Le Venezuela accueille la première brigade féministe internationale avec des compagnes de 20 pays.

Assemblée préparatoire du Congrès des femmes vénézuéliennes (2015) Photo : Archives

Photo : Environ 80 % des dirigeant(e)s de mouvements sociaux et d’organisations populaires au Venezuela sont des femmes.

Des militantes féministes des cinq continents sont arrivées à Caracas pour la première Brigade internationale « Alexandra Kollontai« , qui débute ce vendredi 17 juin et se poursuit jusqu’au 27 juin 2022. L’Assemblée internationale des peuples (AIP) et l’Institut Simon Bolivar pour la paix et la solidarité entre les peuples (ISB) ont organisé cette rencontre pour que les femmes puissent échanger leurs expériences sur l’organisation communautaire et rencontrer les multiples organisations/expériences d’un féminisme très actif parmi les secteurs populaires au Venezuela. Un féminisme populaire en chantier, dynamique, formateur de conscience, et qui construit lutte après lutte, à l’intérieur de la révolution bolivarienne, le cadre légal des droits des femme.

Vingt-neuf femmes originaires de vingt pays: Swaziland, Afrique du Sud, Ghana, Lesotho, Zambie, Turquie, Italie, États-Unis, Espagne, Roumanie, Argentine, Brésil, Chili, Cuba, Équateur, Népal, Maroc, Tunisie, Irak et Palestine vont ainsi se déplacer dans cinq états vénézuéliens pour faire connaissance avec des communes populaires et d’autres organisations sociales dirigées par des femmes. La brigade rencontrera aussi des représentantes du ministère pour les Femmes et l’Égalité de Genre et du ministère des Communes et des Mouvements Sociaux.

Domond (USA) : « Si nous voulons construire un mouvement fort de libération des femmes aux USA, nous devons le lier à la lutte des classes. Ce n’est qu’en reliant ces luttes que nous pourrons réellement comprendre les racines de notre oppression.

Pour Betes : « Nous continuons à faire face à des expressions féministes libérales, racistes, eurocentriques, sans propositions, nous comprenons que c’est un des outils que le néolibéralisme construit pour tenter de désarmer le pouvoir transformateur et créatif des féminismes populaires »

« Nous comprenons que la mission fondamentale de cette Brigade sera de débattre du concept de féminisme populaire révolutionnaire, car nous comprenons que le féminisme est aussi un espace de lutte et de contestation radicale du système. C’est pourquoi nous voulons rencontrer des femmes qui construisent des organisations territoriales au Venezuela, en défense de la souveraineté, de la dignité et en faveur d’un féminisme socialiste« , déclare Laura Franco, l’une des organisatrices de l’événement.

Au terme du séjour, les compagnes participeront au lancement du programme de féminisme révolutionnaire « Manuela Sáenz« , promu par l’Institut de Solidarité Simon Bolivar, dans le but de créer des d’intégration, d’échange, de coopération et de formation entre les femmes du monde. Laura Franco souligne comment, depuis l’ascension d’Hugo Chávez à la présidence et maintenant avec le gouvernement de Nicolás Maduro, le processus de transformations sociales au Venezuela, appelé révolution bolivarienne, a acquis un caractère profondément féministe : « La révolution bolivarienne a un visage de femme. Elles occupent les principaux postes de direction du pouvoir populaire au Venezuela. L’impérialisme étasunien a bien compris que ce sont les femmes vénézuéliennes qui sont le moteur de l’économie familiale et la base sociale du soutien à la révolution. Son blocus a donc visé particulièrement les femmes, en bloquant l’accès à des médicaments ou à des contraceptifs, ou à la nourriture, pour tenter de détruire ce tissu fondamental, de démoraliser, de dépolitiser et de décourager les femmes, et réaliser plus vite ses plans de renversement du gouvernement. Ce que nous avons démontré, c’est que nous sommes capables de déjouer ces plans« .

Photo : La Brigade internationale féministe se réunit à l’Universidad Experimental de Cátia, à l’ouest de Caracas, Venezuela / Photo : Ceyrali

Depuis 2015, le Venezuela subit un blocus économique et des sanctions illégales imposées par les États-Unis et l’Union Européenne qui ont généré une perte annuelle estimée à 30 milliards de dollars US et provoqué une contraction de 60 % du produit intérieur brut du pays, ainsi qu’une perte de 99% des revenus de l’État. Depuis le dernier trimestre de 2021 cependant, les politiques économiques du gouvernement de Nicolas Maduro ont permis de renouer avec la croissance au point que la CEPAL (ONU) annonce qu’en 2022 le Venezuela atteindra le plus fort taux de croissance (5%) de tout le continent. La Bank of America, elle, annonce un taux de 15% et le Crédit Suisse un taux de 20%.

L’événement fait partie du programme de formation féministe « Manuela Sáenz ». Le nom de la Brigade internationale vise à honorer le 150ème anniversaire d’Alexandra Kollontai, commissaire du peuple pour le bien-être social (une sorte de ministre) en Union soviétique. Sa pensée et ses écrits politiques en ont fait une référence mondiale du féminisme socialiste.

