Médecins du peuple et du monde. Conversation avec Vanessa Almeida et John Chikuike Ogbu, étudiants au Venezuela.

Cira Pascual Marquina, Caracas, 1 mars 2024

Photo : Vanessa Almeida est la porte-parole principale des étudiants de l’ELAM. John Chikuike Ogbu est le porte-parole adjoint. (Venezuelanalysis)

À la fin des années 1990, deux puissants ouragans ont balayé les Caraïbes, faisant des dizaines de morts et de blessés. La catastrophe humanitaire a mis en évidence la nécessité d’augmenter le nombre de médecins dans la région. C’est à ce moment que Fidel Castro a fondé l’École latino-américaine de médecine (ELAM) à La Havane. Inspiré par l’internationalisme de la révolution cubaine, le Venezuela a fondé sa propre ELAM en 2007. L’école a diplômé des milliers de médecins du monde entier. En parcourant son siège, dans le centre de Caracas, on peut surprendre dans les couloirs des conversations allant de l’arabe au créole haïtien, en passant par le portugais et l’anglais.

Nous nous sommes entretenus avec deux jeunes étudiants de l’ELAM sur leurs expériences à l’ELAM. Vanessa Almeida est une étudiante de cinquième année, membre du Mouvement des sans terre du Brésil, originaire d’Itamaraju, une petite ville rurale. John Chikuike Ogbu est un étudiant de deuxième année issu d’une famille de la classe ouvrière de la ville d’Enugu, au Nigeria.


Vanessa, en tant que porte-parole des étudiants, peux-tu nous expliquer le projet de l’ELAM ?

Vanessa Almeida : L’École latino-américaine de médecine fut la prunelle des yeux de Chávez, et un héritage de la révolution cubaine, c’est une communauté de futurs médecins du monde entier, en particulier du Sud, qui s’engagent à retourner dans leur pays d’origine et à travailler avec des populations mal desservies. L’ELAM date de 1999, elle a été fondée à Cuba alors que la situation était très difficile. Qu’a fait Fidel face à l’adversité ? A-t-il renoncé à l’internationalisme de la révolution ? Non, il a dit : « d’autres envoient des armes et des armées pour occuper des pays, nous, nous enverrons une armée de médecins pour sauver des vies. Cela faisait partie de la « bataille des idées ». Puis, en 2007, Chávez a introduit le projet ELAM au Venezuela.

Aujourd’hui, on trouve des médecins ELAM dans les « barrios » et les « favelas » (quartiers populaires), ainsi que dans les zones rurales les plus reculées du monde. Chávez estimait que les soins de santé étaient un droit universel. La solidarité internationale était au cœur de sa politique. C’est pourquoi l’école fondée à Cuba correspondait parfaitement à la révolution bolivarienne. L’ELAM est peut-être le projet qui exprime le mieux l’engagement du Venezuela à promouvoir la justice sociale et l’égalité dans le monde entier… même aux heures les plus difficiles !

Photos : Fidel Castro a inauguré l’ELAM de Cuba en 1999. (ELAM)

Le Venezuela a connu de graves difficultés ces dernières années en raison du blocus et des sanctions des États-Unis. Bien que l’ELAM n’a jamais fermé ses portes, il est certain qu’elle a dû affronter de grandes difficultés.

Vanessa : Les choses n’ont pas été faciles : le blocus, la pandémie, les attaques politiques contre la révolution. Pourtant, le Venezuela nous a ouvert ses portes et est devenu notre « maison loin de chez nous ». Lorsque le blocus a rendu la vie vraiment difficile, Nicolás Maduro aurait pu dire : « concentrons-nous d’abord sur notre peuple ». Au lieu de cela, il a décidé de maintenir en vie le projet de Chávez. Même lorsque la situation était très difficile, l’école nous a nourris et logés. Elle a pris en charge les frais liés aux études. Je lui en suis reconnaissante : la plupart d’entre nous n’auraient jamais pu étudier la médecine dans leur pays, ou si nous en avions eu la possibilité, cela nous aurait coûté les yeux de la tête.

Comment l’exercice de la médecine est-il conçu à l’ELAM ?

John Chikuike Ogbu : La conception de la médecine à l’ELAM est radicalement différente de la conception conventionnelle. Notre cursus est axé sur la « médecine communautaire intégrale », ce qui implique une perspective humaniste qui associe la science et l’engagement envers la société. L »amour et l’humilité sont les clés pour devenir des médecins de proximité. Nous apprenons tout cela en étudiant l’anatomie, la biochimie et l’éthique médicale. Les médecins de l’ELAM vont dans le monde, se consacrant au bien-être des communautés ; ils ne s’assoient pas dans un cabinet médical sophistiqué en attendant que les malades viennent à eux pour être « guéris » par un médecin qui ressemble à Dieu. En outre, le type de soins de santé promu par l’ELAM est avant tout préventif.

Le capitalisme marchandise tout, même la santé. L’ELAM, quant à lui, la dé-commercialise. Vanessa, peux-tu nous en parler ?

Vanessa : C’est vrai, le capitalisme marchandise tout, même la santé ! Les médecins conventionnels sont formés pour « soigner » un patient, lui passer la facture et le renvoyer sur le marché du travail capitaliste. Ils ne sont pas formés pour comprendre la douleur psychologique des patients, leurs soucis, leurs contextes socio-économiques, en amont. En revanche, un médecin formé dans notre ELAM comprend la communauté dans laquelle il exerce parce qu’il y vit, parce qu’il parcourt la ville pour se rendre au cabinet, parce qu’il parle aux habitant(e)s et qu’il rend visite aux malades chez eux si nécessaire. Un médecin de l’ELAM n’est pas formé pour s’enrichir, mais pour servir la population. Dans mon cas, lorsque j’obtiendrai mon diplôme, soyez sûrs que je ne participerai pas à la marchandisation de la santé. La médecine promue par l’ELAM est « intégrale », surmontant la conception selon laquelle les patients ne sont que la somme de leurs organes. Nous considérons les patients de manière holistique, les diagnostics tenant également compte du contexte culturel, des facteurs socio-économiques et du contexte familial.

Cette approche nous permet de nous attaquer aux causes profondes d’un mal de tête récurrent ou d’un terrible mal de ventre, et d’offrir potentiellement des solutions qui ne reposent pas uniquement sur des médicaments. Bien entendu, cela ne signifie pas que les connaissances scientifiques ne sont pas importantes pour nous, mais elles ne constituent qu’une partie de la solution.

Photo : École latino-américaine de médecine « Salvador Allende » (ELAM) au Venezuela

Quel est le rôle de l’internationalisme à l’ELAM ?

John : L’ELAM accueille actuellement des étudiants de plus de 20 pays, principalement des pays du Sud. L’institution a une solide perspective Sud-Sud et un engagement véritable pour les peuples opprimés. Chávez rêvait que l’ELAM devienne une communauté internationale, et c’est précisément ce qui s’est réalisé. Nos camarades de classe et d’études viennent d’Amérique latine, des Caraïbes et d’Afrique, et un important groupe d’étudiants de frères et sœurs palestiniens étudient ici.

Vanessa, tu es une militante du MST [Mouvement des Travailleurs Sans Terre] brésilien, une organisation liée de longue date au processus bolivarien. Quelle importance revêt pour toi l’héritage de Chávez ?

Vanessa : Au sein du Mouvement des Sans Terre, nous aimons beaucoup Chávez, parce qu’il a modifié le cours de l’histoire de l’Amérique latine, parce qu’il était un véritable internationaliste et parce qu’il se souciait des travailleur(se)s du monde entier. Il a également établi un lien particulier avec les paysans. Dans notre école, Chávez est vivant ! Il y a une histoire sur lui que j’ai trouvée très émouvante. Lorsqu’il était soigné pour un cancer à Cuba, il demandait constamment des nouvelles de son peuple : « Comment va mon peuple ? C’était sa première question en se réveillant de l’opération, et il interrogeait toutes les personnes qui lui rendaient visite. En tant que médecins de l’ELAM, nous devons imiter cette attitude : le peuple, le peuple, est notre première, deuxième et troisième priorité.
Les études sont intenses. Je me lève tous les jours à 5 heures du matin et me couche tard. Je dois profiter au maximum de cette opportunité. Lorsque j’aurai obtenu mon diplôme, je rentrerai chez moi et j’offrirai à la communauté ce que la révolution bolivarienne m’a donné.

John, en tant que Nigérian, vous êtes assez loin de chez vous et vous avez dû apprendre une nouvelle langue. Pourriez-vous partager cette partie de votre histoire ?

John : En effet, tout n’a pas été facile. Tout d’abord, lorsque je suis arrivé, j’ai dû passer par une longue période d’isolement. Ensuite, il y a le défi de la langue. Je ne parlais pas espagnol à mon arrivée, et j’ai encore du mal avec cette langue. Je me souviens qu’en tant que pré-médecin, j’ai dû étudier la biochimie, ce qui est déjà un défi en soi. Essayer de naviguer dans le contenu tout en apprenant la langue était stressant, mais j’étais déterminé à réussir. Je me tournais vers Youtube, j’empruntais des livres et, si nécessaire, mes camarades de classe venaient à ma rescousse. Petit à petit, mes compétences linguistiques se sont améliorées, et bien que le régime universitaire reste intense, la plupart du temps, je n’ai pas de difficultés avec la langue.

Il y a eu d’autres obstacles : nous sommes tous loin de chez nous et nos journées sont très longues, si bien qu’il m’arrive de ne pas pouvoir appeler ma famille, ce qui est difficile. Heureusement, mes camarades de classe et mes professeurs sont en train de devenir ma deuxième famille, et même si ma famille dans mon pays me manque, je ne me sens plus aussi seul.

Vanessa, peux-tu nous parler du travail universitaire à l’ELAM et de son programme ?

Vanessa : à l’ELAM, nous avons un programme d’études et de pratique très exigeant. En tant qu’étudiante en cinquième année, j’ai de longues heures de rotation dans les hôpitaux, et 24 heures de cours par semaine. Nos professeurs, originaires de Cuba et du Venezuela, sont très engagés dans la révolution mais ils ne nous imposent aucune politique : notre cœur est tourné vers le processus bolivarien, non par obligation, mais parce que nous ressentons tout cet amour au Venezuela. Nos professeurs nous enseignent à devenir des scientifiques humanistes, des professionnels de la santé engagés.

