Orwell renvoyé au vestiaire

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Dans un quartier huppé de Caracas, une mise en scène destinée à l'opinion publique internationale. L'image de ces jeunes "guarimberos" d'extrême droite, alliée à l'occultation des marches pacifiques d'une majorité de vénézuéliens défendant de leur choix électoral, a produit une inversion du réel sur les petits écrans occidentaux.

Dans un quartier huppé de Caracas, mises en scène destinées à l’opinion publique internationale. L’image de ces jeunes « guarimberos » d’extrême droite, alliée à l’occultation des marches pacifiques d’une majorité de vénézuéliens pour défendre leur vote, a produit une inversion du réel sur les petits écrans du monde entier.

AFP-ALTAMIRA-FOTO2001

L’arroseur arrosé. Cette photo prise le 4 mars dans le quartier riche d’Altamira montre l’agression de journalistes de médias privés vénézuéliens (dont l’un est jeté au sol) et d’agences de news comme AFP, EFE ou Reuters par les militants d’extrême droite qu’ils faisaient pourtant passer pour des « démocrates ».

Caracas, février 2014. Manifestation pacifique exigeant le respect du résultat des élections et la fin de des efforts de déstabilisation par les États-Unis, image occultée dans les médias occidentaux.

Sous l'effigie d'un chaviste pendu haut et court, la dirigeante de droite María Corina Machado tient un discours dans l'État de Tachira (région sous influence des paramilitaires colombiens et des mafias de la contrebande, où ont débuté les violences de février 2014).

C’est sous l’effigie d’un chaviste pendu haut et court que la dirigeante de droite María Corina Machado tient un discours dans l’État de Tachira (région sous influence des paramilitaires colombiens et des puissantes mafias de la contrebande d’aliments et de carburant, où ont débuté les violences de février 2014).

Dès juin 2013 une conversation téléphonique révélait les contacts de María Corina Machado avec le gouvernement des États-Unis. On l’entend insister sur la nécessité d’organiser un nouveau coup d’État précédé de « confrontations non-dialogantes » (sic).

A Valencia, dans le centre du pays, des étudiants de droite "pendent" des effigies de militants bolivariens, dans le plus pur style de la terreur du paramilitarisme colombien ou des cartels de la drogue mexicains.

A Valencia, dans le centre du pays, des étudiants de droite pendent les effigies de militants bolivariens, dans le plus pur style du paramilitarisme colombien ou des cartels mexicains.

En transformant les violences de l’extrême droite vénézuélienne en « révolte populaire », en rhabillant en « combattants de la liberté » des jeunes issus des classes aisées et nostalgiques de l’apartheid des années 90, c’est d’abord contre les citoyens européens que l’uniformisation médiatique a sévi : la majorité des auditeurs, lecteurs et téléspectateurs ont accepté sans le savoir une agression visant à annuler le choix des électeurs et à renverser un gouvernement démocratiquement élu. Sans démocratisation en profondeur de la propriété des médias, la prophétie orwellienne se fait timide. L’Amérique Latine est assez forte et solidaire pour empêcher un coup d’État comme celui qui mit fin à l’Unité Populaire de Salvador Allende mais la coupure croissante de la population occidentale avec le monde risque un jour de se retourner contre elle-même.

T.D., Caracas, mars 2014

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