et de mise en valeur des territoires. Entretenir et étendre le réseau de routes, autoroutes et voies de raccordement qui relient les agglomérations grandes et moyennes sur toute l’étendue du territoire national et pour relier les zones industrielles aux zones d’exploitation des ressources. Améliorer l’état des routes dans les zones rurales et agricoles. Développer la seconde phase de la Grande Mission Logement Venezuela pour en finir définitivement avec la pénurie de logements récurrente. Renforcer la construction de logements dans les zones rurales pour améliorer les conditions de vie des familles paysannes. Poursuivre la construction de réseaux de distribution d’eau potable et d’assainissement des eaux usées dans les agglomérations encore dépourvues de ces services. Accélérer le Plan de distribution de gaz domestique. Développer l’usage des transports collectifs pour qu’ils l’emportent sur les transports privés.

Quatrième objectif :Contribuer au développement d’une nouvelle géopolitique internationale incarnant un monde multipolaire pour atteindre l’équilibre de l’univers (Simón Bolívar)et garantir la paix mondiale.

4Exemples de quelques mesures prévues :

Promouvoir le rôle d’avant-garde de l’ALBA dans le processus des changements en cours en Amérique Latine et les Caraïbes et dynamiser les nouveaux espaces tels que l’UNASUR et la CELAC. Renforcer le rôle du Système Unitaire de Compensation Régionale (SUCRE) et celui de la Banque de l’Alba dans la stratégie de complémentarité économique, financière, productive et commerciale de la zone. Renforcer le mécanisme de PETROCARIBE comme schéma de coopération énergétique et sociale solidaire. Assurer la participation active dans chacun des Conseils de UNASUR pour impulser des politiques et des actions bénéfiques pour les peuples de Notre Amérique. Impulser et renforcer la Communauté des États Latino-Américains et des Caraïbes (CELAC) comme mécanisme d’union de l’Amérique Latine et les Caraïbes. Développer les projets nationaux d’union économique avec les pays de l’ALBA et de complémentarité productive avec les pays du MERCOSUR. Renforcer la Banque du Sud en tant qu’institution visant l’intégration financière régionale. Consolider le rôle du Venezuela en tant qu’acteur d’une coopération solidaire, sans prétensions hégémoniques, et respectueux du principe de l’autodétermination de chaque peuple.
Développer le nouvel ordre latino-américain dans le domaine des communications en insistant sur les nouveaux systèmes et les nouvelles technologies de l’information et en développant de nouveaux outils de communication. Renforcer Telesur et lui assurer une plus grande présence régionale et mondiale. Développer les émissions de Radio du Sud comme outil de communication pour faire connaître les processus politiques en cours dans la région. Développer les réseaux de chaînes d’information alternatives et communautaires dans la région de même que les réseaux sociaux. Diffuser de façon permanente l’information véridique émise par les pays de l’ALBA et les pays alliés du Sud. Défendre la présence des miminorités ethniques et des peuples autochtones dans les organes décisionnels “notre-américains”. Développer le rapprochement et la coordination entre les nouveaux mécanismes de l’union latino-américaine et Caraïbes (ALBA, UNASUR, CEPALC) et le groupe BRICS pour donner plus de force à la voix des peuples du Sud dans l’arène mondiale. Nouer des alliances avec des chaînes de communication et d’information des pôles émergents du monde pour améliorer la compréhension mutuelle et l’information authentique sur nos réalités à l’abri du filtre déformant des grandes entreprises de la communication propriétés des puissances impérialistes.
Promouvoir la diplomatie des peuples et la participation active des mouvements populaires organisés dans la construction d’un monde multipolaire et équilibré.Promouvoir la participation des réseaux mondiaux des mouvements sociaux dans les grands Forums et Sommets internationaux. Poursuivre une politique active et entreprenante en partenariat avec les pays progressistes de notre zone en appelant à une urgente et indispensable réforme du Système Inter-américain de Défense des Droits de l’Homme et de la Justice étant donné que celui-ci est un bastion hautement politisé de l’impérialisme nord-américain. Dénoncer les traités et les accords bilatéraux pouvant limiter la souveraineté nationale face aux intérêts des puissances néocoloniales (promotion et défense des investisements). Porter à un niveau non vital les échanges commerciaux avec les puissances néocoloniales. Porter à un niveau non vital la connexion du Venezuela avec les réseaux de communication dominés par les puissances néocoloniales. Augmenter la part des devises des pays émergents dans les réserves et le commerce international du Venezuela. Réaliser la majeure partie des échanges économiques et commerciaux avec les pôles émergents du monde nouveau.

Cinquième objectif :Contribuer à préserver la vie sur la planète et au sauvetage de l’espèce humaine”.

5Exemples de quelques mesures prévues :

Développer l’action aux niveaux national et international pour la protection et la conservation des zones stratégiques, entre autres les sources et plans d’eau (eaux de surface et nappes phréatiques) pour une gestion globale des bassins hydrographiques, la biodiversité, la gestion soutenable des mers, des océans et des forêts. Continuer à militer pour la reconnaissance du droit à l’accès à l’eau comme un des Droits Humains supplémentaire dans tous les forums et toutes les enceintes. Combattre les chémas internationaux qui prônent la marchandisation de la nature, des services environnementaux et des écosystèmes. Rechercher des alliances stratégiques dans tous les forums internationaux pour lutter contre la marchandisation de la nature. Redynamiser la coopération avec les pays frontaliers sur les questions concernant la gestion respectueuse de l’environnement et les zones écologiques d’intérêt commun sur la base des principes du droit international. Défendre les droits territoriaux et la souveraineté de l’État du Venezuela dans les négociations concernant l’administration des espaces marins et océaniques de même que la diversité biologique marine au-delà de la juridiction nationale.
Elever le niveau des débats de fond sur les questions économiques, sociales et environnementales dans les instances pertinentes au niveau régional et international pour que les décisions y soient prises de façon inclusive et transparente, hors de toute orientation de type paternaliste et néocolonial de la part des pays développés.  Impliquer les institutions publiques dans la production d’une critique percutante des formes culturelles et des reconstructions historiques imposées par la culture jusqu’à présent dominante. Faire circuler la critique à travers les médias publics (magazines, télévision, manifestations événementielles, etc.). Développer l’édition de manuels scolaires pour faire naître une conscience nouvelle et former l’esprit critique des nouvelles générations. Créer des lieux d’expression et des mécanismes d’enregistrement et de conservation des cultures populaires et de la mémoire historique des groupes sociaux et ethniques tenus jusqu’à présent pour secondaires. Aux niveaux national et régional, recenser les lieux d’expression et les formes populaires de conservation de la mémoire historique (par exemple, les conteurs). Organiser, au sein de chaque Conseil de Communauté et dans chaque Commune en Création, des groupes de travail pour la conservation de la mémoire historique et pour la diffusion des acquis de la culture populaire ou ethnique (par exemple, s’agissant, des Afro-Vénézueliens, les travaux réalisés par les Comités “Tierras Urbanas”, “Mesas de Agua” et autres…).
Former des experts issus de ces populations pour la sauvegarde de leur patrimoine culturel et de leur mémoire historique. Accorder une attention toute particulière aux rapports entre les sexes. Dans ce sens, développer des groupes de travail constitués de femmes pour réfléchir sur leur vie familiale et professionnelle et mettre au point des stratégies de résistance et de libération, car les femmes sont les principales victimes des cultures dominantes, cultures qui lesrelèguent dans des rôles secondaires et qui font d’elles, souvent, les victimes de formesexplicites de violence. La même chose peut s’appliquer aux groupes dont l’orientation sexuelle est diverse (gays, lesbiennes, bisexuels et transsexuels), contraints de vivre dans un état de répression et d’humiliation permanentes et dont la seule issue est la frivolité offerte par le monde capitaliste. Élaborer des stratégies pour que soit conservée et diffusée, dans l’actuelle société“mondialisée”, la mémoire culturelle et historique du peuple de Venezuela. Contribuer à la constitution d’un mouvement mondial visant à enrayer les causes et à remédier aux effets du changement climatique conséquence du modèle capitaliste prédateur. Poursuivre la lutte pour la préservation, le respect et la stabilisation du régime climatique conformément à la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique et son Protocole de Kyoto.
Faire abolir les schémas de marchés internationaux du carbone qui légalisent l’achat de droits à polluer et la destruction de la planète en toute impunité. Développer et renforcer le régime juridique actuel concernant le climat en insistantsur les responsabilités historiques des pays développés. Impulser et soutenir toutes les actions qui visent à porter devant la justice internationale tous les manquements des pays développés à leurs obligations dans le cadre du Protocole de Kyoto. Concevoir, au niveau national, un Plan National de Modération qui concerne les secteurs productifs émetteurs de gaz à effet de serre, comme une contribution nationale volontaire aux efforts pour sauver la planète. Promouvoir, au niveau national, la transformation des secteurs productifs selon la ligne tracée par l’éthique transformatrice du modèle économique socialiste, en insistant en particulier sur les secteurs de l’energie, de l’agriculture et de l’élevage, de la gestion des déchets solides et celui de la forêt. Mettre au point un ambitieux Plan National d’Adaptation, conforme à l’engagement éthique bolivarien éco-socialiste, en vue de préparer notre pays à affronter les scénarios et impacts climatiques à venir en raison de l’irresponsabilité des pays industrialisés et pollueurs du monde.

