Au Venezuela les communard(e)s continuent à créer l’État nouveau.

Lorenzo Santiago, Brasil de Fato | Caracas (Venezuela)

Petit à petit, les Vénézuéliens ont remonté les rues étroites du quartier de Catia pour aller voter dans les bureaux de la commune d’Altos de Lídice, à Caracas (1). L’élection de ce dimanche 21 avril au Venezuela n’a pas pour but de choisir un député, un maire ou un gouverneur. L’objectif de la consultation populaire est de définir les projets prioritaires pour chacun des 4500 auto-gouvernements communards du pays. Dans la rue, on note la forte participation des femmes. Carmen Forjado, coordinatrice de l’équipe électorale de la commune « Golpe de Timón » : « Nous sommes les 70% des électeurs, nous avons laissé le foyer, notre confort, nous nous sommes donné les moyens d’agir sur le plan politique. Nous avons le sentiment d’incarner tout ce processus ».

15.617 bureaux de vote répartis dans 49.000 conseils communaux du Venezuela ont ouvert leurs portes tôt le matin à ces électrices et aux électeurs qui ont pu choisir les priorités de chaque commune parmi sept options. Le projet retenu est transmis au ministère des communes et des mouvements sociaux, pour être financé. Il sera mis en œuvre avec le concours des habitant(e)s eux-mêmes, avec l’aide matérielle du gouvernement révolutionnaire. Les projets sur lesquels les Vénézuéliens votent sont l’eau potable, les services électriques, l’amélioration des services publics, du système de santé, de l’éducation, du sport, des transports publics, la gestion des déchets, l’entretien des rues ou des routes, la protection de l’environnement, des projets productifs, des processus industriels, le système de production agricole, etc… Qu’il s’agisse d’acheter des ambulances, d’améliorer l’approvisionnement en eau potable ou de construire un réseau Wi-Fi public, les Vénézuéliens revendiquent ce vote comme une étape avancée de la démocratie participative.

Le caractère politique de ces élections va au-delà de la politique des partis. Les communes sont un concept de l’État nouveau, proposé par le président Hugo Chávez. Son objectif reste clair : que l’État soit géré de la base au sommet et que les décisions des conseils communaux prennent toute leur place dans la prise de décision commune peuple/gouvernement. Il ne s’agit pas d’une simple consultation citoyenne, comme dans d’autres pays. Ici le résultat du vote oblige l’État à financer le projet retenu par la population.
Les projets élus ce dimanche ont été choisis après un débat approfondi au sein des conseils communaux. Par le biais d’assemblées, les habitants ont été écoutés et ont fait valoir ce qu’ils considéraient comme les principales demandes. A partir de là, ont été choisi les sept projets les plus urgents, et nécessaires.

Pour Dahis Escobar, éducatrice à l’université plurinationale Patria Grande, la participation populaire est fondamentale pour mettre en œuvre des projets qui répondent étroitement à la réalité des communes. « Ce n’est pas une simple démocratie représentative. Je ne choisis pas quelqu’un qui promet de réaliser quelque chose sans que je sache s’il va le faire ou pas, ou parce qu’il nous a dit que selon lui, tel ou tel projet est le meilleur pour la communauté. Non. Ici, la démocratie est participative et directe. Nous participons nous-mêmes au choix des projets que nous allons réaliser. Le débat sert à écouter les demandes réelles de la population ».

« Vaincre le capitalisme »

Pour José Ibarra, porte-parole des infrastructures de la commune socialiste d’Altos de Lídice, « C’est très important pour vaincre l’État capitaliste. Avant, nous étions habitués à une mairie. Mais aujourd’hui, le pouvoir populaire participe à partir de son territoire, des projets à court, moyen et long terme sont élaborés. Les gens eux-mêmes, les porte-parole des conseils communaux et le Comité Local d’Approvisionnement, participent ensemble à ce projet au bénéfice des communes »

Mères, pères, grands-pères et grands-mères accompagnés de leurs enfants, petits-enfants et neveux. Des familles entières se sont rendues aux urnes en ce dimanche qui s’annonçait nuageux à Caracas. Le ministère des communes s’attendait à ce qu’au moins 1,3 million de communard(e)s participent à la consultation. Parce qu’ils sont simples et rapides à mettre en œuvre, le gouvernement calcule que les projets retenus seront finalisés dans un délai maximum de deux mois. Les travaux seront gérés par les communes elles-mêmes par l’intermédiaire de la Banque Communale, une figure créée par l’assemblée nationale au sein du vaste éventail des lois du pouvoir populaire. Chaque commune dispose de sa propre banque, et d’une unité qui concentre l’administration des fonds. La banque recevra l’argent du ministère et l’investira conformément à ce qui a été approuvé dans les assemblées.

