« S’éloigner de l’Occident, se concentrer sur l’Asie » : l’Amérique Latine et la nouvelle économie mondiale.

Interview par Kawsachun News de l’économiste équatorien Juan Fernando Terán* à propos des sanctions occidentales et de la manière dont l’Amérique latine peut protéger son économie.

Kawsachun News L’industrie bananière équatorienne s’est effondrée quand lui a été fermé le marché russe. Qui paie le prix des sanctions occidentales contre la Russie ?

Juan F. Terán : Les pays qui exportent des denrées alimentaires et des produits agricoles sont aujourd’hui dans une position très difficile. L’Équateur, la Colombie, le Brésil et l’Argentine sont parmi les plus touchés. Ces pays importent presque toutes les fournitures dont ils ont besoin pour la production agricole : engrais, produits agrochimiques et même semences dans certains cas. Les sanctions ont interrompu ces approvisionnements. Nous aurions pu éviter cette situation.

L’Amérique Latine a connu un âge d’or de développement et d’intégration à l’époque de dirigeants tels que Hugo Chavez, Rafael Correa, Evo Morales, Ignacio Lula da Silva et d’autres. Au cours de ces années, de nombreux travaux ont été consacrés à la question de savoir comment la région pouvait commencer à produire ses propres approvisionnements agricoles. Il s’agissait même d’un projet phare de l’UNASUR. L’objectif était de garantir la sécurité alimentaire face aux fluctuations des marchés internationaux. Il y avait également la proposition d’une banque à l’échelle de l’Amérique latine et d’une monnaie commune. Cela aurait pu aider l’économie de la région à survivre à la crise monétaire actuelle.

Or que se passe-t-il aujourd’hui ? Prenons le cas de l’Équateur : nous avons deux sources principales de revenus dans les exportations. La première est le pétrole, et logiquement, les conséquences de la guerre en Ukraine auraient dû être, à travers l’augmentation de son prix, une croissance des revenus pour l’Équateur. Cependant, le président conservateur Guillermo Lasso a promis au FMI de le payer au moyen des futures ventes de pétrole. Donc même si le prix du pétrole passe à 300 dollars, cela ne profitera aux citoyens ordinaires.

Et qu’en est-il de l’agriculture ?

Le pays gagne aussi beaucoup en exportant des produits comme les bananes, le café, les crevettes et les fleurs. Le principal marché pour la production de fleurs équatoriennes est la Russie. Aujourd’hui, ces producteurs sont confrontés à une crise dramatique car les sanctions les ont coupés de leurs clients. C’est une industrie énorme pour l’Équateur, dans les provinces de Pichincha et Cotopaxi, il y a des régions entières consacrées presque entièrement à la production de fleurs. Ils ont même des aéroports là-bas car ces fleurs sont exportées dans le monde entier par avion. Une petite partie de leur production va aux États-Unis et en Europe, mais la grande majorité va en Russie. La Russie est l’un des rares pays où les gens achètent des fleurs toute l’année et pas seulement pour certaines dates comme la Saint-Valentin. Hé bien, qu’en est-il de nos exportations de crevettes, de café ou de cacao ? Elles nécessitent des engrais et d’autres fournitures agricoles importés. Il y a maintenant une pénurie mondiale, la Russie était le premier producteur mondial et la voilà sanctionnée.

Quelle a été la réponse du gouvernement ?

Les pays peuvent survivre à cette tempête s’ils ont un parapluie d’État, mais l’Équateur est soumis à un gouvernement néolibéral. Notre économie n’a plus de parapluie maintenant. Quelle a été la réponse néolibérale à cette crise actuelle ? Les producteurs de fleurs ont été les premiers à demander de l’aide. Ils ont demandé des prêts afin de pouvoir subvenir temporairement à leurs besoins. Le président Lasso a répondu en disant que prendre ce genre de mesures suppose d’assumer un risque et que l’État n’a aucune obligation de renflouer qui que ce soit. Cette idée de ne renflouer personne est une excellente idée…. si elle est appliquée uniformément. Nous ne devrions pas avoir à renflouer les banquiers quand ils ont une « crise », mais bien sûr, le banquier Guillermo Lasso n’abandonnera jamais « son » peuple… Il abandonne seulement les petits agriculteurs. L’élection de gouvernements progressistes en Amérique latine n’est pas seulement une question d’idéologie ; il s’agit aussi pour les citoyens de défendre leur économie et leur niveau de vie. Si un banquier gagne une élection, ne soyons pas surpris du résultat.

De nombreux pays considèrent désormais Washington comme un allié peu fiable et cherchent à commercer dans d’autres monnaies. Pensez-vous que le dollar états-unien va perdre son hégémonie internationale ? Et qu’est-ce que cela signifierait pour l’Amérique latine ?

Lorsque les pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) commenceront à commercer entièrement en Yuan, ou dans toute autre monnaie autre que le dollar, le monde changera vraiment. Je pense que nous pouvons nous attendre à voir cette transformation dans les cinq prochaines années. Cela représentera la défaite définitive de l’empire états-unien. L’histoire nous montre que la puissance militaire d’un pays est liée à la puissance de sa monnaie.

Lorsque la Grande-Bretagne régnait sur le monde, la livre sterling dominait le commerce international. Même la dette extérieure de l’Équateur était calculée en livres sterling. Les réserves de notre banque centrale s’exprimaient en livres sterling. Cette situation a changé après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, car les États-Unis sont devenus la nouvelle puissance dominante et ont créé les institutions financières et monétaires du monde à leurs propres fins, puis ont supprimé l’étalon-or du dollar. La guerre actuelle en Ukraine est également une question de monnaie. Les États-Unis participent à ce conflit contre la Russie parce qu’ils ont besoin de défendre à tout prix la puissance du dollar-papier alors que la Russie ou l’Inde amarrent leurs monnaies à la valeur de matières premières.

Que peut faire la région ?

L’Amérique latine doit lentement se désolidariser du dollar états-unien. Nous devons diversifier nos réserves monétaires internationales. Rafael Correa avait commencé à le faire en Équateur en investissant dans des réserves d’or, ce qui avait été critiqué par la droite. Cependant, cette diversification ne peut se faire que si nous apportons les changements nécessaires à nos relations commerciales. Si nous devons commencer à constituer des réserves en yuan chinois, nous devons approfondir nos relations commerciales avec la Chine pour y parvenir.

Carte 1 : bien qu’ils totalisent 14% de la population mondiale, les pays qui sanctionnent la Russie incarnent encore la « communauté internationale » pour la plupart des journalistes occidentaux.
Carte 2 : la vraie taille de l’Amérique Latine. Merci à Ollie Vargas.

Je pense que nous devrions revenir à la proposition de l’UNASUR de créer une monnaie commune latino-américaine avec sa propre banque centrale. Nous avons également besoin d’un système de paiement latino-américain. Regardez comment les États-Unis utilisent SWIFT pour exclure de l’économie mondiale tout pays qui ne leur plaît pas. La Russie et la Chine créent leurs propres systèmes de paiement. Il y a des années que le Venezuela est sorti du SWIFT. Nous devrions également avoir notre propre système.

Il ne sert à rien de se plaindre de l’agression états-unienne. C’est dans leur nature d’envahir et d’attaquer des pays dans le monde entier. Le vrai problème est que l’Amérique latine est exposée et incapable de faire face à ce type de guerre économique. En réponse, nous devons nous tourner vers l’Asie de manière sérieuse. Pourquoi le gouvernement équatorien n’assure-t-il pas de nouveaux marchés, par exemple pour nos crevettes et nos bananes, en Chine ? Il y a une énorme demande là-bas. La Bolivie et l’Équateur possèdent tous deux de vastes richesses minérales. Nous devons contourner l’Occident et nous concentrer sur l’Asie en matière de commerce et d’investissement dans les produits de base.

Les médias états-uniens ont attaqué des pays comme le Mexique, le Brésil ou l’Argentine pour ne pas avoir imposé de sanctions économiques à la Russie. Pensez-vous que cette demande des États-Unis va, à terme, briser leur sphère d’influence ici et dans le monde non-occidental ?

Ces sanctions provoquent une crise d’inflation pour les gens partout dans le monde. Les Européens paient déjà 8-9 euros pour un gallon d’essence. Aux États-Unis, il est à 4,75 dollars, voire 6 dollars dans des endroits comme la Californie et Miami. C’est choquant. Les sanctions ont un effet boomerang sur les États-Unis et leurs citoyens. Bien que tout le monde ne souffre pas : les fabricants d’armes ne souffrent pas. Des gens comme le fils de Biden, qui a des relations douteuses dans le secteur du gaz, ne vont pas souffrir. Des rapports d’analyse financière ont été publiés cette semaine, indiquant que si le prix de l’essence reste à 4,75 dollars en moyenne nationale aux États-Unis, l’économie entrera en récession à la fin de l’année. Rien de ce qu’ils font n’est lié aux intérêts des citoyens ordinaires.

  • * Économiste, coordinateur de recherches à l’Instituto de la Ciudad del Distrito de Quito (Équateur), Juan Fernando Terán enseigne actuellement les « Politiques économiques appliquées en Amérique latine » et les « Économie et politique des ressources naturelles et de l’énergie » à l’Université Andine Simón Bolívar. Parmi ses publications : « Las quimeras y sus caminos : la gobernanza del agua y sus dispositivos para la producción de pobreza rural en los Andes Ecuatorianos » (Buenos Aires : CLACSO), « La sequedad del ajuste : implicaciones de la gobernanza global del agua para la seguridad humana en Ecuador » (Quito : CEN) et « La ecología del agua : una introducción a sus temas y problemas en Ecuador » (Quito : Camaren).

Source : https://kawsachunnews.com/interview-latin-america-in-the-new-global-economy

Traduction de l’anglais : Thierry Deronne

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2022/04/04/seloigner-de-loccident-se-concentrer-sur-lasie-lamerique-latine-et-la-nouvelle-economie-mondiale/

Du sommet de l’ALBA au Groupe de Puebla, la gauche en mouvement

L’intégration et la coopération pour surmonter la pandémie, le renforcement des économies figurent parmi les conclusions du 19e sommet de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (Alba-TCP). La réunion a rassemblé des représentants des neuf pays membres de l’alliance à Caracas le 24 juin. Le sommet a également célébré le 200ème anniversaire de la bataille de Carabobo – une bataille décisive qui permit aux armées de Simon Bolivar de porter un coup fatal au colonialisme espagnol et de sceller l’indépendance du Venezuela, de l’Équateur, de la Colombie, de la Bolivie et du Pérou. Comme l’explique le politologue vénézuélien William Serafino : « Quelles leçons devons-nous tirer de Carabobo aujourd’hui ? D’abord que l’unité politique/programmatique est la clé de la victoire et que le champ de bataille éthique/idéologique est aussi essentiel que le champ de bataille militaire. Ce jour-là, sur le champ de bataille, les idées de l’ancien ordre impérial européen et les prémisses d’une nouvelle géopolitique des nations souveraines se sont affrontées. »

En accueillant les leaders des pays membres de l’ALBA, le président Maduro a souligné : « Malgré tous ceux qui conspirent pour que nous empêcher de constituer une unité plurinationale qui a trouvé ses racines, nous sommes ici, présents. Nous sommes très émus que, malgré toute la campagne de démoralisation contre le Venezuela, vous soyez ici pour accompagner le peuple vénézuélien. L’autre jour j’interrogeai notre peuple. Pourquoi Bolivar victorieux ne s’est-il pas arrêté après avoir libéré le Venezuela ? Pourquoi ne s’est-il pas installé pour vivre à Caracas ou à Bogota ? Parce que pour lui et les Libertadores, les idées et la vision dépassaient la mesure d’une vie, la Patrie était la Grande Patrie comme pour nous aujourd’hui : la Patrie, c’est l’Amérique. Ou nous nous libérons tous ou nul ne sera libre »

Avec la confirmation de l’efficacité de 92 % du vaccin cubain Abdala – une formule qui sera utilisée pour la banque d’immunisation de l’Alliance – l’une des questions centrales du débat était le début d’une campagne de vaccination massive. Le président bolivien Luis Arce a proposé de former une brigade internationale de diplômés de l’École latino-américaine de médecine (ELAM) pour commencer la vaccination dans les pays du bloc, en commençant par les plus vulnérables. « Ils doivent atteindre chaque coin de rue, chaque communauté et chaque quartier populaire, afin que personne ne soit laissé de côté, que les droits de chacun soient garantis » a déclaré Luis Arce.

Outre la crise sanitaire mondiale, les présidents présents ont également célébré la victoire de Cuba aux Nations Unies. Pour la 29e fois, l’Assemblée générale des Nations unies – c-a-d la véritable communauté internationale, a approuvé une résolution exigeant la levée immédiate du blocus économique imposé il y a près de 60 ans par les États-Unis et maintenu par le gouvernement Biden. 184 pays sur 189 ont voté contre le blocus. Seuls à voter pour : les USA et Israël.

Selon le gouvernement cubain, l’embargo a causé des pertes de 147,8 milliards de dollars américains depuis 1962. Malgré le blocus, l’île des Caraïbes est le premier pays de la région à créer son propre vaccin contre le virus sars-cov2 et a également envoyé des missions médicales dans 39 pays pendant la pandémie. « Nous remercions tous les États membres de l’Alba-TCP pour leur soutien inconditionnel et leur appui à la résolution contre le blocus » a déclaré le ministre cubain des affaires étrangères, Bruno Rodríguez.

Au cours du sommet, les présidents ont convenu de créer de nouveaux programmes de financement par le biais de la banque ALBA-TCP / ALBA-TCP.

L’Alliance a également célébré les dernières élections au Chili, au Pérou et au Mexique, qui indiquent une nouvelle montée du progressisme en Amérique latine.

Le secrétaire exécutif d’Alba-TCP, Sacha Llorenti, a également déclaré « nous condamnons les attaques et les tentatives de déstabilisation du gouvernement légitime du Nicaragua par les États-Unis. Nous ratifions notre soutien inconditionnel au gouvernement sandiniste du président Daniel Ortega. » Le président Ortega a rappelé depuis Managua que contrairement à ce que disent les médias internationaux la vingtaine de personnes arrêtées ne le sont pas en tant qu’ « opposants » mais pour avoir sciemment violé les lois nicaraguayennes sur le financement étranger d’ONGs. Il s’agit en fait de désarticuler le réseau médiatico-politique de l’USAID/NED, un outil de déstabilisation mis en place par les États-Unis contre des gouvernements progressistes et qu’ont déjà dénoncé des pays comme la Bolivie, Cuba, le Venezuela et plus récemment le Salvador de Bukele ou le Mexique de Lopez Obrador. « Les Etats-Unis font pression sur nous, pour ces vingt personnes, alors je leur dis : « libérez immédiatement les quatre cents personnes que vous avez arrêtées et maintenez en prison pour avoir pris d’assaut le Capitole » a ironisé le président du Nicaragua.

Le Premier ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Ralph Goncalves, a quant à lui réaffirmé l’importance de l’ALBA pour s’opposer aux actions de la droite régionale, qui a pris le contrôle d’organismes internationaux tels que l’Organisation des États américains (OEA). « Ils ont réussi à inventer un coup d’État à travers les missions électorales. L’Alba-TCP est un tout, il est plus que la somme de ses parties. Nous devons nous défendre mutuellement afin qu’ils ne nous détournent pas de notre chemin » a souligné le premier ministre Ralph Goncalves. Pour sa part le Premier Ministre de la Dominique, Roosevelt Skerrit (photo) a expliqué comment « les Etats-Unis et l’OEA ont tenté de s’ingérer dans les élections qui ont eu lieu dans son pays mais qu’ils ont été mis en échec, comme en Bolivie. Nous ferons toujours partie de cette institution de l’ALBA, nous continuerons à travailler infatigablement parce que nous n’avons pas peur de d’élever nos voix. La solidarité avec le Venezuela doit être conditionnelle »

Le Président bolivien Luis Arce a profité de l’occasion pour présenter ses excuses aux missions diplomatiques du Venezuela et de Cuba qui ont été harcelées et persécutées en Bolivie à la suite du coup d’État du gouvernement d’extrême droite de Jeanine Áñez. « Nous menons la bataille judiciaire, nous nous battons pour la mémoire, la vérité et la justice, afin que ce type de coup d’État du XXIe siècle ne se répète pas » a-t-il souligné.

Rafael Correa, Evo Morales et Piedad Córdoba, ex-sénatrice colombienne et défenseuse des droits humains, étaient les invités spéciaux du sommet ALBA-TCP / ALBA-TCP, ainsi que les délégué(e)s du Congrès Bicentenaire des Peuples qui s’est déroulé à Caracas du 21 au 24 juin. Cordoba a dénoncé le massacre quotidien, les tortures et les disparitions de citoyen(ne)s et en particulier de jeunes par le gouvernement colombien et ses réseaux paramilitaires. « Et le monde se tait » a dénoncé le président vénézuélien.

Adriana Salvatierra, ex-présidente du Sénat de Bolivie, a lu les conclusions du Congrès Bicentenaire des peuples en défense des processus d’autodétermination des peuples, non seulement d’Amérique Latine mais aussi de Palestine et de la république Sahraoui. Ce Congrès autonome a réuni plus d’une centaine de militant(e)s de mouvements sociaux, partis, leaders (photos, ici de Haïti et Bolivie) qui ont élaboré des stratégies pour un monde libéré du capitalisme. Réunions sur les mouvements indigènes, les droits des femmes, des afrodescendants, de la diversité sexuelle, les droits des travailleur(se)s, des personnes âgées, l’écologie, la communication sociale, le monde multipolaire, etc… Leur déclaration finale, comme celle de l’ALBA, a été votée à main levée, comme feuille de route issue des mouvements sociaux, par les chefs d’Etat.

Soucieux d’intensifier l’intégration régionale, les présidents, ministres des affaires étrangères et premiers ministres ont également déclaré que l’un des objectifs était de réactiver l’Union des nations du Sud (UNASUR) et la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC). Rappelons que l’Alba-TCP a été fondé, en 2004, à l’initiative des présidents Hugo Chávez (Venezuela) et Fidel Castro (Cuba), peu après la défaite de la ZLEA – Zone de libre-échange des Amériques – défendue à l’époque par les États-Unis et ses satellites ultra-libéraux. Aujourd’hui, la plateforme anti-impérialiste rassemble le Venezuela, Cuba, la Bolivie, Grenade, la Dominique, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Antigua-et-Barbuda, le Nicaragua et Saint-Kitts-et-Nevis.

Par ailleurs, dans une initiative inédite, le Groupe de Puebla réagit aux menaces de déstabilisation de l’extrême droite réunie autour de Keiko Fujimori, et rencontrera le président élu du Pérou, Pedro Castillo, dans le cadre de la conférence « Défendre la démocratie, la souveraineté populaire au Pérou et le triomphe électoral du maître Pedro Castillo », qui sera animée par Marco Enríquez-Ominami, ex-candidat à la présidence du Chili et co-fondateur du Groupe de Puebla avec Lula da Silva, Dilma Roussef ou Evo Morales. Cette conférence comptera sur la participation exceptionnelle de l’ancien Premier ministre espagnol, José Luis Rodríguez Zapatero ; Jairo Carrillo, de la Conférence des partis politiques d’Amérique latine (COPPPAL) ; Maite Mola, du Parti de la gauche européenne ; Manu Pineda, député européen du groupe parlementaire de la gauche ; et Monica Valente, du Forum de Sao Paulo ; entre autres et d’autres personnalités du progressisme mondial.

L’événement, qui sera diffusé par le biais de Facebook Live du Groupe de Puebla, du Forum de Sao Paulo et de la chaîne Youtube du Parti des travailleurs brésiliens, entre autres, verra également la participation de l’ancien ministre des affaires étrangères de l’Équateur, Guillaume Long, de la sénatrice du Mexique, Beatriz Paredes, de l’ancien ministre du Brésil et fondateur du Groupe, Aloizio Mercadante, du sénateur argentin Jorge Taiana et de représentants de l’Internationale progressiste, du Groupe de la Fraternité et de la Coordination socialiste latino-américaine, entre autres.

La session est prévue pour ce samedi 26 juin aux horaires suivants :

  • 09:00 El Salvador, Guatemala, Honduras
  • 10h00 Colombie, Équateur, Mexique, Pérou et Panama.
  • 11h00 Bolivie, Chili, Paraguay et République dominicaine.
  • 12h00 Argentine, Brésil et Uruguay
  • 17:00 Espagne

Texte : Thierry Deronne, Caracas, le 25 juin 2021.