Notes :

  1. « Hacia un nuevo ciclo de nuestra historia », http://www.tracciondesangre.blogspot.com/2013/04/hacia-un-nuevo-ciclo-de-nuestra-historia.html
  2. https://venezuelainfos.wordpress.com/2013/03/04/au-venezuela-la-marche-vers-la-democratisation-des-medias/
  3. http://www.cut.org.br/destaques/23103/comunicacao-publica-e-debatida-por-cutistas-e-parceiros-da-luta-pela-libertacao-da-palavra

Illustrations : Collectif d’artistes “Crea y combate

Traduction du programme : Manuel Colinas, Gaston Lopez et Françoise Lopez. Texte intégral : https://venezuelainfos.files.wordpress.com/2012/10/programme-de-chavez-2013-2019-texte-integral1.pdf

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2013/04/15/ce-que-va-faire-la-revolution-bolivarienne-de-2013-a-2019/

Le centre de Tunis célèbre le message d’avenir de Hugo Chavez

La nuit du 29 mars 2013, le centre de Tunis en liesse a célébré le message d’avenir de Hugo Chavez, un événement marqué par une forte présence de la jeunesse et organisé par le Front Populaire Tunisien. Comme on le voit sur ces images de nombreux citoyens associent le président vénézuélien au leader de gauche Chorkri Belaid, assassiné en février de cette année.

L’ambassadeur du Venezuela, Afif Tajeldine, a rappelé les principales conquêtes du processus révolutionnaire en cours qui, grâce à la forte mobilisation populaire autour du candidat Nicolas Maduro, s’achemine probablement vers une nouvelle victoire aux élections présidentielles du 14 avril 2013.

La Via Campesina a également organisé à Tunis un hommage au dirigeant révolutionnaire latino-américain qui fut non seulement un champion de la réforme agraire, de la défense de l’environnement ou de l’agro-écologie mais aussi un militant attentif aux propositions des premiers forums sociaux mondiaux, dès l’édition de Porto Alegre en 2003.

Pour Douglas Mansur, militant de la Via Campesina Brésil, « de multiples symboles relient Chavez à l’histoire du Forum Social Mondial comme la première défaite des Traités de Libre Commerce impulsés par les États-Unis et la création d’une alternative concrète comme l’ALBA. Avec Evo Morales, il est de ceux qui ont compris le rôle central des mouvements sociaux dans cette lutte permanente pour dépasser le capitalisme, sans jamais se substituer à eux, en les écoutant, en créant le conseil des mouvements sociaux au sein de l’ALBA« .

Vidéo réalisée par l’équipe de ZIN TV et d’ALBA TV au Forum Social Mondial à Tunis  http://www.zintv.org/Hommage-Tunisien-a-Hugo-Chavez

Palestinos Hugo Chavez

Des citoyens palestiniens déploient un portrait de Hugo Chavez face aux soldats israéliens (mars 2013)

Les bolivariens en campagne ne croient pas aux larmes (II)

Le Chancelier uruguayen Almagro et le Président vénézuélien Maduro à Caracas, le 26 mars 2013.

Le Chancelier uruguayen Almagro et le Président vénézuélien Maduro à Caracas, le 26 mars 2013.

Parallèlement à la mobilisation populaire pour l’élection présidentielle du 14 avril 2013, le gouvernement bolivarien poursuit la réalisation de la politique extérieure lancée par le président Chavez.

Le 24 mars 2013 le président par interim Maduro a ratifié un mécanisme d’échange et de complémentarité économique entre les pays membres de l’Alliance Bolivarienne pour les Peuples de Notre Amérique (Alba-TCP) et le Marché Commun du Sud (Mercosur), accord qui laissse la porte ouverte à l’adhésion de nouveaux pays. Maduro, qui fut ministre des affaires étrangères de Chavez durant plus de six ans (2006-2013) explique qu’il s’agit d’une «grande alliance économique, financière, technologique et commerciale entre ce puissant moteur qu’est le MERCOSUR duquel le Venezuela est déjà membre à part entière, et les nouvelles zones économiques de l’ALBA et de Petrocaribe. Il faut également accélérer la mise en fonctionnement de la Banque du Sud».

Tout en conversant avec l’ex-président Lula pour organiser les prochans rendez-vous de l’agenda politique latino-américain, le vénézuélien a également fait l’éloge de la création d’une Banque de Soutien au Développement par les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) qui permet aux pays émergents de se libérer de la tutelle d’organismes néo-libéraux tels que le FMI. Les nations signataires représentent à elles seules 25% de l’économie mondiale et 40 % de la population. Le 28 juin prochain le Venezuela assumera la présidence pro tempore du Mercosur, troisième marché mondial.

Le même jour à Caracas, le chancelier uruguayen Luis Almagro a signé de nouveaux accords de coopération avec le Président Maduro, ainsi que l’adhésion de son pays à la nouvelle unité monétaire latino-américaine – le SUCRE. Ce «Système Unitaire de Compensation gionale», créé à l’initiative du Venezuela, a été adopté en novembre 2008 par les pays membres de l’ALBA pour remplacer le dollar US dans le commerce inter-régional. En février le Nicaragua et le Venezuela ont effectué leurs premières transactions via ce système de paiement pour un montant de 25 milliards de Sucres, équivalents à 31.2 millions de dollars (1). Pour l’uruguayen Luis Almagro, «ces accords permettront de faire croître le commerce entre le Venezuela et l’Uruguay de 30%. Nous sortons des fonds baptismaux du Mercosur, de l’ALBA, du Pacte Andin, nous devenons chaque jour un peu plus latino-américains». (2)

« La paix en Colombie était le rêve de Chavez. Que n’a-t-il fait pour la Colombie, combien d’infamies n’a-t-il subies pour son amour et son respect de la Colombie. Nous renouvelons au président Juan Manuel Santos, aux FARC, notre engagement, en privé ou en public, en faveur du processus de paix en Colombie, car cette paix est celle de notre patrie» : c’est ce que le président Maduro a répondu à un paysan des montagnes du Chocó (Colombie) invité à la Xème Rencontre d’intellectuels, artistes et mouvements sociaux en Défense de l’Humanité organisée à Caracas du 25 au 26 mars 2013.

Pour ce militant colombien, « l’héritage de Chavez, c’est la paix, l’amour pour la terre-mère, pour nous qui l’habitons. Chavez a toujours insisté sur l’harmonie qui doit exister entre l’homme, la femme et la nature. C’est pourquoi nous sommes venus à cette rencontre, pour vous dire que nous sommes en lutte, en résistance, que nous aimons la révolution bolivarienne et que nous voulons la liberté des peuples ».