Contrairement aux élections traditionnelles (35 en 24 ans de révolution), les personnes âgées de plus de 15 ans peuvent participer à la consultation populaire. Pour Dahis Escobar, la présence des jeunes est un gage de plus grande représentativité dans le choix des projets. « Les plus de 15 ans peuvent choisir les projets qu’ils préfèrent, l’important est que ces projets soient réalisés par les habitants de ces communautés eux-mêmes. C’est un projet pour toute la commune, qui profite à toute la commune, pas à un secteur, pas à un individu, mais à toute la commune ».

Photo : Sur la base du vote, chaque commune dresse la liste des projets qui seront mis en œuvre en priorité par le gouvernement / Monyse Ravena

« Grand jour ! Le pouvoir dans notre pays est enfin dans les mains du peuple », a déclaré le président Maduro, pour qui « la droite déteste le pouvoir populaire, rien que ces mots – pouvoir populaire – génèrent son mépris, sa haine, à l’assemblée elle a toujours voté contre les lois qui le garantissent. » L’idée du gouvernement bolivarien est que le processus de consultation et de choix des projets soit mené plus souvent. Le vote a été suivi par des observateurs du monde entier dans tout le pays, dans les différents points de vote. Le sociologue portoricain Ramón Grosfoguel, célèbre penseur de la décolonialité, en était : « le processus électoral de la consultation populaire devrait être analysé par d’autres gouvernements comme un exemple de réussite. C’est un exemple de démocratie participative qui n’a pas de précédent dans le monde. On ne voit cela nulle part dans le monde, ici on en a déjà fait l’expérience et cela semble normal, mais pour nous qui venons de l’extérieur, c’est tout sauf normal, c’est un exemple ».

Lorenzo Santiago

Source : https://www.brasildefato.com.br/2024/04/22/consulta-popular-envolve-49-mil-comunas-na-venezuela-e-escolhe-projetos-prioritarios-para-territorios

Traduction du portugais : Thierry Deronne

Note :
(1) Les communes sont un type d’organisation sociale et politique basé sur les quartiers urbains et les communautés rurales. Créées dans le cadre de la loi organique des communes, promulguée en 2010 par le président de l’époque, Hugo Chávez, elles expérimentent une nouvelle forme d’autogouvernement populaire basée sur l’autogestion et le dialogue permanent avec l’État. Elles ont la priorité dans le transfert des ressources de l’État et ne doivent pas nécessairement se limiter à un état ou à une municipalité, c’est-à-dire qu’une même commune peut couvrir plus d’une ville. Le rôle de la commune implique également la gestion économique des ressources. Ces organisations s’appuient sur la loi de l’économie communale, qui reconnaît plusieurs types d’organisation au niveau économique : les entreprises communales de propriété sociale directe, les unités familiales de production ou les sociétés communales de propriété sociale indirecte, qui sont des sociétés mixtes, gérées pour moitié par l’État et pour moitié par la commune.

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2024/04/23/au-venezuela-les-communardes-continuent-a-creer-letat-nouveau/

Loin des médias, le Venezuela

Depuis douze ans, ce modeste blog « de terrain » cherche à témoigner de la nature profonde de la révolution bolivarienne : démocratisation, socialisme participatif, autogouvernements populaires. Le Venezuela n’est pas seulement la victime de l’impérialisme, de ses blocus, de ses agressions ou de ses « sanctions ». C’est un peuple en marche, qui tire de son Histoire anticoloniale et de « l’équilibre du monde » cher à Simon Bolivar, les formes politiques de sa révolution.

Contrairement à ce que font les grands médias, ce blog transmet des expériences utiles à toutes celles et ceux qui veulent changer la vie. C’est une manière de se libérer du piège de « la remorque » qui consiste à passer sa vie à répondre au mensonge du jour (et oblige de ce fait à légitimer des thématiques étrangères aux intérêts des citoyen(ne)s.)