Vous êtes tous deux activement impliqués dans la pratique médicale. Penchons-nous sur cet aspect de votre formation.

John : Je fais un stage au Centre de diagnostic intégral Amelia Blanco [CDI], où nous apprenons la médecine préventive et curative. Nous effectuons également des visites de maison en maison pour cartographier la communauté et comprendre le profil socio-économique du « barrio » (quartier populaire). C’est la clé pour devenir un docteur « intégral ». Apprendre à travailler et à s’occuper des gens dès le début est très important à l’ELAM. Sans ces bons rapports avec les gens, comment les aider à guérir ?

Vanessa : Actuellement, je suis en rotation à l’hôpital Victorino Santaella dans les « Altos Mirandinos ». L’expérience a été extraordinaire. J’ai beaucoup appris des résidents, des médecins et des spécialistes, ainsi que de la directrice de l’hôpital, vraiment engagée. On la voit souvent dans les couloirs de l’hôpital en train de résoudre des problèmes, de s’assurer qu’il y a du matériel médical, etc. C’est ainsi que tout fonctionnaire médical devrait être : sur le terrain. Lors de mes stages en médecine, j’ai appris à traiter et à soigner une femme âgée ou un nourrisson, ainsi qu’à pratiquer certaines interventions chirurgicales. Parallèlement, j’ai acquis les compétences nécessaires pour accompagner des personnes dans des moments très difficiles.

Pour en revenir à l’impact du blocus auquel le Venezuela est confronté, avez-vous observé ses effets sur le système médical ?

Vanessa : Oui. Le blocus a un impact évident sur les hôpitaux et les installations médicales. Malgré ces difficultés, des médecins et du personnel médical dévoués se sont montrés à la hauteur de la situation, réalisant des miracles pour sauver des vies.

Le gouvernement veille également à ce que les hôpitaux soient correctement approvisionnés. J’ai personnellement constaté que certaines alliances Sud-Sud donnent des résultats. Les installations médicales sont désormais mieux approvisionnées. Si certains emballages et instructions peuvent être rédigés en chinois ou en arabe – ce qui présente son lot de difficultés -, nous avons désormais les compétences nécessaires pour identifier les fournitures. Nous tirons le meilleur parti de ce que nous avons. Le blocus états-unien est criminel et son impact sur la santé du peuple vénézuélien est bien réel, mais nous sommes en mesure de soigner nos patients.

Entretien réalisé par Cira Pascual Marquina pour Venezuelanalysis.

Source : https://venezuelanalysis.com/interviews/internationalist-doctors-a-conversation-with-vanessa-almeida-and-john-chikuike-ogbu/

Traduction de l’anglais : Thierry Deronne

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2024/04/14/medecins-du-peuple-et-du-monde-conversation-avec-vanessa-almeida-et-john-chikuike-ogbu-etudiants-au-venezuela/

177 scientifiques, professeur(e)s et agent(e)s de santé de terrain répondent aux fake-news de Luke Taylor (« Nature ») sur la gestion du Covid au Venezuela

Dès le début de la pandémie au Venezuela (13 mars 2020), le gouvernement bolivarien a mis en place une politique intensive de biosécurité, masques, désinfection d’espaces, confinement, dépistage massif, campagnes d’éducation et actuellement, une campagne intensive de vaccination gratuite. Nous avons publié une dizaine d’articles sur ce thème. En septembre 2021 – nouvelle victoire sur le blocus occidental -, le Venezuela a pu acheter 700.000 doses du vaccin chinois Sinovac, libérées du verrou bancaire suisse après une longue bataille, grâce à l’appui de l’OMS/COVAX qui enverra au total 11 millions de doses. Vient d’arriver également la neuvième cargaison du vaccin russe Sputnik-V. Le Venezuela est à présent en tête des pays pour la vitesse de vaccination (graphique) et continue comme depuis le début de la pandémie à écraser la courbe du Covid (https://covid19.who.int/region/amro/country/ve), ce qui explique que l’ONU ait demandé au Venezuela l’autorisation d’étudier le succès de sa politique anti-Covid. Une politique qui contraste avec les politiques « trumpo-darwinistes », ultra-néolibérales, qui ont provoqué des hécatombes en Equateur, au Brésil ou en Colombie.

Un secteur de médecins de classe moyenne et liés à la droite, continue à nier cette réussite. Ce secteur relayé par les médias privés (majoritaires) a mal vécu la perte du monopole commercial de la santé qu’il exerçait avant l’élection du Président Chavez, ainsi que de voir une révolution étendre les droits sociaux, de santé ou d’études universitaires, à l’ensemble de la population. Sa réaction de classe l’a déshumanisé : il a dénoncé comme « concurrence déloyale » (sic) la mission sociale « Barrio Adentro » qui a sorti la médecine de sa vision mercantiliste, l’a rendue gratuite, accessible aux secteurs populaires et a sauvé les vies de millions de vénézuélien(ne)s. Ce secteur a appuyé les violences de rue et les coups d’État contre le gouvernement élu, et a reçu en grande pompe le putschiste Juan Guaido (photo) dès sa première visite publique comme fake-président du Venezuela (un personnage dont les campagnes en faveur des sanctions ont bloqué l’achat de nombreux médicaments, et provoqué la mort de nombreux patient(e)s). Tout cela, sans doute, dans l’espoir du retour du Venezuela aux temps de l’apartheid où la médecine était réservée à ceux qui peuvent payer.

La naturalisation du storytelling de la droite et des grands médias sur l’existence d’une « dictature » au Venezuela donne des ailes à des auteurs en mal d’audimat, qui pensent pouvoir recycler les poncifs sans que personne ne les contredise. La revue « Nature » a publié le 25 août un article d’un certain Luke Taylor qui applique ce storytelling à la gestion de la pandémie. 177 scientifiques, professeurs et agents de santé de terrain, publient un important droit de réponse : http://revista.vps.co.ve/editorial/ que nous traduisons et publions avec la liste des signataires :

« En tant que membres de la communauté scientifique vénézuélienne, du secteur de la santé et d’autres domaines de connaissance, nous demandons un droit de réponse à la revue Nature que vous éditez. Compte tenu de la désinformation, des demi-vérités et des inexactitudes exprimées dans l’article « Les travailleurs de la santé vénézuéliens collectent secrètement des statistiques sur le COVID », par M. Luke Taylor, publié le 25 de ce mois, et dans l’article « COVID au Venezuela, les essais de santé supprimés – la semaine en infographie », publié deux jours plus tard, tous deux sur le site Internet de Nature, nous souhaitons rétablir les faits et décrire la réalité de la lutte du Venezuela contre le COVID-19, informer sur les vrais chiffres acceptés par tous les organismes internationaux concernés.

« La communauté scientifique internationale a en effet le droit d’obtenir une image plus complète et plus précise de la réalité que notre pays subit depuis 2015, et ce malgré l’imposition cruelle d’une série de mesures coercitives unilatérales (gouvernement des États-Unis), qui, dans le cadre de la pandémie COVID-19, a produit un scénario socio-économique critique aux conséquences désastreuses pour la société vénézuélienne.

« Parlons de contexte d’abord : les mesures coercitives unilatérales (« sanctions »)  et le blocus imposés à la République bolivarienne du Venezuela par les États-Unis et leurs alliés depuis 2015, en vertu de la loi 113.278 signée par l’ancien président Barack Obama en décembre 2014. Cette situation a eu de graves conséquences sur la vie quotidienne, en particulier dans des secteurs tels que l’éducation, l’alimentation et la santé (1-3). Or, curieusement, ce fait majeur n’est mentionné à aucun moment dans la critique de Taylor, alors qu’il a eu d’énormes répercussions négatives sur les droits humains dont le droit à la santé de la population, touchant particulièrement les femmes et les enfants, entre autres groupes, privés d’accès aux fournitures et aux médicaments (4).

« La rapporteuse spéciale de l’ONU sur l’impact de sanctions, la professeure de Droit International Alena Douhan (photo), a établi en février 2021 un rapport accablant sur les conséquences des sanctions occidentales contre le Venezuela, et rappelé leur illégalité. La « menace pour la sécurité nationale des États-Unis » invoquée le 8 mars 2015 comme base pour introduire des sanctions contre le Venezuela, et prolongée/renforcée à plusieurs reprises par D. Trump puis J. Biden, ne correspond pas aux exigences de l’art. 4 du Pacte International relatif aux Droits civils et politiques. En juillet 2021 six autres experts indépendants nommés par l’ONU ont dénoncé l’impact de ces sanctions sur la vie des patient(e)s affecté(e)s de cancer.

« Le reportage de Taylor publié dans Nature mentionne un prétendu médecin de famille qui déclare « anonymement » (!) que « Face à la répression du gouvernement et aux ressources limitées, les médecins et les infirmières travaillent discrètement avec des réseaux de recherche pour rapporter des données fiables… Lorsqu’ils ont parlé de ce qu’ils disent être des conditions inacceptables, certains ont été détenus par les forces gouvernementales ». Citer un médecin unique et anonyme qui prétend que certains travailleurs de la santé ont été détenus par les forces gouvernementales, sans offrir de sources primaires pour étayer l’allégation, ni mentionner les noms, les charges ou les dates de la détention présumée de ces travailleurs, témoigne à tout le moins d’un manque de sérieux.

« Ensuite, le même « médecin anonyme » affirme qu’une « partie » du corps de santé du pays communique « clandestinement » des données « fiables » sur la pandémie qu’ils a lui-même recueillies… en secret (sic). Et que ces anonymes déclarent qu' »il est évident que les chiffres du Venezuela ne reflètent pas la réalité, et que le décompte drastique est dû à un manque de preuves et d’infrastructures, mais aussi à un effort délibéré du gouvernement pour minimiser la situation de pandémie ».