Autre invité de l’assemblée de Caracas, l’anthropologue et sociologue mexicain Héctor Díaz Polanco, qui estime que «Chávez est le centre de l’innovation politique des deux dernières décennes. Même sur un plan mondial, il y a longtemps que nous n’avions eu un leader de cette envergure. Il avait pris de l’avance sur beaucoup d’intellectuels avec sa vision adéquate du thème de l’environnement qu’il développe dans son programme de gouvernement, le Plan Patria 2013-2019 (3) : protéger la vie, la biodiversité, garantir la nature et ses ressources pour les générations futures : une éthique trans-temporelle qui ne nous engage pas seulement pour la génération contemporaine mais pour celles à venir».

Pour le vice-président bolivien Álvaro García Linera, présent lui aussi à la Xème Rencontre, Hugo Chávez “fut un parapluie pour que s’éveille le continent, un mur de contention pour que puisse affleurer l’impulsion bolivarienne dans la région. Il a surgi comme une force, un tourbillon, un ouragan qui a fait bouger l’histoire, a fait émerger les potentiels de lutte nichés dans les peuples, chacun d’eux apportant sa particularité tout en recueillant la force révolutionnaire de Chávez. Nous vivons une géopolitique continentale inédite : l’Amérique Latine est la région du monde qui possède le plus de gouvernements progressistes. Nous n’avions jamais vécu cela. Les vénézuéliens se sont tournés vers le monde pour améliorer la vie de tous. Aujourd’hui nous ne percevons qu’une partie de l’héritage de Chavez : sa vérité est dans le futur”.

«Chávez nous a appris que les processus d’intégration ne se basent pas seulement sur des principes financiers mais aussi sur la construction de mécanismes sociaux».

Patricia Rodas, Secretaria de Estado en el despacho de Relaciones Exteriores de Honduras, interviene en el acto de clausura de la Cumbre de la Alianza Bolivariana para los Pueblos de Nuestra América (ALBA), en el Palacio de Convenciones, en La Habana, Cuba, el 14 de diciembre de 2009. AIN FOTO/Marcelino VAZQUEZ HERNANDEZ

Patricia Rodas, Ex-Ministre des Affaires Étrangères du Honduras

Après les élections du 14 avril 2013, se tiendra à Caracas une réunion spéciale des pays membres de l’ALBA et de Petrocaribe (4) pour sceller l’accord de collaboration entre les deux mécanismes de solidarité et de complémentarité, et créer «une grande zone pour le développement économique, la croissance authentique de notre industrie, la capacité de produire des aliments » (Maduro).

Présente à Caracas, Patricia Rodas, ex-Ministre des Affaires Étrangères du président Zelaya déchu par un coup d’État militaire en 2009, a déclaré : «Chávez nous a appris que les processus d’intégration ne se basent pas seulement sur des principes financiers mais aussi sur la construction de mécanismes sociaux».

Le cas du Honduras est exemplaire. En août 2008, las de ne pas recevoir d’aide états-unienne, le président Zelaya (centre-droit) avait adhéré à l’ALBA pour affronter l’énorme pauvreté régnant dans la population. Il fut renversé en juin 2009 par des militaires soutenus par des États-Unis soucieux de défendre leur arrière-cour (dans le même sens Wikileaks a révélé les efforts de Washington pour contrer l’aide du Venezuela et de PetroCaribe à Haïti). La presse française fit preuve de complaisance envers ce coup d’État qui remit le Honduras à l’heure des privatisations, des transnationales et des «assassinats sélectifs» de journalistes et de militants de mouvements sociaux. Dans le journal «Libération», Gérard Thomas alla jusqu’à mettre en doute l’existence du coup d’État et à critiquer le président Zelaya pour « avoir joué avec le feu » en adhérant à l’ALBA. (5)

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« Nous allons revenir dans l’ALBA, nous tourner vers la CELAC, le Brésil, vers le Vénézuéla » Manuel Zelaya, ex-président du Honduras.

Quatre ans plus tard, en mars 2013, le parti hondurien LIBRE (Liberté et Refondation), né de la résistance populaire au coup d’État, annonce qu’en cas de victoire aux prochaines présidentielles, le Honduras redeviendra membre de l’Alliance Bolivarienne des Peuples de l’Amérique (ALBA) : « La situation économique du pays a atteint une gravité sans précédent dans notre histoire. Nous n’avons jamais atteint un tel degré de détérioration des finances publiques, d’augmentation de la pauvreté et de manque de production et d’emploi au Honduras » a déclaré l’ex-président Zelaya. « La population ne mange pas de ciment mais des haricots, du maïs. Elle exige que soient résolus les problèmes de famine, de pauvreté et de manque de travail. La position de notre candidate Xiomara Castro est claire : nous allons revenir vers le Brésil, vers le Venezuela, vers des mécanismes de solidarité latino-américaine come l’ALBA, la CELAC, Petrocaribe et d’autres instances d’intégration continentale. Nous allons récupérer ce que nous avons perdu depuis le coup d’État » (6)

Après les récents rapports d’organismes de l’ONU – comme la CEPAL (commission d’études économiques et sociales en Amérique Latine) ou de la FAO (agriculture et alimentation mondiales) – faisant l’éloge du gouvernement bolivarien pour la réduction des inégalités, la croissance économique, la souveraineté alimentaire, c’est un autre organisme des Nations-Unies, le PNUD (développement mondial) qui vient de saluer le travail accompli par Hugo Chavez. Le 18 mars 2013, le représentant du PNUD au Venezuela Niky Fabiancic a remis au président Maduro le rapport intitulé «l’ascension du Sud» selon lequel le Venezuela est devenu «un des pays du monde possédant les plus hauts coefficients de développement humain, au-dessus du Brésil, de la Colombie et de l’Équateur» (7). Niky Fabiancic a déclaré à cette occasion : « Ce thème était très cher au Président Hugo Chávez, il a lutté pour cet objectif toute sa vie, pour le progrès humain. Il a lutté infatigablement pour le bien-être de son peuple, pour protéger les pauvres et pour promouvoir la cause de l’unité des peuples de l’Amérique Latine et des Caraïbes ». (8)

Thierry Deronne, Caracas, 26 mars 2013

avec AVN, Ciudad Caracas, Correo del Orinoco. pnud1

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Notes :

  1. Outre l’Uruguay ont déjà souscrit au S.U.C.R.E. : le Venezuela, Cuba, Antigua et Barbuda, la Bolivie, la Dominique, le Nicaragua, San Vicente et les Granadines, et l’Équateur.
  2. L’unité de l’Amérique Latine s’exprime également ce 26 mars 2013 dans la rencontre du Ministre des Affaires Étrangères argentin Héctor Timerman avec le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon et avec le président du Comité de Décolonisation de l’ONU, Diego Morejón (Equateur). Au menu, le retour des île Malouïnes sous la souveraineté argentine. Pour cette réunion le chancelier argentin est accompagné par les Ministres des Affaires Étrangères Bruno Rodríguez (Cuba), Luis Almagro (Uruguay), et José Beraún Aranibar (vice-ministre, Pérou), respectivement représentants de la Communauté des États d’Amérique Latine et des Caraïbes (Celac), du Marché Commun du Sud (Mercosur) et de l’Union des Nations Sud-Américaines (Unasur). Jusqu’ici le Royaume-Uni colonise et occupe miltairement ce territoire pour ses ressources, notamment pétrolières, et fait la sourde oreille aux résolutions de l’ONU qui l’invitent à négocier avec l’Argentine.
  3. Hugo Chávez Frías, « Plan Patria 2013-2019 » : programme repris et soumis aux électeurs par le candidat bolivarien Nicolas Maduro pour les présidentielles du 14 avril 2013. Texte complet : https://venezuelainfos.files.wordpress.com/2012/10/programme-de-chavez-2013-2019-texte-integral1.pdf
  4. Créée par le président Chavez, l’alliance Petrocaribe bénéficie à 22 pays de toute la zone caraïbe et centraméricaine – certains très pauvres comme Haïti ou le Honduras – en leur permettant d’acquérir du pétrole à un prix préférentiel. Petrocaribe a reçu de nouvelles demandes d’adhésion du Salvador, du Panamá et du Costa Rica. Le dernier pays en date à adhérer fut le Guatemala.
  5. Signe de la dérive des médias français : alors qu’en 1973 la presse parisienne défendait la démocratie face au coup d’État de Pinochet, en 2009 elle trouve des arguments pour justifier un coup d’État militaire. Voir l’analyse d’ACRIMED, par Henri Maler : http://www.acrimed.org/article3178.html
  6. Source : le Blog de Giorgio Trucchi http://nicaraguaymasespanol.blogspot.com/2013/03/honduras-partido-libre-ataca-politica.html
  7. Voir le site du PNUD – Venezuela : http://www.pnud.org.ve/
  8. Par comparaison, de 1995 à 2012, dans le même rapport du PNUD, la France a perdu 18 places au sein du classement mondial du Développement Humain, ce qui représente quasiment un recul d’un rang tous les ans. Lire « La France en route vers le tiers monde »  http://www.legrandsoir.info/la-france-en-route-vers-le-tiers-monde.html