On sait depuis longtemps comment marche le journalisme dominant. Pour épauler le capitalisme dans sa guerre contre les gouvernements rebelles, il isole les peuples et fragmente le réel (sous-thèmes au lieu de la structure, effets au lieu des causes, individualités politiques au lieu des processus collectifs, extinction du temps sous la dictature du « présentisme », etc…). Sa cible, ce sont les militant(e)s de gauche. Il n’attaque pas le Venezuela parce qu’il est une « dictature » mais parce qu’il faut endiguer l’exemple de la démocratie de gauche la plus avancée des Amériques, celle où le record en nombre d’élections côtoie le progrès de la démocratie participative. Bref, tant que durera le quasi-monopole privé des médias, il faudra maintenir ce travail forcé de « réponse ». Comme dans nos « douze points sur les « i » d’élections présidentielles ».

Mais revenons à nos moutons. Force est de constater qu’après 24 ans de révolution, la machine à démocratiser ne se refroidit pas. Deux événements, auxquels j’ai assisté ces derniers jours, en témoignent.

Le Ministère vénézuélien de la Culture a organisé du 21 au 31 mars 2024 la troisième édition annuelle de son Festival International de Théâtre Progressiste. 150 troupes de théâtre nationales, et des troupes théâtrales de 20 pays, ont participé. Dans tout le pays, le public a pu assister à 830 représentations et découvrir le travail de près de 2000 artistes. L’entrée était très modique et, dans la plupart des cas, gratuite. Avec en parallèle, des ateliers et des activités de plein air pour les enfants. École artistique mais aussi prise de conscience. Tous ces spectacles venus d’Amérique latine, d’Europe, d’Afrique et d’Asie, ont permis au peuple vénézuélien de découvrir un monde que les médias prennent tant de soin à occulter.

Venue de Tunisie, d’Afrique, la pièce « L’Albatros » parle de la migration, du cimetière de la Méditerranée et pose des questions urgentes, fondamentales : « Qu’est-ce que l’égalité ? Qui a des droits ? ». Elle parle des mouvements de masse et de la rage des peuples causés par le capitalisme et l’impérialisme global. Ils sont cinq. Le sixième est un petit bateau en papier, brisé par les vagues déferlantes de la mer. « Je remercie la mer de nous avoir accepté sans visas ni passeports. Je remercie les poissons qui nous mangeront sans nous connaître. Lorsque les amis iront frapper à ta porte pour te donner leurs condoléances, refuse-les. » « Quel beau poème, poignant ! » s’écrie une spectatrice vénézuélienne. « Et quel public ! Concentré, chaleureux, intime, respectueux » répond la tunisienne Jamila Chihi. J’ai conversé avec Chedly Arfaoui qui a écrit et mis en scène cette pièce magistrale ainsi qu’avec ses actrices et acteurs – Fatma Ben Saïdane, Abdelkader Ben Saïd, Ali Ben Saïd, Meriem Ben Hamida et Malek Zouaidi. Voici mon reportage (VO FR ST ESP) :

Quelques jours plus tard, j’ai participé à une conférence de presse au Ministère des Communes et des Mouvements Sociaux. Entouré de délégué(e)s de communes (autogouvernements populaires) de plusieurs régions du pays – des femmes en majorité -, le ministre Guy Vernáez explique le processus de la consultation populaire nationale du 21 avril 2024. Près de 4500 communes voteront pour le projet qu’elles considèrent comme prioritaire. Le gouvernement fournira les ressources pour qu’elles puissent l’exécuter, avec leurs propres organisation et leur propre main d’œuvre. Il ne s’agit pas, comme dans d’autres pays, d’une simple consultation. Ici, le vote oblige le gouvernement à financer chacun des projets.

Ces dernières années, le président Maduro a insisté auprès de ses ministres pour qu’ils accélèrent le transfert du pouvoir et des ressources aux organisations populaires. Pour cette élection-ci, plus de 27.000 projets ont déjà été présentés dans les assemblées citoyennes. Venue de l’État de Carabobo, la déléguée communarde Ofelia García explique : « la plupart des projets présentés visent à améliorer les services publics, les routes, la santé, l’éducation, l’environnement, les plans de production, les sports, les processus industriels, les transports publics et le système de production agricole. Tous les conseils communaux de notre territoire ont été convoqués et les projets ont été classés en fonction de leur intérêt commun et non individuel. »

Thierry Deronne, Caracas, le 8 avril 2024.

Photos : ci-dessus, mes questions au Ministre des Communes et mouvements Sociaux Guy Vernaez. Ci-dessous : assemblées citoyennes pour informer sur le vote qui permettra aux organisations communardes de choisir leur projet prioritaire.

Notre reportage (VO ESP) de la conférence de presse :

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2024/04/08/loin-des-medias-le-venezuela/

(vidéo:) « Petare Norte », Venezuela, chronique 2.