Source (entre autres) : https://www.brasildefato.com.br/2021/06/25/presidente-boliviano-propoe-criar-brigada-medica-da-alba-tcp-para-vacinacao-massiva de Michelle de Melo, correspondante de Brasil de Fato à Caracas / Groupe de Puebla ; https://www.grupodepuebla.org/el-grupo-de-puebla-y-otras-nueve-fuerzas-progresistas-se-reuniran-con-el-presidente-electo-del-peru-pedro-castillo/ .

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2021/06/26/du-sommet-de-lalba-au-groupe-de-puebla-la-gauche-en-mouvement/

Nouvelle donne politique au Vénézuéla… et retard de l’information en France

Retour au galop du réel refoulé par les grands médias. Alors que ceux-ci qualifiaient de « prisonniers politiques » les leaders d’extrême droite arrêtés pour possession d’explosifs ou organisation de violences meurtrières avec l’appui paramilitaire d’Alvaro Uribe, la droite vénézuélienne reconnaît à présent qu’il n’existe que des « personnes arrêtées ». Plus surprenant encore, elle admet la réalité d’une guerre économique qu’elle qualifiait jusqu’ici d’invention du président Maduro « pour cacher la faillite du socialisme bolivarien ». Le sociologue vénézuélien Franco Vielma nous éclaire sur ces revirements inattendus.

dialogoA l’initiative du gouvernement bolivarien, les partis de la droite vénézuélienne ont accepté récemment de s’asseoir à la table des négociations. La première étape de ce dialogue amorcé avec l’appui de l’ex-président du Panama Martin Torrijos et de l’ex-président espagnol Rodriguez Zapatero s’est achevée le samedi 12 novembre 2016. Entouré notamment du secrétaire général de l’UNASUR et ex-président de Colombie Ernesto Samper, de Leonel Fernandez, ex-président de la République Dominicaine, l’envoyé du Vatican Claudio María Celli a lu les cinq points principaux du communiqué final :

  1. Le gouvernement et la MUD (coordination des partis d’opposition à la révolution) ont convenu de combattre ensemble toute forme de sabotage, de boycott ou d’agression envers l’économie. La priorité sera donnée aux mesures en faveur de l’approvisionnement, production et importation de médicaments et aliments, via la planification et l’application de politiques de coopération entre les secteurs public et privé pour surveiller et contrôler les mécanismes d’acquisition et de distribution de matières premières et de marchandises.
  1. La droite accepte la sentence d’illégalité prononcée par le Tribunal Suprême de Justice à la suite de l’élection frauduleuse de trois de ses députés (Ndr : ces députés, exclus, ont offert leur démission au leader de la droite, Henry Ramos Allup, président de l’Assemblée Nationale). Les parties ont également convenu de travailler ensemble à la nomination de deux recteurs du Conseil National Électoral dot le mandat prend fin en décembre 2016.
  1. Les parties ont adopté une position unanime de défense des droits du Venezuela sur la région de l’Esequibo, adoptant l’accord de Genève de 1966 comme instrument juridique pour résoudre cette controverse territoriale.
  1. Les parties ont adopté une déclaration commune intitulée « Vivre ensemble en Paix ».
  1. Seront invités aux prochaines réunions un gouverneur de chacune des parties et des représentants des différents secteurs de la société. Une commission de suivi sera coordonnée par l’ex-président espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, par Jorge Rodriguez pour le gouvernement bolivarien et Luis Aquiles Moreno pour la MUD.

Qui gagne, qui perd ?

Dans le cadre strict des accords il n‘y a ni gagnant ni perdant. C’est une victoire de la Constitution Bolivarienne, soit une avancée majeure pour une société vénézuélienne qui réclame de ses leaders des alternatives et des solutions consensuelles, en particulier pour faire cesser les violences.

C’est sur la nouvelle donne politique et la perception publique que je voudrais faire quelques commentaires.

  • La coordination de la droite (MUD) admet face au pays qu’il y a un boycott et une agression économique persistants contre la population, reconnaissant entre les lignes que son capital politique est né d’un contexte d’extorsion et du désespoir d’une population qui a voté pour elle en décembre 2015. La guerre économique cent fois niée existerait donc ? C’est la MUD qui le dit à présent. Autre discours qui s’effondre : celui du « communisme régulateur » comme cause de la situation économique. La MUD adhère en effet à la nécessité de « surveiller, inspecter et contrôler » le flux de marchandises.
  • En reconnaissant que l’Assemblée Nationale ne peut maintenir des députés élus frauduleusement, la droite renonce au lexique destiné aux médias internationaux (ou commandé par eux…) d’« actions arbitraires » de la part d’une « dictature ». Les élections législatives dans l’état d’Amazonas ont été entachées de fraudes et devront être répétées.
  • 2016-11-12t210831z_276140051_s1beumlznbab_rtrmadp_3_venezuela-politics-825x510

    De gauche à droite : Jorge Rodriguez (Parti Socialiste Uni du Venezuela) pour le gouvernement, Leonel Fernandez (médiateur, ex-président de la République Dominicaine) et Carlos Ocariz, porte-parole de la MUD (pour l’opposition) lisant les accords.

    Carlos Ocaríz (porte-parole antichaviste qui a participé au dialogue, voir photo) use à présent du terme « personnes arrêtées » au lieu de celui de « prisonniers politiques » jusqu’ici destiné aux militants et dont la fonction était surtout d’agiter les médias internationaux (terme rentable également pour certaines « ONG de droits de l’homme » à l’œuvre également en Bolivie, en Equateur ou au Nicaragua).

  • Pas d’accord sur le référendum révocatoire, dont la collecte de signatures a elle aussi été entachée de fraudes massives (des milliers de personnes décédées apparaissant parmi les signataires) ni sur les prochaines élections générales (il y en aura deux en 2017). La rhétorique et la démagogie destinées aux militants souffre des incohérences, des divisions au sein de la droite, minant sa crédibilité. Même l’ambassade des États-Unis semble lassée de tant d’inefficacité. Il n‘est pas sûr encore que son soutien se poursuive avec la même intensité sous la présidence de Donald Trump.
  • Après de nombreux effets d’annonces sur la « prise du palais présidentiel » au terme de mobilisations de rue, la droite rentre dans les rangs institutionnels de l’Assemblée Nationale qu’elle pourra continuer à utiliser comme un bélier politique. Pour sa part le chavisme gagne en légitimité. La droite aurait-elle sous-estimé la capacité politique de Nicolas Maduro ?

Franco Vielma

Source : http://misionverdad.com/la-guerra-en-venezuela/reflexiones-sobre-los-resultados-del-dialogo-chavismo-mud

Traduction : Thierry Deronne

________________________

imagesLettre de Maurice Lemoine au médiateur de Radio France sur le traitement du Vénézuéla dans la matinale (16/11) de France Culture.

(Invitée : Paula Vasquez (EHESS / CNRS)

Votre message a bien été envoyé au Médiateur des antennes de Radio France. Il est en cours de traitement.

De : Monsieur Maurice Lemoine (75018)
Concernant la chaîne : France Culture

Votre message :

Au nom de la droite et de l’extrême droite vénézuéliennes, merci à M. Guillaume Erner pour son traitement de la crise vénézuélienne, à travers une seule intervenante, représentante (assez caricaturale, je vous l’accorde, mais universitaire, vous avez eu raison de le souligner) de l’opposition.

Merci d’avoir caché les responsabilités bien réelles de cette opposition dans la crise – en particulier dans le report (et non l’interdiction) du Référendum révocatoire.

Merci d’avoir occulté que se déroule actuellement un « dialogue », sous les auspices d’individus extrêmement douteux – M. Ernesto Samper, secrétaire général de l’Union des nations sud-américaines (Unasur) ; les ex-présidents panaméen et dominicain Martin Torrijos et Leonel Fernandez ; l’ex-chef du gouvernement espagnol José Luis Zapatero ; le représentant du Pape, Mgr Emil Paul –, dialogue auquel s’oppose la partie la plus « droitière » de l’opposition, représentée ce matin sur votre plateau.

Merci d’avoir innocemment introduit une petite séquence « Jean-Luc Mélenchon » dans votre lynchage des présidents Chavez et Maduro.

Merci encore de ne pas avoir mentionné, en évoquant les « pénuries » et la « famine », les similitudes étonnantes qu’elles présentent avec le phénomène constaté au Chili durant les mois qui ont précédé le renversement de Salvador Allende.

Merci surtout d’avoir laissé raconter qu’on ne trouve plus un journal dans les rues de Caracas – les occasions de rire sont tellement rares que, lorsqu’il s’en présente une, il faut en profiter à fond.

Merci, mille fois merci, de participer à l’affaiblissement du service public en lui ôtant toute crédibilité – ceux qui rêvent de le démanteler vous en seront gré.

Maurice Lemoine *

* NdR : Ex-rédacteur en chef du Monde Diplomatique, auteur de nombreux ouvrages sur l’Amérique Latine qu’il sillonne depuis trente ans, Maurice Lemoine a récemment publié « Les enfants cachés du général Pinochet. Précis de coups d’Etat modernes et autres tentatives de déstabilisation » (ed. Don Quichotte, 2015).

Pour écrire au médiateur : http://mediateur.radiofrance.fr/contact/mediateur/)

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2016/11/16/nouvelle-donne-politique-au-venezuela-et-retard-de-linformation-en-france/

Comment le Sommet des Amériques a écrit l’Histoire (tout ce que ne vous a pas dit « Courrier International »)

Démontez la désinformation de Courrier International (1) et la “chargée de l’Amérique Latine” Sabine Grandadam vous répondra qu’il n’y a pas de désinformation puisque ses sources sont “pluralistes”. Tout comme Thomas Cluzel (France-Culture), auteur d’un record de mensonges en cinq minutes (2) : “Je ne fais qu’une revue de presse internationale”. Tout le monde sait pourtant que l’information est passée sous le contrôle de grands groupes privés et que sous l’apparente “diversité” il y a peu de chances de trouver une dissonance avec la doxa. Ainsi, l’internationale médiatique fait campagne contre des États souverains comme l’Équateur, le Venezuela ou l’Argentine parce qu’ils font ce que toute démocratie doit faire : équilibrer la propriété des médias, desserrer l’étau du monopole privé en permettant aux secteurs public et associatif d’exister à parts égales (3). Une évidence difficile à comprendre pour Cluzel ou Grandadam puisque leur survie dépend sans doute du fait qu’ils ne la “comprennent” pas.

Pour nous parler du récent Sommet des Amériques en tout “pluralisme” (5), Courrier International a choisi cinq sources :

1 – El Nuevo Herald (États-Unis, droite souvent extrême, en pointe contre la gauche latino, propriété de la McClatchy Company, groupe propriétaire de 31 autres publications)

2 – El Universal (Venezuela, droite, propriété de l’entreprise privée espagnole Torreangulo Arte Gráfico et de Industrias Gráficas Bohe).

3 – El País (Espagne, autre fer de lance des campagnes contre la gauche latino, propriété du groupe PRISA. Impliqué dans le coup d’État d’avril 2002 contre le président Chavez (4), ce groupe est actionnaire à 12% du Monde et propriétaire de dizaines de télévisions, radios, revues, journaux dans 22 pays d’Amérique Latine et d’Europe).

4 – Daniel Lansberg-Rodriguez, politologue étasunien connu pour sa critique du “totalitarisme constitutionnel” de la gauche latino-américaine.

5 – Foreign Policy (États-Unis, droite, propriété de Graham Holdings Company, conglomérat propriétaire de The Washington Post, Newsweek., Slate, Graham Media Group, chaînes de télévisions, entreprises privées de santé, etc..)

Aucun média de gauche. Aucun média public. Aucun média associatif. Aucun gouvernement progressiste. Aucun des mouvements sociaux organisateurs du Sommet des Peuples qui ont travaillé parallèlement au Sommet des chefs d’État, sur des thèmes aussi anodins que la lutte pour l’emploi, le travail et un salaire digne, la sécurité sociale, les retraites, les négociations collectives, la syndicalisation, le droit de grève, la santé au travail, les droits économiques et sociaux, le respect des migrants et des afro-descendants, l’éradication du travail des enfants et de l’esclavage, l’égalité de genre, et dont les porte-paroles étaient pourtant accessibles à tout instant. Cumbre de Los Pueblos. Foto: Ismael Francisco/Cubadebate. Cumbre de los Pueblos. Foto: Ismael Francisco/Cubadebate.

Le “pluralisme” de Courrier International sur ce Sommet des Amériques, ce sont les médias conservateurs, privés, de préférence étasuniens.

L’article qui en résulte (5), c’est un peu le “plan média” de Washington : il fallait tout miser sur la photo de la poignée de main Obama-Castro pour redonner un look actif à la fin de mandat plutôt frustrante de l’occupant de la Maison Blanche. En réalité, ce n‘est pas grâce à Barack Obama que Cuba était présent pour la première fois depuis 1962 à un sommet de l’OEA mais à la pression constante, unitaire, des gouvernements latino-américains. Dans son intervention, Cristina Fernández a rappelé : « Cuba est aujourd’hui parmi nous parce qu’il a lutté pendant 60 ans avec une dignité sans précédents ». Obama, lui, n’avait rien apporté de neuf : dans les “mois qui viennent” il devrait en principe étudier la levée de l’embargo toujours en vigueur et fermer Guantanamo, base militaire et centre de tortures installée sur le territoire cubain.

CCVEyu9W4AAucu3Face au rejet unitaire par la CELAC, l’UNASUR, l’ALBA, PetroCaribe, le Groupe des 77 + la Chine et le Mouvement des Non-Alignés du décret traitant le Venezuela de “menace pour la sécurité des États-Unis”, Obama avait tenté in extremis de limiter les dégâts en divisant les latino-américains. La veille du Sommet, il découvrait que tout compte fait, “le Venezuela n’est pas une menace”. Mais les latino-américains pensent aussi. Pendant le Sommet, Barack Obama a dû écouter la dénonciation unanime de la violation du droit international que représente son décret. Il finira par abandonner l’assemblée plénière avant que Cristina Fernández n’intervienne : « La première chose que j’ai faite en apprenant l’existence de ce décret, ce fut de rire. Une menace ? C’est incroyable. C’est ridicule. Le général Perón disait qu’on revient de partout, sauf du ridicule ».

Dès l’extinction des feux médiatiques, la sous-secrétaire d’État Roberta Jacobson a rappelé que Washington ne reviendra pas sur le décret contre le Venezuela. Démentant les propos d’Obama sur la fin des ingérences, le Pentagone renforce sa présence en Colombie, au Honduras et au Pérou, déploie la IVème flotte, multiplie les opérations secrètes et l’espionnage des télécommunications.

Mais puisqu’il faut à tout prix “sauver le soldat Obama”, Courrier International martèle la vulgate : les militaires et civils arrêtés au Venezuela parce qu’ils préparaient un coup d’État l’ont été pour leurs “opinions”. Nul doute que si Salvador Allende et d’autres président élus démocratiquement avaient réussi à empêcher les coups d’État planifiés par Washington en faisant arrêter les Pinochet et consorts, Courrier International aurait lancé une campagne pour la libération de ces “prisonniers politiques”. (6)

Bref, oublions cet hebdomadaire qui n’a de valeur que comme témoin d’une nord-américanisation médiatique en France, et revenons au réel latino-américain, plus que copieux.

Un mouvement irréversible

Le véritable événement du Sommet des Amériques 2015, ce n’est bien sûr pas une photo, fût-elle celle d’Obama-et-Castro. C’est l’irréversibilité du mouvement de fond entamé en 2001 sous l’impulsion de Chavez, Kirchner et Lula, lorsque fut enterré le Traité de Libre Commerce que voulaient imposer les États-Unis, le Mexique et le Canada. »Qu’il est loin ce décembre 1994, note la journaliste argentine Telma Luzzani, quand Bill Clinton annonçait que les pays du continent américain devraient tous faire partie de l’ALCA, un seul marché sans barrières ! » (7).

21 ans plus tard, une CELAC indépendante remplace une OEA sous influence de Washington; l’UNASUR demande aux États-Unis de retirer leurs bases militaires (8); l’Amérique Latine signe d’importants accords de coopération avec la Chine et les BRICS; la Banque du Sud est sur le point d’être inaugurée. Pour le politologue argentin Juan Manuel Karg, le fait que les États-Unis et le Canada refusent de signer le document approuvé à l’unanimité par les 33 chanceliers d’Amérique Latine et des Caraïbes souligne cette distance croissante entre Nord isolé et Sud unifié de l’Amérique (9).CCVbrl0WIAAHOHn.jpglarge-632x356

Même la tentative d’Obama d’affaiblir PetroCaribe en profitant de la baisse des cours du pétrole n’a pas fonctionné : c’est d’une voix pratiquement unanime que les États des Caraïbes ont salué les bienfaits économiques et sociaux du programme de solidarité énergétique lancé en 2005 par Hugo Chavez.

La propagande peut-elle arrêter l’Histoire ? C’est ce que que croit encore Paulo Paranagua qui avait promis aux lecteurs du “Monde” qu’”Obama arrivait en position de force face à une Amérique Latine divisée” (sic). La même obsession du contrepied lui avait fait écrire à la mort de Hugo Chavez que “celui-ci avait nui à l’unité latino-américaine” au moment précis où l’ensemble des gouvernements, y compris de droite, ainsi que des organismes d’intégration et des mouvements sociaux du continent saluaient “l’œuvre du principal artisan de l’unité latino-américaine”…(10)

Une dimension populaire invisible pour les médias

Il y a eu, aussi, cet immense contraste dont aucun média occidental n’a rendu compte : d’un côté la dialectique entre peuples et leaders progressistes d’Amérique Latine; de l’autre, la solitude des pouvoirs du Nord. Pendant qu’Eduardo Galeano accomplissait son dernier geste public en signant l’appel à abroger le décret d’Obama, à Caracas Evo Morales le signait aux côtés de Nicolas Maduro, face à des milliers de vénézuéliens.ag_8678142862650311-632x752pueblo en Caracas para apoyar la entrega de 10 millones de firmas contra el decreto Obama

Dès son arrivée à Panama, le président bolivarien est allé à la rencontre d’autres invisibles des médias: les familles des milliers de victimes massacrées par les soldats étasuniens lors de l’invasion de Panama le 20 décembre 1989. Dans le quartier martyr de El Chorrillo, Maduro a reçu du « même peuple » qu’à Caracas 2000 signatures de plus contre le décret Obama et une lettre des familles des victimes de l’invasion, qu’il a remise au président Obama.

Invasion de Panama en décembre 1989. Bilan : près de 5000 morts.

Invasion de Panama en décembre 1989. Bilan : près de 5000 morts.

Nicolas Maduro

CCPoaroUkAAeItEAu Sommet des Peuples organisé en parallèle à l’officiel, Maduro, Morales et Correa ont poursuivi leur dialogue avec les mouvements sociaux. “L’important n’est pas de voter tous les cinq ans, mais d’être tous les acteurs actifs des décisions politiques” a rappelé le président vénézuélien. Pendant ce temps, dans un couloir du Sommet des États, le président mexicain, qui mène dans son pays – avec l’appui en armement des États-Unis – une destruction systématique des mouvements sociaux (dont le massacre de Ayotzinapa n’est que la pointe émergée) s’offrait un selfie avec l’empereur de la transnationale Facebook.

11presidentes-632x430

L’Équateur.

Le président de l’Équateur, Rafael Correa, a été le premier à s’exprimer avec force, exigeant l’abrogation du décret Obama : « le décret pris par le président Obama contre le Venezuela, viole de manière flagrante le droit international, et plus précisément, la teneur de l’article 3 de la Charte de l’OEA. En réponse, les pays de la région ont massivement rejeté ce décret et ont également demandé son abrogation. Désormais, nos peuples n’acceptent plus les mises sous tutelle, les ingérences et les interventions dans leurs affaires intérieures ». Rappelant les morts du quartier El Chorrillo (1989) lors de l’intervention des USA destinée à chasser du pouvoir le dictateur Manuel Noriega – qu’ils avaient dans un premier temps imposé – Rafael Correa a relevé que « la mémoire collective des peuples de ce continent est saturée des abus et des ingérences».

Le Brésil.

La présidente en exercice Dilma Roussef a signalé  : « la dynamique en cours, des relations au sein de l’hémisphère, n’admet plus les mesures unilatérales et les décisions politiques qui sont prises sous le sceau du secret. Parce qu’en général, elles s’avèrent être contre-productives et inefficaces. Par conséquent, nous rejetons l’adoption de sanctions contre le Venezuela. Le contexte dans lequel ce pays frère évolue, requiert la modération, mais aussi le rapprochement des positions de toutes les parties concernées. C’est dans ce but, que l’Unasur travaille, afin d’appuyer le dialogue politique entre le gouvernement et l’opposition vénézuelienne. Nous nous employons également à faire en sorte que toutes les parties respectent les règles démocratiques inhérentes à l’État de droit. »

 

Cuba.