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2013/03/26/les-bolivariens-en-campagne-ne-croient-pas-aux-larmes-ii/

L’Amérique Latine et les Caraïbes saluent le principal artisan de l’unité continentale, par Maurice Lemoine

« En dépit des discours sur l’unité de l’Amérique latine, le chavisme a nui à l’intégration régionale », affirme Paulo A. Paranagua dans « Le Monde » du 7 mars. Une assertion à comparer aux témoignages et réactions des différentes figures politiques latino-américaines suite à la mort du commandante Hugo Chávez, le 5 mars dernier…

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Organisation des États Américains (OEA) :

« Le président Hugo Chávez croyait dans la grande Patrie et était disposé à se sacrifier pour elle, à faire des efforts pour elle. Chávez n’était pas un homme de pure parole, il était surtout un homme d’action, comme en témoignent la création de l’Union des nations Sud-Américaines (UNASUR), de l’Alliance Bolivarienne des Peuples de Notre Amérique (ALBA) et de Petrocaribe, ou ses efforts énormes en vue d’apaiser les relations entre la Colombie et ses voisins, notamment lors du bombardement effectué par les forces armées colombiennes en Équateur à l’époque du président Uribe, il a eu un rôle conciliateur qu’on oublie souvent. Il croyait dans l’Histoire. Il ne croyait pas comme beaucoup de gouvernants que l’Histoire avait commencé avec lui, il revendiquait l’histoire de Bolivar et croyez-en mon expérience, cela n’avait rien d’une pose publicitaire. »

José Miguel Insulza, Secrétaire Général de l’OEA

MERCOSUR :

« Le Président Chávez est un des principaux artisans de l’intégration et de la fraternité entre nos peuples. Des initiatives comme l’ALBA, la CELAC, l’UNASUR, la Banque du Sud sont devenues réalités grâce au travail obstiné de Chávez pour concrétiser le rêve généreux de la Grande Patrie de Simón Bolívar (..) Les idéaux de liberté, de démocratie et d’égalité qui ont présidé la vie révolutionnaire de Chávez, sont le ciment de l’intégration des peuples sud-amériains et latino-américains. d’un autre monde sans domination et sans oppression. »

Ivan Ramalho, Haut Représentant Général du MERCOSUR
Jeferson Miola, Directeur du Secrétariat Général du MERCOSUR

Antigua-et-Barbuda (membre de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique ; ALBA) :

« La contribution de Chávez au développement d’Antigua-et-Barbuda et des Caraïbes en général ne sera jamais oubliée. Les Caraïbes ont une dette de gratitude envers le Venezuela pour avoir partagé avec elles un fils de la terre, dont l’imposante présence physique n’avait d’égale que l’intelligence exceptionnelle et la compassion. »
Winston Baldwin, premier ministre.

Argentine :

« C’est le meilleur ami qu’a eu l’Argentine lorsque personne ne nous tendait la main. (…) Les hommes comme Chávez ne meurent jamais. Il vit et il vivra dans chaque vénézuélien et vénézuélienne qui ont cessé d’être invisibles et sont devenus protagonistes [de leur histoire]. Cet homme leur a ouvert l’esprit. Personne ne pourra le leur refermer, jamais. Avant de repartir [en Argentine], je me suis approchée et, sans le regarder, j’ai touché le drapeau posé sur le cercueil. (…) Ne vous l’ai-je pas dit : Chávez est vivant. Pour toujours. »
Cristina Fernández de Kirchner, présidente.

Bolivie :

« Nous sommes blessés par le décès du frère, du compagnon Hugo Chávez, mon frère solidaire, mon compagnon révolutionnaire, latino-américain qui a lutté pour la “grande patrie” comme le fit Simón Bolívar en donnant sa vie pour la libération du peuple vénézuélien. Je regrette de dire que les oligarchies impériales sont sûrement en train de faire la fête, que les médias et l’opposition à Chávez ont démontré leur inhumanité, leur incapacité de respecter un patient et un peuple qui souffrent. Mais, tant pis, le plus important est que nous luttons pour cette libération pour laquelle a lutté Chávez. Et les peuples qui luttent pour leur liberté sont aujourd’hui unis : c’est le plus important. Chávez demeurera présent dans toutes les régions du monde, parmi tous les mouvements sociaux, pour accompagner ces grands processus de changement, de construction de l’égalité, après tant d’années de soumission et de pillage. »
Evo Morales, président.

Brésil :

« Le gouvernement brésilien n’était pas toujours entièrement d’accord avec le président Chávez (…) mais [celui-ci] laissera un vide dans le cœur de l’histoire et dans les luttes de l’Amérique latine. Je le regrette en tant que présidente et en tant que personne qui avait une grande tendresse pour lui. »
Dilma Rousseff, présidente.

« C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai reçu la nouvelle du décès du président Hugo Chávez. Je suis fier de l’avoir côtoyé et d’avoir travaillé avec lui pour l’intégration de l’Amérique latine et pour un monde plus juste. Compañero Chávez : si tu n’existais pas, tu devrais naître à nouveau parce que le monde a besoin de dirigeants comme toi ! »
Luiz Inácio Lula da Silva, ex-président.

Chili :

« J’ai eu l’honneur de travailler avec le président Chávez à la création de la première communauté qui regroupe tous les Etats d’Amérique latine et des Caraïbes [la Celac] et à travers laquelle il a montré un véritable engagement en faveur de l’intégration latino-américaine. »
Sebastián Piñera, président.

« Hugo avait un profond engagement pour l’Amérique Latine et un profond engagement envers les plus pauvres. Beaucoup des politiques qu’il a mises en oeuvre en sont la claire expression, ce qui explique le grand appui dont il jouissait. Ce fut un leader de référence pour la région. En tant que président on pouvait être d’accord ou non avec lui mais quand on avait besoin de lui pour des affaires fondamentales, dans des situations complexes, il jouait un rôle important, il a eu une participation très active dans la création de l’Union des Nations Sud-Américaines (Unasur) et de la Communauté des États Latino-américains et des Caraïbes (Celac). »

Michelle Bachelet, ex-présidente.

Colombie :

« L’obsession qui nous unissait, et qui a été la base de notre relation, était la paix de la Colombie et de la région. Si nous avons avancé dans un processus solide de paix, avec des progrès clairs et concrets, des avancées comme jamais il n’y en avait eu avec la guérilla des FARC [Forces armées révolutionnaires de Colombie], c’est aussi grâce au dévouement et à l’engagement sans limites du président Chávez et du gouvernement vénézuélien. (…) Il disait que c’est ce que voulait Bolivar, et il avait raison. »
Juan Manuel Santos, président.

Costa Rica :

« Je ne suis pas venue [aux funérailles] pour donner mon avis sur l’organisation de la succession au président Chávez. Notre présence est une marque de solidarité, de tendresse et d’estime pour le peuple vénézuélien en ce moment de douleur. »
Laura Chinchilla, présidente.