Cartographie communale comme stratégie sociale

Deuxième épisode d’une chronique vénézuélienne au long cours qui raconte en images comment des citoyen(ne)s rêvent et transforment leur habitat, pour rompre avec la logique capitaliste de l’espace.

Que veut dire : comprendre son territoire ? Comment lire son environnement, ses évolutions, ses dynamiques ? Ces interrogations posées par la démarche collective d’étude urbaine engagée dans le vaste quartier populaire de Petare Norte (près de Caracas, au Venezuela) ont poussé le Laboratoire International pour l’Habitat Populaire (LIHP) à initier une cartographique participative du territoire dans une dialectique entre ce qui est possible d’un point de vue technique (incarné par l’acteur scientifique : architectes, ingénieurs, …), ce qui est nécessaire et souhaitable du point de vue des communautés organisées à l’échelle communale (conseils communaux et communes) et ce qui est plausible, pour la puissance publique (l’État vénézuélien et du gouvernement régional de l’État de Miranda) dans le cadre de ses ambitions politiques, de ses actions et de ses projets de réalisations.

Au fil des réunions, des cartes dynamiques sont produites, tissant des liens de « communications » entre ces trois familles d’acteurs en associant, mêlant, combinant : activités humaines (de l’espace intime à l’espace de socialisation) ; activités urbaines (du public et du privé…) pour appréhender le territoire dans son mouvement et dans l’espace.

Cette deuxième chronique audiovisuelle, réalisée par Jesus Reyes de Terra TV, illustre cette démarche de cartographie participative.

Jean-François Parent

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2023/04/10/video-petare-norte-venezuela-chronique-2/

Vidéo: le Venezuela que la télévision ne vous montrera pas. (Terra TV)

Le plan de la révolution bolivarienne, occulté par les grands médias, est de transférer le pouvoir d’État aux autogouvernements populaires. Depuis 22 ans, loin des caméras et des micros, le Venezuela édifie jour après jour, par toute sorte de lois et de luttes quotidiennes, une démocratie participative. Comme en décembre 2022 dans la municipalité de Simon Planas, état de Lara. Des assemblées citoyennes avaient proposé de réduire les dépenses somptuaires de la mairie pour pouvoir financer les réponses aux besoins les plus urgents de la population. Il ne manquait que l’approbation électorale. Des femmes de milieu populaire, en majorité, ont organisé avec des moyens de fortune un référendum consultatif – comme le leur permet la Constitution Bolivarienne -, un scrutin contre lequel se sont aussitôt ligués la droite locale et des secteurs corrompus de la mairie. Ce court-métrage documentaire de la jeune réalisatrice Lana Vielma, formée dans les ateliers de Terra TV, visibilise un maillon de cette « histoire populaire du Venezuela ».

La gauche pourrait s’intéresser au pays qui réalise le rêve historique d’une révolution participative, un rêve pour lequel tant de peuples se sont battus. Les États-Unis, eux, ont compris le danger de l’exemple, qui maintiennent leur blocus et leurs sanctions contre la révolution. Malgré les dures conséquences sociales de cet étau, le Venezuela tient bon. Majoritairement chaviste, l’Assemblée Nationale reprend la consultation publique sur l’extension des lois du pouvoir citoyen (photos). Le développement de la démocratie participative et des auto-gouvernements populaires à tous les niveaux est une des priorités fixées par le président Nicolas Maduro pour 2023.

Thierry Deronne, Caracas, 1 février 2023

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2023/02/01/video-le-venezuela-que-la-television-ne-vous-montrera-pas-par-terra-tv/

« Remettre le numérique au service des citoyens » : le Venezuela continue d’innover.

Libérer les technologies numériques du métabolisme individualiste et consumériste imposé par les grands groupes privés états-uniens est un enjeu stratégique pour toute démocratie. A fortiori pour une révolution qui parie sur la démocratie participative comme moteur du changement.