« Il est important de noter que depuis les deux premiers cas de COVID-19 dans le pays (13 mars 2020), le gouvernement vénézuélien a déclaré l’état d’urgence (https://elpais.com/sociedad/2020-03-13/venezuela-confirma-dos-casos-de-coronavirus.html). Il a immédiatement pris certaines mesures comme la mise en quarantaine préventive obligatoire des passagers du vol 6673 d’Iberia les 5 et 8 mars 2020, origine des premiers cas, la suspension des classes à tous les niveaux et l’utilisation de masques par les passagers dans les transports tels que le métro et les trains. Deux jours plus tard, le 15 mars, lorsque 17 cas positifs ont été confirmés dans plusieurs états du pays, il a décidé de prendre des mesures drastiques, comme le confinement collectif. Il a établi une stratégie de communication dans les médias nationaux, les espaces publics et privés, en tenant la population vénézuélienne informée, quotidiennement et à jour via Twitter notamment, des statistiques des paramètres épidémiologiques de la pandémie. Les cas positifs, les décès et les cas guéris sont signalés par État toutes les 24 heures, ainsi que les mesures de biosécurité à appliquer au sein de la population. Une stratégie de restriction de l’activité commerciale, appelée 7+7, a été mise en place, dans laquelle une semaine d’activité flexible est suivie d’une semaine d’activité restreinte. Toutes ces orientations émanent du Conseil scientifique présidentiel (CCP), qui a été constitué le 13 mars dernier, et dont les membres sont des scientifiques de différents domaines de connaissance, dotés d’une grande expérience.

« Nous voudrions ajouter quelques détails intéressants. Le gouvernement, et ce conseil scientifique, ont pris une série de mesures pour combattre l’épidémie depuis son apparition. Au moment de convenir, dans une résolution conjointe du Ministère de la Santé (MPPS) et du Ministère pour la Science et la Technologie (MPPCyT), des priorités à investiguer, un ensemble de plusieurs domaines a été rendu public dans le Journal Officiel, parmi lesquels se détachent les contributions à la caractérisation épidémiologique du COVID-19 dans la population vénézuélienne, ainsi que l’impact psychologique, social et culturel de ce dernier ; 1) un Fonds économique a été approuvé par l’exécutif pour le développement de la recherche et des innovations scientifiques liées à la lutte contre le COVID-19, fonds qui ont été investis dans le renforcement et la préparation des réponses sociales et sanitaires dont le pays avait besoin pour lutter et combattre le nouveau coronavirus ; 2) selon le référentiel de l’Observatoire national de la science, de la technologie et de l’innovation (ONCTI), entre janvier-2020/juin-2021, trois cent neuf (309) documents écrits par des Vénézuéliens ont été identifiés, dont 71% ont été collectés dans des revues nationales et internationales à comité de lecture, dans six grands domaines de connaissance et liés à COVID-19, précisant que 61% de ces textes apportent de nouvelles connaissances à la communauté scientifique, à travers des découvertes, des recommandations et des revues documentaires (http://oncti.gob.ve). En d’autres termes, la gestion de cette pandémie ne relève pas de la seule responsabilité du gouvernement. Il s’agit d’une situation qui requiert les efforts de tous les secteurs du pays afin de l’affronter et de la contrôler ; 3) A l’ONCTI, des cycles de forums virtuels sur la connaissance et les mesures préventives de la pandémie ont été initiés, dictés par des experts en la matière et ouverts à toute la population vénézuélienne. Ces indicateurs importants peuvent être consultés sur le nouveau portail web de l’ONCTI (http://oncti.gob.ve), créé dans le but de diffuser l’activité scientifique du Venezuela. En d’autres termes, il y a eu une politique officielle de publication et diffusion des efforts, du travail et des réalisations accomplis sur la pandémie par les différents secteurs du pays. C’est pourquoi nous ne comprenons pas les recherches « secrètes » que ces agents de santé effectuent pour obtenir des « données fiables » sur les statistiques de la pandémie dans le pays.

« En ce sens, il est pour le moins étonnant que les données officielles recueillies systématiquement par l’ensemble du système national de santé publique ne soient pas fiables, comme le décide Taylor alors que les données recueillies « secrètement » par les membres du corps sanitaire des hôpitaux vénézuéliens soient considérées, elles, comme fiables. Et ce, bien qu’ils n’expliquent pas la méthodologie utilisée, si ce n’est qu’ils n’ont qu’un seul critère pour « diagnostiquer  » un patient suspect : évaluer s’il a une infection respiratoire aiguë, ce qui, les travailleurs eux-mêmes le reconnaissent dans l’article, n’est pas un indicateur parfait de COVID-19. Le pire, c’est que la revue ne propose aucun chiffre sur l’épidémie dans le pays.

« D’autre part, l’OMS, les experts en épidémiologie et les gouvernements ont reconnu qu’au cours de toute pandémie, il est impossible de connaître le nombre réel de cas positifs en temps réel, car le début de l’infection est inconnu en raison de la période de latence et il existe un grand nombre de patients asymptomatiques. En bref, il est impossible pour tout pays de disposer d’un registre totalement complet des personnes infectées en temps réel.

« Dans une autre partie de l’article, intitulée The pandemic narrative, Taylor aborde deux questions et dévoile, à rebours de la scientificité, une intentionnalité politique : a) l’économie du Venezuela selon lui « s’est effondrée au cours de la dernière décennie en raison de la corruption, de la mauvaise gestion financière et de l’effondrement du prix du pétrole, son principal produit d’exportation ». Or il ne mentionne rien du  blocus, ni des sanctions états-uniennes expliqués au début de ce document, qui sont les principaux responsables de la situation ; b) il parle de l’émigration qui s’est produite ces dernières années dans le pays, affirmant qu' »au moins 5,4 millions de personnes ont fui le pays et, parmi celles qui restent, environ 90% vivent aujourd’hui dans la pauvreté, selon les Nations unies ». Là encore, l’auteur n’indique pas la source à laquelle il emprunte ces chiffres qui, selon nous, sont exagérés. Cependant, quel que soit le nombre (6), l’émigration et la pauvreté ont une relation étroite, évidente, avec le blocus sur les exportations : le début de ce phénomène a coïncidé avec le début de la guerre économique qui a privé l’État vénézuélien de 99% des ressources de la vente du pétrole.

« Par ailleurs, cette section de l’article contient une affirmation pour le moins contradictoire, lorsque certains épidémiologistes interrogés déclarent que l’effondrement économique pourrait avoir ralenti la propagation du coronavirus SRAS-CoV-2. Ces chercheurs répondent par l’affirmative, mais leurs raisons n’incluent pas les mesures drastiques et efficaces prises par le gouvernement supérieur depuis le début de la pandémie. Or ces mesures sont similaires à celles que certains gouvernements dans le monde ont prises pour lutter contre la pandémie, comme la Chine, Singapour, Taïwan et la Thaïlande, avec des résultats positifs similaires. Si nous observons les courbes du taux de prévalence du coronavirus dans les pays d’Amérique latine en avril 2020 (OMS ou Our World in data), nous pouvons déjà constater l’aplatissement de la courbe dans les pays qui ont pris les mesures sociales les plus radicales et les plus rapides, telles que la distanciation sociale et le confinement, comme le recommandait l’OMS à l’époque. Cela a permis d’éviter une croissance exponentielle de la propagation virale au sein de la population, et c’est exactement ce qui s’est produit au Venezuela. C’est l’une des mesures qui a permis de maintenir un contrôle relatif de la pandémie au Venezuela. Cependant, dans des pays comme la Colombie et le Brésil, où les gouvernements respectifs ont évité de prendre rapidement des mesures épidémiologiques drastiques, alors qu’ils disposaient de suffisamment de temps, la pandémie est devenue incontrôlable. Aujourd’hui encore, ils continuent à subir les terribles conséquences de ce manque de contrôle initial sur leurs populations respectives. Nous ne comprenons pas comment des chercheurs vénézuéliens puissent réfuter à priori les chiffres du gouvernement vénézuélien, ou qu’un vice-président d’une ONG états-unienne dise que les chiffres n’ont pas de sens. Il suffit de comprendre les processus épidémiologiques de base pour combattre une pandémie établis par l’OMS.

« Enfin, l’article de Taylor indique qu’un « réseau » (ONG) avait identifié que six variants de coronavirus, dont deux, Beta et Gamma, classés comme variants préoccupants, s’étaient répandus au Venezuela, sur la base d’un article publié dans la revue Int J Infect Dis (Patiño et al, 2021). Cependant, en examinant cet article, nous avons constaté que les patients vénézuéliens infectés vivent sur le territoire colombien (la période n’est pas précisée) et il n’y a pas de preuve certaine quant à savoir s’ils ont été infectés par transmission communautaire sur le territoire colombien ou par migration transnationale. Il est important de souligner que le Venezuela ne dispose pas actuellement des ressources et des moyens suffisants pour assurer une surveillance génomique adéquate du virus SRAS-CoV-2. Toutefois, deux institutions assurent la surveillance génomique du virus, l’Institut vénézuélien de recherche scientifique (IVIC) et l‘Institut des études avancées (IDEA), dont les équipes de chercheurs ont traité des échantillons provenant de diverses régions du pays, ce qui a permis de confirmer la circulation de la variante Delta, en particulier dans les zones frontalières avec la Colombie. Ces données ont été rapportées par les autorités du Ministère Populaire de la Santé à l’OMS, et des publications dans des revues spécialisées sont en préparation. Selon les plans du Ministère de la Santé, à court terme, une moyenne de 100 échantillons par mois sera réalisée pour le séquençage par état, ce qui implique une moyenne de 1000 échantillons par mois pour l’ensemble du pays. Il n’est peut-être pas possible de comparer cette quantité de séquençage épidémiologique avec ceux effectués dans d’autres pays aux capacités économiques plus importantes, mais il est important de noter qu’à partir des données obtenues, nous aurons une idée précise de la progression de la circulation des variantes du SRAS-CoV-2.

