« Les gens ne rejettent pas le modèle d’inclusion sociale, ils veulent qu’il fonctionne »

mujer constructora en CCS.pngUne récente étude de la firme privée de sondages vénézuélienne Hinterlaces, indique que « pour plus de 70% des vénézuéliens le pays est sur une mauvaise voie. Les principaux problèmes sont d’ordre économique, en particulier les problèmes d’approvisionnement d’aliments et de médicaments, l’inflation, avec l’insécurité qui préoccupe beaucoup (1) ». Pour le sociologue Oscar Schemel, président d’Hinterlaces « la guerre économique a fait que l’opposition diffuse des post-vérités, des évènements, des circonstances qui génèrent une angoisse et une névrose, qui visent un débordement social, qui obligent les gens à rejeter les facteurs qui causent la névrose. Cependant le chavisme, même s’il n’est pas une force électorale majoritaire, reste la première option politique : ceci s’explique par le fait qu’au cours de ces dernières années le pays s’est reconfiguré socialement, politiquement et symboliquement. La force électorale majoritaire n’est pas l’opposition mais le mécontentement. Les gens ne rejettent pas le modèle d’inclusion sociale, mais veulent qu’il fonctionne. Le champ économique devrait être primordial pour le gouvernement s’il veut rétablir une dynamique forte en termes de communication »

Sur la base des enquêtes récemment menées par Hinterlaces (2), Oscar Schemel fait remarquer que « l’opposition ne possède pas de force symbolique, n’a pas de puissance de mobilisation par elle-même, manque de réponses, de solutions, de propositions et de projet politique à part le renversement du gouvernement actuel et la reprivatisation de l’économie. Elle manque de discours, de messages, de codes originaux et s’est finalement montrée très faible dans la bataille de la subjectivité. Certes elle tire bénéfice des erreurs et des errements dans la politique économique du gouvernement bolivarien mais les gens ne votent pas pour l’opposition. Le vote sert à punir, à montrer son désaccord sur une gestion économique déterminée. L’opposition n’arrive pas à se constituer en alternative. C’est le contraire avec le chavisme qui reste aujourd’hui la force socialement, politiquement et symboliquement la plus significative du pays : sa capacité de récupération est importante”. (2)

Autre élément intéressant selon Oscar Schemel: « l’existence de secteurs du centre politique qui s’identifient avec la proposition du modèle d’inclusion sociale, qui est celle de la révolution bolivarienne : la justice sociale , l’égalité et sur le plan économique l’économie mixte, une société avec un État fort et un marché ; un modèle où coexistent différentes formes de propriété et où le rôle fondamental de l’État est de conduire le développement économique et de reconnaître l’entreprise privée comme faisant partie de la solution.

En ce sens la société vénézuélienne se meut vers le centre. Il ne s’agit pas tant d’un « centre indépendant » que d’un centre chaviste. Le secteur des « ni-ni » s’estompe et en ce moment le pays se meut au centre politique du chavisme, ce qui est différent. En d’autres termes il n’y a pas d’effet de pendule du socialisme vers le néolibéralisme, nous restons dans une configuration politique, sociale, symbolique et culturelle qui reste influencée par le discours de Hugo Rafael Chávez Frías”.campo

Le dialogue, ajoute Schemel, est non seulement nécessaire mais urgent, indispensable, il est vital. Les conséquences d’un non-dialogue ne bénéficie qu’aux grandes puissances, au narcotrafic et aux bandes criminelles. Il est important de le comprendre. L’opposition doit reconnaître que le chavisme est une réalité et de son côté le chavisme doit reconnaître que l’opposition existe. Des deux côtés doit exister la compréhension qu’il est impossible d’écraser l’autre, qu’une conciliation est nécessaire, qu’il est possible d’élaborer un programme commun ».

« L’opposition doit négocier avec des conditions minimales de stabilité et de gouvernabilité, mais le fera-t-elle depuis Miami, ou depuis CNN? Il lui faut négocier avec le chavisme parce que celui-ci représente une force sociale, symbolique et politique, il a une présence réelle dans les quartiers populaires, dans les esprits et dans la conscience politique de l’État” conclut le président d’Hinterlaces. (3)

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Notes :

  1. « Tout comprendre sur l’inflation et les pénuries », https://venezuelainfos.wordpress.com/2017/05/29/venezuela-tout-comprendre-sur-linflation-et-les-penuries/ et « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les files d’attente au Venezuela sans jamais oser le demander », http://wp.me/p2ahp2-1J7
  2. « Les surprises des sondages privés au Venezuela », https://venezuelainfos.wordpress.com/2017/04/16/les-surprises-des-sondages-prives-au-venezuela-avril-2017/
  3. Propos extraits de l’interview accordée au journaliste de la télévision publique VTV Jorge Amorin par le président d’Hinterlaces Oscar Schemel sur la base des dernières enquêtes publiées par Hinterlaces : http://hinterlaces.com/schemel-con-amorin-plano-economico-es-clave-para-recomponer-hegemonia/

Traduction : Thierry Deronne

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Une réponse

  1. on dirait que l’auteur de la note ne s’est par aperçu que le gouvernement et le chavisme ont fait de trop nombreux appels pour le dialogue, que des commissions ont été formés et que mêmes des anciens présidents y le Vatican y ont participé, mais que l’opposition ne veut rien savoir, que son seul but est finir avec le gouvernement chaviste le pls vite possible.

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