La nouvelle plate-forme électronique lancée le 21 mai 2022 au Venezuela lors d’une vaste réunion d’organisations populaires (photos) porte à une nouvelle puissance le « gouvernement citoyen en ligne ». De quoi s’agit-il ? « Le gouvernement se connecte en temps réel avec les organisations populaires, avec les conseils communaux et leurs problèmes. Il transforme le problème et le besoin en droits d’obtenir une réponse immédiate de l’État. Le but est de récupérer pleinement les indicateurs sociaux et économiques du pays » a déclaré le président Maduro en inaugurant le premier « centre de réponse », symboliquement installé au palais présidentiel. Ces centres seront installés dans tout le pays. La plate-forme supervisée par le ministre de la planification Ricardo Menéndez recevra les plaintes par le biais de la nouvelle application sociale VenApp, que chacun(e) peut télécharger sur son portable ou son ordinateur. « Ainsi les rapports parviendront directement aux maires, aux gouverneurs, aux ministres, afin que nous puissions commencer à traiter les problèmes. Le système fera apparaître en ligne la plainte, le processus et le résultat, afin que les gens puissent faire le suivi du processus et des résultats » explique Nicolas Maduro qui y voit « un instrument de la transition au socialisme, de lutte contre une bureaucratie qui retarde les réponses ». Les 382 rapports reçus dans les premières heures concernent : l’eau potable (255 cas), la santé (61), l’éducation (37 cas) et 29 autres aspects. En 24 heures, près de 50% des cas ont été résolus.

Ce n’est pas la première fois que le Venezuela lance une initiative numérique pour renforcer la participation citoyenne dans le cadre de la transformation de l’État : après le SINCO (1) créé pour appuyer les conseils communaux (organisations de base) dans la réalisation de leurs projets sociaux ou d’infrastructures, a été mis en place le Carnet Patria (2), interface citoyen(ne)s-gouvernement, conçue initialement pour verser des allocations sociales, faire le suivi de la réception effective des aides alimentaires anti-blocus, répondre à des questionnaires sur les problèmes/préoccupations prioritaires, ou encore communiquer des informations sur son état de santé – avec réponse en temps réel du Ministère de la Santé aux besoins de dépistage ou de traitement du Covid. Le Venezuela a été félicité par l’OMS et l’ONU pour le succès de ses politiques de santé publique qui ont mis un terme à la pandémie. Mais depuis 22 ans chaque pas vers une démocratie plus directe au Venezuela a été occulté par les médias qui ont préféré en remettre une couche sur… la-dictature-de-Maduro.

Cette initiative d’écoute des citoyen(ne)s surgit au moment où le gouvernement de gauche du Venezuela priorise la remise sur pied de services publics très abîmés par le blocus occidental (absence de pièce de rechange, pannes et interruption de systèmes de transports, de santé, phénomènes de corruption et de mafias volant ou monnayant les actifs de l’État, etc..). L’expansion des services publics était l’un des principes fondamentaux du processus bolivarien initié par Hugo Chávez. Mais les sanctions illégales, inhumaines, et le blocus pétrolier décrétés par les États-Unis et l’Union Européenne, surtout depuis 2017, ont privé l’État de 99% de ses ressources, d’où un exode du personnel qualifié et des difficultés à se procurer des pièces détachées. D’où aussi une détérioration considérable des services publics tels que l’approvisionnement en eau, en électricité, en carburant ou en gaz de cuisine.

Graphique: prévisions de la CEPAL (ONU) pour la croissance dans les Amériques en 2022.

Depuis fin 2021, grâce aux politiques économiques du gouvernement Maduro, la situation économique a connu une amélioration constante – avec de solides prévisions de croissance économique pour 2022. Le gouvernement a décrété une prime unique aux travailleurs qui ont pris leur retraite en 2018, pour compenser ceux qui ont vu leurs indemnités de retraite pulvérisées par la forte inflation. Le président vénézuélien a également expliqué que dans les mois qui viennent, à mesure que l’économie retrouve ses forces productives et soit capable de maîtriser l’inflation (qui a déjà fortement reculé), les politiques gouvernementales viseraient à une récupération progressive du pouvoir d’achat des travailleurs par le biais d’augmentations de salaire.

Thierry Deronne, Caracas, le 25 mai 2022

Notes :

  1. « Du Synco de Salvador Allende au Sinco d’Hugo Chavez: l’internet au service de la démocratie participative« , https://venezuelainfos.wordpress.com/2021/04/16/du-synco-de-salvador-allende-au-sinco-dhugo-chavez-linternet-au-service-de-la-democratie-participative/
  2. « Comment une plate-forme en ligne a-t-elle aidé à combattre le Covid-19 au Venezuela ? » par Jessica Dos Santos, https://venezuelainfos.wordpress.com/2020/05/09/comment-une-plate-forme-en-ligne-a-t-elle-aide-a-combattre-le-covid-19-au-venezuela-par-jessica-dos-santos-rt/

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2022/05/25/remettre-le-numerique-au-service-des-citoyens-le-venezuela-continue-dinnover/

Au Venezuela les communard(e)s d’El Maizal construisent un « nouveau modèle de pouvoir »

Depuis le début du mois d’octobre le réalisateur et formateur Victor Hugo Rivera de Terra TV et de l’école populaire et latino-américaine de cinéma (photos ci-dessus) travaille avec les communard(e)s de El Maizal pour renforcer leurs moyens de communication. Cette commune revêt une importance stratégique car elle couvre la plus grande extension de terres communardes du Venezuela et sert de tremplin d’autres expériences communardes dans tout le pays.