« Nous espérons que les données et l’analyse que nous avons partagées dans cette lettre aideront les collègues de la communauté scientifique internationale à une disposer d’une vision plus complète de la situation du pays dans le contexte décrit ci-dessus. Le pays vit depuis des années sous le coup d’une campagne médiatique internationale qui déforme la réalité à des fins politiques. En raison de l’absence d’informations scientifiquement rigoureuses, l’article de Taylor semble faire partie de cette campagne, dans laquelle les chercheurs impliqués sont des porte-parole politiques reconnus de l’opposition vénézuélienne. Nous ne sommes pas surpris par ce type de campagne, mais ce qui est étonnant c’est que la revue scientifique Nature s’y soit prêtée, sans vérifier ni le contexte, ni le type de sources, ni la véracité du contenu de l’article mentionné. Nous espérons qu’en toute honnêteté et par souci d’équilibre, la rédaction de la revue nous accordera le droit de réponse demandé. »

« RÉFÉRENCES

1. SURES. 2018. Hernández M et Salazar A. Rapport spécial. Mesures coercitives unilatérales sur le Venezuela et leur impact sur les droits de l’homme. INFORME-MEDIDAS-UNILATERALES-COERCITIVAS.-SURES.pdf

2. Telesur News. 2019. Chronologie des sanctions unilatérales américaines contre le Venezuela. In Depth : Latin America and the Caribbean. https://www.telesurtv.net/telesuragenda/cronologia-sanciones-eeuu-venezuela-historia-20190529-0002.html

3. SURES. 2020. Lorena Giménez. Rapport spécial. Las medidas coercitivas unilaterales desde la Unión Europea desde la Unión Europea contra la República Bolivariana de Venezuela. informe-especial-las-medidas-coercitivas-unilaterales-desde-la-uniocc81n-europea.pdf (wordpress.com)

4. Douhan, A. 2021. Droits de l’homme et mesures coercitives unilatérales. Avis aux médias. Nations Unies. Voir https://www.ohchr.org/_layouts/15/WopiFrame.aspx?sourcedoc=/Documents/Issues/UCM/UCM-COVID19.docx&action=default&DefaultItemOpen=1

5. SURES. 2021. Informe Especial : Uso político y mercantilización de la migración venezolana (I) (https://sures.org.ve/migracion/).

6. Il est important de noter qu’il n’a pas été possible d’unifier ou même d’approximer les différents nombres de migrants vénézuéliens qui sont souvent cités en premier lieu. En 2019, l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a estimé que 2 519 780 Vénézuéliens avaient quitté leur pays. Pour la même période, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a affirmé que le nombre de migrants était de 4 769 498. La marge d’erreur entre les deux chiffres est supérieure à la population de Barcelone (Catalogne, Espagne) (5). »

Scientifiques et professionnels de la santé signataires :

Source : http://revista.vps.co.ve/editorial/

Traduction : Thierry Deronne

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2021/09/11/177-scientifiques-professeures-et-agentes-de-sante-de-terrain-repondent-aux-fake-news-de-luke-taylor-nature-sur-la-gestion-du-covid-au-venezuela/

Comment un hôpital cardiologique infantile a réussi à réaliser plus de 300 opérations gratuites cette année au Venezuela malgré le blocus et la pandémie.

Patient et sa mère à l’hôpital latino-américain de cardiologie infantile Gilberto Rodríguez Ochoa à Caracas. Photo Jacobo Méndez

Yanira tient dans ses bras son bébé de sept mois, qui se remet d’une opération du cœur à l’hôpital de cardiologie pour enfants Gilberto Rodríguez Ochoa, à Caracas, et nous raconte le processus. Ce petit garçon qui ne cesse de sourire, est l’un des 305 enfants qui ont été opérés dans ce centre de santé depuis le début de l’année, en pleine pandémie.

Plus de 12.000 opérations ont été réalisées au centre de cardiologie depuis son inauguration le 20 août 2006, sous le gouvernement du président Hugo Chávez. En 2021, l’hôpital prévoit d’en atteindre 400, un chiffre qui prend un sens tout particulier dans le contexte des effets profonds sur la vie quotidienne des gens causés à la fois par la pandémie et par les sanctions états-uniennes et européennes contre le Venezuela.

Dès l’entrée dans cet hôpital, avec ses longs couloirs silencieux et très éclairés, les mesures de biosécurité sont strictes: lavage des mains, distance sociale et masques. Après avoir traversé des espaces très nets où le blanc prédomine, on arrive au bureau de la présidente de l’institution, la Docteure Isabel Iturria.

Comprendre les chiffres

La première chose qui saute aux yeux, ce sont les chiffres, nous explique-t-elle. Cette année, 305 interventions cardiologiques ont été réalisées. Le contexte donne de l’importance aux chiffres, car de 2014 à 2019, le Venezuela a subi une contraction économique brutale causée par la perte de 99% de ses revenus pétroliers suite au blocus sur les exportations décidé par les États-Unis contre la compagnie pétrolière publique PDVSA, en plus des sanctions.

Hôpital latino-américain de cardiologie pour enfants Gilberto Rodríguez Ochoa à Caracas. Photo : Jacobo Méndez

Selon Isabel Iturria, les plus grands hôpitaux du monde réalisent entre 300 et 400 opérations par an, et ceux qui dépassent ce chiffre appartiennent à un « groupe très restreint » d’institutions médicales. Ces chiffres, lorsqu’ils sont comparés à ceux du Venezuela, font paraître incroyables les réalisations du pays sud-américain dans ce domaine, alors qu’il est soumis à un blocus.

Avant la création du centre de cardiologie infantile, moins de 200 opérations par an étaient réalisées dans le pays, vu le coût exorbitant pour les familles populaires pratiqués par la médecine privée. Cependant, depuis l’ouverture de cet hôpital public il y a 15 ans, la moyenne annuelle est de 700 à 800 opérations (moitié chirurgies et moitié cathétérismes). « Le centre cardiologique a transformé les possibilités de traitement des enfants atteints de maladies cardiaques » affirme l’ancienne Ministre de la Santé (2013).

« On vous donne l’impression de faire quelque chose d’illégal ».

Dans un pays sanctionné par un empire, des processus aussi routiniers que l’achat de fournitures médicales passent par des labyrinthes kafkaïens. « On dirait que vous faites quelque chose d’illégal, alors que ceux qui le font sont ceux qui violent le Droit en entravant l’arrivée des moyens de la santé et de la vie au Venezuela » dénonce Iturria.

Il y a quelques années, deux appels d’offres ouverts étaient organisés chaque année pour l’achat de fournitures. Un groupe d’entreprises qui avaient la possibilité de soumissionner a participé à ces appels d’offres. Progressivement, leur présence a diminué.

« C’est extrême, il y a des matériels que le fournisseur n’apporte tout simplement pas pour ne pas s’exposer à des sanctions », bien que l’hôpital cardiologique était un client principal vu que la chirurgie pédiatrique est très peu pratiquée dans les autres institutions du pays.

La Présidente de l’Hôpital de cardiologie infantile d’Amérique latine Gilberto Rodríguez Ochoa, Isabel Iturria. Photo: Jacobo Méndez

Actuellement, la plupart des produits proviennent de Chine, par le biais d’accords bilatéraux, et d’autres pays. Certains intrants sont achetés à un importateur « qui les a achetés à un autre, qui à son tour les a achetés à un autre » et il faut ensuite évaluer lequel peut facturer l’hôpital, lequel ne le peut pas et lequel peut facturer le Ministère de la santé… « Cette procédure empêche la concurrence et génère des coûts plus élevés, car les produits proviennent d’un autre intermédiaire. Cela affecte vraiment notre pays, même si l’État a trouvé des voies alternatives », dit-elle.

En plus des fournitures, la technologie est également nécessaire pour que l’hôpital puisse fonctionner. C’est le cas de la climatisation des salles d’opération, « qui présente des caractéristiques très spécifiques : non seulement il faut générer le froid, mais le purifier de toutes sortes de polluants et de particules ». Cet équipement est importé et ses pièces de rechange ne sont plus vendues au Venezuela à cause du blocus états-unien.

L’entretien de cette technologie subit également les conséquences du blocus. Les fournisseurs habituels refusent de travailler dans l’hôpital ou affirment que leur société-mère les sanctionne et ne leur vend pas de pièces détachées si elles sont destinées à l’État vénézuélien. « C’est incroyable, mais c’est une réalité », dit Iturria.

Combien coûtent les opérations ?

Les opérations sont gratuites pour les patients et l’hôpital couvre les coûts, qui sont beaucoup moins élevés que dans le secteur privé. Partout ailleurs dans le monde, une telle opération peut coûter jusqu’à 40 000 dollars.

À l’extérieur de l’hôpital latino-américain de cardiologie pour enfants Gilberto Rodríguez Ochoa à Caracas. Photo: Jacobo Méndez

La présidente de l’hôpital explique que pour une seule opération dans une clinique privée vénézuélienne, sept ou huit sont réalisées à la clinique cardiologique. L’autre mythe qui s’effondre est celui de l' »inefficacité » du secteur public, qui semble être davantage un cliché qu’un élément rationnel », ajoute-t-elle.

La gratuité couvre même l’alimentation de la mère, et l’hébergement du père à la résidence hospitalière le jour de l’intervention. « Il faudrait que ce soit plus cher ici, mais ce n’est pas le cas. Nous le faisons gratuitement, avec une qualité technique, mais aussi avec affection, avec solidarité, avec chaleur », déclare la médecin, diplômée de l’Université centrale du Venezuela (UCV).

Pour avoir une idée des coûts, une chirurgie cardiaque congénitale pour un seul enfant peut nécessiter 300 choses différentes. Certains matériaux peuvent être restérilisés, mais pas d’autres, car ils sont très chers et la technologie est difficile à reproduire.

Hôpital latino-américain de cardiologie pour enfants Gilberto Rodríguez Ochoa à Caracas. Photo : Jacobo Méndez

Comment se déroule le processus ?

Ce qui frappe quand on entre dans le centre de cardiologie, c’est qu’il n’y a pas de mères avec leurs enfants dans les bras faisant une file sans fin pour attendre leur tour. Comment a-t-il été possible de transformer une telle réalité quotidienne dans un centre de santé publique ?

C’est d’abord le fruit de la planification et de l’utilisation des technologies de l’information. Dans les hôpitaux vénézuéliens où il existe un service de cardiologie, le spécialiste accède au système hospitalier et saisit les données des patients nécessitant une intervention chirurgicale ou un cathétérisme dans le registre national des enfants et adolescents atteints de cardiopathie congénitale (RENAC).

« Chaque jour, nous pouvons avoir en temps réel les patients qui ont été ajoutés à la liste d’attente nationale et nous pouvons les appeler lorsque nous avons les conditions pour pouvoir les opérer, en fonction de leur pathologie », explique Iturria.