Raul Castro, président de Cuba a dit sous les applaudissements que « le Venezuela n’est pas et ne peut représenter une menace pour la sécurité nationale d’une super-puissance comme les USA. Il est bon que le président nord-américain l’ait reconnu. Je réaffirme notre soutien résolu et loyal à la République Bolivarienne sœur, du Venezuela, à son gouvernement légitime, à l’union civico-militaire dirigée par Nicolas Maduro. Mais aussi au peuple bolivarien et chaviste qui lutte, tout en suivant sa propre voie ; qui fait face aux tentatives de déstabilisations, aux sanctions unilatérales dont nous réclamons la levée. »

Raul Castro a conclu en demandant «l’abrogation du décret – même si c’est difficile légalement – que notre communauté interprèterait comme une contribution au dialogue et à la compréhension mutuelle au sein de notre hémisphère. Nous savons ce qui se passe…il est également probable que de tous les pays réunis ici, c’est nous qui comprenions le mieux le processus en cours au Venezuela. Il en est ainsi, non pas parce que nous cherchons à nous immiscer, non pas parce que nous nous efforçons d’exercer notre influence, sur le cours des choses. Il en est ainsi non pas parce qu’on nous rapporte tout ce qui se déroule là-bas. Nous savons tout cela, car nous sommes passés par les mêmes épreuves que le Venezuela en ce moment. Et il est en train de subir des agressions identiques à celles dont nous avons eu à souffrir ! En tout cas une bonne part d’entre elles.»

 

L’Argentine.

Pour sa part, la présidente de l’Argentine, Cristina Fernandez de Kirchner, s’est prononcée d’une manière forte contre les sanctions prononcées par Obama : « Il est honteux que le déroulement de ce Sommet soit entaché par cette décision. Nous demandons de conserve avec les autres pays frères, que ce décret soit écarté. Toutefois, je n’en appellerai pas à la souveraineté, et ne verserai pas non plus de larmes. Je m’appuierai sur le bon sens. Le général Perón disait que l’on peut revenir de tout, sauf du ridicule. Et il est absolument ridicule de considérer que l’un d’entre nous, constituerait une menace. Je suis par ailleurs satisfaite de participer en ma qualité de présidente à la dernière réunion de ce sommet, car il s’agit d’un événement historique. Pour la première fois en effet, le Sommet des Amériques reçoit Cuba »

Il faut préciser que lors de cette intervention, Obama avait déjà quitté la séance plénière.

« Nous en étions là, quand survint soudainement la nouvelle de la signature de ce décret, déclarant que la République Bolivarienne sœur du Venezuela, représentait une menace pour la sécurité des USA. Je dois vous avouer qu’à l’écoute de cette annonce, je me suis dit : il y a une erreur. Ils doivent vouloir dire qu’ils ne sont pas d’accord avec la politique menée ; qu’ils condamnent cette politique. Mais non. On m’a remis le document. Une menace pour la sécurité des États-Unis. La première réponse qui me soit venue à l’esprit, n’a pas été une flamboyante répartie anti-impérialiste. J’ai éclaté de rire. Il est hautement improbable -cela frise le ridicule- que le Venezuela ou l’un des pays de notre continent puisse représenter une menace pour la première puissance du monde ».

« Au-delà de l’idée que nous nous faisons des USA, on ne peut manquer de reconnaître que ce pays est la plus grande puissance sur les plans militaire, économique, financier et scientifique. Il est pourvu d’un budget militaire s’élevant à 640 milliards de dollars. Dans ces conditions, les États-Unis devraient combattre d’une manière effective le narcotrafic et l’immigration illégale ». La présidente a comparé ce budget militaire à celui du Venezuela qui y consacre quant à lui, « 1 ou 2 milliards de dollars, voire un peu plus ». Cristina Fernandez de Kirchner a questionné : « comment concevoir que le Venezuela représente une menace pour la plus grande puissance du monde ? ».

Elle a également rappelé, qu’Obama lui-même se vantait devant ses compatriotes que son pays était le plus puissant de la planète ; que son budget militaire dépasse de 20 fois celui de l’Iran.

« Personne ne peut croire à cette menace du Venezuela. Tout comme personne ne peut envisager que l’Argentine représenterait une menace pour le Royaume-Uni ». Elle se référait ici à cette revendication historique de l’Argentine qui réclame la souveraineté sur les Iles Malouines (enjeu d’un affrontement militaire entre les deux pays en 1982). « J’ai été frappé par la similitude et la simultanéité de ces deux prises de position », a-t-elle conclu.

 

Trinidad et Tobago.

De même, Madame Kamla Persad-Bissessar, le premier ministre de Trinidad y Tobago a fait observer que la célébration de l’accueil de Cuba à ce Sommet des Amériques, coïncide avec la signature du décret visant le Venezuela.

« Président Maduro, je demande qu’une fois encore, nous élevions collectivement et individuellement notre voix. En tant que nations de la région, nous nous devons d’élever notre voix contre ce décret, dont vous nous avez rappelé qu’il existe un précédent, qui a été suivi d’une invasion. Bien que ce décret n’a pas été accompagné d’une déclaration de guerre, ou de tout acte du même genre, cette initiative nous inquiète au plus haut point ».

« Je souhaite ajouter que lorsque les  »éléphants » se mettent à jouer et à danser, c’est l’herbe qu’ils foulent qui en pâtit. Nous autres au Caricom, sommes nous cette « herbe menue ?» Nous sommes de petits pays, très soucieux de leur indépendance, et très en faveur de la démocratie et de la primauté du droit. Il en résulte que nous croyons à la souveraineté des nations, c’est pourquoi nous sommes avec vous, Président Maduro. En défense de votre souveraineté, de votre droit à l’autodétermination. Mais aussi pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Par ailleurs, je demande que tout le monde autour de cette table, en parle et croit en cela. Il faut faire ce que nous avons à faire, dès maintenant, et agir de notre mieux, afin d’aboutir à l’élimination de ce décret ».

Kamla Persad-Bissessar a également souligné que tous les pays membres de la Celac (Communauté d’États latino-américains et caraïbes) ont signé la demande d’abrogation de ce décret ; que la Caricom (Communauté caribéenne) est constituée de 14 des 33 nations faisant partie de cette organisation. Le Sommet des Amériques réunit quant à lui, 35 nations, à quoi il convient d’ajouter les USA et le Canada : « 33 d’entre elles ont déclaré que le décret était inutile et qu’il devait être retiré. Nous travaillons dans ce sens. Caricom a du poids: presque la moitié des pays constituant la Celac et le Sommet des Amériques. Ainsi donc, bien qu’étant de petits pays, nous nous faisons entendre parce qu’en la matière, nous sommes unis ».

 

La Bolivie.

Le président bolivien, Evo Morales a prononcé un discours fortement anti-impérialiste. A trois reprises, il a soulevé la question du décret de Barack Obama visant le Venezuela. « Aujourd’hui, ce sont nos peuples qui écrivent l’histoire. Sur le plan politique, économique et militaire, notre Amérique latine et les Caraïbes, ont longtemps été prises en otage par l’Empire, en vertu de la doctrine Monroe nord-américaine :  »L’Amérique aux Nord-américains ». Nous ne voulons plus de Monroe sur notre continent. Nous ne voulons plus de doctrine Truman, plus de doctrine Reagan, plus de doctrine Bush. Nous ne voulons plus de décrets présidentiels, plus d’ordres de l’exécutif, qui déclarent que nos pays représentent une menace. Nous ne souhaitons plus être mis sous surveillance, que nos téléphones soient piratés, que l’on séquestre des avions présidentiels. Nous voulons vivre en paix. Laissez-nous vivre en paix ! »

« De quelle démocratie parle-t-on, lorsque l’on transforme un peuple révolutionnaire tel que celui du Venezuela, en une menace pour la sécurité nationale ? Le peuple vénézuelien, tout comme ceux de l’Amérique latine et des Caraïbes, ne représentent une menace pour quiconque. La solidarité, la justice, l’égalité, les idées, sont nos seules armes. Nous luttons pour que nos concitoyens puissent jouir d’une vie décente, digne d’un être humain. Selon cette logique, tous les gouvernements d’Amérique latine représentent une menace évidente pour la sécurité des USA ! La menace qui pèse sur les USA, ne provient d’aucun des peuples de l’Amérique latine. Elle est le résultat de leurs propres erreurs, de leur condition d’empire et de leur capacité à déclencher partout des guerres, là où la paix devrait régner ».

Evo Morales a également dénoncé le fait « qu’il n’est pas possible pour eux (les USA) d’expulser du Sommet, l’ensemble de nos mouvements sociaux. 33 pays appuient le Venezuela, et qu’un ou deux pays appuient le décret qui menace non seulement le Venezuela, mais aussi toute l’Amérique latine et les Caraïbes. Sœurs et frères : puisque les USA sont l’une des plus grandes puissances du monde, alors je prie le Président Obama de faire en sorte que l’Amérique soit un continent de paix et de justice sociale. Président Obama, si vous considérez être le dirigeant d’une puissance planétaire, je vous demande de protéger la Terre Mère, pour que l’Humanité puisse être sauvée ».

 

L’Uruguay.

Le président uruguayen Tabaré Vasquez a condamné la menace latente que les USA font planer sur le droit à l’auto-détermination des peuples de l’Amérique latine et des Caraïbes. Il a également prôné le respect des principes garantissant la pleine expression du droit international, tout en exigeant la non ingérence dans les affaires intérieures des pays. Il a aussi émis le vœu que l’on travaille au règlement pacifique des différends.

Tabaré Vasquez a par ailleurs précisé qu’il était impossible de ne pas inclure à l’ordre du jour de cette assemblée plénière, l’agression commise contre la souveraineté du Venezuela, faisant suite à la signature du décret pris par le président des USA, Barack Obama, le 9 mars dernier. « Pour le dire brièvement et clairement : comme nous l’avons d’ores et déjà exprimé à l’occasion de rencontres bilatérales ou multilatérales -UNASUR et OEA- nous rejetons le décret du Gouvernement des États-Unis, ce qui illustre bien notre engagement en faveur du plein respect du droit international, du règlement pacifique des différends, mais aussi du principe de non ingérence dans les affaires intérieures d’autres pays ».

Tout en soulignant qu’en absence de discussion, il n’y aura pas d’issue possible, le président Vasquez a précisé : « Pour le Venezuela, nous appelons au dialogue, toutes les parties en présence ». Le président uruguayen a réitéré son appel à ce que les gouvernements s’abstiennent d’appliquer des mesures coercitives et unilatérales, qui contreviennent au droit international. Il a aussi rendu hommage au rétablissement des relations entre Cuba et les USA, la participation de l’île à ce Sommet en étant l’une des manifestations : « Il convient également de le garder à l’esprit. Nous saluons la présence de Cuba à ce Sommet, dont elle n’aurait jamais dû être absente ». Vasquez s’est également félicité de l’ouverture d’un dialogue de paix entre le gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Des conversations qui se déroulent depuis 2012, à la Havane.

Le Salvador.

Le président salvadorien, Salvador Sanchez Ceren, a réclamé l’abrogation du décret signé par le président Obama, le 9 mars dernier. « Je ne peux manquer de noter » a-t-il dit, « que les récentes mesures récemment prises par les USA contre le Venezuela, ont aggravé les tensions entre les deux nations. Ces mesures ont également un impact sur le climat de paix et de concorde, que nous promouvons en Amérique latine. Il est important de se rappeler que tout au long de notre histoire, aucune des mesures unilatérales prises par un État contre un autre n’a résolu quoi que ce soit. Bien au contraire, les problèmes se sont approfondis. Par conséquent, en vertu de ce constat, et invoquant le principe de l’auto-détermination des peuples, nous considérons que le décret récemment pris contre le Venezuela devrait être annulé ». Le président a par ailleurs fait ressortir la participation de Cuba à ce Sommet, pour la première fois depuis son exclusion de l’OEA en 1962.

« Pour la première fois, tous les pays de l’Hémisphère sont réunis, pour atteindre un objectif commun, et travailler conjointement pour le bien-être de nos peuples ». Le président a également salué les progrès accomplis par l’île et le Gouvernement des États-Unis, en vue du rétablissement des relations diplomatiques entre les 2 pays. Et ce, après 50 années d’hostilités entretenues par les USA contre Cuba.

Antigua y Barbuda.

Le premier ministre d’Antigua y Barbudo, Gaston Browne, a condamné samedi le décret pris par le président des États-Unis Barack Obama, par lequel il déclare que le Venezuela représente « une menace » pour la sécurité nationale, et la politique étrangère de son pays. Une action qui a été condamnée par nombre de gouvernements et d’organisations d’intégration dans le monde. Il s’est également félicité du rétablissement des relations entre les USA et Cuba, et de la participation à ce Sommet, de cette île des Caraïbes. G Browne a appelé les pays de l’hémisphère à travailler de manière conjointe, pour lutter contre la pauvreté et offrir des emplois décents à tous ceux qui font partie de ce continent. « Continuons à travailler ensemble, solidairement, pour le progrès des peuples de cet hémisphère » a-t-il conclu.

Le Nicaragua.

Le président du Nicaragua, Daniel Ortega a observé que le décret pris par le président des États-Unis, Barack Obama contre le Venezuela, a mis à mal le consensus qui aurait pu conduire à la déclaration finale de ce VIIème Sommet des Amériques (Panama), rassemblant 35 nations du continent.

« Qui est le provocateur ? Les USA. Qui a fait du mal à ce Sommet ? Les USA. Pourquoi ce Sommet ne se termine-t-il pas, par une déclaration finale ? A cause des USA. Qui a fait du mal à ce Sommet en focalisant sur lui, les préoccupations politiques de ce Sommet ? C’est le décret. Par conséquent, ce dernier a empêché d’aboutir à tout accord sur une résolution commune. »

Le président a dédié une grande partie de son discours à l’énumération des nombreuses interventions et invasions visant les pays de l’Amérique centrale, dont les USA ont été les auteurs. Il a par ailleurs écarté l’hypothèse selon laquelle ces dernières se justifiaient du fait de la Guerre Froide, parce que la plupart ont été perpétrées, bien avant la création de l’Union soviétique. Il a précisé que le décret d’Obama est alarmant parce qu’il se situe dans le droit fil de ces ingérences et interventions.

Daniel Ortega a aussi rappelé les propos du président du Panama, Juan Carlos Valera : 97% du document final résultent d’un consensus sur les aspects économiques, sociaux et autres thèmes abordés. Toutefois, les 3% restant, relatif au volet politique ont été rejetés par les USA. Le président du Nicaragua a également insisté sur le fait que le décret Obama remettant en cause la souveraineté du Venezuela, est un coup porté à l’Amérique tout entière.

Il a en outre observé que le rétablissement des relations entre Cuba et les USA, peut être interprété comme un geste d’Obama. « Indubitablement, toute l’Amérique latine se sent concernée par ce geste. (…) Cependant, les USA se retournent maintenant contre le Venezuela, au prétexte que ce ne serait pas un pays  »démocratique ». Un pays dans lequel se sont déroulées 20 consultations électorales, ne serait pas une démocratie ? Le Venezuela incarne désormais le mal. On tend la main à droite, et l’on porte un coup à gauche ».

 

San Vicente et las Granadinas

Ralph Gonsalves, premier ministre, a exprimé sa préoccupation “face aux actions exécutives qui traitent la République du Venezuela comme une menace, et face aux sanctions, qui marquent un continuel manque de respect pour l’autonomie de ce pays. La situation qui menace le Venezuela nous menace tous. Le Venezuela a été et reste un partenaire, un ami, un pays qui a travaillé pour la paix et l’intégration entre toutes les nations d’Amérique. Caractériser le Venezuela comme une menace ou Cuba comme pays pro-terrroriste, sont des mensonges”.

Les blocus et les décrets sur des menaces attentent contre notre idéal de prospérité, de développement conjoint et de collaboration que nous appuyions ici , où nous avons besoin de respect et de dialogue”.

Jamaïque

Portia Simpson-Miller, premier ministre : “Les accords offerts par le gouvernement du Venezuela à travers Petrocaribe sont un des meilleurs exemples de coopération nord-sud et résument bien l’esprit de ce sommet : prospérité avec équité. Nous voudrions profiter de cette occasion pour remercier une fois de plus le président Maduro pour cet appui continuel apporté par le Venezuela à notre pays”.

Haïti

Michel Martelly, président : “Je voudrais profiter de cette tribune pour rendre un grand hommage au peuple et au gouvernement du Venezuela, en particulier au président Maduro, et lui donner nos remerciements pour l’alliance et la solidarité exprimées concrètement travers des programmes comme PetroCaribe initié par feu le Président Hugo Chávez Frías. Ce programme dont bénéficient une grande majorité de peuples des Caraïbes et de l’Amérique centrale, constitue une aide inestimable pour le peuple d’Haïti, sans lui nous n’aurions pas été en mesure de faire face à des besoins fondamentaux”.

Thierry Deronne, Caracas, 15 avril 2015

Traduction des interventions des chefs d’État : Jean-Marc del Percio

Notes :

(1) « Courrier International », le produit offshore du « Monde », 18 février 2015, https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/02/18/courrier-international-le-produit-offshore-du-monde/

(2) Thomas Cluzel ou l’interdiction d’informer sur France Culture, 12 mars 2015, https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/03/12/thomas-cluzel-ou-linterdiction-dinformer-sur-france-culture/

(3) C’est selon la loi ce que devrait faire le CSA en France. Il est vrai que malgré quarante ans de théorie critique des médias, la gauche occidentale n’a pas eu le courage de passer à la pratique et de démocratiser la propriété des médias.. hâtant ainsi sa propre disparition.

(4) Voir à ce sujet l’étude du conseiller parlementaire espagnol José Manuel Fernández (Izquierda Unida) : “Prisa por el Golpe”, http://www.ehu.eus/mediaberri/00tik10arte/08%20Astea/Investigaci%F3n%20realizada%20IU%20venezuela.htm

(5) “Diplomatie : une poignée de main historique entre Obama et Castro”, http://www.courrierinternational.com/article/diplomatie-une-poignee-de-main-historique-entre-obama-et-castro

(6) Sur ce coup d’État, lire le récit d’Ignacio Ramonet, La tentative de coup d’Etat contre le Venezuela, 7 mars 2015, https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/03/07/la-tentative-de-coup-detat-contre-le-venezuela-par-ignacio-ramonet/

(7)  “EE.UU ya no marca la agenda”, http://www.pagina12.com.ar/diario/elpais/1-270363-2015-04-12.htmlTelma Luzzani

(8) L’UNASUR exige des États-Unis qu’ils retirent leurs bases militaires d’Amérique Latine 5 avril 2015, https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/04/05/lunasur-exige-des-etats-unis-quils-retirent-leurs-bases-militaires-damerique-latine/

(9) Les États-Unis ont motivé leur refus par leur désaccord avec six points : le transfert de technologies sans conditions, le combat contre le changement climatique, la reconnaissance de la santé comme droit humain, l’accès sûr et fiable aux technologies de l’information et le respect de la privacité, et l’annulation du décret Obama contre le Vénézuela. Lire aussi de Juan Manuel Karg, América Latina después de Panamá, http://alainet.org/es/articulo/168918

(10) Lire « L’Amérique Latine et les Caraïbes saluent le principal artisan de l’unité continentale », par Maurice Lemoine, https://venezuelainfos.wordpress.com/2013/03/12/lamerique-latine-et-les-caraibes-saluent-le-principal-acteur-de-lunite-continentale-par-maurice-lemoine/

Interventions des chefs d’État collectées par Luigino Bracci :  http://albaciudad.org/wp/index.php/2015/04/cumbre-americas-rafael-correa-dilma-rousseff-evo-morales-cristina-fernandez-rechazan-orden-ejecutiva-obama/

 

URL de cet article : http://wp.me/p2ahp2-1RP

Un Sommet des Amériques sous tension, par Maurice Lemoine

Depuis 1994, sous les auspices de l’Organisation des Etats américains (OEA), tous les pays du continent, à l’exception de Cuba exclue depuis 1962, se réunissent périodiquement dans le cadre du Sommet des Amériques pour débattre des questions d’intérêt commun. Sa septième édition se tiendra les 10 et 11 avril au Panamá et, présentée comme « historique », devrait compter sur la présence de Barack Obama et Raúl Castro.