Dans cette école intégrale nourrie de plus de dix ans d’expérience, où se croisent des communard(e)s de tout le pays, notre école audio-visuelle va s’établir en 2022 pour former et produire de manière permanente. C’est dans la lutte de ce mouvement social communard que se trouvent les bases d’une « communication communarde » : fédération participative de voix, de regards, surgissant des multiples territoires de vie et de travail. Ce chantier formatif devient de plus en plus urgent vu le retard pris par une gauche qui a cru naïvement qu’il suffisait d’imiter les techniques du capitalisme pour affronter celui-ci.

Vous pouvez renforcer les activités de cette école permanente d’El Maizal et des autres ateliers ouverts dans des communes au Venezuela, en nous faisant un don :

Compte Crédit Mutuel 00020487902

Titulaire: LABORATOIRE INTERNATIONAL POUR L’HABITAT POPULAIRE DURABLE, 25 RUE JEAN JAURES, 93200 ST DENIS

Code IBAN: FR76 1027 8061 4100 0204 8790 256

Code BIC: CMCIFR2A

SVP ne mentionner que : « Soutien Terra TV »

D’avance nous vous en remercions.

Comprendre la commune d’El Maizal (par Michele de Mello)

« La commune ou rien ! » insistait Hugo Chávez pour qui la révolution bolivarienne passait par l’essor des organisations communardes. Depuis 12 ans, dans l’ouest du pays, entre les États de Lara et de Portuguesa, près de 4500 familles vivent et produisent des aliments sains de manière totalement collective. Cette commune rurale est le résultat d’une occupation des terres par les paysan(ne)s en 2009, qui a permis de les consacrer à la réforme agraire.

« Chávez a jeté les bases d’une nouvelle géométrie d’un pouvoir citoyen que les institutions empêchaient historiquement en le rejetant dans l’illégalité. Pour nous la parole de Chavez avait force de loi, c’est pourquoi ici nous avons mis en place ce modèle de commune. Notre communauté de travail, loin d’être séparée par des visions différentes, se rassemble autour d’un combat, d’un projet » explique le leader communard Angel Prado.

A raison de six heures de travail par jour, 180 communard(e)s sont responsables de l’entretien de 14 entreprises de production sociale. Outre le maïs, le café, les légumineuses et les légumes, les agriculteur(trice)s transforment également la farine de maïs et produisent du lait, du fromage et de la viande avec des bovins et des porcs. « Notre histoire est liée à l’agriculture. Nos premières graines nous ont été données par le président Chávez lors d’une visite. Nous avons planté 150 hectares de haricots, puis il est revenu ici pour voir comment se passait la production. De cette culture est née l’entreprise Ezequiel Zamora, qui vise la mécanisation agricole. C’est cette entreprise qui, depuis 2010, nous a donné le plus gros excédent et nous a permis de nous développer en interne, ainsi que de servir socialement les communautés qui se trouvent dans la commune » se souvient Jennifer Lamus, travailleuse communarde.

Cette année, la commune d’El Maizal a cultivé 300 hectares de maïs, mais dans tout le pays, on compte déjà environ 1100 hectares de maïs cultivé avec des semences autochtones produites par la commune avec le soutien des militant(e)s brésilien(ne)s de la Brigade internationaliste Apolônio de Carvalho du Mouvement des Travailleurs ruraux Sans Terre (MST).

L’objectif principal est de devenir un territoire autosuffisant, tant sur le plan alimentaire qu’économique. La commune d’El Maizal a été le coup d’envoi de l’émergence de 11 autres communes dans la région centrale du Venezuela. La proposition de Chavez était que les domaines communaux unifient l’organisation à partir de la base pour construire une nouvelle « hégémonie territoriale ».