Façade principale de l’hôpital latino-américain de cardiologie pour enfants Gilberto Rodríguez Ochoa à Caracas. Photo : Jacobo Méndez

Certain(e)s patient(e)s doivent patienter plusieurs années, quand l’intervention ne peut être réalisée que lorsque l’enfant est plus âgé, tandis que d’autres doivent être opérées dès le premier mois de vie.

« De cette manière, nous optimisons les ressources au sein de l’hôpital et évitons que le patient ne doive être transféré inutilement. Nous le faisons depuis la période d’avant la pandémie », ajoute-t-elle.

Professionnels absents

Dans le quotidien de l’hôpital, il y a d’autres chiffres, moins encourageants, un défi pour ceux qui y travaillent : le service de cardiologie fonctionne avec la moitié ou moins de son personnel, car de nombreux spécialistes ont quitté le pays à la suite du blocus. « C’est un bilan négatif pour la révolution, que nous devons d’une manière ou d’une autre essayer de remonter », dit Iturria.

Les médecins sont très recherchés à l’étranger, explique-t-il, et les Vénézuéliens « rivalisent à des conditions favorables avec ceux du monde entier et sont attirés par d’autres pays sans blocus qui leur offrent de meilleures conditions de vie », bien qu’ils exercent dans certains pays des fonctions bien inférieures à leurs qualifications.

La formation d’un spécialiste peut durer environ 14 ans : sept années d’université, l’année de travail en zone rurale et les études de troisième cycle, qui durent chacune trois ans. « Dans cet hôpital, les médecins ont entre deux et trois diplômes de troisième cycle. Beaucoup d’entre eux sont partis, même si je dirais que beaucoup aimeraient rester au Venezuela.

Médecins de l’hôpital latino-américain de cardiologie pour enfants Gilberto Rodríguez Ochoa à Caracas. Photo: Jacobo Méndez

« C’est un vrai problème que le Venezuela a tenté de résoudre en augmentant le nombre de médecins formés. Aujourd’hui, le nombre de médecins formés est plus élevé que jamais dans l’histoire du Venezuela », dit-elle. Le secteur principal est la médecine communautaire intégrale, avec un accent sur la médecine préventive et la promotion de la santé et de la qualité de vie. « C’est sûrement l’un des éléments fondamentaux qui a permis de contrôler la pandémie, avec les nombreuses autres mesures qui ont été prises », dit-elle.

Comment un hôpital dont la moitié du personnel a disparu peut-il encore tenir debout, telle est la question qui se pose. Le président fait référence à l’expérience accumulée en 15 ans d’existence de l’hôpital cardiologique et à l’engagement des travailleurs envers l’institution, ce qui a facilité les choses. Elle-même confirme qu’elle est revenue aux gardes de 24 heures, comme elle le faisait lorsqu’elle était résidente il y a plusieurs décennies. « Il y a vraiment beaucoup de travail à faire.

La pandémie a également été un défi auquel on a dû s’adapter : la présence des personnes accompagnant les patients a été limitée, tout le personnel a été vacciné et des outils technologiques ont été utilisés pour réaliser les activités d’enseignement et de diffusion des connaissances.

Nathali Gómez

Source : https://actualidad.rt.com/actualidad/402372-hospital-cardiologico-infantil-venezuela-sanciones-pandemia

Traduction : Thierry Deronne

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2021/09/07/comment-un-hopital-cardiologique-infantile-a-reussi-a-realiser-plus-de-300-operations-gratuites-cette-annee-au-venezuela-malgre-le-blocus-et-la-pandemie/

« Communardes, architectes du Droit à la Santé », le nouveau documentaire sur les autogouvernements populaires du Venezuela

Pour sortir du champ médiatique, abonnez-vous à la chaîne Youtube de Terra TV ! La télévision des mouvements sociaux transmet, depuis le Venezuela, des reportages sur les éternels invisibles des médias depuis 21 ans de révolution bolivarienne, tou(te)s ces citoyen(ne)s qui construisent une démocratie participative aux mille visages. Cette semaine : l’épopée des « Communardes, architectes du Droit à la Santé« . Quand on considère les trois ans d’autogouvernement populaire mis en place par la Commune Socialiste d’Altos de Lidice, organisée dans les quartiers populaires de l’Ouest de Caracas, on voit combien est crucial le rôle des femmes des équipes de santé. En plein blocus états-unien et ses conséquences terribles sur l’accès aux médicaments et aux matériels sanitaires, elles sont devenues ces « architectes » :

Ce sont aussi des femmes, responsables du Conseil Communal « Coromoto de Dios » qui ont réussi à peindre l’entrée principale de la Commune socialiste « Altos de Lidice » (Caracas) avec l’aide de la brigade de nettoyage « Che Guevara » :

Grâce au salaire collecté de porte à porte, et aujourd’hui aux cotisations des habitant.e.s à la banque communale, cette brigade d’entretien « Ernesto Che Guevara » composée de de sept habitant.e.s, autogérée et dirigée par deux femmes, entretient les rues des conseils communaux et prépare un projet de recyclage intégral.

Réalisation des reportages et photographies : Jesus Reyes. Production: TERRA TV. VO ESP Sous-titres français. République Bolivarienne du Venezuela 2021.

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2021/05/31/communardes-architectes-du-droit-a-la-sante-le-nouveau-documentaire-sur-les-autogouvernements-populaires-du-venezuela/

Le Venezuela que les médias ne vous montrent pas

Au-delà des formes politiques classiques (personnalités, partis..) peu de médias parlent de ce qui fait depuis 20 ans la singularité, l’or du chavisme : l’organisation communale, le pouvoir de décider collectivement, le vaste tissu féminin qui soutient la révolution. C’est pour empêcher les citoyens du monde entier de s’identifier avec ceux du Venezuela qu’on occulte la plus grande démocratie participative du monde. Les équipes de TERRA TV vivent sur place et vont vous la montrer.

URL de cet article: https://venezuelainfos.wordpress.com/2021/02/14/le-venezuela-que-les-medias-ne-vous-montrent-pas/

Nicolas Maduro annonce la production en série du Carvativir contre le coronavirus avec l’aide de l’ALBA

Malgré la morgue colonialiste qui persiste dans les « réseaux sociaux » et les grands médias au sujet du Venezuela, les faits parlent d’eux-mêmes. La révolution bolivarienne a évité les hécatombes du Covid observées dans les régimes néo-libéraux voisins (Colombie, Brésil, Equateur, Pérou, etc..), ce qui a poussé l’OMS a demander au Venezuela l’autorisation d’étudier son modèle de lutte anti-Covid. Les chiffres de l’OMS confirment que les politiques volontaristes de santé publique ont permis d’aplatir la courbe de contagion du Covid-19 et de maintenir la létalité à un des taux les plus bas du monde. Mais il y a plus : avant la vaccination massive et gratuite qui débutera en avril grâce à l’arrivée du vaccin russe Sputnik (dont l’efficacité vient d’être confirmée par la revue The Lancet), et que l’Argentine, la Bolivie ou le Mexique administrent également à leurs citoyen.ne.s, les scientifiques vénézuéliens travaillent à compléter l’arsenal des médicaments disponibles. Ce dimanche 24 janvier, le président Nicolas Maduro a annoncé au monde entier que des scientifiques locaux ont réussi à produire un médicament capable de neutraliser le coronavirus SARS-CoV-2, qui provoque la maladie COVID-19, et que les rapports scientifiques seront bientôt publiés.

Carvativir est une initiative publique du ministère des sciences et de la technologie, du ministère de la santé, de l’Institut vénézuélien de recherche scientifique (Ivic), de l’Institut national d’hygiène Rafael Rangel et du Service national de médecine et de criminalistique.
Il est produit par Labfarven, Laboratorio Farmacológico de Venezuela C.A.
Le composé de base est l’isothymol.
Les premières études précliniques et cliniques ont commencé il y a neuf mois sur des patients présentant des symptômes légers, modérés et critiques, dans des hôpitaux sentinelles et au Poliedro de Caracas.
Des laboratoires en Turquie et aux États-Unis ont terminé les essais.
Selon le résumé global de la recherche, l’étude in vitro a été menée sur des souris par l’Institut vénézuélien de recherche scientifique (IVIC) et les laboratoires Carmed (Turquie). L’essai avec des modèles moléculaires simulés par ordinateur a été réalisé par Autodock Vina au Venezuela.
L’étude clinique a impliqué des chercheurs du département R&D, du centre de recherche Droguería J&R, du Laboratorio Farmacológico de Venezuela (Labfarven), de l’hôpital Dr. Domingo Luciani et du Service national de médecine et de sciences médico-légales (Senamecf).
La première et la deuxième phase de l’étude ont été réalisées entre juin et juillet 2020, avec la participation de 100 personnes. Au cours de ces phases, la sécurité et le dosage du médicament ont été mesurés.
La troisième phase a été menée sur 600 patients, entre août et novembre 2020. Il s’agissait d’un essai multicentrique, randomisé, en double aveugle et contrôlé par placebo. Il y a été certifié que les résultats n’étaient pas influencés par l’effet placebo.
Le médicament en est maintenant à la quatrième phase, qui correspond à la production de masse et à la pharmacovigilance.

Le docteur en virologie, Héctor Rangel, qui dirige les études sur les médicaments potentiels contre le virus depuis l’Institut vénézuélien de recherche scientifique (IVIC), a affirmé que ce médicament a montré une activité antivirale « in vitro ».

‘Nous évaluons différentes concentrations de ce composé dans les cellules infectées par le SARS-Cov-2. Avec des concentrations croissantes de Carvativir, une diminution de la formation de plaques lithiques a été observée. Cela indique une activité antivirale. Nous avons répété l’essai plusieurs fois, et nous avons trouvé le même comportement’, a expliqué le spécialiste à la presse.

La ministre de la Science et de la Technologie, Gabriela Jiménez, a expliqué que son origine est l’isotimol, comme principe actif naturel isolé de l’origan et du thym.

Selon les experts, l’effet antiviral du Carvativir a été évalué sur des cellules infectées afin de déterminer si le mécanisme probable d’action de l’isotimol sur le virus était centré sur le récepteur, sur la protéine de la tige, dans la protéase, et affecte la réplication.

Alexander Briceño, docteur en chimie appliquée de l’Université des Andes (ULA), a indiqué qu’une série d’essais et d’analyses chimiques avaient été effectués pour évaluer la stabilité du principe actif.