La première rencontre d’Obama avec ses pairs a eu lieu lors du sommet tenu en avril 2009 à Puerto España (Trinité et Tobago). Nombre d’observateurs attendaient avec gourmandise le moment où le locataire de la Maison-Blanche croiserait le Vénézuélien Hugo Chávez, victime en 2002 d’une tentative de coup d’Etat soutenue par George W. Bush – également impliqué dans la tentative de déstabilisation du président bolivien Evo Morales en septembre 2008. Ceux qui espéraient un clash en ont été pour leurs frais. Obama a salué Chávez, en espagnol, d’un cordial « Cómo estás ? » et celui-ci lui a répondu en anglais « I want to be your friend ».

Sommet de Trinidad et Tobago (2009). Le président Chavez offre au président Obama “Les Veines ouvertes de l'Amérique Latine” de l'uruguayen Eduardo Galeano (1971), récit implacable du pillage des ressources de l'Amérique latine depuis le début de la colonisation européenne des Amériques jusqu'à l'époque contemporaine. On ignore si l’occupant du Bureau Ovale l’a lu.

Sommet de Trinidad et Tobago (2009). « I want to be your friend ! » : le président Chavez offre au président Obama “Les Veines ouvertes de l’Amérique Latine” de l’uruguayen Eduardo Galeano (1971), récit implacable du pillage des ressources de l’Amérique latine depuis la colonisation européenne des Amériques jusqu’à l’époque contemporaine.

Face à la majorité de chefs d’Etat catalogués « de gauche » ou « de centre gauche » arrivés au pouvoir depuis la fin des années 1990, Obama avait alors offert un dialogue « d’égal à égal », « un nouveau commencement », tout en confirmant qu’il maintiendrait l’embargo imposé à Cuba. Cette annonce a empêché la signature d’une « Déclaration finale » commune, mais, marquant un évident changement d’époque, il n’y a pas eu de confrontation.

Toutefois, rapidement, l’espoir de relations équilibrées s’est converti en déception. C’est bel et bien avec l’assentiment et parfois la participation directe de Washington, sous le mandat du même Obama, qu’ont été renversés les présidents hondurien Manuel Zelaya (2009) et paraguayen Fernando Lugo (2012), et qu’un soulèvement policier à caractère putschiste a tenté de « sortir » l’Equatorien Rafael Correa (2010). La réactivation de la IVe flotte US – pour patrouiller au large de l’Amérique centrale et du Sud – ainsi que l’utilisation par le Pentagone de sept bases militaires en Colombie ont fortement indisposé les gouvernements progressistes du sous-continent. En septembre 2013, furieuse de l’espionnage de la NSA, dont elle et ses collaborateurs avaient été victimes, la présidente brésilienne Dilma Rousseff a dénoncé l’administration Obama devant l’Assemblée générale de l’ONU et, en signe de protestation, a annulé une visite d’Etat prévue à Washington. Peu de temps auparavant, en avril 2012, lors du Sommet des Amériques de Carthagène (Colombie), une majorité de pays avaient témoigné leur solidarité envers Cuba en menaçant de ne pas participer à celui de 2015, au Panamá, si l’île n’y prenait pas part.

L’annonce était assortie de dangers trop précis pour être prise à la légère, un tel boycott réduisant encore un peu plus l’influence de Washington dans son « arrière-cour » et infligeant publiquement un camouflet à la Maison-Blanche. En effet, depuis la création en 2008 de l’Union des nations sud-américaines (UNASUR ), à l’initiative de Chávez et de son homologue brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, puis, en 2011, de la Communauté des Etats latino-américains et caraïbes (CELAC : tout le continent sauf les Etats-Unis et le Canada), l’OEA demeure la seule instance régionale au sein de laquelle le Département d’Etat peut faire entendre sa voix. Plutôt que d’affronter un outrage tout en torpillant le forum le plus important à ses yeux, Obama, dans le registre « puisque les événements nous échappent, feignons de les organiser », a annoncé, le 14 décembre 2014, l’ouverture de négociations avec La Havane en vue de rétablir les relations diplomatiques entre les deux pays. Se sortant ainsi d’une situation délicate. De fait, cette décision a été saluée par l’ensemble de la communauté internationale, particulièrement sa composante interaméricaine, qui y a vu – une seconde fois ! – le début d’une nouvelle ère dans les Amériques.

Las ! Chassez le naturel, il revient au galop… Au Venezuela, incapable de l’emporter dans les urnes, la droite radicale, depuis février 2014, s’est lancée dans une campagne de déstabilisation du successeur de feu Chávez, Nicolás Maduro. Alors que cette situation conflictuelle est généralement présentée, dans les médias, comme de la seule responsabilité du gouvernement bolivarien, dès le 7 mars 2014, au nom de l’UNASUR, la présidente du Chili, la modérée Michelle Bachelet, a donné le ton : « Nous n’appuierons jamais un mouvement qui refuse le résultat des élections et cherche à renverser par la violence un gouvernement élu librement et démocratiquement. » Ce qui n’empêchera pas le dirigeant d’opposition vénézuélien Leopoldo López d’encourager ses partisans, le 19 mars suivant : « Je lance à un appel à tout le pays pour maintenir et augmenter la pression jusqu’au renversement de la dictature » – ce qui lui a valu d’être inculpé et arrêté.

Après quarante-trois morts – dont de nombreux civils victimes des enragés de l’opposition et six membres des forces de l’ordre tués par balles -, une nouvelle tentative putschiste a été neutralisée le 12 février 2015, entraînant l’arrestation de plusieurs militaires et du maire de Caracas Antonio Ledezma. Se portant au secours des éléments factieux, Obama a réagi en signant le 9 mars un « Executive Order » décrétant une « urgence nationale » pour répondre à « la menace inhabituelle et extraordinaire » que représente le Venezuela « pour la sécurité nationale et la politique extérieure des Etats-Unis ».

Au terme d’une visite à Caracas où, en compagnie des ministres des Affaires étrangères Mauro Vieira (Brésil), María Ángela Holguin (Colombie) et Ricardo Patiño (Equateur), il a pris connaissance des preuves de la conspiration réunies par le gouvernement vénézuélien, le président de l’UNASUR, l’ex-président colombien Ernesto Samper, a recommandé à l’opposition « de jouer le jeu électoral et de renoncer à la violence ». Réunis en session extraordinaire à Quito le 14 mars, les Etats membres de l’organisation ont manifesté leur rejet unanime du décret « impérial » et, déclarant que l’ingérence des Etats-Unis dans la région « crée une très forte tension », réclament son abrogation. Depuis, la CELAC s’est prononcée dans le même sens, de même que la Russie, le G-77 + Chine (plus de 130 membres), le Mouvement des pays non-alignés (120 pays, soit deux tiers des pays membres de l’ONU) – c’est-à-dire le gros de la « communauté internationale » (qui ne se limite pas aux Etats-Unis, à l’Union européenne et à leur excroissance, l’OTAN).

Lorsqu’il atterrira au Panamá, le 10 avril, Obama n’y sera sans doute pas accueilli avec des fleurs par ses partenaires latino-américains. Malgré la présence tant attendue et commentée de Cuba, ce Sommet des Amériques risque davantage d’être celui de la discorde que celui de la réconciliation.

Maurice Lemoine au Honduras avec Giorgio Trucchi

Maurice Lemoine (à droite) et Giorgio Trucchi (à gauche) au Honduras en 2013 pour couvrir la résistance populaire au coup d’État mené par l’oligarchie contre le président Zelaya avec l’appui des États-Unis.  Journaliste et ex-rédacteur en chef du Monde diplomatique, Lemoine couvre l’Amérique Latine depuis plus de quarante ans. Derniers ouvrages parus : “Chávez Presidente !”, « Sur les eaux noires du fleuve », “Cinq cubains à Miami” et récemment  “Les enfants cachés du général Pinochet” (Editions Don Quichotte, en librairie depuis le 2 avril 2015). Lire l’interview à ce sujet : http://wp.me/p2ahp2-1PD

Source : http://huff.to/1yP250Y

URL de cet article : http://wp.me/p2ahp2-1RH

L’UNASUR exige des États-Unis qu’ils retirent leurs bases militaires d’Amérique Latine

« L’Argentine représente une menace pour nous ». C’est en usant d’un argument semblable à celui du président Obama au sujet du Venezuela que Londres vient d’augmenter sa présence militaire dans les îles Malouines, en plein territoire argentin. María Cristina Perceval, ambassadrice de l’Argentine aux Nations Unies, a dénoncé cet acte hostile auprès du secrétaire général Ban Ki-moon, ainsi que du Comité Spécial de Décolonisation et du Groupe des 77 + la Chine : « Nous, qui ne sommes pas une menace, nous menacerions ceux qui de manière constante nous menacent. Nous défendons les principes de souveraineté, de dialogue et d’intégrité territoriale alors que le Royaume-Uni utilise ce thème comme un mécanisme dégradant dans sa politique intérieure. La voie de la violence n’a pas sa place dans une zone de paix et de coopération comme l’est l’Atlantique Sud.”

anexo_2_portaaviones_de_la_iv_flotaParallèlement, dans le cadre de la contention des démocraties de gauche, les États-Unis renforcent leur présence militaire en Amérique latine. En février 2015, sous l’argument de « combattre le trafic de drogue et le terrorisme », le gouvernement péruvien a approuvé l’augmentation demandée par Washington d’une augmentation de son contingent de 125 a 3.200 marines en 2015, qui seront répartis dans les sept bases étasuniennes installées au Pérou. Le gouvernement péruvien – membre de « L’Alliance Pacifique » proche de Washington et dont font partie aussi le Chili, le Mexique et la Colombie – a également octroyé à la IVème Flotte trois ports pour qu’elle puisse héberger et ravitailler ses navires de guerre.

Par ailleurs, la base aérienne étasunienne de Soto Cano, au Honduras – que l’on appelle également « Palmerola » et qui se situe à 86 km de Tegucigalpa – a reçu ce mercredi le renfort d’une nouvelle unité spéciale. La base de Soto Cano, qui accueille en permanence un effectif de 500 à 600 soldats américains, va voir 250 marines supplémentaires s’ajouter à ces forces. Ils seront accompagnés d’au moins 4 hélicoptères lourds, et d’un catamaran amphibie à grande vitesse, conçu pour le transport de troupes et de matériel de port à port, dans le cadre de l’ouverture d’un théâtre d’opération militaire. La nouvelle unité sera définitivement opérationnelle entre juin et novembre.

bases-yanquisCes effectifs supplémentaires sont censés répondre « à une situation de crise ». Officiellement, leur mission consiste à collaborer avec l’armée hondurienne, améliorer sa formation, apporter une assistance humanitaire, et participer à des « opérations anti-drogue »  (SPMAGTF-South). L’arrivée de cette nouvelle force est concomitante de la venue au Honduras de John Kelly, le chef du Commandement Sud de l’armée américaine, qui a participé à la Conférence sur la sécurité transnationale Centraméricaine. Les représentants et chefs des armées de 14 pays étaient présents, dont le Canada, le Mexique, la Colombie, la République Dominicaine, Haïti et le Costa Rica.

En 2009, le président de la République hondurienne -Manuel Zelaya- avait manifesté son intention de transformer Soto Cano en aéroport civil, avec le financement de l’ALBA (Alliance bolivarienne pour les Amériques). Cette décision avait été rejetée par l’ambassadeur des États-Unis au Honduras et peu après, en juin 2009, Manuel Zelaya avait été renversé par un coup d’État. Soto Cano – clé de voûte de la défense des intérêts américains dans la région – servit alors d’appui logistique pour l’arrestation et l’expulsion du territoire du président. En France le quotidien « Libération », notamment, avait justifié ce coup d’État sous la plume de Gérard Thomas, avec l’argument que « Zelaya avait joué avec le feu ». Depuis, le Honduras a vu des centaines de militants des mouvements sociaux et des dizaines de journalistes assassinés sélectivement avec l’appui de formateurs de la police venus de Colombie et d’Israël, et Soto Cano est resté un aéroport militaire sous contrôle des États-Unis.

Bases-militares-en-ColombiaEnfin, la sous-secrétaire d’État américaine à la Défense Mary Beth Long, a félicité les forces armées de Colombie d’avoir pris en compte la « menace » éventuelle que pourrait représenter le Venezuela, apportant ainsi une réponse à ceux qui se demandaient quelles seraient les missions futures d’une armée forte de 500 000 hommes, une fois résolu -par le biais d’un accord entre les parties- le conflit avec la guérilla colombienne.

La réponse de l’UNASUR

samper-unasur-630x378Dans ce contexte qui pourrait voir le décret du président Obama désignant le Venezuela comme « une menace extraordinaire et inhabituelle contre les États-Unis » se transformer en conflit armé, Ernesto Samper, le secrétaire général de l’UNASUR – qui regroupe les douze nations sud-américaines, a proposé lundi, l’élimination de toutes les bases militaires américaines implantées sur le territoire de l’Amérique latine, les considérant comme des anachronismes « de l’époque de la Guerre Froide ».

C’est dans la perspective du Sommet des Amériques qui se tiendra au Panama, les 10 et 11 avril prochains, que l’ex-président colombien Ernesto Samper a déclaré : « qu’il n’y ait plus de bases militaires nord-américaines en Amérique du Sud, constituerait un bon départ pour le nouvel agenda des relations à établir entre les USA et l’Amérique Latine ».

Opposant une fin de non recevoir aux mesures unilatérales prises par les USA à l’encontre du Venezuela, Samper considère qu’il serait temps de repenser les relations entre le Gouvernement des États-Unis et l’ensemble des pays de la région. En cela, la conférence qui se déroulera prochainement au Panama arrive à point nommé : « dans un monde globalisé comme le nôtre, il n’est pas possible de préconiser des règles du jeu pour l’économie à l’échelle mondiale, tout en imposant l’unilatéralisme dans le domaine politique. Aucun pays n’est en droit de juger de la conduite d’un autre, et moins encore de lui imposer des sanctions ou des pénalités pour son propre compte ». Ernesto Samper a condamné le fait qu’ «un pays qui n’adhère pas formellement au système inter-américain de protection des Droits de l’Homme (Les États-Unis, NdT), s’érige en juge ».

Il a souligné que la rencontre entre le président de Cuba, Raul Castro, et son homologue nord-américain Barack Obama, est l’un des moments attendus de ce Sommet. Samper a également insisté sur le fait qu’il serait important de procéder à un tour d’horizon sur la nécessité de lever le blocus économique imposé à Cuba et qui reste en vigueur malgré les négociations actuelles. De plus, selon le secrétaire général de l’UNASUR, il faudra aborder d’« autres thèmes que ceux pour lesquels les USA manifestent un intérêt ».

… et des États-Unis

Roberta-Jacobson-Departamento-Latinoamerica-AP_NACIMA20130228_0470_6La sous-secrétaire d’État des États-Unis pour l’Amérique Latine, Roberta Jacobson, a déclaré ce vendredi être « déçue » par la réaction et le large soutien des pays latino-américains au Venezuela face aux sanctions et au décret adoptés par le président étasunien Barack Obama

Au terme de sa participation à une conférence au centre d’Études Brookings à Washington, dans laquelle elle a abordé le prochain Sommet des Amériques qui aura lieu à Panama les 10 et 11 avril, Jacobson a déclaré que « les mots sont importants, comme le ton sur lequel on dit ces mots. Le ton qu’utilisent maintenant les leaders latino-américains diabolise les États-Unis comme si c’était la source des problèmes du Venezuela alors que ce n’est pas le cas. Cela nous empêche d’avancer de façon pragmatique. J’ai été déçue qu’il n’y ait pas plus de pays qui défendent le fait que les sanctions n’étaient pas destinées à faire des dommages aux Vénézuéliens ou au gouvernement vénézuélien dans son ensemble » a expliqué la diplomate.

La sous-secrétaire d’État étasunienne a argumenté que les sanctions « contre certains fonctionnaires vénézuéliens ont été très spécifiques et que l’Administration Obama s’est refusée à prendre toute mesure tant qu’il y avait un espoir de dialogue entre le gouvernement de Nicolas Maduro et l’opposition. Mais il est arrivé un moment où on ne percevait pas de volonté claire de trouver des solutions qui iraient dans la bonne direction, nous avons vu encore plus d’arrestations et aucune libération importante.»

Rappelons que suite à une énième tentative de coup d’État contre le gouvernement vénézuélien et le président Maduro, élu en 2013, plusieurs organisateurs du putsch – militaires et civils comme Antonio Ledezma – ont été arrêtés. Ils ont aussitôt été transformés en “prisonniers politiques” par des médias qui épousent la vision de la Maison Blanche et mettent en doute ou passent sous silence les actions violentes d’extrême-droite ou la préparation de coups d’État contre des démocraties de gauche en Amérique Latine, tels “Le Monde” ou “Libération” (France).

Sources : http://www.telesurtv.net/ , http://www.resumenlatinoamericano.org/2015/04/03/ee-uu-admite-fracaso-en-su-agresion-contra-venezuela/ et http://www.cubadebate.cu/noticias/2015/03/31/propone-unasur-eliminacion-de-las-bases-militares-en-latinoamerica-infografia/#.VRyL9fyG-88

Traduction : Jean-Marc del Percio

URL de cet article : http://wp.me/p2ahp2-1QX

(Photos) Mille tambours contre les médias

Au Brésil un militant du Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre parmi des milliers à manifester leur solidarité avec la révolution bolivarienne face au décret Obama

Au Brésil un militant du Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre parmi des milliers à manifester leur solidarité.

Rarement un président états-unien a fait une telle unanimité contre lui. Après l’UNASUR soit les douze gouvernements sud-américains, la CELAC qui regroupe les 33 états d’Amérique Latine et des Caraïbes, l’ALBA, PetroCaribe, les 134 pays membres du G-77 + la Chine… bref, tout le sud de la planète a rejeté le décret Obama parce qu’”il viole le droit international, la souveraineté et l’indépendance politique du Venezuela”.

En Équateur, le président Correa s'est joint á la campagne

En Équateur, le président Correa s’est joint à la campagne

Signataires de l'appel au Nicaragua

Signataires de l’appel au Nicaragua

Partout dans le monde, des mouvements sociaux soutiennent cet appel qui, au Venezuela, a déjà recueilli 5 millions de signatures. On peut le signer ici : http://bit.ly/1OyOoNz

Parallèlement à cette mobilisation nationale, il semble que le travail de fond entrepris par le gouvernement Maduro pour contrer la guerre économique commence à porter ses fruits. Une étude de la firme privée Hinterlaces (réalisée du 14 au 18 mars sur base de 1200 interviews dans tout le pays) et portant sur le moral de la population montre que 65 % se disent “optimistes”, soit quatre points de plus qu’en janvier 2015. 34 % se disent “pessimistes” contre 38% en janvier.

On fêtait le 24 mars le 161ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage décidée par le président José Gregorio Monagas dans la foulée des décrets de Simon Bolivar. Une politique qui valut à ce dernier d’être traité par les journaux des grands planteurs esclavagistes du sud des États-Unis et des oligarchies latino-américaines de “César assoiffé de pouvoir”. Aujourd’hui, c’est en organisant une “marche des mille tambours” que le mouvement afrodescendant a exprimé son rejet des campagnes médiatiques et du décret du Président Obama déclarant le Venezuela “menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité et la politique extérieure des États-Unis”. David Abello, du Conseil pour le Développement de la Communauté Afrodescendante, a déclaré: “En cette heure de l’Histoire, alors que nous sommes libres, nous ne permettrons pas qu’une quelconque ingérence cherche à nous recoloniser”.

img_57731427230308-632x421 img_59851427230304-632x421 img_56071427230305-632x421 img_58011427230303-632x421 img_52671427211539-632x421 img_58251427230303-632x421

img_52841427211539-533x800Avec CiudadCCS et AVN / Photos: AVN (Juan Carlos La Cruz) http://albaciudad.org/wp/index.php/2015/03/con-cientos-de-tambores-el-pueblo-afrodescendiente-rechazo-la-injerencia-fotos/

URL de cet article : http://wp.me/p2ahp2-1P3

Défaite d’Obama : la totalité des gouvernements sud-américains lui demande de retirer son décret contre le Venezuela

unasur-oficx1x.jpg_1718483346 Cinglante défaite pour Barack Obama et nouveau pas dans l’unité et la souveraineté latino-américaines : tous les Etats membres de l’Union des Nations Sud-Américaines (Unasur), à savoir l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Chili, la Colombie, l’Équateur, le Guyana, le Paraguay, le Pérou, le Surinam, l’Uruguay et le Venezuela se sont réunis en session extraordinaire à Quito ce samedi 14 mars 2015 pour manifester leur rejet unanime du décret pris par Washington contre le Vénézuéla le 9 mars 2015 parce qu’”il constitue une menace d’ingérence et de violation de la souveraineté et du principe de non-intervention dans les affaires intérieures d’autres États”.