« Tout le travail que nous avons fait les premières années nous a renforcés. Lorsque l’économie a commencé à souffrir des assauts du blocus occidental, la commune d’El Maizal est restée solide. Nos ressources ont contribué à maintenir la volonté de nous battre et surtout à ce que personne ne soit démobilisé ou démoralisé », affirme Ángel Prado. « Ici dans les zones rurales il y a une autre réalité et ici nous savons que les choses ne vont pas bien, mais chaque jour les camarades font de leur mieux pour que la réalité de ceux et celles qui vivent dans la commune soit différente » précise Jennifer Lamus.

En raison de sa capacité de production, Maizal aide également les petits producteurs de la région en distribuant des crédits en échange d’une production alimentaire.  « Nous demandons un financement plus important et nous accordons ce crédit aux producteurs qui, par la voie normale de l’État, ne peuvent pas l’obtenir. Nous faisons également des échanges de produits. Souvent, les producteurs n’ont pas l’argent nécessaire pour acheter 1 kg de fromage. Ils peuvent donc nous apporter 1 kg de grains de café, en échange du fromage » explique Jennifer Lamus. 

Le travail volontaire dans les équipes d’entraide mutuelle est également une alternative pour les habitant(e), pas de manière « assistentialiste » mais comme une forme d’exemple ». « Il arrive qu’une unité de production soit en retard dans son travail, alors nous faisons appel à tout le monde pour mener cette tâche à bien et suivre le rythme des autres unités de production. Et cela ne vaut pas seulement pour la commune. S’il est nécessaire de nettoyer une école, une rue, de peindre un terrain ou d’effectuer toute autre activité dans la communauté, nous nous rendons sur place pour effectuer ce travail » raconte Jennifer.

Le territoire de la commune de El Maizal se soucie de l’aspect productif autant que de l’aspect social. Les communard(e)s ont fondé une école de formation idéologique et technique, où ils proposent des cours avec le soutien de militants d’autres mouvements populaires nationaux et internationaux. Ils ont également inauguré une école d’enseignement primaire pour les enfants des agriculteurs, en adoptant la méthode de Paulo Freire.

« La pratique et la théorie vont de pair. Sans éléments historiques de la lutte, sans théorie, les gens n’auraient pas de clarté sur les objectifs de l’horizon », dit le communard Wildenys Matos.

Comme elle produit environ 2 000 tonnes de maïs par an, la commune El Maizal cherche à établir une relation directe avec l’État pour fournir de la farine de maïs pour les paniers alimentaires distribués par les comités locaux d’approvisionnement et de production (CLAP). « Le travail de  la commune démontre qu’il existe une façon différente de faire les choses. D’abord que nous pouvons être autosuffisants en produisant. Nous pouvons substituer le modèle pétro-rentier par un modèle productif et durable, grâce à l’économie collective communale », affirme Matos.

Selon les données officielles, il y a 3567 communes enregistrées dans tout le pays. Les militant(e)s de El Maizal promeuvent l’Union Communarde comme mouvement national appuyant la construction d’un état communal au Venezuela. « Nous consacrons nos vies à ce projet. La commune est notre mode de vie. Comme la guerre d’indépendance, pour défendre notre Patrie », explique M. Prado.

Pour continuer à progresser dans le contrôle du territoire, les communard(e)s se sont présenté(e)s aux élections régionales du 21 novembre avec la candidature d’Angel Prado au poste de maire de la municipalité de Simón Planas. Il a été élu sous la bannière du chavisme avec d’autres membres de l’organisation, devenu(e)s conseiller(e)s municipales. « Nous, organisations populaires, nous devons nous approprier ces espaces non pas pour renforcer l’État, mais pour commencer à le démanteler de l’intérieur, afin que la commune avance sur le territoire. La commune ou rien. Pas une commune rhétorique mais une commune pour faire avancer les choses, pour que le pouvoir du peuple soit le pouvoir de décider, de planifier, de prendre des décisions et de continuer à lutter, à avancer » dit Wildenys Matos. L’une des propositions du nouveau maire Angel Prado est d’établir des contrats et des appels d’offres de la municipalité avec les communes de la région, ainsi que d’accroître le contrôle communautaire sur les services de base tels que la distribution de gaz et de carburant. « Notre horizon stratégique est le socialisme et nous voulons poursuivre le projet national Simón Bolívar. La commune comme modèle politique a montré qu’elle peut travailler, produire, influencer l’économie du pays, industrialiser son alimentation, peut se battre sur n’importe quel champ de bataille, gouverner et assumer des responsabilités politiques » conclut Ángel Prado.