‘Nous avons validé les composants de la formulation du Carvativir et les relations dans lesquelles ils se trouvent, ainsi que la stabilité des émulsions développées au cours de l’étude. Ces tests ont coïncidé avec d’autres expériences faites dans d’autres pays’, a-t-il souligné.

La clinique Mayo, aux États-Unis, a évalué les taux de cytokine dans les plasmas sanguins des patients qui ont reçu le Carvativir et ceux qui ont reçu le placebo, a souligné la ministre, et les patients traités ont mis en évidence un effet immunomodulateur.

Le président a souligné que cet antiviral est «totalement inoffensif», qu’il ne génère pas d’effets secondaires et qu’il a déjà été testé lors d’essais. «Il a été utilisé dans le cadre des traitements appliqués au Venezuela aux patients atteints de COVID-19, donnant de bons résultats. Le Carvativir est un puissant antiviral en provenance du Venezuela. Nous rejetons le système inégalitaire, la rapacité de pays du nord qui veulent s’emparer de la plus grande quantité de vaccins au détriment des pays du sud, nous dénonçons la conception commerciale de la santé publique. Ici, nous pensons à l’Humanité», a-t-il expliqué.

Le président vénézuélien a souligné que le Carvativir sera incorporé au «kit de médicaments» contre le coronavirus. Il a également indiqué qu’il aura cette semaine une réunion avec les autorités sanitaires «pour établir un système de distribution directe par milliers aux centres de santé du pays».

En outre, il a déclaré qu’il coordonnerait les efforts avec les pays de l’Alliance Bolivarienne pour les Peuples de Notre Amérique (ALBA) pour exporter ce médicament. Rappelons que les médias occidentaux ont systématiquement passé sous silence ces initiatives et les succès enregistrés par le gouvernement bolivarien, y compris sa politique de rapatriement gratuit de dizaines de milliers de vénézuélien(ne)s pris au piège des régimes néo-libéraux déjà cités.

Le Carvativir est un projet de recherche gouvernemental

Le journal vénézuélien El Nacional – un média ouvertement opposé au gouvernement de Maduro – a interviewé Raúl Ojeda Rondón «en exclusivité». Il est le chercheur principal du projet qui a conçu Carvativir.

Dans l’interview susmentionnée, le scientifique vénézuélien explique que «le Carvativir réduit le temps de récupération à l’hôpital. Cela est possible parce qu’il accélère la réponse immunitaire» du patient, ce qui en fait un médicament efficace contre le coronavirus.

Pour Rondón, «il est important de préciser qu’il s’agit d’une ligne de recherche scientifique de l’État vénézuélien par le biais du Ministère de la Science et de la Technologie. Les études ont commencé en mars et se sont terminées en décembre» de 2020.

Il a également expliqué que, outre le ministère, d’autres organisations sont également impliquées. Parmi eux, il a mis en avant l’Institut Vénézuélien de Recherche Scientifique, l’Institut National d’Hygiène Rafael Rangel, le Service National de Médecine et des Sciences Médico-Légales et le Ministère de la Santé.

Jusqu’à présent, la recherche a franchi trois étapes, comme l’exigent les réglementations internationales, sous le contrôle et avec l’accompagnement de l’Institut National d’Hygiène Rafael Rangel. En outre, un comité de bioéthique composé de 14 spécialistes de différents domaines a également participé.

«C’est une étude multicentrique, randomisée et placebo», a expliqué le chercheur. De même, il a souligné qu’ils ont utilisé l’analyse statistique Kaplan-Meier, utilisée par l’Université d’Oxford et la Russie.

«C’est un système qui permet d’évaluer les données et d’établir comment était le comportement de certains paramètres cliniques par rapport à un médicament, une molécule et un placebo. (…) Il s’agit d’une recherche scientifique, et non politique. Des tests ont été effectués en Turquie, en Iran et aux États-Unis», a-t-il souligné.

Chercheurs de l’IVIC (Venezuela)

Qu’est-ce que le Carvativir ?   

Ce n’est pas une monture ou une huile essentielle. Tu ne le manges pas non plus. Le Carvativir est une molécule qui est extraite d’un produit phytochimique, purifiée et modifiée, et placée dans un excipient, qui est le véhicule qui transportera la molécule dans le corps humain. L’excipient que nous utilisons est le squalène, qui permet d’accélérer la réponse immunitaire du système immunitaire des patients que nous traitons avec de l’isothymol modifié. Nous la modifions pour produire un médicament qui a un potentiel thérapeutique. Ce n’est pas une huile d’origan. Le Carvativir est une molécule purifiée, synthétisée et modifiée, avec un excipient qui a la propriété de stimuler la réponse du système immunitaire inné de l’être humain. Nous le vérifions à l’aide de tests cliniques et paracliniques. Avec des laboratoires reconnus.

Quelles ont été les étapes suivies avant les essais cliniques ?

Avant les essais cliniques, nous avons eu une étape préclinique : plusieurs tests ont été effectués à l’IVIC. Le Carvativir a été testé in vitro, dans des cellules infectées. Là, l’inhibition de la réplication virale a été vérifiée. En Turquie, nous avons travaillé avec un modèle de souris. Il a été vérifié s’il y avait ou non une activité antivirale dans un modulateur. Par la suite, un procès in silico a été mené au Venezuela.

Que fait le Carvativir pour les patients atteints de coronavirus ?

Carvativir présente scientifiquement, avec preuves à l’appui, une action thérapeutique. Il sert à traiter une maladie et à obtenir le rétablissement du patient dans un délai déterminé. Les essais cliniques nous donnent une moyenne. Le Carvativir réduit le temps de convalescence à l’hôpital car il accélère la réponse immunitaire. Cela fait partie des constatations faites au Venezuela. Nous avons pu déterminer qu’il a une activité thérapeutique antivirale. La molécule inhibe la réplication virale dans les cellules humaines. Il diminue la charge virale. Il potentialise également les facultés immunomodulatrices. Il diminue, ce que nous appelons en médecine, la tempête de cytokines, qui n’est rien d’autre que la réponse exagérée du système immunitaire, ce que l’on appelle l’inflammation pulmonaire par une pneumonie atypique due au Covid-19. C’est là qu’intervient le processus d’intubation.

On-t-ils évalué tous les types de patients ?

Nous avons eu des patients dans des états légers, modérés et graves. Il y avait des patients sans oxygène, avec de l’oxygène à basse vitesse, avec de l’oxygène supplémentaire à haute vitesse et des patients intubés. Le Carvativir a une activité thérapeutique dans le traitement du Covid-19 car il permet une récupération réussie et empêche la tempête de cytokines et, dans de nombreux cas, la mort.

carvativir

On-t-ils informé l’Organisation Mondiale de la Santé ?

Oui, nous avons discuté avec l’Organisation Mondiale de la Santé et l’Organisation Panaméricaine de la Santé, mais nous allons maintenant rendre cela officiel. Nous allons soumettre les recherches que nous avons faites au Venezuela avec les preuves cliniques et paracliniques. En tant que chercheurs, nous demandons que l’OMS vienne valider, certifier, ce que nous faisons.

La médecine est-elle miraculeuse ?

Elle est efficace. La reprise est satisfaisante. Le problème du Covid-19 est immunologique. Avec le Carvativir, comme je viens de l’expliquer, il permet de donner une réponse satisfaisante dans le rétablissement des patients. C’est un traitement. Avec Carvativir, nous réduisons les délais de récupération et nous obtenons un post-covid moins agressif que ce que nous avons normalement. Cela est en cours d’évaluation. Ce n’est pas fini.

Qu’est-ce qui vient ensuite ?

La phase 4 arrive : production de masse du médicament et processus de pharmacovigilance. Nous allons évaluer comment la drogue se comporte dans la population générale. Nous allons nous ouvrir à toutes les communautés scientifiques du pays et de l’étranger afin qu’elles puissent voir ce que nous avons obtenu jusqu’à présent.

Source : https://www.elciudadano.com/fr/carvativir-maduro-annonce-la-production-en-serie-des-gouttelettes-miraculeuses-contre-le-coronavirus/01/28/, par Alexis Rodriguez

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2021/02/03/nicolas-maduro-annonce-la-production-en-serie-du-carvativir-contre-le-coronavirus-avec-laide-de-lalba/

Le gouvernement Maduro inaugure 100 bases de missions socialistes

« Aujourd’hui, nous inaugurons 100 bases de missions socialistes dans 100 localités où vivent les familles populaires, pour servir des milliers d’entre elles, afin que la population sache qu’elle est protégée. Malgré le blocus états-unien nous avons réorganisé ce réseau avec le soutien de la communauté » a expliqué le président Maduro lors d’une évaluation générale avec l’ensemble des ministres concernés, le 10 novembre 2020. « Nous devons gouverner avec le peuple, par le peuple, pour le peuple, c’est ainsi que Chávez l’a conçu« .

Pour accélérer le mouvement face à la détérioration des conditions socio-économiques sous la pression, depuis plusieurs années, de la guerre économique états-unienne, Maduro a également approuvé le budget qui permettra de mener à bien de nouveaux chantiers avec les conseils communaux et les communes avant le 31 décembre. « Nous allons inaugurer 100 autres bases de missions socialistes pour 150000 communautés populaires, nous le ferons malgré le blocus, car c’est comme ça que nous attaquons vraiment la pauvreté. Les grandes missions sociales sont le mécanisme permettant d’atteindre l’égalité, d’éliminer la pauvreté et de maintenir la communication permanente avec la population« , a-t-il précisé.

La base de missions socialistes « Marisela Mendoza de Brito » a été l’une des premières à être inaugurée dans l’État de Miranda : 13 communautés de la municipalité de Charallave en bénéficieront, soit 2026 familles. Dans ce lieu opérera la Mission Barrio Nuevo Barrio Tricolor dont l’objectif est de réparer les maisons ou d’en construire, le Programme de l’accouchement humanisé, les missions sociales éducatives Ribas, Robinson, Foyers de la Patrie et le Mouvement Somos Venezuela.