Chargé de lire la déclaration finale, le chancelier de l’Uruguay a expliqué que les douze gouvernements ont réaffirmé leur engagement “avec la pleine actualité du droit international, la solution pacifique des controverses et le principe de non-intervention” et, dans une claire allusion à la possibilité d’un blocus économique ou d’une invasion militaire, ont appelé tout gouvernement “à s’abstenir de mesures coercitives unilatérales qui violent le droit international”. Les participants à la réunion de Quito ont demandé instamment aux États-Unis d’évaluer et de mettre en pratique “des alternatives de dialogue avec le Gouvernement du Venezuela basée sur les príncipes de souveraineté des peuples« .

En outre, le porte-parole a rappelé que l’UNASUR poursuivra sa mission d’accompagnement du “plus large dialogue politique avec toutes les forces démocratiques vénézuéliennes, dans le plein respect de l’ordre constitutionnel, des droits humains et de l’État de droit”. La semaine passée la délégation de l’UNASUR s’était rendue à Caracas pour enquêter sur la tentative de coup d’État du 12 février contre le gouvernement de Nicolas Maduro, avait invité les diverses forces politiques à un réunion et s’était entretenue avec les autorités du Centre National Électoral. Au terme de ces travaux, le président de l’UNASUR, l’ex–président colombien Ernesto Samper, avait rejeté l’ ingérence extérieure et recommandé à l’opposition de jouer le jeu électoral et de renoncer à la violence.

Une position réaffirmée ce samedi par le chancelier uruguayen : “L’Unasur considère que la situation intérieure du Venezuela doit être résolue par les mécanismes prévus dans la Constitution vénézuélienne” et offre son plein appui dans le cadre de l’observation des prochaines élections législatives prévues cette année au Venezuela,  “convaincue de l’importance de maintenir l’ordre constitutionnel, la démocratie et la plus totale permanence des droits humains fondamentaux de l’Unasur”.

Pour rappel, le lundi 9 mars 2015, le gouvernement des États-Unis avait franchi un nouveau seuil dans les menaces vis-à-vis du Venezuela lorsque le président Barack Obama avait signé un ordre exécutif décrétant “l’urgence nationale aux États-Unis vu la menace extraordinaire et inhabituelle que représente le Venezuela pour notre sécurité nationale et notre politique extérieure” (sic). Ce document avait, en peu de jours, suscité une solidarité active avec le Venezuela de la part des mouvements sociaux latino-américains et de collectifs du monde entier qui ont défilé à Buenos Aires, à Brasilia, à La Paz, à Managua, à La Havane, etc.. jusqu’à Madrid : collectifs citoyens, mouvements étudiants, syndicats de travailleurs, mouvements paysans comme les Travailleurs Sans Terre du Brésil CAB6QwnWUAElRHT

Marche de soutien au Venezuela á Buenos Aires

Marche de soutien à Buenos Aires

Marche de soutien au Vénézuéla á Brasilia

Marche de soutien à Brasilia

Le président équatorien Rafael Correa a déclaré : “Comment ne pas rejeter avec indignation cette barbarie ! A l’époque des dictatures des années 70, c’était quelque chose de commun mais aujourd’hui, en plein XXIème siècle ! Le droit international existe ! Que l’on soit ou non d’accord avec le gouvernement de Nicolas Maduro, la plus élémentaire des dignités nous oblige, en tant que latino-américains, à rejeter tant d’arrogance, tant d’unilatéralisme, tant d’impérialisme. Nous en avons assez ! Quelle honte !”. Pour l’ex-Président Mujica, dire que « le Venezuela est une menace est une folie, nous en avons assez de l’intromission permanemte des États-Unis ! » et  le président bolivien Evo Morales a exigé au président Obama de présenter ses excuses à l’Amérique Latine.

Des théologiens brésiliens de la Libération comme le père franciscain Leonardo Boff et l’évêque Pedro Casaldáliga, le Père nicaraguayen Miguel d’Escoto, ex-Président de l’Assemblée des Nations-Unies, ainsi que l’évêque Thomas Gumbleton et l’ex-Procureur Général des États-Unis Ramsey Clark, ont  écrit au président Obama pour lui demander de retirer son décret. “Nous qualifions d’honteux et de profondément hypocrite votre décret. Il constitue également une violation flagrante du droit international en tant que menace d’usage de la force contre le Venezuela et en tant qu’encouragement à vos agents vénézuéliens pour qu’ils continuent à déstabiliser le pays”. (1)

T.D., Caracas, 14 mars 2015.

Note: (1) Lire Cinq théologiens et activistes des droits humains écrivent à Obama sur le Vénézuéla, http://wp.me/p2ahp2-1NG

Message envoyé à la Maison Blanche par la population de l'État de Falcon (Venezuela), depuis le Parc National Médanos de Coro, le 12 mars 2015.

Message personnel envoyé à la Maison Blanche par la population de l’État de Falcon (Venezuela), depuis le Parc National Médanos de Coro, le 12 mars 2015.

URL de cet article : http://wp.me/p2ahp2-1N7

L’Amérique Latine serre les rangs autour du Vénézuéla : les États-Unis isolés (avec déclaration intégrale du sommet de la CELAC)

Prisonniers d’une image du monde de plus en plus étriquée, sous l’emprise de grands groupes privés, les médias occidentaux ne s’activent plus que pour relayer les annonces de “possible chute” de gouvernements progressistes (“la présidence de Kirchner minée en Argentine”, “La présidente Dilma Roussef fragilisée par un scandale de corruption”, etc..) (1). Mais depuis l’époque du coup d’État contre Salvador Allende et du Plan Condor, l’Amérique Latine a changé. Elle n’est pas disposée à revenir en arrière ni à tolérer les techniques post-modernes de “rollback”.

Réunion de Nicolas Maduro et Ernesto Samper (UNASUR), Caracas le 4 février 2015

Réunion de Nicolas Maduro et Ernesto Samper (UNASUR), Caracas le 4 février 2015

Les chanceliers de l’Union des Nations Sud-américaines (UNASUR) – organisme qui rassemble les douze nations d’Amérique du Sud (2) – se réuniront à Quito la semaine prochaine pour répondre à la déstabilisation en cours contre le Venezuela. Le 4 février, l’ex-président colombien Ernesto Samper, actuel Secrétaire Général de l’UNASUR, s’est réuni à Caracas avec le président Maduro pour préparer une initiative diplomatique vis-á-vis de Washington. Au sujet de la persistante ingérence des États-Unis, Samper a déclaré : “Je veux réitérer publiquement la position de l’UNASUR  qui repose sur sa Charte Constitutive et sur sa Clause Démocratique (2), une position absolument claire et forte :  toute tentative de déstabilisation contre une démocratie et contre un gouvernement sera rejetée unanimement par les pays membres de l’UNASUR”. Lors de tentatives antérieures de déstabilisation au Venezuela, en Bolivie ou en Equateur, l’Unasur avait déjà montré sa capacité de réaction et de mobilisation (3).

En 2014 les violences organisées au Venezuela par des groupes d’extrême droite et des paramilitaires infiltrés depuis la Colombie furent présentées par les médias internationaux comme des “manifestations étudiantes réprimées par le gouvernement”. Elles firent 40 morts – la plupart dans le camp bolivarien et parmi les forces de l’ordre. La majorité de la population, y compris des classes aisées, ainsi que des étudiants (ceux-ci bénéficient aujourd’hui de la démocratisation et de la gratuité de l’enseignement supérieur) rejetèrent ces violences circonscrites aux quartiers chics de Caracas et à la frontière avec la Colombie (4). Convaincus que la mort de Chavez signifierait la fin du processus bolivarien, les États-Unis et leurs relais régionaux n’ont pas pour autant renoncé à mettre en oeuvre leur “plan chilien” – attentats, violences de rues, sabotage économique. Faute d’une vraie base sociale et électorale, la minorité politique planifie de nouvelles violences en 2015. “Nous prévoyons que les organisations étudiantes et l’opposition politique vont organiser des protestations dans les mois précédant les élections législatives” a déclaré le 3 février 2015, à la Commission des Affaires Militaires de la Chambre des réprésentants, le général Vincent Stewart, directeur de l’Agence d’Intelligence du Département de la Défense. Stewart a évoqué “le mécontentement de la population, la pénurie de produits, la criminalité effrénée et les tactiques autoritaires du gouvernement” – synthèse parfaite de l’agenda médiatique occidental.

Occulté par les grands médias, le sommet historique des 33 gouvernements latino-américains et caraïbes de la CELAC (Costa Rica, 28-29 janvier 2015) a lui aussi rejeté les tentatives de reprise de contrôle de la région par Washington (5). Cette réunion plénière a vu la transmission de la présidence pro tempore du Costa Rica à l’Équateur, le président Correa félicitant le Costa Rica pour le succès du rapprochement diplomatique et économique de la CELAC avec la Chine, concrétisé lors du sommet de janvier 2015 (6).

Sommet de la CELAC, Belen, Costa Rica (28-29 janvier 2015)

Sommet de la CELAC, Belen, Costa Rica (28-29 janvier 2015)

Au nom de la CELAC, le mandataire équatorien a exigé l’arrêt des guerres économiques de la droite au Venezuela – l’accaparement, la spéculation, la contrebande et la pénurie organisés pour créer le chaos dans la société et renverser des gouvernements légitimes. « Nous en avons assez des guerres économiques contre des pays comme le Venezuela » a déclaré le président équatorien, qui a ajouté que ces actions « nous rappellent assez la guerre économique de la bourgeoisie chilienne contre Salvador Allende, quand ils se sont rendus compte qu’ils ne pouvaient pas vaincre dans les urnes, largement battus aux élections législatives de mars 1973« .

« Frère Maduro, toute notre solidarité. Nous comprenons qu’après avoir échoué dans leur agression politique, ils en sont venus á l’agression économique. Mais ils continueront à échouer parce que nos peuples sont unis » a déclaré pour sa part le président Evo Morales. « Quand les peuples connaissent leur destin, leur projet se nourrit des principes que nous ont laissés nos ancêtres. Quand on s’unit pour défendre la démocratie, la vie, la paix, il n’y a aucune force qui nous fait plier, ni empire qui puisse nous vaincre » a poursuivi le mandataire bolivien.

Rencontre des présidents du Venezuela et de Bolivie, sommet de la CELAC, 29-28 janvier 2015.

Rencontre des présidents du Venezuela et de Bolivie, sommet de la CELAC, 29-28 janvier 2015.

Le président du Nicaragua, Daniel Ortega, a déclaré: « Nous n’oublions pas les preuves de l’implication des États-Unis dans le coup d’Etat contre Chavez, contre ce processus de liberté, de souveraineté, de générosité, et ils continuent à conspirer. Nous voyons clairement comment ils essaient de répéter l’histoire du Chili avec le Venezuela. Ils appliquent le même schéma, ils veulent que cela finisse avec un coup d’Etat militaire, sanglant et brutal ».

Le président de Cuba Raúl Castro a exprimé “une condamnation énergique des sanctions unilatérales inacceptables et injustifiées imposées à la République Bolivarienne du Venezuela et de l’intervention extérieure permanente destinée à créer l’instabilité dans cette nation soeur”, ajoutant que Cuba “connaît bien toutes ces histoires profondément pour les avoir supportées pendant plus de 50 ans« .

Le chancelier argentin, Héctor Timerman, a manifesté lui aussi la solidarité de son pays face aux attaques des Etats-Unis et de ses sanctions contre le Venezuela, violatoires du droit international.

Souscrits par tous les pays, les 94 points du document final de 22 pages (7) mettent également l’accent sur la lutte commune contre la pauvreté avec des objectifs quantifiés à l’initiative du président Correa, insistent sur le renforcement de la coopération Sud-Sud et d’une politique multipolaire renforcée en particulier avec le BRICS, (Brésil, Russie, Chine, Afrique du Sud), l’Union Africaine et la Ligue Arabe. La CELAC se prononce aussi pour l’intégration de Puerto Rico – jusqu’ici protectorat des États-Unis – comme membre de plein droit de la CELAC, défend le droit des pays Caraïbes à bénéficier de réparations de la part des puissances esclavagistes, réaffirme sa solidarité avec l’Argentine face aux “fonds vautours”, exige la fin du blocus contre la République de Cuba, au-delà des mesures annoncées par Washington.

Dans la foulée du rapprochement CELAC-Chine, la présidente argetine Cristina Fernandez de Kirchner a déclaré le 4 février depuis Beijing : “le monde unipolaire a pris fin; nous entrons dans une ère nouvelle de multipolarité dans laquelle les nations émergentes jouent un rôle de plus en plus prépondérant dans les desseins de l’humanité et dans la construction d’un monde plus juste et plus équitatif”.

Dans la foulée du rapprochement CELAC-Chine, la présidente argentine Cristina Fernandez de Kirchner a déclaré le 4 février depuis Beijing : “le monde unipolaire a pris fin; nous entrons dans une ère nouvelle de multipolarité dans laquelle les nations émergentes jouent un rôle de plus en plus prépondérant dans les desseins de l’humanité et dans la construction d’un monde plus juste et plus équitatif”.

Notes :

(1) Voir “Alerte sur la campagne de ‘déstabilisation’ contre le gouvernement argentin”, http://www.elcorreo.eu.org/Alerte-sur-la-campagne-de-destabilisation-contre-le-gouvernement-argentin?lang=fr et “Dilma Rousseff, la présidente du Brésil, pays membre des BRICS, est la prochaine cible de Washington”,  http://www.elcorreo.eu.org/Dilma-Rousseff-la-presidente-du-Bresil-pays-membre-des-BRICS-est-la-prochaine-cible?lang=fr

(2) L’Unión de Naciones Suramericanas (Unasur) est une organisation internationale créee en 2008 pour impulser l’intégration régionale en matière d’énergie, d’éducation, de santé, d’environnement, d’infrastructure, de sécurité et de démocratie. Cette instance regroupe l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, la Colombie, le Chili, l’Équateur, le Guyana, le Paraguay, le Pérou, le Surinam, l’Uruguay et le Venezuela. Le Panama et le Mexique sont membres observateurs.

(3) Signée en 2010, cette « Cláusula democrática » est destinée à protéger les membres de l’Unasur contre les coups de force menés contre l’ordre constitutionnel. Voir “L’Union des Nations Sud-américaines (Unasur) demande à l’opposition vénézuélienne de reconnaître la décision des électeurs et va enquêter sur ses violences”, https://venezuelainfos.wordpress.com/2013/04/19/lunion-des-nations-sud-americaines-unasur-demande-a-lopposition-venezuelienne-de-reconnaitre-la-decision-des-electeurs-et-va-enqueter-sur-ses-violences/

(4) La grande majorité des habitants du Venezuela, qui habitent les quartiers populaires, ont rejeté ces violences et ont continué à vaquer à leurs occupations. Sur ce thème voir (entre autres) « Les barrios ne descendent pas » par Eleazar Diaz Rangel http://wp.me/p2ahp2-1mf , « Le Venezuela montre que les révoltes peuvent aussi être une défense des privilèges » par Seumas Milne http://wp.me/p2ahp2-1mf, « La vérité sur le Venezuela : une révolte des classes aisées, pas une « campagne de terreur » (The Guardian, Mark Weisbrot) http://wp.me/p2ahp2-1lk , « Quand tombe le masque de Guy Fawkes de l’opposition vénézuélienne » par Roberto Lovato http://wp.me/p2ahp2-1js, « Coup d’éclairage sur les zones d’ombre médiatiques » par Romain Migus http://wp.me/p2ahp2-1ec, ou « Brévissime leçon de journalisme pour ceux qui croient encore á l’information » http://wp.me/p2ahp2-1fA . A noter que même dans les quartiers riches, foyers de ces troubles, la majorité des habitants s’opposa à la violence, aux destructions et aux incendies de transports et bâtiments publics , comme en témoigne par exemple le sondage d’Hinterlaces : http://www.hinterlaces.com/graficos/73-de-los-habitantes-en-chacao-rechazan-protestas-violentas. Ramon Muchacho, maire (de droite) d’un de ces quartiers – Chacao -,  s’insurgea publiquement contre le vandalisme. : http://www.noticiasdiarias.informe25.com/2014/05/alcalde-chacao-ramon-muchacho-las.html

(5) Sur l’essor et les précédents sommets de la CELAC, voir “Le BRICS, l’Unasur et la CELAC dessinent une nouvelle carte du monde multipolaire”, https://venezuelainfos.wordpress.com/2014/07/26/le-brics-lunasur-et-la-celac-dessinent-une-nouvelle-carte-du-monde-multipolaire/ ; et “IIéme sommet de la CELAC à la Havane : retour en force de « l’équilibre du monde » de Bolívar et de Martí”, https://venezuelainfos.wordpress.com/2014/02/01/iieme-sommet-de-la-celac-a-la-havane-retour-en-force-de-lequilibre-du-monde-de-bolivar-et-de-marti/

(6) Voir “L’unité latino-américaine comme projet historique”, https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/01/14/lunite-latinoamericaine-comme-projet-historique/

(7) Grâce à la traductrice Françoise Lopez , nous publions l’intégralité de ces accords :

III° Sommet des chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté des Etats Latino-américains et Caribéens (CELAC), 28 et 29 janvier 2015, Belen, Costa Rica

Nous, les chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté des Etats Latino-américains et Caribéens (CELAC), conscients de notre responsabilité dans le développement soutenable des peuples et des sociétés latino-américaines et caribéennes que nous représentons, ainsi que pour la communauté internationale à laquelle nous appartenons, nous reconnaissons la CELAC en tant que mécanisme de dialogue et de concertation politique compétent pour que nous, les 33 pays de la Communauté, renforcions l’unité dans la diversité, l’intégration, la coopération, la solidarité et le développement des capacités nationales et régionales, de telle façon que cela nous permette d’avancer vers une plus grande prospérité et un plus grand bien-être des peuples latino-américains et caribéens.

L’éradication de la pauvreté et le développement soutenable avec inclusion sociale, économique et financière sont des défis qui exigent des efforts globaux, régionaux et nationaux, locaux et des communautés. L’éradication irréversible de la pauvreté est à la fois une condition indispensable pour le développement des peuples et pour assurer l’égalité des possibilités de progrès dans les sociétés. On ne peut pas parler de développement soutenable sans l’inclusion des groupes en situation de vulnérabilité comme les peuples indigènes et d’autres peuples tribaux, les afro-descendants, les femmes, les adultes, les personnes handicapées, les migrants, les enfants et les adolescents. L’équité, l’inclusion sociale, économique et financière et l’accès à un crédit juste sont essentielles pour assurer à tous l’accès réel à la justice, à la participation citoyenne, au bien-être et à une vie digne. La promotion de la culture de la paix et de la non-violence sont aussi des éléments essentiels pour la réalisation du développement soutenable.

Dans ce contexte, réunis au Costa Rica, en ce troisième Sommet, les 28 et 29 janvier 2015, sous le thème « Construisons ensemble », nous réitérons notre engagement envers les principes du Droit International, de la paix, du développement soutenable, de la démocratie et du respect des droits de l’homme, l’éradication de la faim et de la pauvreté et la lutte contre les inégalités et contre toutes les formes de racisme en réaffirmant notre vision de l’Amérique Latine et des Caraïbes comme une région d’opportunités pour toutes et tous, où prévaut l’inclusion sociale, économique et financière, la tolérance et le respect. De même, nous réaffirmons notre engagement envers le multilatéralisme et la coopération internationale en tant qu’outils transversaux primordiaux pour avancer dans le développement soutenable.