Source : https://www.brasildefato.com.br/2021/11/10/na-comuna-el-maizal-4-5-mil-familias-constroem-projeto-socialista-para-venezuela

Traduction : Thierry Deronne

Photos : Terra TV

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2021/12/05/au-venezuela-les-communardes-del-maizal-construisent-un-nouveau-modele-de-pouvoir/

Venezuela: les observateurs internationaux saluent la transparence du scrutin.

La délégation parlementaire d’observateurs électoraux du Kenya reconnaît également la qualité technique des élections au Venezuela

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(Photos et vidéos :) L’école de communication des mouvements sociaux « Hugo Chavez » forme les communicatrice(eur)s de la Commune El Maizal, de la Commune « Altos de Lidice » et les étudiant(e)s en agroécologie de l’IALA.

Le nouvel atelier intégral de l’École de Communication des Mouvements Sociaux « Hugo Chavez » dans la Commune populaire d’El Maizal a eu pour principal objectif de soutenir et de renforcer l’équipe de communication de cette commune et des communes voisines (« cité communale »), du 10 au 22 octobre 2021. Parmi les sujets abordés figuraient les concepts de la communication participative, la photographie, le son, le reportage, le documentaire, avec une devise claire : « Le nouveau ne peut être une copie de l’ancien. Il faut que ce soit autre chose » (Simón Rodríguez).

Grâce à la révolution bolivarienne, la commune a créé sa propre radio communautaire, d’où, au cours de l’atelier, la réalisation de plusieurs exercices de création sonore. Dans le cadre des 12 journées/assemblées de construction du plan du gouvernement municipal, le formateur Victor Hugo Rivera a également formé l’équipe de communicateurs sur « Comment filmer une assemblée populaire ».

Un autre atelier sur la réalisation de documentaires sociaux a été donné aux jeunes reporters communautaires de la commune socialiste « Altos de Lidice » à Caracas par Thierry Deronne. L’école de communication des mouvements sociaux « Hugo Chavez » a également soutenu l’Escuela del Constructor Popular avec la production d’un reportage et a aidé les étudiant(e)s en agroécologie de l’Institut agroécologique « Paulo Freire » dans l’État de Barinas, à rendre visible leur échange de savoirs avec les paysan(ne)s. Ateliers et films produits par Jesus Reyes et Victor Hugo Rivera avec le soutien d’Eskell Romero, Ayari Rojas, Johana Yarley et Jacques France Sandra.

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« Construire sa maison sans dépendre d’une entreprise privée » : l’École du Constructeur Populaire au Venezuela

« Le plus beau, pour ces jeunes qui viennent des milieux populaires, c’est de pouvoir réaliser leur rêve, construire leur propre maison sans dépendre d’une entreprise privée. Les projets collectifs de nos apprenti(e)s naissent de la collaboration avec les habitant(e)s, ils ou elles vont dans la communauté, cherchent le problème et proposent des solutions, grâce à leur formation technique, à partir d’une vision sociale« , raconte fièrement l’ingénieur Eskell Romero, directeur de l’école du Constructeur Populaire « Aristobulo Isturiz ». » « Dans chaque lotissement de la Grande Mission Logement Venezuela se trouve un noyau de notre école« .

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“85% de nouveaux visages au primaires chavistes, un renouveau révolutionnaire”

Quels sont les rapports entre révolution et transformation de l’espace de vie ? Révolution démocratique ou démocratie révolutionnaire ? Comment articuler démocratie directe, communale et représentative ? Quelle est l’importance du débat et de la pluralité d’opinions dans la révolution bolivarienne ? D’où vient cette capacité du chavisme à organiser de telles primaires, au vote secret et avec parité de genre, alors que dans les autres partis, de gauche ou de droite, les bases militantes n’y ont pas droit ?

Autant de questions posées par Thierry Deronne à Jesus Garcia, organisateur et formateur communal dans les quartiers populaires de l’Ouest de Caracas, et candidat conseiller municipal aux primaires du PSUV (parti du chavisme) qui auront lieu le 8 août 2021. A travers des assemblées dans tout le pays les militant(e)s de base choisiront leurs candidat(e)s pour les élections régionales et municipales de novembre 2021.

Interview réalisée en juillet 2021 sur les hauteurs de la commune populaire Altos de Lidice. Réalisation: Victor Hugo Rivera. Durée : 17 minutes. VO espagnole, sous-titres français. Production: Terra TV. République Bolivarienne du Venezuela 2021.

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Source : www.terratve.com

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