Cuba :

« Le président Chávez est parti invaincu, est parti invincible, est parti victorieux et cela, personne ne pourra le lui enlever, c’est gravé dans l’histoire, dans l’histoire de son pays, de notre pays, des Caraïbes, de toute l’Amérique latine et de bien d’autres parties du monde. »
Raúl Castro, président.

La Dominique (membre de l’ALBA) :

« Je décrète le deuil national à la Dominique. Avec Chávez, nous avons perdu un grand collègue, un père, un frère et un ami. »
Roosevelt Skerrit, premier ministre.

Equateur :

« Hugo Chávez est mort pour la vie de son Venezuela adoré, de l’Amérique latine, d’une planète plus humaine et, pour cette raison, on ne peut dire qu’il est mort, il demeure plus vivant que jamais.

Le fait qu’un visionnaire aussi solidaire puisse être transformé en criminel donne une idée de la dictature médiatique en Occident. Nous, nous devons continuer à lutter pour cette Amérique latine en pleine libération. L’histoire donnera sa vraie place, sa vraie dimension à Hugo Chávez. »
Rafael Correa, président.

Guatemala :

« Nous, les latino-américains, nous devons reconnaître que le président Chávez n’a pas été un chef d’Etat quelconque ; il a réussi à fonder l’ALBA, il a impulsé [l’accord pétrolier solidaire] Petrocaribe, la Communauté des Etats latino-américains et des Caraïbes [Celac] et il a représenté le socialisme du XXIe siècle (…) Il a toujours été disposé à aider le Guatemala. »
Otto Pérez Molina, président.

Haïti :

« Le Président Chávez était un grand ami d’Haïti. Plus qu’un ami, il était un frère pour nous. C’est avec beaucoup de respect que je m’incline devant la dépouille mortelle de ce grand homme. Il n’a jamais raté une occasion d’exprimer sa solidarité en faveur du peuple haïtien, dans ses situations les plus délicates. A travers le programme Petrocaribe, divers chantiers de développement durable ont démarré, des centaines de projets sont en cours d’exécution grâce à la coopération vénézuélienne. »
Michel Martelly, président.

Honduras :

« Le président Chávez a été un leader extraordinaire, qui a lutté pour l’union des peuples latino-américains (…) Avec sa mort, l’Amérique latine perd un bon exemple et un homme qui a lutté pour l’inclusion sociale ; jamais le peuple vénézuélien n’en avait connu une comme celle dont il jouit aujourd’hui et ceci est un processus irréversible. »
Porfirio Lobo, président.

« Sa mort ne doit pas être vue comme un échec, mais comme une source d’inspiration pour tous les latino-américains qui luttent pour les principes et les valeurs éternelles (…) Chávez a été comme un frère qui a tendu la main au Honduras, entre autres à travers l’ALBA, en matière d’aliments, de réforme agraire, d’énergie grâce à Petrocaribe, et de solidarité. Bien peu de fois, dans l’histoire de ce pays, a-t-on vu quelqu’un d’aussi désintéressé et généreux que le leader vénézuélien. »
Manuel Zelaya, président renversé par un coup d’Etat le 28 juin 2009.

Jamaïque :

« Le programme énergétique Petrocaribe est le plus grand accord d’assistance bilatérale en Jamaïque depuis l’indépendance de cette nation jusqu’à aujourd’hui. Ce projet, impulsé par le défunt président vénézuélien Hugo Chávez, apporte d’énormes bénéfices pour ce pays et son peuple ».

Omar Davies, Ministre des Transports et des Travaux Publics

« Chávez a fait beaucoup pour réduire les tensions régionales. En Jamaïque nous lui devons entre autres la construction de 10.000 logements (..) Son héritage lui survivra et continuera à influencer et à inspirer beaucoup de monde dans les années futures”.

Portia Simpson-Miller, Première Ministre

Mexique :

« Devant la perte sensible d’un de ses chefs d’Etat, nous sommes venus, au nom du peuple du Mexique, exprimer nos condoléances ainsi que notre affection et notre solidarité au peuple vénézuélien. »
Enrique Peña Nieto, président.

Nicaragua :

« Nous nous sentons plus engagés que jamais, nous sommes une seule famille, la famille vénézuélienne, la famille nicaraguayenne, la famille latino-américaine, la famille de la planète terre, nous sommes une seule famille, et le comandante Chávez a inspiré cette famille en direction de la solidarité, en direction de l’amour, en direction de la paix et, à partir d’aujourd’hui, il nous accompagnera dans ces luttes que nous allons continuer à mener. »
Daniel Ortega, président.

Panamá :

« Il ne me reste qu’à présenter mes sincères condoléances à la famille d’Hugo Chávez. »
Ricardo Martinelli, président.

Paraguay :

« Hugo Chávez appartient au patrimoine de l’Amérique latine et de la Caraïbe. Malgré son absence, la révolution bolivarienne est entre de bonnes mains, car elle est entre les mains du peuple vénézuélien qui, aujourd’hui, garantit les changements dans cette patrie. »
Fernando Lugo, président renversé par un coup d’Etat le 22 juin 2012.

Pérou :

« Parler du président Chávez, c’est parler du futur, parce qu’il poursuivait le rêve de l’unité latino-américaine. Il a laissé un esprit libertaire aux prochaines générations. »
Ollanta Humala, président.

République dominicaine :

« S’il fallait rebaptiser Hugo Chávez avec un nouveau nom, celui-ci serait Solidarité. »
Danilo Medina, président.

Saint-Vincent-et-les-Grenadines (membre de l’ALBA) :

« C’est le Titan de l’Amérique latine et de la Caraïbe, un phare, une lumière brillante qui nous a illuminé dans notre recherche de la justice, de la paix, de la démocratie et de l’élévation de l’humanité, spécialement celle des pauvres, des défavorisés et des marginalisés. Sans lui, il n’y aurait pas eu Petrocaribe, ni l’ALBA, ni la Celac, ni, dans tous les domaines, les programmes bilatéraux. »
Ralph Gonsalves, premier ministre.

Salvador :

« La mort de celui qui a été l’un des leaders latino-américains les plus forts et les plus populaires produira sans doute un vide politique, mais, surtout, dans le cœur des Vénézuéliens et des Vénézuéliennes. »
Mauricio Funes, président.

« Chávez est dans le cœur des peuples de son pays, de l’Amérique latine et de la Caraïbe. Le Venezuela a aujourd’hui une grande responsabilité, car il est le phare qui illumine l’Amérique latine et le monde. Il n’y a pas de marche arrière pour le Venezuela ; la voie à suivre est d’approfondir les grandes transformations révolutionnaires engagées par Chávez. »
Salvador Sánchez, vice-président.

Uruguay :

« On regrette toujours la mort, mais quand il s’agit d’un militant de première ligne, de quelqu’un que j’ai un jour défini comme “le gouvernant le plus généreux que j’aie jamais connu”, la douleur a une autre dimension. »

« Ce qui restera vivant est la cause de Chavez. L’essentiel. Une œuvre d’intégration. Et nous allons continuer à suivre ce chemin, avec ses contradictions, ses marches et ses contre-marches. Mais il n’y aura aucune personnalité, à court terme, pour jouer le rôle symbolique [de Chávez] parce que, lorsque tombe un très grand arbre, il laisse un vide gigantesque. Il y a des hommes qui symbolisent des causes. Pour l’heure, la cause demeure et nous avons perdu le symbole (…) Mais le capital accumulé, débordant de richesse, permettra de dépasser ce moment. »
José Mujica, président.

États-Unis :

L’ancien président américain Jimmy Carter a déclaré qu’on « se souviendrait du président Chavez pour son action en faveur de l’autonomie et de l’indépendance des gouvernements d’Amérique Latine, son formidable talent de communication, et son charisme. Sous son mandat, le taux de pauvreté a été divisé par deux, et des millions de citoyens ont reçu des papiers leurs permettant de participer à la vie politique et économique de leur pays ».