Nous décidons pour cela:

  1. De réaffirmer notre ferme détermination à éradiquer la pauvreté, la faim et les inégalités dans la région comme condition indispensable pour atteindre le développement soutenable, à travers l’articulation des politiques économiques, sociales et environnementales avec la participation totale et équitable des citoyens.
  2. D’aborder la lutte contre la pauvreté de manière totale et dans toutes ses dimensions en affrontant ses causes au moyen, entre autres, de la conception de politiques nationales et régionales d’inclusion sociale et financière destinées, en particulier, vers les groupes en situation de vulnérabilité de façon à promouvoir la justice sociale, le cohésion sociale et le développement soutenable.
  3. De garantir le plein respect de la démocratie, de l’Etat de Droit ainsi que de tous les droits de l’homme, y compris le droit au développement et le droit à la paix, dans un modèle de développement soutenable qui place la personne humaine au centre de nos politiques. Pour cela, reconnaître l’importance de promouvoir la pleine participation citoyenne plurielle, large et diverse.
  4. De promouvoir l’égalité et l’égalité de genre en mettant en place des actions pour les incorporer dans les noyaux centraux et transversaux des politiques publiques et des actions des Etats, en particulier destinées à encourager l’autonomisation des femmes et l’égalité effective depuis la diversité en tenant compte des étapes du cours de la vie, en particulier, de l’accès à un travail décent, à une éducation de qualité, aux technologies de l’information et de la communication, à la santé, à vivre libres de tout type de discrimination et de violence, à participer de façon paritaire aux postes de prise de décision dans toutes les instances de l’Etat et ses différents niveaux, y compris les gouvernements régionaux et locaux, en tant que facteurs déterminants pour renforcer la démocratie et avancer vers un modèle de développement plus participatif, inclusif et respectueux des droits des femmes, ce qui précède, en prenant en considération le travail articulé avec la société civile, les organisations sociales et le secteur privé et son allocation budgétaire correspondante pour el développement et la mise en oeuvre des politiques publiques pour l’égalité.
  5. De promouvoir, pour éradiquer la faim, la pauvreté et les inégalités, l’élaboration et l’application effective de programmes régionaux et nationaux de développement avec une vision à moyen et long terme, des mécanismes de transparence et un rendu de comptes et de l’utilisation adéquate des ressources publiques disponibles au niveau national et international.
  6. De renforcer, de même, les mécanismes qui permettent de prévenir, de détecter , de sanctionner et de combattre la corruption, d’améliorer l’efficacité et la transparence de la gestion publique, d’encourager le rendu de comptes à tous les niveaux ainsi que la participation citoyenne au contrôle des sujets publics et de l’accès à l’information conforme aux législations nationales respectives et aux conventions internationales souscrites par les Etats.
  7. D’impulser la mise en place effective des instruments internationaux de prévention et de lutte contre la corruption dans nos pays, en particulier la Convention des Nations Unies Contre la Corruption et promouvoir la transparence des politiques publiques en renforçant l’accès à l’information, la participation citoyenne, le contrôle social et la gestion publique efficace.
  8. De favoriser la création d’opportunités d’emploi et de travail décent et productif dans le cadre d’une croissance avec inclusion sociale comme conditions nécessaires pour sortir de la pauvreté et diminuer les inégalités dans la région.
  9. De réaffirmer notre engagement dans le plein accomplissement du droit à l’éducation, de reconnaître les brèches de connaissance et de convenir de la nécessité de les réduire efficacement. A ce sujet, nous nous engageons à renforcer la coopération régionale pour atteindre l’accès universel à une éducation publique, gratuite et de qualité et, de cette façon, promouvoir le développement soutenable, l’éradication de la pauvreté, l’égalité entre les genres, l’autonomisation des femmes et le développement humain, pour garantir l’accès et la participation des femmes et des hommes, en particulier des jeunes, en assurant, de plus, l’égalité d’accès à l’éducation des personnes ayant des besoins éducatifs spécifiques (associés ou non à un handicap), des migrants, des peuples indigènes et afro-descendants, en y intégrant continuellement les progrès scientifiques et technologiques, en créant la mobilité sociale en améliorant les opportunités d’emploi tout au long de la vie, la productivité et les capacités pour promouvoir le développement et la compétitivité sur la base des connaissances et de la valeur ajoutée, entre autres.
  10. D’impulser activement des politiques en matière d’éducation supérieure universitaire dans toutes les modalités qui permettent l’accès égalitaire à une éducation supérieure de qualité. Pour cela, seront mises en place des stratégies de coopération et d’articulation des systèmes d’accréditation et des programmes des pays membres de la CELAC et des mécanismes régionaux existants ainsi que des politiques et des instruments nationaux et régionaux dirigés vers le renforcement du Talent Humain de la région dans le cadre de l’inter-culturalité et du pluri-linguisme. Ceci avec le soutien des technologies de l’information et de la communication, de l’échange de bonnes pratiques et des mécanismes de coopération.
  11. De souligner notre engagement envers une Amérique Latine et des Caraïbes libres d’analphabétisme ainsi qu’avec une éducation de qualité à tous les niveaux et de réaffirmer que l’éducation est un droit fondamental qui contribue aux processus de développement soutenable de la Communauté. Faire tous nos efforts pour la pleine mise en oeuvre du droit à l’éducation gratuite, universelle et de qualité et avancer ainsi vers la réduction des brèches de connaissance qui persistent dans la région.
  12. De réaffirmer notre engagement à construire des opportunités par le sport, pour promouvoir l’inclusion sociale, la lutte contre la pauvreté et les inégalités dans notre région en considérant que le sport est un pilier fondamental et un outil d’intégration sociale qui contribue à améliorer la qualité de la vie, à réduire la pauvreté et à prévenir la délinquance.
  13. De souligner l’importance des technologies de l’information et de la communication, y compris internet, ainsi que de l’innovation, en tant qu’outils pour créer la paix, promouvoir la bien-être, le développement humain, la connaissance, l’inclusion sociale et la croissance économique en soulignant sa contribution à l’amélioration de la couverture et de la qualité des services sociaux. Réaffirmer l’usage pacifique des technologies de l’information et de la communication de conformément à la Charte des Nations Unies et au Droit International et jamais dans le but de créer des troubles dans des sociétés ou de créer des situations pouvant générer des conflits entre Etats. Garantir la stabilité et la sécurité d’internet et veiller à la légitimité que requiert sa gouvernance, sur la base d’une pleine participation de toutes les parties intéressées, aussi bien des pays développés que des pays en développement, dans l’exercice de leurs rôles et de urs responsabilités respectifs.
  14. De promouvoir la croissance, le progrès, l’inclusion sociale, économique et financière et le développement soutenable de nos Etats par le développement de la production, du transfert de technologies, de toutes les modalités de coopération, y compris la coopération Sud-Sud et Intra-Régionale. Renforcer les engagements en matière de transfert de technologies, du financement, de l’accès à l’information et des droits de propriété intellectuelle. De même, créer des projets de coopération qui comprenant des échanges de scientifiques et de personnel qualifié de la région, ce qui favorisera le transfert de connaissances, la création scientifique et intellectuelle, l’innovation et le bien-être de nos pays.
  15. De renforcer, à travers des paramètres mesurables, les engagements dans les domaines convenus dans le Plan d’Application des Décisions de Johannesburg, en particulier son appel à promouvoir, encourager et financer, ainsi qu’il appartiendra, l’accès aux technologies écologiquement rationnelles et les connaissances spécialisées correspondantes, ainsi que leur développement, dans des conditions favorables, en particulier à travers l’échange de scientifiques entre Universités, Instituts d’Education Supérieure et Instituts de Développement Technologique de la Région, ce qui favorisera le transfert de connaissances, la création scientifique et l’innovation.
  16. De renforcer les travaux dirigés vers l’inclusion sociale, économique et financière et la coopération entre les pays de la CELAC, centrée sur le talent humain en prenant conscience de la nécessité de créer les politiques nationales de développement inclusives qui soutiennent ce but, y compris les PYMES, les entreprises, les entreprises de production sociale et les coopératives.
  17. De reconnaître la contribution directe de l’agriculture familiale à la sécurité alimentaire et au développement soutenable dans l’obtention d’une région libre de pauvreté et de la faim et accueillir la déclaration de la I° Réunion Ministérielle sur l’ Agriculture Familiale de la CELAC qui a eu lieu à Brasilia le 11 novembre 2014.

18 D’approuver le Plan de Sécurité Alimentaire et d’éradication de la Faim 2025 de la CELAC et de remercier l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et Agriculture (FAO), la Commission Economique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (CEPAL) et l’Association Latino-américaine d’Intégration (ALADI) pour leur soutien pour sa formulation.

  1. De prendre note de la décision du Groupe Latino-américain et Caribéen représenté à Rome de présenter la candidature du Docteur Jose Graziano Da Silva à sa réélection à la charge de Directeur Général de la FAO, à la Conférence de l’Organisation qui se déroulera en juin 2015.
  2. De reconnaître le rôle de la culture et le respect de la diversité des expressions culturelles comme un aspect important du développement soutenable, étant donné son impact sur la croissance économique inclusive, dans le développement social et dans la protection du milieu ambiant et en reconnaissant comme éléments importants du processus vers la réussite de sociétés plus équitables et mieux préparées à affronter les défis actuels.
  3. de soutenir les accords atteints à la II° Réunion des Ministres et Autorités de la Culture de la CELAC qui a eu lieu le 21 août 2014, à Caracas, en particulier la mise en place d’un Plan d’Action culturelle de la CELAC qui cherche à mener à bien des actions pour atteindre les objectifs sociaux, ainsi que trouver des voies de communication entre les pays membres pour renforcer l’unité latino-américaine et caribéenne et pour avancer sur le chemin de l’intégration culturelle de la région, préserver le patrimoine culturel, promouvoir la culture en faveur de la croissance économique productive, de l’éradication de la pauvreté et du développement soutenable.
  4. de reconnaître la nécessité de renforcer le lien entre migration internationale et développement, l’apport des migrants au développement des pays de destination, en plaçant au centre le thème de la personne migrante et de sa famille et non sa condition de migrant, en comprenant que c’est une obligation de tous les Etats – d’origine, de transit et de destination – de garantir le plein respect de tous les droits de l’homme des personnes migrantes indépendamment de leur statut migratoire, y compris la migration d’enfants, de filles et adolescents, accompagnés et non accompagnés et leur intérêt supérieur, en évitant l’exacerbation des vulnérabilités. Nous estimons nécessaire de considérer cette relation entre migration et développement en vue de l’adoption et de la mise en place de l’Agenda de Développement Post 2015.
  5. De reconnaître la nécessité de développer des actions orientés vers l’échange d’expériences sur les processus migratoires sûrs de nos congénères, aussi bien dans les pays vers lesquels ils se dirigent qu’en ce qui concerne leur retour dans leur pays d’origine dans notre région.
  6. D’accueillir avec bienveillance les engagements assumés par les pays membres de la CELAC contenus dans l’Acte de la III° Réunion sur les Migrations qui a eu lieu à Azogues – Equateur les 22 et 23 octobre 2014, et de ratifier la résolution A/RES/69/187 « Les enfants et adolescents migrants » de l’Assemblée Générale des Nations Unies.
  7. De souligner l’importance du droit à l’accès à l’information et de la participation de la société dans la promotion du développement soutenable selon les possibilités, les réalités, les plans et les législations nationales, les conventions et les standards internationaux applicables. En ce sens, on souligne l’avancée du processus sur l’application du Principe 10 de la Déclaration de Rio 1992 qui doit être en accord avec les politiques nationales et le respect total de la souveraineté nationale. Ce processus doit se voir à l’intérieur d’un contexte équilibré et de l’évolution des autres principes de Rio 1992.
  8. De reconnaître les différentes visions, les différents points de vue, modèles et outils pour atteindre le Développement Soutenable, l’importance du développement en harmonie avec la nature, la pertinence de renforcer la coopération, la ré-articulation, l’harmonisation et la complémentarité des politiques publiques nationales en matière d’environnement et la nécessité de modifier les modèles insoutenables de consommation et de production qui prévalent.
  9. Nous reconnaissons la nécessité du changement de modèles de production et de consommation dans la région, en appelant instamment à créer des processus de production et de consommation soutenables, ce qui contribuera à l’éradication de la pauvreté, à la diminution des effets de la désertification et de la sécheresse, du changement climatique, et contribuera à la conservation de la biodiversité et à d’autres priorités régionales qui ont un impact global.
  10. De promouvoir et de participer à la gestion environnementale convenable des substances chimiques et des déchets dangereux et non dangereux, en assurant les synergies avec le processus et les initiatives existants dans les pays de la région.
  11. De célébrer la réalisation de la Première Réunion des Mécanismes Régionaux et Sous-Régionaux pour l’Eradication de la Faim et de la Pauvreté, coordonnée par l’ALBA-TCP et qui a eu lieu au siège du SELA, à Caracas, les 26 et 27 juin 2014, mettant ainsi en application le mandat établi dans le Plan d’Action de la CELAC de La Havane. Nous saluons, de même, la réunion technique réalisée à Caracas les 26 et 27 novembre 2014, réunion au cours de laquelle s’est discuté la mise en place du Plan d’Action des Politiques Publiques en matière sociale approuvé à Caracas le 23 de juillet 2013, pour la réalisation de la II° Réunion des Ministres et des Autorités de la CELAC pour le Développement Social et l’Eradication de la Faim et de la Pauvreté.
  12. Nous participons à la construction des priorités de l’agenda de développement global.

La CELAC se trouve et se développe dans une région hétérogène. Bien que la région ait réussi d’importantes avancées dans la réduction de la pauvreté, il reste des menaces et des défis. La tâche est encore plus importante en ce qui concerne les inégalités. Là, les avancées sont très lentes et les difficultés plus grandes. La définition des Objectifs de Développement Soutenable et l’Agenda de Développement Post 2015 nous inspirent dans la construction d’opportunités de progrès pour toutes et tous à travers des objectifs clairs et spécifiques respectant les différentes réalités nationales, les capacités et les niveaux de développement. En tant que région, il est essentiel que nous inluions sur le débat global en mettant en avant notre position régionale et en construisant des consensus entre les Gouvernements toujours attentifs aux contributions des autres acteurs des processus de développement, y compris du Système des Nations Unies, des organisations financières internationales, des organisations de la société civile, des institutions d’enseignement, des organismes internationaux, des entreprises publiques, mixtes, sociales, coopératives et du secteur patronal, entre autres.

Pour ces raisons, nous nous engageons à :

  1. Continuer à consolider les espaces de réflexion sur des thèmes prioritaires au niveau international, essentiels pour la construction de consensus et pour continuer à renforcer la CELAC et son influence sur l’agenda global, de telle façon qu’ils contribuent à la promotion des intérêts de la région latino-américaine et caribéenne.
  2. Dans ce contexte, travailler pour renforcer la consultation et la coordination entre les Etats Membres de la CELAC aux Nations Unies, aussi bien dans les sièges où cela se fait déjà régulièrement que dans d’autres sièges multilatéraux où il serait bon et possible de réaliser une concertation sur les positions. De même, souligner l’importance d’obtenir des consensus des pays membres de la CELAC, quand c’est possible, dans les différents processus multilatéraux importants pour le développement de nos pays. Pour approfondir cette coordination, nous initierons un processus de réflexion qui nouspermette de prendre des décisions plus tard.
  3. Réitérer les Déclarations Spéciales sur l’Agenda de Développement Post 2015 des II° et III° Sommets de la CELAC et ratifier l’engagement de ses membres à continuer à participer activement et de façon constructive aux phases suivantes du processus d’élaboration de l’Agenda. Veiller à ce que l’Agenda de Développement soit mené à bien dans le cadre d’un processus de négociation inter-gouvernemental universel, complet, ouvert, transparent et inclusif.
  4. Réunir nos efforts pour que lors de la Troisième Conférence Internationale sur le Financement du Développement, on établisse un plan d’action concret pour affronter les problèmes systémiques et structurels concernant la disponibilité des ressources pour financer le développement soutenable des pays en développement.
  5. Réaffirmer que pour aborder correctement les objectifs de l’éradication de la faim, de la pauvreté et des inégalités, on a besoin de la participation active et de la planification des Etats en garantissant, entre autres, que le système financier international et régional soit au service de l’être humain et permet de répondre de la meilleure façon aux objectifs de développement soutenable.
  6. Exprimer notre conviction sur l’importance des thèmes relatifs au renforcement de l’architecture financière régionale et nous appelons à continuer le travail de façon coordonnée dans les accords et les engagements pris en matière de coopération et d’intégration monétaire et financière. En ce sens, nous ratifions notre soutien à des thèmes abordés dans les Plans d’Action de Caracas et de La Havane, et aux résolutions adoptées dans la Déclaration de Quito de la II° Réunion des Ministres des Finances de la CELAC.
  7. Exhorter les institutions de développement nationaux et inviter les banques centrales d’Amérique Latine et des Caraïbes, à analyser l’option de mesures d’échange d’expériences et de coopération au niveau de la CELAC pour configurer un réseau régional de financement pour le développement qui permette de donner plus de pouvoir à l’activité de production et au commerce des pays membres.
  8. Réaffirmer notre solidarité et notre soutien à la République Argentine dans la recherche d’un accord concernant la restructuration de sa dette souveraine qui ne compromette pas ses politiques de développement et le bien-être de son peuple.
  9. Manifester notre volonté de construire des consensus dans tous ces mécanismes internationaux multilatéraux impliquant quand il y a lieu, toutes les institutions compétentes en matière de restructuration de la dette souveraine. En particulier, nous détachons, entre autres, le processus de négociations ouvert par la résolution 68/304 de l’Assemblée Générale des Nations Unies.
  10. Obtenir le soutien nécessaire à la condition de pays en développement sans littoral, à la mise en oeuvre de mesures efficaces destinées à dépasser les vulnérabilités et les problèmes dérivés de cette situation en facilitant la liberté de transit à travers le territoire des états de transit pour tous les moyens de transport, conformément aux règles applicables du droit international, des conventions internationales et des accords bilatéraux en vigueur.
  11. Saluer la réalisation réussie de la Seconde Conférence des Nations Unies sur les Pays en Développement sans Littoral, menée à bein dans la ville de Vienne en novembre 2014. Réaffirmer l’engagement d’appliquer le Programme d’Action de Vienne en faveur des Pays en Développement sans Littoral pour la décennie 2014-2024 pour aborder de manière complète les besoins et les défis particuliers en matière de développement des pays en développement sans littoral consécutifs à l’absence de litoral, à l’éloignement et aux limitations géographiques.
  12. Réaffirmer la Déclaration et le Plan d’Action de Pékin et célébrer ses 20 ans (Pékin+20) en prenant conscience de l’importance de donner plus de pouvoir aux femmes dans toutes les étapes de leur cycle de vie, en particulier à celles qui vivent en situation de plus grande inégalité et dans des conditions de vulnérabilité et de marginalité, dans la formulation et la mise en place des politiques publiques et des actions de l’Etat; et l’importance des femmes et des filles dans la définition des Objectifs de Développement Soutenable (ODS) se détachent à travers l’incorporation d’un objectif particulier qui aborde l’obtention de l’égalité de genre et du fait de donner plus de pouvoir aux femmes et aux filles. De même, ils soulignent l’importance que le thème du genre a pour l’Agenda de Développement Post 2015 et soulignent l’Evénement de Haut Niveau « Les femmes dans le pouvoir et dans la prise de décisions: en construisant un monde différent » qui aura lieu à Santiago du Chili les 27 et 28 février 2015.
  13. Célébrer la proclamation par l’Assemblée Générale des Nations Unies, en décembre 2013, de la Décennie Internationale des Afro-descendants sous le thème « Afro-descendants: reconnaissance, justice et développement » et reconnaître le caractère multiethnique de nos sociétés à travers le développement d’un agenda régional qui promeuve des politiques d’inclusion sociale pour les populations afro-descendantes d’Amérique Latine et des Caraïbes.
  14. Reconnaître que l’esclavage et la traite des esclaves ont été des tragédies atroces dans l’histoire de l’humanité. Dans ce sens, on salue l’initiative du CARICOM de créer la Commission de Réparations de la Communauté des Caraïbes.
  15. Saluer la réalisation de la Conférence Mondiale sur les Peuples Indigènes les 22 et 23 septembre 2014, à New York, ainsi que l’adoption du Document final et de ses principes.
  16. Réaffirmer notre engagement dans les politiques consignées dans la Convention des Nations Unies sur les Droits des Personnes Handicapées, approuvée par l’Assemblée Générale en décembre 2006, ouverte à la signature le 30 mars 2007 dans le but de construire une société d’inclusion dans laquelle les personnes handicapées possèdent une possibilité juste de pleine participation. En plus de l’accomplissement des besoins sur l’accès physique dans l’environnement construit, nous sommes engagés dans le fait de donner les mêmes possibilités et le même accès à toutes les facilités, à tous les services et à toutes les institutions sociales de santé, d’éducation, économiques et culturelles. De cette façon, l’actualisation des politiques d’inclusion sociale n’est pas conçue comme une réclamation particulière des et pour les personnes handicapées mais fait partie du développement social et du ré-alignement du développement structurel au bénéfice de tous. Nos sociétés devront définir des politiques prenant en considération l’Article 2 (définitions), l’Art. 3 (principes généraux), l’Art. 8 (prise de conscience), l’Art. 9 (accessibilité), l’Art. 11 (situations de risque et urgences humanitaires) et l’Art.32 (coopération internationale) dans la recherche de solutions nationales et régionales d’inclusion sociale des personnes handicapées.
  17. Réitérer les efforts et les propositions pour coordonner et provoquer des synergies en matière de santé entre la CELAC et d’autres instances existant dans la région qui sont convoquées dans le cadre de l’Organisation Panaméricaine de la Santé (OPS), de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), de la Conférence Ibéro-américaine, de la Conférence Internationale sur la Nutrition, ainsi que dans les groupes sub-régionaux tels que le Conseil des Ministres de la Santé de l’Amérique Centrale (COMISCA) et de la Réunion du Secteur Santé d’Amérique Centrale et de la République Dominicaine (RESSCAD), et de l’UNASUR, entre autres.
  18. Reconnaître l’importance de l’application par les Etats faisant Partie de la Convention Cadre pour le Contrôle du Tabac (CMCT) des mesures prises, ses Instructions, ses Protocoles et des Résolutions et Décisions pertinentes approuvées par l’Assemblée Générale de l’ONU et l’Assemblée Mondiale de la Santé concernant la prévention et le contrôle des maladies non transmissibles et le renforcement des systèmes de santé comme présupposé essentiels de protection de la santé publique qui cherchent à garantir la pleine jouissance des droits de l’homme individuels et collectifs, en particulier des groupes en situation de vulnérabilité ainsi que le développement plein des Nations. Dans ce contexte, ils expriment leur solidarité avec la République Orientale d’Uruguay dans l’exercice de son droit souverain à la détermination de ses politiques de santé publique.
  19. Souligner l’importance des actions de prévention et d’affrontement éventuel de l’épidémie d’ébola qui ont été menées en Amérique Latine et dans les Caraïbes, en particulier la coordination réalisée entre la CELAC et les pays de l’ALBA-TCP à cette fin, et appeler instamment à ce que ces efforts conjoints continuent à se développer et puissent s’élargi à d’autres graves problèmes de santé qui affectent ou peuvent affecter les pays de la région.
  20. Nous affrontons le changement climatique et le réchauffement global.