À San Carlos, dans le secteur de San Ramón, sept nouvelles bases de mission ont été inaugurées, où les patients seront également soignés par la médecine naturelle. Sur place, 1527 familles bénéficieront des services de cette base. De même, la base de missions socialistes « Rosa Inés » a été inaugurée dans le secteur de San Simón, de la municipalité de Maturín (région orientale du pays), pour s’occuper de plus de 3300 familles. La base de mission « Darío Vivas » dans le secteur de Las Majaguas de la municipalité de Juan Germán Roscio activera les espaces éducatifs, la clinique de médecine générale, ainsi que le système « point et cercle » avec un terrain de sport, l’espace préscolaire et Simoncito.

Ces « bases de missions socialistes » sont composées de trois modules à partir desquels sont gérées les missions sociales, programmes publics de protection créés par la Révolution bolivarienne.

En général le premier des modules internes de chaque base sert de logement aux médecins déjà installés dans ces communautés pour y dispenser des soins permanents. Le second est l’espace prévu pour les programmes de formation et les programmes culturels, notamment le Simoncito (enseignement initial), Misión Robinson (alphabétisation), Misión Ribas (enseignement secondaire) et Misión Sucre (enseignement universitaire). Il y a également un espace pour des activités culturelles, des cours, des ateliers, des lectures de groupe, etc. Le troisième module est une clinique de soins primaires dont le personnel est composé de médecins qui vivent dans la communauté. C’est là qu’opèrent les missions Barrio Adentro, le programme de santé de l’État. En bref, il y a trois espaces : le module résidentiel, le module de services et le module éducatif.

Cette campagne de construction de bases a été relancée par le président Nicolas Maduro le 7 juin 2014, après une enquête qui a déterminé qu’il y avait encore 1 500 communautés dans 255 paroisses avec une pauvreté extrême dans le pays.

Plan de relance de la Gran Misión Barrio Nuevo Tricolor

Le président a également ordonné d’accélérer la Grande Mission Barrio Nuevo, Barrio Tricolor (GMBNBT), dont l’objectif est de construire et/ou transformer l’habitat des secteurs populaires au niveau national (cette mission a déjà remis plus de trois millions de logements à très bas prix aux secteurs populaires).

« Je veux un plan spécial pour donner une forte impulsion à cette mission« , a-t-il déclaré depuis le Palais présidentiel, rappelant que « cette mission est un mécanisme pour vaincre la pauvreté et assurer une meilleure qualité de vie » dans le cadre de la lutte gouvernementale contre l’inégalité produite par les sévères restrictions économiques, financières et commerciales imposées depuis 2014 par l’Occident.

Source : https://ultimasnoticias.com.ve/noticias/mas-vida/gobierno-entrego-100-nuevas-bases-de-misiones-socialistas/

Traduction : Thierry Deronne

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2020/11/11/le-gouvernement-maduro-inaugure-100-bases-de-missions-socialistes/

La capacité du Venezuela à lutter contre les effets sociaux du blocus états-unien reste entravée par le vol de 31 tonnes d’or de son trésor

Par Vijay PrashadCarmen Navas Reyes

Bien qu’ayant réussi à aplatir la courbe du Covid et à maintenir les décès à un des taux les plus bas du monde selon les chiffres de l’OMS, le combat du Venezuela contre la pandémie reste affecté par le vol de 31 tonnes d’or par la Banque d’Angleterre. Le 5 octobre 2020, la Cour d’appel d’Angleterre et du Pays de Galles a annulé une décision d’un tribunal inférieur de juillet qui refusait au gouvernement vénézuélien l’accès à 31 tonnes d’or stockées dans la Banque d’Angleterre. Personne ne nie que l’or appartient au gouvernement vénézuélien. Cependant, la banque a refusé de le rendre au gouvernement du président vénézuélien Nicolás Maduro. Cet or d’une valeur de 1,95 milliard de dollars devrait servir à l’achat d’équipements et de fournitures médicales essentiels.

Au départ, suivant l’exemple du ministère britannique des affaires étrangères, la banque a déclaré que le véritable président du Venezuela était Juan Guaidó. Mais Mr. Guaidó, contrairement au président Maduro, n’a ni participé ni remporté d’élection à la présidence, et n’est pas en voie de devenir président, sous quelque éventualité que ce soit. L’onction de M. Guaidó est venue du gouvernement des États-Unis, et non du peuple vénézuélien; le ministère britannique des affaires étrangères et les tribunaux inférieurs ont donné raison à Washington mais la cour d’appel d’Angleterre et du Pays de Galles s’est appuyée pour sa décision finale sur les faits et la logique.

En effet, la principale conclusion de la Cour d’appel est que, bien que le ministère britannique des affaires étrangères a déclaré qu’il ne reconnaissait pas le gouvernement du président Maduro, il continue en réalité à traiter diplomatiquement avec les représentants de ce gouvernement. L’ambassadrice Rocío Del Valle Maneiro González a présenté ses lettres de créance à la reine d’Angleterre en 2015 et représente depuis cinq ans le gouvernement du président Maduro au Royaume-Uni. L’actuel ambassadeur britannique au Venezuela – Andrew Soper – a présenté ses lettres de créance au président Maduro le 5 février 2018; il reste en poste à Caracas. Ces relations diplomatiques de base ont donc amené la Cour d’appel à conclure que le président Maduro – aux yeux du gouvernement britannique – « exerce en fait une partie ou la totalité des pouvoirs du président du Venezuela ».

L’avocat de M. Guaidó – Vanessa Neumann – a déclaré que le gouvernement vénézuélien voulait les 1,95 milliard de dollars (selon le prix actuel de l’or) pour pouvoir « se financer illégalement » (sic). Mais l’avocat du gouvernement vénézuélien – Sarosh Zaiwalla – a fait valoir que ces fonds seraient utilisés par le gouvernement pour briser la chaîne d’infection de COVID-19 et apporter un soulagement à une population frappée par les sanctions unilatérales des États-Unis et par les perturbations causées par la pandémie. La Banque centrale du Venezuela (BCV) a déclaré qu’elle voulait vendre l’or, faire verser les fonds au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et permettre à ce dernier d’aider le gouvernement à faire face à la pandémie. Ce canal via le PNUD a été rejeté par M. Guaidó, par le gouvernement britannique et par Washington ; il n’y a aucune raison probable qu’ils changent de politique en dehors d’une volonté de punir le peuple vénézuélien en pleine pandémie.

De l’argent pour les médicaments

L’Institut Tricontinental de recherche sociale et l’Instituto Simón Bolívar étudient l’impact social de ces sanctions très sévères imposées par l’administration états-unienne depuis 2017. Ils ont constaté que les sanctions primaires et secondaires ont privé le peuple vénézuélien des moyens de faire du commerce de base : vendre son pétrole et acheter de la nourriture, des médicaments et du matériel éducatif (les sanctions primaires empêchent directement les citoyens et les entreprises du pays sanctionné d’avoir des relations avec le pays sanctionné ; les sanctions secondaires empêchent un tiers – pays ou entreprise – de traiter avec le pays sanctionné). Des dizaines de milliers de Vénézuéliens sont morts inutilement à cause du refus de faire le commerce de médicaments et de matériel médical, ce qui a mis à mal un système déjà fragile pendant la pandémie. Il est choquant de voir que ces sanctions unilatérales des États-Unis, et leur poursuite du changement de régime au Venezuela, définissent la manière dont le Venezuela peut combattre le virus et la maladie. « Les sanctions collectives », dit la quatrième Convention de Genève (1949), « sont interdites ».

La vice-présidente Delcy Rodriguez en réunion à Caracas avec les divers organismes de l’ONU présents sur place (notamment l’OMPS/OPS, la FAO et le PNUD)

Que souhaite acheter le gouvernement vénézuélien avec les 1,95 milliard de dollars qui seraient remis au PNUD ? Selon une étude de l’Institut Tricontinental de recherche sociale et de l’Institut Simón Bolívar, la majeure partie de ces fonds – 600 millions de dollars – devrait servir à l’achat de médicaments pour 400 000 personnes dans les hôpitaux, de médicaments obstétriques pour 550 000 femmes enceintes et de médicaments pour les 243 pharmacies communautaires. Ensuite, 450 millions de dollars sont prévus pour l’achat de fournitures médicales jetables pour 400 000 opérations chirurgicales, pour 245 centres de santé et pour 3 000 stimulateurs cardiaques. Enfin, 250 000 dollars ont été prévus pour la fourniture de réactifs pour les laboratoires (pour l’hématologie et la sérologie) et de pièces de rechange pour divers types d’équipements médicaux (y compris les équipements de radiothérapie). C’est ainsi que le gouvernement vénézuélien – en collaboration étroite avec le PNUD – voudrait « se financer illégalement« .

En mai, trois rapporteurs spéciaux des Nations unies ont écrit qu’au Venezuela, « les hôpitaux signalent une pénurie de fournitures médicales, d’équipements de protection et de médicaments ». Ce sont exactement les matériaux qui figurent sur la liste du gouvernement vénézuélien à acheter avec le produit de la vente des 31 tonnes d’or. Ces experts-Olivier De Schutter (extrême pauvreté et droits de l’homme), Léo Heller (eau et assainissement), et Kombou Boly Barry (éducation) – a déclaré que « à la lumière de la pandémie de coronavirus, les États-Unis devraient immédiatement lever les sanctions générales, qui ont un impact sévère sur les droits humains du peuple vénézuélien ».

Les recherches indépendantes de l’Institut Tricontinental de Recherche Sociale et de l’Institut Simón Bolívar sont en accord avec les opinions de ces experts des Nations unies ; les sanctions états-uniennes ont eu un impact négatif sur la capacité du peuple vénézuélien à s’épanouir et à exercer ses droits humains. Les sanctions unilatérales doivent être levées. À défaut, nous estimons que les 31 tonnes d’or du Venezuela détenues par la Banque de Londres doivent être vendues, que le produit de la vente doit être remis au PNUD et que les fournitures médicales doivent être expédiées d’urgence au Venezuela. Toute autre mesure est un crime contre le peuple vénézuélien.

Cet article a été produit par Globetrotter.

Vijay Prashad est un historien, rédacteur et journaliste indien. Il est collaborateur de rédaction et correspondant en chef de Globetrotter. Il est le rédacteur en chef de LeftWord Books et le directeur de Tricontinental : Institute for Social Research. Il est chercheur principal non résident à l’Institut d’études financières de Chongyang, Université de Renmin en Chine. Il a écrit plus de 20 livres, dont The Darker Nations et The Poorer Nations. Son dernier livre s’intitule Washington Bullets, avec une introduction d’Evo Morales Ayma.