Venezuela :

Depuis son décès le 5 mars jusqu’au jour de ses obsèques, le 8, des centaines de milliers de Vénézuéliens, tristes, affectés, voire désespérés, mais vêtus de rouge et entonnant souvent des chants révolutionnaires, ont défilé dans Caracas et devant sa dépouille pour rendre hommage au comandante« Pour me recueillir vingt secondes devant son cercueil, témoigne Mme Nelly Rivas, depuis Caracas, j’ai fait neuf heures de queue. D’autres ont attendu deux jours. Ce matin, mes frères y sont allés et ont dû rebrousser chemin : tout était paralysé par des files d’attentes interminables de gens qui, avec toute la patience du monde, étaient disposés à attendre le temps qu’il faudrait pour lui faire leurs ultimes adieux. [1] »

A Paris, le 8 mars, jour des obsèques, interrogé dans les studios de BFM TV par le présentateur du journal qu’étonnaient ces files pouvant atteindre trois kilomètres, pour un caudillo attaqué sans répit par tous les médias, le journaliste « spécialiste du Venezuela » François-Xavier Freland fit une réponse qui restera dans les annales : « Oh, vous savez, dans cette foule, il y a beaucoup de curieux… »

Jour et nuit à Caracas, depuis le mercredi 6 mars 2013, une marche populaire, venue de tous les états du Venezuela, patiente sous le soleil ou dans le froid nocturne pour saluer le corps du président. En une semaine on estime le nombre de visiteurs à 6 millions de personnes.

cola de noche

The queue to see Chavez stretched for kilometers (AFP / El País Digital)Mario Escalona, a trumpet player and community council activist from Yaracuy (Anabel  Izarra / Venezuelanalysis.com)

Supporters lined up for hours to see Chavez one last time. (Reuters)

La nouvelle géographie de l’intégration

  • Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA). Née le 14 décembre 2004, à La Havane, à l’instigation des présidents Hugo Chávez et Fidel Castro (sous le nom d’« Alternative bolivarienne pour les peuples de notre Amérique »), l’ALBA a pour objectif de développer un mode d’intégration distinct du modèle économique néolibéral. Prônant la coopération, la solidarité, la complémentarité et le respect des souverainetés nationales, le duo initial Cuba-Venezuela a été rejoint par la Bolivie (2006), le Nicaragua (2007), le Honduras et l’île caribéenne de la Dominique (2008). Devenue ALBA/TCP (Traité de commerce des peuples) à l’initiative du président bolivien Evo Morales, puis « Alliance » bolivarienne en 2008, elle a reçu l’adhésion de l’Equateur, de Saint-Vincent-et-les-Grenadines ainsi que d’Antigua-et-Barbuda. Lors de son sommet de Caracas (4 et 5 février 2012), elle a accueilli Sainte-Lucie et le Surinam, qui disposent désormais d’un statut d’invités spéciaux, et Haïti (observateur depuis 2007) de celui d’invité permanent. Le Honduras s’en est pour sa part retiré après le coup d’Etat de 2009 contre le président Manuel Zelaya.
  • Petrocaribe. Né le 29 juin 2005 à Puerto la Cruz (Venezuela), cet accord de coopération énergétique a initialement regroupé quatorze pays des Caraïbes et de l’Amérique centrale à qui, indépendamment de la couleur de leurs gouvernements, le Venezuela s’est engagé à livrer du pétrole à prix préférentiels et avec d’importantes facilités de paiement. L’initiative compte actuellement dix-huit membres : Antigua et Barbuda, les Bahamas, le Belize, Cuba, la Dominique, la Grenade, le Guatemala, le Guyana, Haïti, la Jamaïque, le Nicaragua, la République dominicaine, Saint-Christophe-et-Niévès, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, le Surinam et, bien sûr, le Venezuela (expulsé après le renversement du président Manuel Zelaya, le Honduras a manifesté le souhait de réintégrer l’organisation).
  • Union des nations sud-américaines (Unasur). Le 18 décembre 2004, durant le IIIe sommet sud-américain réuni à Cuzco (Pérou), les président des douze pays de la région ont signé la « Déclaration de Cuzco » à travers laquelle ils ont décidé de fonder une communauté des nations. Après deux autres réunions tenues en 2006 à Cochabamba (Bolivie) et en 2007 dans l’île de Margarita (Venezuela), le traité constitutif de l’Unasur a été signé à Brasilia, le 23 mai 2008, avant d’entrer en vigueur le 11 mars 2011 à Quito (Equateur). Première organisation régionale à s’être explicitement émancipée de l’influence des Etats-Unis, elle regroupe l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Chili, la Colombie, l’Equateur, le Guyana, le Paraguay, le Pérou, le Surinam, l’Uruguay et le Venezuela.
  • Communauté des Etats latino-américains et caraïbes (Celac). Créée les 2 et 3 décembre 2011 à Caracas, l’organisation regroupe l’ensemble des Etats de la région, à l’exception du Canada et des Etats-Unis, et entend implicitement contrebalancer, sinon remplacer à terme, l’Organisation des Etats latino-américains (OEA) traditionnellement dominée par Washington. Le Paraguay en a été exclu après le coup d’Etat de 2012 contre le président Fernando Lugo et, signe d’une indépendance affirmée, elle est actuellement présidée par Cuba.
  • Banque du Sud. La Banque du Sud est née officiellement le 26 septembre 2009 à travers la signature de sa convention constitutive par l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, l’Equateur, le Paraguay, l’Uruguay et le Venezuela. Elle a pour objectif d’accorder des crédits aux pays membres de l’Unasur pour financer leurs développements économique, social et environnemental.
  • Conseil de défense sud-américain. Dans le cadre de l’Unasur, cette organisation d’échange d’informations militaires née le 9 mars 2009 regroupe l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, la Colombie, le Chili, l’Equateur, le Guyana, le Paraguay, le Pérou, le Surinam, l’Uruguay et le Venezuela.
  • Mercosur. Le Mercosur est né le 26 mars 1991, avec la signature du traité d’Asunción par le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay. C’est le troisième marché mondial. En juin 2012, le Mercosur réuni en sommet, décide de suspendre le Paraguay suite à la destitution du président Fernando Lugo et d’officialiser l’adhésion du Venezuela, jusque là bloquée par les mêmes secteurs du sénat paraguayen qui avaient destitué Lugo.

Sources :

Sur le web VenezuelaInfos , Resumen latinoamericano, BBC Mundo, Alba TV, MAXImini.com, Prensa latina.

Médias : GTC Radio (Saint George ; la Grenade), RCN (Bogotá), Secrétariat de communication sociale de la présidence du Guatemala, El Heraldo(Tegucigalpa), Tiempo (Tegucigalpa), Granma (La Havane), Milenio (Mexico), Pagina 2 (Buenos Aires).

Notes

[1] Correspondance personnelle.

(2) Note de Venezuelainfos : l’aversion de P. Paranagua (« Le Monde ») pour Hugo Chavez le pousse à nier tout fait qui risque de favoriser le Venezuela. C’est l’art du contrepied infantile. Il y a quelques mois il avait réussi l’exploit d’attribuer l’initiative de créer la CELAC… au Mexique alors qu’en Amérique Latine même des personnalités aussi éloignées politiquement de Chavez que Sebastian Piñera (Chili) ou Santos (Colombie) ne songeraient jamais à nier une évidence connue de tous ici : la création de cet organisme sur l’initiative du Venezuela bolivarien. P. Paranagua a écarté les récents chiffres de la CEPAL ou de la FAO qui placent le Venezuela en tête de la réduction régionale de l’inégalité et du développement de la souveraineté alimentaire. Lorsqu’il parle du chavisme au passé, il « oublie »  qu’un point principal du programme du candidat à la présidence Nicolas Maduro, favori des sondages, ministre des affaires étrangères de 2006 à 2013, est de redoubler les efforts de la politique intégrationniste, multipolaire, initiée il y a quatorze ans par le gouvernement bolivarien.