Nos sociétés sont hautement vulnérables au changement climatique. Cela demande de réaffirmer nos engagements nationaux et internationaux concernant la protection et la conservation du milieu ambiant et de la biodiversité et la lutte contre le réchauffement global.

Convaincus que le changement climatique est l’un des plus graves problèmes de notre temps et que son impact négatif croissant compromet les efforts pour l’éradication de la pauvreté et pour le développement soutenable de la région, nous reconnaissons la nécessité d’une coopération et d’une réponse internationales, efficaces et appropriées pour accélérer la réduction globale des émissions de gaz à effet de serre, l’adoption d’autres mesures d’adaptation et de réduction et d’assurer les moyens de mise en oeuvre adéquats, prévisibles et soutenables pour les pays en développement, conformément aux principes et dispositions de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique et les décisions adoptées dans les Conférences des Parties, dans le cadre des responsabilités communes mais différentes et des possibilités respectives.

Tenant compte des défis pour faire face aux désastres consécutifs aux diverses menaces naturelles, socio-naturelles et anthropiques présentes dans la région, il faut renforcer les mesures pour la gestion intégrale des risques de désastre, l’adaptation au changement climatique et à la variabilité climatique. Nous soulignons la nécessité d’une étroite coordination interne entre les pays voisins pour répondre aux conséquences humanitaires que des désastres tels que des inondations, des ouragans, des sécheresses, entre autres, provoquent sur les populations.

Face à ces défis, l’action conjointe de la CELAC rendra possible d’avancer dans des expériences réussies et d’atteindre des succès mesurables.

Pour cela, nous décidons:

  1. De réitérer l’engagement régional dans le développement soutenable dans son aspects économique, social et environnemental avec les accords atteints au Sommet de Développement Soutenable de Rio+20.
  2. De stimuler l’adoption de politiques publiques dans le cadre de l’Agenda 21 pour une pleine mise en oeuvre des résultats de la Conférence des Nations Unies sur le Développement Soutenable (Río+20) et d’autres instruments importants, en harmonie avec la nature, en soulignant la nécessité que ces politiques soient mises en oeuvre dans le contexte d’une vision de complémentarité intégrale et indépendante.
  3. Saluer les résultats de la 20° Conférence des Parties de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique qui a eu lieu à Lima, Pérou, en décembre 2014 et qui constitue un pas préparatoire essentiel au processus de développement d’un instrument juridiquement lié à la Convention qui sera adoptée en France en 2015, sur la base du principe des responsabilités communes mais différentes et des possibilités respectives et de l’engagement de fournir des moyens de mise en oeuvre des pays développés vers les pays en développement, en particulier en matière de financement et sous un système de médiation, de rapport et de vérification (MRV).
  4. Nous mettons en avant la Déclaration prononcée par la PPT de la CELAC dans le cadre du segment de haut niveau de la COP 20, comme un effort de la région pour avancer sur des thèmes de consensus en matière de changement climatique en réitérant notre volonté de continuer à travailler à l’approfondissement de ces consensus en vue de la conformation d’une possible position régionale en cette matière, en particulier face à la COP 21 de París.
  5. Réaffirmer notre engagement à promouvoir l’intégration énergétique régionale comme fondement du développement soutenable et de l’universalisation de l’accès aux services énergétiques qui améliorent la qualité de vie et apportent l’éradication de la pauvreté des peuples.
  6. Réaffirmer l’engagement des Etats membres de la CELAC dans le développement soutenable des Petits Etats Insulaires et des Etats à zones côtières basses, qui ne peut s’obtenir que par une confluence d’efforts qui implique des gouvernements, la société civile et le secteur privé en prenant en compte les situations uniques et particulières de vulnérabilité de ces Etats, qui ne peuvent être abordées que par la coopération internationale.
  7. Redoubler d’efforts pour la Gestion Intégrale des Risques et l’assistance humanitaire dans les situations de désastre en veillant sur les besoins et les intérêts particuliers de la région, une vision qui doit s’intégrer à la prochaine Conférence Mondiale sur la Réduction des Risques de Désastres qui aura lieu à Sendai, Japon, en mars 2015. Promouvoir el renforcement et la création, en cas de besoin, de mécanismes d’assistance et de coopération entre nos pays.
  8. Exprimer notre soutien à la réalisation du Sommet Humanitaire qui aura lieu en Turquie en 2016 et aux processus respectifs de consultation régionaux qui se développent globalement en vue de cette rencontre. Réitérer, de cette façon, l’engagement particulier de la région dans la consultation régionale latino-américaine et caribéenne qui se dé roulera au Guatemala en 2015 et encourager la participation des pays membres de la CELAC à cette rencontre.
  9. Réaffirmer l’importance des défis associés à la définition d’un nouvel agenda urbain pour la région, conscients du processus accéléré d’urbanisation en Amérique Latine et dans les Caraïbes et en vue de la prochaine Conférence des Nations Unies pour les Installations Humaines qui aura lieu à Quito, Equateur, en octobre 2016.
  10. Approfondir la mise en place de politiques de logement et de développement tenaces qui garantissent l’égalité territoriale, renversent la ségrégation urbaine, promeuvent la soutenabilité des territoires, incluent la gestion des risques, ménagent la relation entre petites villes, villes moyennes et métropoles et renforcent l’institutionnalité dans la région.

De même, nous réaffirmons la nécessité que ces processus soient participatifs et reconnaissent la diversité comme une opportunité de développement.

  1. Nous promouvons la paix pour atteindre le développement soutenable.

Nous reconnaissons que la paix est une valeur suprême de convivialité universelle. Par conséquent, nous réaffirmons la Proclamation de l’Amérique Latine et des Caraïbes comme Zone de Paix et notre engagement permanent dans le désarmement nucléaire et le proscription des armes de destruction massive au niveau mondial, la résolution pacifique des différends afin de bannir pour toujours l’usage et la menace de l’usage d ela force de notre région et de n’importe lequel de ses pays. Ensemble, nous obtiendrons que la zone latino-américaine et caribéenne soit non seulement une zone de paix mais une zone libre de violence.

Dans notre région, nous construisons ensemble l’infrastructure pour la paix qui promeuve le bien-être et le développement soutenable.

Pour cela, nous réaffirmons nos engagements dans la promotion du droit à la paix, à l’Etat de Droit, à la justice, à l’éducation et à la culture pour la paix ainsi que la promotion, le respect et l’observance de tous les droits de l’homme pour tous.

La région doit faire face à différentes formes er manifestations de la Délinquance Organisée Transnationale, au terrorisme, au Problème Mondial des Drogues, à la traite des personnes et au trafic illicite de migrants ainsi qu’au trafic illicite d’armes petites et légères, à toute forme de délinquance cybernétique et à toute tentative d’action criminelle contre certains de nos pays. Le crime organisé est aussi une menace importante pour nos démocraties et pour le développement, par conséquent, nous devons faire tous nos efforts pour contrôler et pour éradiquer ce fléau.

Nous soulignons la valeur et la contribution à la paix et à la sécurité internationales du Traité pour la Proscription des Armes Nucléaires en Amérique Latine et dans les Caraïbes (Traité de Tlatelolco), qui a établi la première zone avec une forte densité de population libre d’armes nucléaires sur la planète.

Pour cela, nous décidons:

  1. De réitérer l’engagement de la région dans le multilatéralisme, le dialogue entre les nations, la résolution pacifique des différends et le respect sans restrictions des propositions et des principes de la Charte des Nations Unies, du Droit International et du droit inaliénable de chacun de nos pays à choisir sa forme d’organisation politique et économique.
  2. De soutenir sans restrictions la promotion et le renforcement de la paix, la prohibition de l’usage et de la menace de l’usage de la force, le respect sans restrictions de l’indépendance, de l’autodétermination des peuples, de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de la non ingérence dans es affaires intérieures de chaque pays en réaffirmant de cette façon la CELAC comme zone de paix et comme région libre d’armes nucléaires.
  3. De souligner notre plein soutien aux travaux de l’Organisme pour le Proscription des Armes Nucléaires en Amérique Latine et dans les Caraïbes (OPANAL).
  4. De réaffirmer que le désarmement nucléaire complet, transparent, irréversible et vérifiable est un objectif important de cette Communauté des Etats et que la seule garantie efficace contre l’emploi ou la menace de l’utilisation des armes nucléaires est leur totale élimination et interdiction. En ce sens, les Etats membres de la Communauté soutiennent la négociation d’un instrument universel juridiquement obligatoire qui interdise les armes nucléaires avec un avec un programme décidé multilatéralement.
  5. Renouveler, de même, notre condamnation catégorique de terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations qui constitue non seulement une menace pour la paix et la sécurité internationales mais porte atteinte à la dignité humaine, à la convivialité pacifique et civilisée et promouvoir la coopération internationale contre ce fléau.
  6. Réaffirmer notre condamnation des listes et certifications unilatérales de la part de pays développés qui affectent les pays d’ Amérique Latine et des Caraïbes, en particulier celles concernant le terrorisme, le trafic de drogues, la traite des personnes et d’autres semblables et nous ratifions le communiqué spécial approuvé par la CELAC le 7 mai 2014 qui condamne l’inclusion de Cuba dans la iste intitulée Liste des Etats qui promeuvent le terrorisme international, du Département d’Etat des Etats-Unis.
  7. Prendre note de l’entrée en vigueur du Traité sur le Commerce des Armes en tant que premier instrument juridiquement obligatoire pour réguler le commerce des armes conventionnelles et prendre note de l’intérêt de Trinité et Tobago pour être le siège du Secrétariat du Traité sur le Commerce des Armes.
  8. Souligner l’éducation et le promotion des valeurs de la culture de paix comme fondements pour créer une nouvelle culture de non violence, éduquer pour la soutenabilité des principes éthiques essentiels du bien-être et pour construire la défense, le respect et la promotion des droits de l’homme universels, ainsi que pour fomenter la coexistence avec la nature.
  9. Les Pays membres de la CELAC s’unissent à la joie du peuple et du Gouvernement panaméens à cause de la célébration du Centenaire du Canal de Panama, le 15 août 2014. Le Centenaire coïncide avec les travaux d’élargissement qui continueront à contribuer au développement économique et soutenable de l’hémisphère ainsi qu’au commerce er à la navigation mondiale.
  10. Réaffirmer le caractère latino-américain et caribéen de Porto Rico et prendre note des résolutions sur Porto Rico adoptées par le Comité Spécial de Décolonisation des Nations Unies. nous réaffirmons que c’est un sujet qui intéresse la CELAC.
  11. Nous, les pays membres de la CELAC, nous nous engageons à continuer à travailler dans le cadre du Droit International et, en particulier, de la Résolution 1514 (XV) de l’Assemblée Générale des Nations Unies du 14 décembre 1960 pour obtenir que la région de l’ Amérique Latine et des Caraïbes soit un territoire libre de colonialisme et de colonies.
  12. Renouveler le plus ferme soutien de la région aux droits légitimes de la République Argentine dans le différend de souveraineté sur les Iles Malouines, Georgias du Sud et Sandwich du Sud et sur les espaces maritimes environnants ainsi que son intérêt permanent dans le fait que ce différend se résolve par la voie pacifique et de la négociation conformément aux dispositions de la Résolution 31/49 de l’Assemblée Générale des Nations Unies.
  13. Accueillir avec satisfaction la décision historique des Présidents de Cuba et des Etats-Unis de rétablir les relations diplomatiques. Réitérer notre plus profonde condamnation de l’application de mesures coercitives unilatérales et réaffirmer notre appel au gouvernement des Etats-Unis à mettre fin au blocus économique, commercial et financier qu’il impose à cette nation soeur depuis plus de 5 décennies. Appeler instamment le Président des Etats-Unis à ce que, dans cette voie, il utilise toutes ses larges possibilités exécutives pour modifier substantiellement l’application du blocus.
  14. Nous renforçons les liens avec les associés extra-régionaux.

Les grands défis globaux et du développement soutenable demandent des solutions coordonnées de la communauté internationale. Les décisions que nous adoptons dans le présent réduiront d’éventuels conflits dans le futur. La région est en conditions pour travailler conjointement et coordonner quand c’est possible, avec ses associés extra-régionaux sur des sujets nombreux et divers et sur différents thèmes de l’agenda multilatéral dans le dépassement de ces défis.

En ce sens, nous agirons pour:

  1. Encourager le dialogue de la CELAC avec despays, des groupes de pays et des organisations d’autres régions du monde pour enrichir les actions et les discussions régionales sur des thèmes d’intérêt globaux et pour fomenter, autant que possible, des initiatives régionales de collaboration et de coopération, de commerce et d’investissement, complémentaires des efforts nationaux et sub-régionaux.
  2. Applaudir la célébration réussie de la I° Réunion des Ministres des Relations Extérieures du Forum CELAC–Chine, qui a eu lieu à Pékin les 8 et 9 janvier 2015 et réaffirmer notre volonté d’avancer dans la mise en oeuvre des accords de ce Forum immédiatement.
  3. Nous soulignons la décision de célébrer la II° Réunion des Ministres des Relations Extérieures du Forum CELAC–Chine à Santiago du Chili en janvier 2018.
  4. Accueillir les résultats des dialogues Ministériels du Quatuor de la CELAC avec l’Inde, l’ASEAN et la Russie, qui ont eu lieu le 25 septembre 2014 à New York. Continuer les dialogues Ministériels du Quatuor de la CELAC avec ces associés ainsi qu’avec la République de Corée, de Turquie et d’autres associés avec lesquels, précédemment, ont eu lieu des dialogues qui ont mis en évidence les potentialités de la région dans ses relations extra régionales. Travailler pour explorer, en 2015, l’opportunité et la viabilité pour créer d’autres forums, en particulier avec la Russie et l’Inde.
  5. Continuer à explorer les possibilités de soutenir des échanges avec l’Union Africaine, le Groupe des BRICS et la Ligue des Etats Arabes.
  6. Souligner les relations de la CELAC avec l’Union Européenne, institutionnalisées au Sommet de Rio en 1999 et réaffirmer l’engagement à continuer à les approfondir avec une nouvelle vision des relations bi-régionales pour réussir un II° sommet CELAC-UE à Bruxelles, les 10 et 11 juin 2015.
  7. Nous organisons la coopération et fomentons l’articulation de nos actions.

L’ Amérique Latine et les Caraïbes ont un patrimoine d’expériences assurées, palpables et réussies dans la coopération Sud-Sud et dans la coopération Triangulaire qui permet de compléter ensemble les actions nationales pour atteindre les objectifs de la CELAC, favoriser la connaissance mutuelle, fomenter l’unité et l’intégration, faciliter le transfert de connaissances et rendre visibles les résultats.

En ce sens, la coopération Sud-Sud constitue, pour notre Communauté, un instrument privilégié pour la complémentarité, l’union, l’intégration et l’échange horizontal de connaissances entre ses membres qui nous permettra d’affronter les énormes défis communs et d’aider les gouvernements de notre région à atteindre le développement soutenable et la croissance inclusive au bénéfice de nos peuples.

Pour cela, nous décidons:

  1. D e réaffirmer que la Déclaration sur la Coopération Internationale de la CELAC, adoptée le 29 janvier 2014 au II° Sommet, à La Havane, et le Cadre Conceptuel de la Coopération Internationale à la CELAC adopté pendant la II° Réunion du Groupe de Travail sur la Coopération Internationale (GTCI) qui s’est déroulé les 29 et 30 juillet à San José, Costa Rica, guideront la coopération dans le milieu communautaire.
  2. Reconnaître l’importance et les particularités de la coopération Sud-Sud et nous réaffirmons notre vision de la coopération Sud-Sud comme manifestation concrète de la solidarité entre les peuples et les pays du Sud qui contribue à leur bien-être national, à améliorer leur autosuffisance et à faciliter la réalisation des objectifs de développement fixés au niveau national et international. Elle permet aussi aux pays en voie de développement de jouer un rôle plus actif dans la politique internationale et dans la prise de décisions et de soutenir leurs efforts pour atteindre le développement soutenable.
  3. Réaffirmer l’importance d’articuler les actions de coopération du Groupe de Travail sur la Coopération Internationale (GTCI) avec celles des autres groupes de travail de la CELAC pour construire des ponts de coopération à l’intérieur et à l’extérieur de la région ainsi que pour renforcer les possibilités et les forces des Etats membres et de la région, en particulier dans les contextes où il existe des mandats et des priorités définies. Développer les mécanismes d’articulation entre les différentes instances de la CELAC avec les coordinations nationales et le GTCI.
  4. Souligner la nécessité de fomenter le dialogue inter-gouvernemental dans les différentes matières de l’agenda international avec les Organismes Internationaux et les Mécanismes Régionaux et Sub-régionaux d’Intégration pour éviter le doublement des actions, donner une cohérence aux processus de coopération régionale, garantir la complémentarité et obtenir une valeur ajoutée de la coopération régionale CELAC aux actions déjà existantes.
  5. Manifester notre bienveillance envers le rapport des actions développées dans la poursuite du mandat de coopération avec la République soeur de Haïti et réaffirmer notre volonté d’identifier de nouvelles formes de coopération dans l’attente de satisfaire les besoins manifestés par ce pays.
  6. Nous agissons dans l’immédiat:

Nous réaffirmons que la CELAC est le forum de dialogue et de concertation politique par excellence des 33 pays de la région dans lequel s’exprime notre unité dans la diversité, se prennent les positions communes et se fait l’échange d’expériences dans de multiples domaines, aussi bien régionaux que globaux.

Nous réaffirmons notre engagement de continuer à travailler sur la base du consensus, en soulignant le caractère multiethnique, pluriculturel, plurinational et divers de la Communauté dans ses travaux et à orienter notre travail régional vers la mise en oeuvre d’actions à vocation et impact régionaux qui nous permettent de trouver des solutions conjointes aux défis et aux problèmes communs.