Carmen Navas Reyes, politologue vénézuélienne, est la Directrice exécutive de l’Instituto Simón Bolívar à Caracas.

Traduction de l’anglais par Thierry Deronne

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2020/11/02/la-capacite-du-venezuela-a-lutter-contre-les-effets-sociaux-du-blocus-etats-unien-reste-entravee-par-le-vol-de-31-tonnes-dor-de-son-tresor/

Le président Maduro annonce la création d’un médicament qui détruit le Covid-19 à 100%

Alors que les chiffres de l’OMS confirment que les politiques volontaristes de santé publique du gouvernement bolivarien ont permis d’aplatir la courbe de contagion du Covid-19 et de maintenir la létalité à un des taux les plus bas du monde (avec 759 décès au total à déplorer sur 29 millions d’habitants depuis mars 2020), le président Maduro vient d’annoncer une nouvelle étape dans la protection de la population face à la pandémie.

Les scientifiques de l’Institut vénézuélien pour la recherche scientifique (IVIC) (que le mandataire avait chargé depuis quelques mois de centrer tous les efforts sur la bataille contre le virus), ont réussi à développer une molécule qui annihile complètement le COVID-19, au terme de six mois de recherches.

Le président a ajouté que le nouveau médicament ne présente « aucun type de toxicité qui affecte les molécules saines ».

photo: archive Al Mayadeen

La molécule mentionnée par le président est le DR10, qui est déjà utilisé dans le traitement de maladies telles que l’hépatite C, le papillomavirus humain et le virus Ebola. Maduro a souligné que l’étude réalisée par les chercheurs de l’IVIC a été corroborée par des scientifiques, et que « dans les prochains jours, nous allons procéder à la construction du protocole pour, par le biais de l’Organisation mondiale de la santé, certifier les résultats obtenus par l’IVIC ».

Une fois cette certification obtenue, déclare le président, le Venezuela procédera à la préparation de la production en masse de cette molécule et la fournira au monde entier avec la collaboration internationale requise.

Les chercheurs de l’IVIC, Venezuela

A noter qu’alors que l’OMS a demandé au Venezuela l’autorisation d’étudier son modèle de lutte anti-Covid, les médias occidentaux ont systématiquement passé sous silence les succès enregistrés par le gouvernement bolivarien, y compris sa politique de rapatriement gratuit de dizaines de milliers de vénézuélien(ne)s pris au piège des régimes néo-libéraux qui ont laissé exploser la pandémie comme le Brésil, l’Equateur, le Pérou ou la Colombie.

Source : https://mundo.sputniknews.com/america-latina/202010251093245662-maduro-anuncia-que-venezuela-ha-desarrollado-un-farmaco-que-anula-el-covid-19-al-100/

Traduction: Thierry Deronne

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2020/10/25/le-president-maduro-annonce-la-creation-dun-medicament-qui-detruit-le-covid-19-a-100/

Le vaccin russe Spoutnik V au Venezuela

Le Venezuela accueillera la troisième série d’essais cliniques pour le vaccin russe Spoutnik V. L’annonce a été faite par la vice-présidente Delcy Rodriguez le 2 octobre, le jour même où l’avion de la Fédération de Russie transportant les composants du vaccin est arrivé dans le pays.

Entre autres détails, le gouvernement national a expliqué que 2000 Vénézuéliens se sont portés volontaires pour participer à la phase 3 de la recherche sur le vaccin, mais en outre, des travaux sont en cours pour fabriquer le médicament sur notre territoire. Une fois que le protocole d’évaluation aura été mené à bien, les institutions scientifiques nationales pourront distribuer gratuitement la vaccination à la population.

Le président vénézuélien Nicolas Maduro a annoncé que son fils, Nicolas Maduro Guerra, et sa sœur aînée, l’anesthésiste Maria Teresa Maduro, ont décidé de se porter volontaires pour l’essai du vaccin. Il a également déclaré que les premiers vaccins seront administrés au personnel médical, aux enseignants et aux personnes âgées.

Cette nouvelle est d’une grande importance géopolitique à l’heure actuelle. La coopération entre la Fédération de Russie et la République bolivarienne du Venezuela, qui s’est solidement maintenue malgré le scénario d’hostilités que l’Occident a construit autour d’elle pour l’éroder, a permis à notre pays d’être le premier en Amérique latine à recevoir ce lot de vaccins.

Jusqu’à présent, une vingtaine de pays de toutes les régions ont exprimé le désir d’acquérir le vaccin russe.

D’autre part, le Fonds russe d’investissement direct a indiqué que des accords ont été conclus avec des partenaires au Mexique pour la fourniture de 32 millions de doses, au Brésil, pour 50 millions de doses, en Inde, pour 100 millions de doses, en Ouzbékistan, pour 35 millions de doses et au Népal, pour 25 millions de doses.

SUR LES PROGRÈS DE SPOUTNIK V

Rappelons quelques données importantes sur le chemin parcouru par le Centre national de recherche en épidémiologie et en microbiologie Gamalei pour développer Spoutnik V.

Le 11 août, le président Vladimir Poutine a annoncé que le ministère russe de la santé avait délivré un certificat d’enregistrement du vaccin de l’Institut Gamalei, ce qui en fait le premier vaccin Covid-19 enregistré dans le monde.

Il a été expliqué que le vaccin avait positivement passé les deux premières phases des essais cliniques.

La rapidité et l’efficacité avec lesquelles Moscou a progressé sont principalement dues à la culture historique de la vaccination dans ce pays depuis le 18e siècle, lorsque l’impératrice Catherine II a été vaccinée contre la variole. Plus tard, avec l’émergence de l’Union soviétique, les politiques de santé publique ont été consolidées et ont permis la conception d’un programme de vaccinations massives et gratuites pour la population.

Avant que la maladie Covid-19 ne se propage dans le monde entier pour devenir une pandémie, les chercheurs russes travaillaient à la création d’un vaccin contre l’infection par le MERS-CoV, un autre virus de la famille des coronavirus, et avaient terminé les essais de phase 4 d’un vaccin Ebola sans résultat négatif.

Ces recherches antérieures ont servi de base aux études visant à développer le vaccin Spoutnik V, qui n’a jusqu’à présent rapporté aucun symptôme chez les patients qui empêcherait la poursuite de son développement.

COMMENT L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE PRIVÉE SE SITUE-T-ELLE DANS LA COURSE AU VACCIN ?

Alors que la Russie se positionne comme l’acteur géopolitique et la puissance d’Etat capable d’offrir une solution sérieuse à la pandémie, grâce à des accords équitables avec le reste des pays, les options offertes par les transnationales pharmaceutiques ancrées à l’Ouest semblent avoir péché par optimisme.

C’est le cas de la société pharmaceutique Astrazeneca et de l’université d’Oxford, qui ont annoncé début septembre la suspension des essais cliniques de leur vaccin contre les coronavirus en raison de l’apparition présumée d’effets indésirables chez un patient au Royaume-Uni.

La fuite d’un rapport de sécurité de l’entreprise britannique a révélé qu' »une femme de 37 ans, auparavant en bonne santé, a fait une « myélite transverse confirmée » après avoir reçu sa deuxième dose du vaccin et a été hospitalisée le 5 septembre.

La myélite transverse est un trouble neurologique affectant la moelle épinière. Elle est liée à des maladies virales et à d’autres maladies de la myéline.

Bien qu’Astrazeneca a suspendu les essais après cette affaire, certains membres de la communauté scientifique estiment que l’entreprise n’a pas fait preuve de transparence dans le traitement des informations sur les résultats négatifs enregistrés.

Le recul du vaccin d’Astrazeneca/Oxford pourrait être un coup dur pour l’Amérique latine, car les gouvernements d’Argentine et du Mexique, confiants dans les rapports de sécurité fournis par ces institutions, ont décidé en juillet de s’entendre sur la production et la distribution de ce vaccin dans la région.

Au Royaume-Uni, la Medicine Health Regulatory Authority (MHRA) a donné l’autorisation à Astrazeneca/Oxford pour reprendre les essais quelques jours après la diffusion de l’alerte.

Le Japon a également repris la fourniture du vaccin le 2 octobre, tandis que la Food and Drug Administration (FDA) n’a pas autorisé la poursuite des études aux États-Unis.

LE VENEZUELA PARIE SUR LA COOPÉRATION ET LE MULTILATÉRALISME

La participation du Venezuela aux essais de vaccins russes est un acte consécutif à l’intégration du Venezuela dans le monde multipolaire en plein développement, axé sur la Chine et la Russie.

Le président Nicolás Maduro a, dès le début, rendu public l’intérêt d’adopter les modèles scientifiques étatiques proposés par l’axe eurasiatique pour trouver une réponse efficace au Covid-19.

De nombreuses autres livraisons de médicaments, de fournitures et d’équipements médicaux reçues dans le cadre des relations de coopération avec d’autres pays, permettent d’atténuer les conséquences que les sanctions pénales du gouvernement des États-Unis ont produites sur la santé publique vénézuélienne et de pouvoir contenir l’avancée des cas de Covid-19 dans le pays, pendant qu’un vaccin est en cours de développement et peut être fourni à la population.

Un des points que le président vénézuélien a souligné dans son discours à la 75e Assemblée des Nations unies était son soutien à la proposition de Vladimir Poutine de tenir une conférence internationale en ligne de haut niveau, où le seul point à discuter était le développement d’un vaccin contre Covid-19.

La réunion devrait aboutir à l’établissement d’un programme commun permettant un accès équitable au vaccin pour toutes les nations. Cela peut sembler redondant dans la logique du multilatéralisme, mais il est bon de le rappeler dans le contexte de blocus, sanctions et harcèlement occidentaux contre les pays émergents.

Le Venezuela penche pour des options qui garantissent une réponse fiable à la pandémie et qui respectent sa souveraineté dans le processus. Le bilan des sociétés pharmaceutiques commerciales montre qu’il est très difficile de respecter ces garanties dans cette voie.

Source : https://www.misionverdad.com/la-vacuna-rusa-sputnik-v-en-venezuela

Traduction ; Thierry Deronne

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2020/10/07/le-vaccin-russe-spoutnik-v-au-venezuela/