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2013/03/12/lamerique-latine-et-les-caraibes-saluent-le-principal-acteur-de-lunite-continentale-par-maurice-lemoine/

A propos du journaliste Maurice Lemoine:

En librairie dès mars 2013

Le 18 octobre dernier, le gouvernement du président Juan Manuel Santos et les FARC ont entamé un dialogue de paix. La Colombie vit en effet depuis cinquante ans un conflit armé interne qui, malgré son extrême violence, demeure mal connu. S’appuyant sur une connaissance approfondie de cette guerre sans merci, ce roman nous la fait vivre de l’intérieur, avec un très grand réalisme, et apporte l’éclairage permettant de comprendre les dessous de l’actuelle négociation.
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Ce grand roman de la Colombie et des FARC, unique en son genre, se déroule en 2002 – année de l’enlèvement d’Ingrid Betancourt. L’élection présidentielle se profile, dont est favori un « dur », un certain Álvaro. En coulisses, politiciens, militaires, élites économiques et grands propriétaires terriens manœuvrent pour éradiquer la plus vieille guérilla d’Amérique latine, mais aussi toute contestation sociale. Arrivant à Bogotá, les journalistes enquêtent – ou font semblant –, oubliant souvent quelques détails de l’histoire : le pouvoir et les élites sont-ils aussi démocratiques qu’ils le prétendent ? Qui sont et que font les paramilitaires ? Qui les appuie ? Les guérilleros des FARC sont-ils de simples « terroristes » doublés de narcotrafiquants ?

Car, en Colombie, prendre les armes, d’un côté ou de l’autre, est souvent la seule façon d’échapper à une insupportable misère. À Vistabonita, un village perdu au cœur de la jungle, paysans et cultivateurs de coca s’accommodent de la présence des guérilleros. Dans cette région isolée, ceux-ci suppléent au gouvernement et récoltent l’impôt. Les comandantes Antena, Kalach, Olga et Demetrio gèrent la vie d’un de ces camps desubversivos en perpétuel mouvement. Hermanito, jeune militant communiste, Zorani, l’infirmière, Milena, Jairo et les autres y poursuivent le combat au nom de la justice sociale, sans oublier de vivre, de rire, de s’aimer. Au village, certains ont fraternisé avec eux : Estefania, l’institutrice, ou Camilo et Juan Carlos, deux jeunescompañeros acquis à la révolution. D’autres ruent dans les brancards, exaspérés par les méthodes des insurgés. Manuel le raspachín, lui, cultive la coca, sans trop se soucier de savoir à qui profite le trafic  : il est amoureux de Jenny, qui a troqué son balai et une vie de pauvreté contre une kalachnikov et la cause du peuple.

Or la guerre les rattrape le jour où les paramilitaires,avec la complicité de l’armée et de l’État, décident de reconquérir la région. La suite de l’histoire, seules ces pages nous la racontent : complices par idéologie ou fermant les yeux par confort, la majorité des médias ne la rapporteront jamais.

L’auteur

Spécialiste de l’Amérique latine et ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique, Maurice Lemoine s’est rendu en Colombie pour la première fois en 1973. Depuis, il y retourne régulièrement pour suivre et analyser le conflit.

Coopération Venezuela-Haïti : Lenteur ou blocage ?

Le Président Hugo Chavez est réélu le 7 octobre dernier pour un autre mandat de 6 ans. L’investiture du Président Chavez aura lieu le 10 janvier 2013.Un pas additionnel est franchi dans la lutte engagée pour l’élimination des iniquités sociales, l’épanouissement humain des vénézuéliens et la poursuite de la collaboration franche et entière entre les peuples luttant pour leur émancipation.