Nous décidons donc:

  1. Manifester notre satisfaction en ce qui concerne les conclusions des réunions des axes sectoriels qui se sont déroulées lors de la réalisation du Plan d’Action de la CELAC de La Havane, qui apportent un suivi et une continuité aux mandats accordés et de remercier les pays qui ont accueilli les différentes réunions dont la liste suit: Réunion du Groupe de Travail de Développement Social et d’Eradication de la Faim et de la Pauvreté, les 25 et 26 novembre 2014, à Caracas, Venezuela; II° Reunion des Hauts Fonctionnaires sur l’Agriculture Familiale, du 10 au 13 novembre 2014, Brasilia, Brésil; Réunion des Ministres de la Culture, le 21 août 2014, Caracas, Venezuela; I° Reunion des Hauts Fonctionnaires en Sciences et Technologies de la CELAC, 01-02 avril 2014, San José, Costa Rica, II° Reunion des Hauts Fonctionnaires CELAC-UE 03-04 avril 2014, San José, Costa Rica, I° Réunion des Ministres de l’Industrie et du Commerce de la CELAC, 10 et 11 avril, 2014, San José Costa Rica, II°Réunion Ministérielle d’Infrastructure pour l’Intégration Physique du Transport, des Communications, 5 et 6 décembre 2014, Montevideo, Uruguay, Réunion Ministérielle sur l’Energie, 14 octobre 2014 en Lima, Pérou, III° Réunion sur les Migrations, 22 et 23 octobre 2014, à Azogues, Equateur, I° Réunion sur le Problème Mondial des Drogues Illicites,13 et 14 mai 2014, à Antigua, Guatemala, II°Réunion des Ministres et Hautes Autorités de Prévention et de Lutte contre la Corruption, 08 et 09 décembre 2014, Quito, Equateur, II°Réunion du Groupe de Travail sur la Coopération Internationale, 29 et 30 de juillet 2014, San José, Costa Rica, I° Réunion des Mécanismes et Organismes Régionaux et Sub-régionaux d’Intégration dans le milieu social, 18-20 de juin 2014, à Caracas, Venezuela, I° Réunion des Mécanismes et Organismes Régionaux et Sub-régionaux d’Intégration dans le domaine culturel, 17 juillet 2014, San José, Costa Rica, I° Réunion des Organismes et Mécanismes de la CELAC sur le tourisme, 10 novembre 2015, Puerto Es­paña, Trinité et Tobago, I°Réunion du Groupe de Travail sur la Promotion de l’Equité, de l’Egalité et du renforcement du pouvoir des Femmes, 21 et 22 août 2014, San Salvador, El Salvador, I°Réunion du Groupe de Travail sur le Combat contre le Trafic Illicite des Armes Petites et Légères, 11 et 12 septembre 2014, San Salvador, El Salva­dor, I°Réunion du Groupe de Travail sur les Afro-descendants, 4 et 5 décembre 2014, Brasilia, Brésil.
  2. Souligner le soutien apporté à la PPT du Costa Rica par les organismes et les mécanismes d’intégration régionale dans l’accomplissement des objectifs de la Communauté et soutenir la coordination des mécanismes régionaux et sub-régionaux d’intégration.
  3. Adopter le Plan d’Action CELAC 2015 en vue de renforcer des actions dans un effort pour atteindre le développement osutenable de la région et éradiquer la faim et la pauvreté.
  4. Cadrer les travaux dans les axes sectoriels définis tout au long des discussions de la CELAC en concentrant les actions de la Communauté dans ces domaines jusqu’à l’obtention du plein accomplissement des engagements pris dans chacun de ces axes.
  5. Promouvoir les réunions des axes sectoriels consignés dans le Plan d’Action CELAC 2015 qui donnent un suivi et une continuité aux principes fondamentaux qui inspirent l’action de la Communauté dans la recherche du développement humain soutenable.
  6. Remercier l’illustre Gouvernement de l’Equateur qui assume la Présidence Tournante de la CELAC en 2015 et organisera le IV° Sommet de la CELAC en 2016.
  7. Remercier la République Dominicaine qui prendra la Présidence Tournante de la CELAC en 2016 et organisera le V° Sommet.
  8. Prendre note de l’offre de l’Etat Plurinational de Bolivie de prendre la Présidence Tournante de la CELAC en 2017 et d’organiser le VI° Sommet.
  9. Remercier le Costa Rica pour le travail réalisé sous sa Présidence en 2014 et pour l’accomplissement des mandats décidés et pour l’avancement de l’agenda international de la CELAC ainsi que pour le courageux soutien apporté par le Quatuor et les pays membres de la Communauté qui ont étaient les h^tes d’une ou plusieurs réunions sectorielles de la CELAC.
  10. Souligner la valeur des discussions qui ont eu lieu lors de ce III° Sommet sur les défis de la CELAC dans la lutte contre la pauvreté, avec un point de vue de transparence, de rendu de comptes et de lutte contre la corruption; la définition de positions régionales dans le domaine multilatéral; les réflexions concernant l’ Agenda post 2015 et sur le Financement du développement ainsi que le rôle fondamental de la CELAC comme mécanisme de concertation et de dialogue politique dans le processus d’intégration et d’articulation des politiques et des actions communes de la région.
  11. Exprimer nos remerciements à l’illustre Gouvernement de la République Costa Rica pour la réussite du III° Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CELAC qui s’est tenu à Belén, Costa Rica, les 28 et 29 janvier 2015 et pour son leadership dans le renforcement de la CELAC dans le domaine international.

Belén, Costa Rica, 29 janvier 2015

URL de cet article : http://wp.me/p2ahp2-1IQ

L’unité latinoaméricaine comme projet historique

Monica Bruckmann

Monica Bruckmann

La plupart des journalistes occidentaux ignorant le mouvement historique incarné récemment par l’inauguration du siège de l’UNASUR en Équateur, puis par le sommet de la CELAC (Communauté des États Latinoaméricains et des Caraïbes) avec la Chine et son plan d’investissements massifs pour 2015-2019, nous livrons l’éclairage de Monica Bruckmann, Docteur en science politique, professeure du Département de Science Politique de l’Université Fédérale de Rio de Janeiro et Directrice de Recherche de la chaire UNESCO sur l’Économie globale et le Développement Durable.

Siége de l?UNASUR, inauguré en Équateur le 5 décembre 2014

Siége de l’UNASUR, inauguré en Équateur le 5 décembre 2014

Inauguration du siège de l’UNASUR en Équateur (5 décembre 2014) en présence notamment des chefs d’État Horacio Cartes (Paraguay), Dési Bouterse (Surinam), José Mujica (Uruguay), Dilma Roussef (Brésil),Cristina Fernandez (Argentine), Rafael Correa (Équateur), Juan Manuel Santos (Colombie), Evo Morales (Bolivie), Nicolas Maduro (Venezuela), Michele Bachelet (Chili) ainsi que d’Ernesto Samper, ex-Président de la Colombie et Secrétaire Général de l’organisme.

Inauguration du siège de l’UNASUR en présence notamment des chefs d’État Horacio Cartes (Paraguay), Dési Bouterse (Surinam), José Mujica (Uruguay), Dilma Roussef (Brésil),Cristina Fernandez (Argentine), Rafael Correa (Équateur), Juan Manuel Santos (Colombie), Evo Morales (Bolivie), Nicolas Maduro (Venezuela), Michele Bachelet (Chili) ainsi que d’Ernesto Samper, ex-Président de la Colombie et Secrétaire Général de l’organisme.

La conjoncture latinoaméricaine contemporaine est marquée par de grandes avancées dans les projets et processus d’intégration régionale (1). C’est la première fois dans l’histoire que la région a une densité diplomatique aussi dynamique, un ensemble si vaste et divers de mécanismes d’échange et d’action politique conjointe. À la dynamique complexe d’intégration des nations, se joint également l’intégration des peuples et des mouvements populaires, avec un pouvoir croissant de pression sociale et de participation à l’élaboration des politiques publiques qui reflète l’affirmation du mouvement démocratique. Dans ce contexte, il est un principe qui demande toujours plus de centralité, c’est celui de la souveraineté, comme la capacité d’autodétermination des États, des nations, des peuples et des communautés.
Le débat actuel autour de l’intégration régionale et de ses perspectives possède de forts antécédents qui montrent la profondeur de l’unité latino-américaine comme projet historique. Sans nous attarder plus longuement sur le développement de ces antécédents, nous cherchons à présenter quelques exemples de ce qui constitue les bases doctrinaires de l’actuel processus d’intégration régionale. Cette approche montre surtout, les limites d’une tentative de conversion de ce processus d’intégration en un simple échange commercial.

Intégration régionale et projet stratégique

La géopolitique de l’intégration régionale latino-américaine est profondément affectée par une dispute des intérêts entre le projet hégémonique des États-Unis, exprimé dans une stratégie complexe de domination et d’appropriation des ressources naturelles considérées ’« vitales », ce qui convertit l’accès à ces ressources, qui se trouvent essentiellement hors du territoire continental et d’outre-mer des États-Unis, en un sujet de « sécurité nationale » pour ce pays. D’autre part, des processus d’intégration régionale se développent hérités des luttes continentales pour l’indépendance pendant le 19ème siècle, qui rencontrent dans la rénovation du bolivarianisme un projet d’affirmation souveraine qui a avancé et s’est approfondi au cours des dernières années.
Cependant, le renforcement de l’intégration régionale exige une nouvelle vision stratégique élaborée à partir d’une vaste discussion sur la dynamique et les tendances du système mondial, l’émergence des nouvelles puissances à l’échelle globale, et le développement d’une vision géopolitique qui articule les intérêts en jeu et la conformation de nouvelles territorialités à partir d’un grand mouvement social du ’« bas vers le haut ». Ce moment d’élaboration de la pensée régionale a pour défi la construction d’une stratégie de réappropriation sociale des ressources naturelles et de leur gestion économique et scientifique, ce qui exige une rediscussion approfondie de la notion-même de développement, du concept-même de souveraineté et de la position de l’Amérique Latine dans la géopolitique mondiale.
L’analyse des diverses dimensions qu’implique la dispute globale pour les ressources naturelles considérées stratégiques, requiert un bilan de l’histoire mondiale récente qui a pour aspect fondamental, l’émergence de la Chine. La nouvelle centralité de la Chine dans l’économie et la politique mondiale nous conduit à souligner l’importance de l’approche de longue durée (du point de vue Braudélien) et des processus de civilisation dans la construction des instruments théorico-méthodologiques pour l’analyse de la conjoncture. Dans ce contexte, et avec une approche qui s’efforce de capturer la complexité du monde contemporain, la question stratégique transcende largement le cadre de la politique de sécurité et de la défense nationale, pour s’insérer dans l’analyse des processus historiques de longues durées et de la dimension civilisatrice des visions stratégiques.
L’Amérique Latine a, en relation avec la Chine, une opportunité historique de développer une coopération stratégique à long terme, visant à rompre la relation de dépendance qui marqua son insertion dans le système mondial. Il convient à la région de profiter de cette opportunité ou de reproduire la logique de la dépendance et la dynamique d’exportation des matières premières à faible valeur ajoutée, qui a pour base la logique de ce qu’on appelle l’extractivisme, qui étranger à tout projet national, restreint notre horizon économique aux intérêts des économies centrales et des entreprises transnationales qui deviennent les agents économiques de ces intérêts.

Forum CELAC-Chine, les 8 et 9 janvier 2015 à Beijing

Forum CELAC-Chine, les 8 et 9 janvier 2015 à Beijing

De l’hégémonie unipolaire à l’hégémonie partagée

Pendant la dernière décennie, le débat théorique et politique a été profondément marqué par la crise de l’hégémonie unipolaire et par la configuration d’un espace global avec hégémonie partagée, ou multipolaire. L’importance économique et politique croissante des puissances émergentes, ceux que l’on nomme « BRICS » (Brésil, Russie, Inde, Chine et, récemment, Afrique du Sud), posent des éléments nouveaux afin de repenser la dynamique économique et politique d’un monde multipolaire, où les processus et projets d’intégration régionale se convertissent en mécanismes nécessaires pour la compartimentation du pouvoir mondial et régional et pour le renforcement des projets de développement par et pour le Sud.

img_31901correa-maduro_china

Les présidents Nicolas Maduro (Venezuela) et Rafael Correa (Équateur) en Chine les 5 et 6 janvier 2015

La collaboration sud-sud puise son inspiration plus profonde dans l’affirmation de la lutte anti-coloniale du tiers monde et dans l’apparition des pays non-alignés. La Conférence de Bandung, qui s’est tenue en avril 1955, représenta un des moments les plus importants de ce processus. Ce rassemblement, auquel participèrent 23 pays asiatiques et 5 africains, se nourrit des principes de la lutte anti-coloniale et anti-impérialiste, élaborant un vaste appel d’autodétermination et de développement des peuples basé sur la solidarité et la coopération économique et culturelle et cherchant à créer un espace politique indépendant quant aux blocs militaires et la confrontation entre États-Unis et l’Union Soviétique durant la période de la Guerre Froide. Le thème principal était porté sur les luttes nationales pour l’indépendance, l’éradication de la pauvreté et le développement économique, au travers des organisations régionales et des politiques économiques de coopération entre les pays du tiers monde.

Sommet de Bandung (1955)

Sommet de Bandung (1955)

L’esprit de Bandung a permit de créer un vaste consensus entre les principaux leaders et les peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine par rapport à l’affirmation de la paix et les principes de coexistence pacifique, à un moment où le monde vivait une situation d’extrême tension et de menace de guerre : l’invasion du Guatemala organisée par les États-Unis pour renverser le président Jacobo Árbenz, le déplacement de la Septième Flotte des États-Unis vers la mer de Chine, la substitution des troupes françaises par les troupes états-uniennes dans la région sud du Vietnam, après la défaite française à Dien Bien Phu en 1954 et la guerre de Corée (1950-1953).
Les cinq principes de coexistence pacifique, proposés par le premier ministre chinois Chou En-lai et ratifiés par le premier ministre hindou Jawaharlal Neru en 1954 : pas d’agression, pas d’intervention dans les affaires internes d’autres États, égalité et avantages mutuels et coexistence pacifique, ont été repris par la Conférence de Bandung comme partie des dix principes généraux, qui incluaient :
  • le respect des droits fondamentaux en accord avec la Charte de l’ONU de 1948
  • respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de toutes les nations
  • reconnaissance de l’égalité de toutes les races et nations, indépendamment de leur taille
  • pas d’intervention et ni d’ingérence dans les affaires internes d’autres pays
  • respect des droits de chaque nation à se défendre, individuellement ou collectivement en accord avec la Charte de l’ONU
  • refus de participer aux préparatifs de défense destinés à servir les intérêts particuliers des superpuissances
  • abstention de tout acte ou menace d’agression ou emploi de force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’autres pays
  • solution pacifique des conflits internationaux, en accord avec la Charte de l’ONU
  • encouragement des intérêts communs de coopération
  • respect de la justice et des obligations internationales
Le Mouvement des non-alignés a donné du contenu diplomatique, aux Nations Unies, à ses lignes d’action. Sous influence latino-américaine se créé la United Nations Conference on Trade and Development (UNCTAD). Émergent également des expressions radicales de la lutte politique révolutionnaire, comme l’organisation Trilatérale, qui se crée à La Havane, en 1973. L’émergence de gouvernements comme celui de Velasco Alvarado au Pérou, de Juan José Torres en Bolivie, de Omar Torrijos au Panamá, de Salvador Allende au Chili, et le retour d’Eva Peron en Argentine, conduisent à des initiatives de l’État qui s’expriment dans la transformation de la ALALC en ALADI (Association Latino-américaine d’Intégration). Le Système Économique Latino-américain et de la Caraïbe (SELA) est également créé en 1975, destiné à l’étude de l’intégration régionale et à la formulation de ses politiques. Cependant, l’organisation interétatique la plus forte se créé en 1960 avec l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP). Dans le même temps, le vote de la « Charte des Droits et Devoirs Économiques des États », en 1972, promue par le président mexicain Luis Echeverría, consacre les principes du non-alignement aux Nations Unies.
Les initiatives internationales qui forment partie de cette offensive du tiers monde sont diverses, qui voit dans la victoire de la révolution vietnamienne et la libération du Laos et du Cambodge une épopée de la lutte anti-impérialiste mondiale. La réponse du centre impérial à cette offense commence à s’articuler autour de la formation de la Commission Trilatérale (Trilateral Commission) en 1973, qui réunit les États-Unis, l’Europe et le Japon avec pour stratégie la récupération du pouvoir mondial. Cette stratégie atteindra ses résultats dans la décennie de 1980, pendant les gouvernements de Margaret Thatcher et Ronald Reagan, et s’exprime dans l’établissement de l’hégémonie de la pensée unique qui réussit, à transformer le Glanost et la Perestroika, commencées par les soviétiques, grâce à dissolution de l’Union Soviétique.
Pendant la décennie de 1990 débutent de forts mouvements de restructuration de l’offensive des gouvernements et des mouvements du tiers monde, qui voit dans la réussite économique de la Chine et de l’Inde et, en partie, du Brésil au début du 21ème siècle, une recherche de formes institutionnelles qui expriment cette nouvelle situation.
Si dans la décennie de 1970 se créa le Groupe des 7 principaux pays développés (G7), dans les années 2000, en plus de l’incorporation de la Russie, sont inclus également plusieurs pays émergents composant le groupe des 20 (G20). Le principe de l’hégémonie partagée est ainsi consacré comme successeur des désastres causés par la politique de l’unilatéralisme qui a été imposée avec le gouvernement de Bush fils.
L’héritage historique des luttes du tiers monde se révèle de grande utilité pour une stratégie d’affirmation d’un système multipolaire et pour orienter, d’un point de vue stratégique, le processus d’intégration latino-américaine et son impact sur la géopolitique mondiale contemporaine.

unasurr-620x264

Sommet de l’UNASUR en Équateur (5 décembre 2014)

L’Amérique Latine et la construction de l’unité continentale

Dans le même temps, l’Amérique Latine vit un processus à travers duquel la diplomatie régionale acquiert une densité inconnue jusqu’alors. Un ensemble de nouvelles articulations se traduisent en institutions sous-régionales, régionales et continentales, qui transforment le processus d’intégration en une réalité complexe qui implique des chefs d’État, ministères des relations étrangères et diverses autres agences nationales, qui en même temps, est accompagné d’un processus d’intégration des peuples et des mouvements sociaux, incluant les syndicats et les mouvements des agriculteurs et des étudiants qui avaient déjà une certaine tradition de l’intégration régionale.
Quant aux sciences sociales, un processus croissant d’intégration régionale s’est développé avec de nouvelles institutions d’étude, des universités et des réseaux académiques qui permettent d’avancer vers l’étude de la problématique régionale, en renforçant une vision d’ensemble. Peut-être que certains des exemples les plus remarquables de ce processus sont le Conseil Latinoaméricain de Sciences Sociales (CLACSO), dont la première session s’est organisée à Lima, en 1968 ; ou la Faculté Latinoaméricaine de Sciences Sociales (FLACSO), qui se créé en 1954, au Chili, et ensuite, s’étend à l’Argentine, au Mexique, au Brésil, à l’Équateur et à l’Amérique Centrale.
images
Dans le domaine de la recherche se sont créés, après la Commission économique pour l’Amérique Latine (CEPAL), le Centre Latinoaméricain et Caribéen de Démographie (CELADE), au Chili (1957) ; la Escolatina (master à l’université du Chili), dans le secteur de l’économie (Chili) ;l’Institut Latinoaméricain de Planification Économique et Sociale (ILPES) ; la Maîtrise Latinoaméricaine de l’Administration Publique de la Fondation Getulio Vargas, au Brésil ; le Conseil Supérieur Universitaire Centre-Américain (CSUCA), qui coordonne les universités de cette sous-région ; la Coordination des Universités du Cône Sud et, plus récemment, le Forum Universitaire du Mercosur (FOMERCO) et l’Université d’Intégration Latinoaméricaine (UNILA), qui a son siège dans la ville aux trois frontières, Foz de Iguaçu (Brésil). Parmi les diverses associations professionnelles qui se sont constituées au fil des dernières décennies se distinguent l’Association d’Économistes d’Amérique Latine et de la Caraïbe (AEALC) et l’Association Latinoaméricaine de Sociologie (ALAS). Cela montre que sont en train de se créer des conditions pour une intégration à long terme par l’intermédiaire d’un réseau d’institutions qui permettent la coopération et l’échange sur divers domaines de la connaissance.
Un bilan historique un minimum informé montre la densité croissante de l’intégration régionale, contrairement à ce que les défenseurs du panaméricanisme plaident, qui disqualifient systématiquement les avancées de ce processus.
Les parlements latinoaméricains du Mercosur, de la Communauté Andine, du Traité de Coopération Amazonienne, sont également des mécanismes de développement du processus d’intégration. Ce cadre institutionnel croissant ouvre le chemin pour le débat sur une stratégie commune sudaméricaine et latinoaméricaine, avec des possibilités de se convertir en des politiques concrètes. Le renforcement du Mercosur et la création postérieure de l’Alliance Bolivarienne pour les Amériques (ALBA) ; l’impact croissant sous-régional de la Communauté et Marché Commun de la Caraïbe, qui actuellement porte le nom de Communauté Caribéenne (Caricom) et plus récemment, la création de l’Union des Nations Suraméricaines (UNASUR) et celle de la Communauté d’États latinoaméricains et caraïbes (CELAC), sont l’expression de la densité croissante et du dynamisme de l’intégration régionale, contrairement à ce que les défenseurs du panaméricanisme plaident, qui disqualifient systématiquement les avancées de ce processus et qui persistent dans leurs tentatives visant à déstabiliser et affaiblir un projet historique d’unité des peuples de la région qui se révèle, en dernier ressort, comme un projet historique de longue durée.
Monica Bruckmann
Ce texte fait partie de la Revue Amérique Latine en Mouvement, Nº500 de décembre 2014 qui traite du thème « América Latina : Cuestiones de fondo »
Note :