Réélu à partir d’un bilan positif, incontestablement remarquable, que ses adversaires tant nationaux qu’internationaux ne peuvent ignorer malgré leurs contorsions. Le Président Chavez ne se démarquera point de la ligne socialo bolivarienne tracée par les dirigeants de la révolution.
Ce pays de l’Amérique latine ayant le plus grand nombre de millionnaires est à la croisée des temps. Pour la première fois la manne découlant du boum pétrolier a été mise au service du pays et de la population, en particulier des autochtones (6% de la population de 30 millions).
Faisons parler les chiffres :
• Outre l’accès à la santé, plus de deux millions de femmes bénéficient d’un régime de sécurité sociale.
• Les retraités sont passés du nombre de 200 000 mille en 1998 à 2 300 000 en 2011.
• Au niveau universitaire, le nombre d’étudiants passe de 980 000 en 1998 à 2 100 000 en 2011.
• Grâce à la réforme agraire 24 700 000 tonnes d’aliments furent produits en 2010 contre 17 160 577 tonnes en 1998, une progression de 44%
• La pauvreté a régressée entre 2002 et 2010 de 46.6% à 27.8%.
• La pauvreté extrême, durant la même période est passée de 22.2% à 10.7%.
• Le Venezuela a le niveau d’inégalité le plus faible de la région
A l’hystérie de la grande presse internationale qui, un mois avant la tenue du scrutin, appelait à la vigilance, annonçait des turbulences venant des « pro-Chavez », affirmait que les 2 candidats étaient nez à nez, nous opposons cette déclaration de l’ex président américain, Jimmy Carter, faite le 22 septembre 2012 : « en réalité sur les 92 élections dont nous avions surveillé les déroulements, je dirais que le processus électoral du Venezuela est le meilleur au monde ». A l’issue de ces joutes le taux de participation fut établi à 80.9% des électeurs. 54.42% des votes exprimés sont en faveur d’Hugo Chavez et 44.97% sont allés à Capriles Radonski.
La défaite a trois visages : celui de la droite vénézuélienne et latino américaine- celui des Etats Unis et leurs alliés européens – celui des média dominants nationaux et internationaux.
« Ta victoire est la nôtre », a dit l’ex président du Brésil, Luiz Inácio Lula, s’adressant à Hugo Chavez le 6 juillet 2012. A l’instar de l’ex président brésilien nous disons que la réélection de Chavez à la tête du Venezuela est une victoire pour les peuples aspirant à la liberté, la dignité, au bien-être et à l’équité tant économique que social.
Le Président Martelly en partance pour l’Amérique du Sud en décembre de l’an dernier lors du sommet des Chefs d’Etat des Pays de l’Amérique Latine et de la Caraïbe (CELAC) déclara, nous le citons : « Je crois que les haïtiens ont fini par savoir que la coopération avec le Venezuela est la coopération numéro Un, celle qui offre le plus de dons et d’assistance à Haïti. » A son retour le 6 décembre 2011 il renchérit : « vous me demandez quelle aide circule le mieux ? Laquelle est plus facile avec très peu de conditions ? Je vous dirai, celle du Venezuela. »
En réalité le Venezuela et Haïti ont toujours entretenu de bonnes relations à tous les niveaux, cependant un magistral coup d’élan s’est opéré dans la forme et dans la nature même des ces relations depuis le triomphe de la révolution bolivarienne sous la direction de Hugo Chavez. Un petit froid entre les deux pays fut constaté durant la période de transition 2004 – 2006. Néanmoins dès 2005 un dégel s’amorçait. En attestent les fuites livrées par Wikileaks. Largement radiodiffusées à l’époque ces fuites ont dévoilé aux haïtiens une partie des manœuvres orchestrées contre les intérêts de leur pays. Selon ces fuites, les américains, tout en reconnaissant les bénéfices importants que notre pays tirerait de sa participation au projet Petro-Caribe, s’y sont opposés farouchement et ont même eu gain de cause momentanément. Effectivement le fond Petro Caribe instauré par les dirigeants de la révolution bolivarienne est d’une portée inestimable. Petro Caribe couvre 43% des besoins en carburant de 18 pays membres. De fait, l’expédition de 100 000 barils de carburant par jour se traduit en économies substantielles aux bénéficiaires. Une petite digression : Au fait ce ne sont pas seulement les pays membres du Petro Caribe qui bénéficient de la solidarité de la révolution bolivarienne. Aux Etats Unis d’Amérique en 2005 inquiets des conséquences néfastes et parfois mortelles des hivers rigoureux des parlementaires américains écrivent à l’American Petroleum Institute (API) leur implorant de venir en aide aux familles défavorisées pour les aider à faire face aux prix exorbitants de l’huile de chauffage indispensable à leur survie, le API a répondu froidement « nous payons déjà des taxes ». En 2006 à nouveau 13 sénateurs américains ont sollicité une aide auprès des compagnies pétrolières américaines en faveur des familles pauvres pour leurs dépenses en huile de chauffage, elles ont toutes fait silence. Seulement Hugo Chavez a répondu à cet appel à travers la compagnie CITGO, propriété de l’Etat vénézuélien. Ainsi en 2006 le Venezuela a accordé une réduction de 40% sur 50 millions de gallons d’huile destinés aux familles en difficulté leur permettant ainsi de survivre aux rigueurs de l’hiver. En 2008 le Venezuela a cette fois-ci donné gratuitement 45 millions de gallons à près de 200 000 familles dans 15 Etats des Etats Unis. Solidarité Sud-Nord ?
Accédé à la présidence en mai 2006 le Président René Préval a pu tenir tête aux pressions, injonctions et tentatives d’obstruction des diplomates américains en mission en Haïti. Haïti devint membre du Fond Petro Caribe.
Aujourd’hui grâce à cette coopération nous avons en Haïti trois centrales électriques thermiques. En outre un apport appréciable est constate dans le domaine agricole depuis bientôt six ans et des fonds disponibles pour engager un ensemble de projets à caractère social.
Nul ne peut nier aux gouvernements américains le droit d’intervenir par tous les moyens à leur disposition pour déjouer ou bloquer toute initiative, qui selon leurs propres jugements bien entendu menace leurs intérêts suprêmes. C’est dans leur droit inaliénable de faire échec à tous prix à tout ce qui pourrait potentiellement contrarier leurs plans, surtout si ce prix à payer n’ est que le maintien de tout un peuple dans une misère abjecte, dans le cas qui nous concerne il s’agit du peuple haïtien. Cela peut s’appeler, le réalisme le pragmatisme, la loi de la jungle, la loi du plus fort…qui peut dire mieux ?
Pourtant malgré le différend qui les oppose, les Etats Unis et le Venezuela entretiennent de solides relations commerciales et économiques. En 2010 les échanges commerciaux entre eux se sont élevés à 55.6 milliards de dollars américains. 42% du pétrole vénézuélien est vendu aux EU soit 990 000 barils par jour pour un montant annuel de 43.3 milliards de dollars. Le Venezuela importe 12.4 milliards des Etats Unis. Et dans le domaine de l’alimentation en particulier le montant d’importation s’élève à 1 milliard de dollars annuellement, soit le quart de l’importation vénézuélienne dans ce domaine. On ne peut qu’admirer le « pragmatisme » des familles américaines bénéficiaires de l’aide du Venezuela, des hommes d’affaires américains et du gouvernement américain en dernier lieu. Car le pétrole et le dollar n’ont, dans ces cas précis, aucune « odeur idéologique »
On comprend par ce qui précède que la conduite des affaires est une chasse bien gardée dans les relations entre deux pays, entre deux peuples souverains. « Souverains » c’est le qualificatif déterminant dans toute cette histoire. Donc il faut donner vie à ces déclarations du Président Martelly à la lumière des accords passés au cours de cette année entre deux représentants de deux peuples « souverains »..
Au-delà de cette aide humanitaire il faudrait développer des relations commerciales dynamiques avec le Venezuela. A l’intérieur des accords déjà signés se trouve un cadre approprié à cet effet. A l’issue du sommet de l’Alba tenu au début de février 2012 auquel participait le président Martelly, le Palais National a émis le communiqué suivant : « Un accord cadre de coopération visant à accroître l’aide du Venezuela au-delà des fonds Petro Caribe déjà robuste et généreux et autres formes d’assistance bilatérale et multilatérale offert par le Venezuela. » Le communiqué rajoute : « la signature de ce document qui fait suite à la réunion bilatérale tenue entre les deux dirigeants le vendredi 3 février permettra d’augmenter l’aide du Venezuela de façon drastique et comprendra la coopération, les crédits à l’investissement direct dans les domaines de l’agriculture, le développement industriel, l’énergie et le tourisme entre autres. Cet accord vise aussi la création de co-entreprise pour travailler dans le secteur de l’agriculture, créer des emplois, augmenter la capacité de la production agricole à travers laquelle Haïti fournira la main-d’œuvre et le Venezuela la technologie, l’équipement ainsi que le crédit aux agriculteurs. En outre le Venezuela travaillera parallèlement avec des compagnies privées pour les encourager à investir en Haïti. »
Au cours de cette rencontre aussi le gouvernement haïtien a été invité par le Président Chavez à se joindre au SUCRE (Système Unitaire de Compensation Régionale de paiements) un système utilisé par les pays membres de l’ALBA pour les produits importés et exportés., CitonsHaïti Libre : « Chavez a expliqué que, par exemple, « si un importateur vénézuélien achète des textiles de la Bolivie, il n’a pas besoin de dollars, il paye en bolivars ici, à une banque vénézuélienne qui donne ces bolivars à la Banque Centrale du Venezuela, qui, dans le cadre de SUCRE, transfère ces fonds à la Banque Centrale de Bolivie. Ainsi, l’importateur vénézuélien a payé ses marchandises en monnaie locale. C’est merveilleux ! »
À propos de l’utilisation de SUCRE, le Président équatorien Rafael Correa, a souligné qu’il s’agissait d’un puissant outil pour le commerce au sein de l’Alba « Nous avons besoin de promouvoir le commerce équitable au sein de l’Alba et nous devons éviter l’utilisation de devises étrangères [sous entendu le dollar américain] dans nos échanges, les devises sont une vulnérabilité pour nous. »
A l’issue du sommet de l’Alba il a été annoncé qu’une réunion des ministres des Affaires Etrangères des pays membres aurait lieu à Jacmel les 3 et 4 mars 2012. Le but de cette réunion était non seulement de donner corps aux accords cités ci haut mais aussi à un vaste champ de coopération, d’aide et d’échanges commerciaux avec Haïti. Suite n’a pas été donnée à ce projet sans qu’aucune information n’ait été fournie au peuple haïtien anxieux de voir la concrétisation de ces accords. Le peuple a tiré ces propres conclusions quant aux raisons de la non tenue de cette rencontre importante pour le pays.
Le peuple haïtien supporte fermement les relations haitiano- vénézuéliennes, les relations Sud-Sud en général et celles avec les pays de la région en particulier. A ce carrefour où nous sommes, l’Alba est un créneau important pour jeter les bases et garantir le développement économique et social du pays dans la dignité, cependant jusqu’à maintenant le gouvernement haïtien n’ose pas intégrer cette communauté où nous sommes ‘obligés’ de maintenir un statut d’observateur. Il est temps qu’Haïti devienne membre à parti entière de l’ALBA.
Nous comprenons très bien que face aux pressions et menaces américaines il ne soit pas facile à quelque gouvernement haïtien que ce soit de faire avancer des initiatives même quand elles sont conformes aux intérêts majeurs du pays et aux aspirations légitimes du peuple haïtien. Cependant fort d’un soutien actif de secteurs importants de la nation un gouvernement serait plus en mesure de résister à ces obstacles et faire avancer ces dossiers cruciaux pour la nation haïtienne Nous devons créer la dynamique nécessaire pour sortir sous la coupe de l’assistanat international et des « gestionnaires internationaux de la misère ».
Ce n’est certes pas facile, aussi nous avons besoin de toute la solidarité nécessaire pour y parvenir, tout comme il n’était pas facile pour les peuples de l’Amérique latine de sortir sous la coupe de la colonisation au début du 19e siècle et ils avaient à ce moment besoin de toute la solidarité possible.
Cap Haitien 24 octobre 2012
Pour le Comité de Solidarité Haïti-Venezuela
Rony Mondestin