Pour suivre le séjour et les activités de la Brigade féministe internationale « Alexandra Kollantai », vous pouvez suivre les comptes de l’Assemblée Internationale des Peuples sur Twitter, Instagram, YouTube, Facebook, ainsi que ceux ceux de l’Institut de Solidarité Simon Bolivar sur Twitter, Instagram, YouTube et Facebook, ou encore sous les hashtags #InternationalFeministBrigade et #AlexandraKollontai150.

Sources et photos : Michele de Mello, Brasil de Fato https://www.brasildefato.com.br/2022/06/17/venezuela-recebe-1-brigada-feminista-internacional-com-mulheres-de-20-paises, ISB https://www.isb.ve/2022/06/17/brigada-feminista-internacional/Ceyrali et Vanessa Guttierez, et AIP https://ipa-aip.org/es/notas/brigada-feminista-internacional-en-venezuela/

Traduction : Thierry Deronne

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2022/06/18/le-venezuela-accueille-la-premiere-brigade-feministe-internationale-avec-des-compagnes-de-20-pays/

Les Sans Terre du Brésil à l’école du Venezuela: « ici, le peuple est vraiment le sujet de la révolution. »

Photo: Messilene Gorete, coordinatrice de l’équipe des Sans Terre du Brésil au Venezuela. « Parfois, à gauche, nous avons des schémas très fermés sur le niveau de préparation et de planification nécessaire pour avancer, et cela peut devenir un obstacle. Au Venezuela, les gens savent que tout cela est nécessaire, mais la créativité – dans un pays où les gens sont très spontanés – est une grande vertu de la révolution bolivarienne. Et la commune vénézuélienne est un modèle dont notre continent a besoin.« 

Le Mouvement brésilien des Travailleurs Sans Terre est une puissante organisation paysanne qui lutte pour une réforme agraire radicale et populaire. L’organisation a une longue tradition internationaliste et envoie des brigades de solidarité dans le monde entier pour accompagner les mouvements paysans. Au Venezuela, l’équipe des Sans Terre a été invitée par Hugo Chávez et travaille depuis près de 18 ans. Elle y joue un rôle important dans l’aide aux mouvements communaux et paysans de ce pays des Caraïbes. Entretien avec Messilene Gorete, qui coordonne cette équipe.

L’internationalisme a toujours été important pour le Mouvement des Sans Terre. Ici, au Venezuela, la Brigade Apolônio de Carvalho accompagne les mouvements paysans depuis près de deux décennies. Comment le Mouvement des Sans Terre conçoit-il l’internationalisme ?

L’internationalisme est dans l’ADN de notre organisation. Depuis la naissance de l’organisation, nous appuyons les luttes qui ont lieu au-delà des frontières du Brésil comme si elles étaient les nôtres. Sur le drapeau des Sans Terre, on voit un homme et une femme sur fond de carte du Brésil, mais aussi une machette paysanne qui s’étend au-delà de la frontière. Nous avons intégré l’internationalisme à notre stratégie politique de manière plus formelle, car nous comprenons que la lutte pour la réforme agraire ne peut être menée de manière isolée. Il est nécessaire de construire des liens de solidarité, d’apprendre avec les autres et de lutter ensemble.

Notre internationalisme découle d’une longue tradition en Amérique latine et dans le monde. La révolution cubaine est un exemple clé pour les Sans Terre; l’internationalisme extraordinaire du peuple cubain nous a beaucoup enseigné. Nous avons également appris des luttes de libération en Amérique Centrale, en particulier des brigades internationalistes qui ont accompagné les révolutions sandiniste et salvadorienne. Bien sûr, l’internationalisme bolivarien du processus vénézuélien a également laissé sa marque sur notre organisation. Nous comprenons l’internationalisme à la fois comme un principe et comme une pratique. En tant qu’organisation révolutionnaire, nous ne pouvons survivre que si nous construisons et apprenons avec les autres de manière solidaire.

La brigade Apolônio de Carvalho, l’équipe des Sans Terre basée au Venezuela, tire son nom d’un grand révolutionnaire brésilien : Apolônio est parti en Espagne pour lutter contre Franco avec les Brigades Internationales. Lorsque nous sommes arrivés au Venezuela, nous avons pris ce nom pour lui rendre hommage.

Photos : Le drapeau des Sans Terre du Brésil

L’un des défis auxquels le Venezuela est confronté aujourd’hui est de surmonter la logique rentière qui a transformé l’économie vénézuélienne en une économie dépendante et « portuaire ». Le Mouvement des Sans Terre, fort de sa vaste expérience, accompagne les organisations paysannes et communales dans tout le Venezuela, en promouvant une agriculture durable qui peut rompre avec la dépendance et construire la souveraineté alimentaire.

Comment travaillez-vous avec ces organisations locales ?

La Brigade Apolônio de Carvalho est présente au Venezuela depuis 2005. Hugo Chávez avait demandé que le Mouvement des Sans Terre apporte son expérience au Venezuela et accompagne les organisations paysannes dans la production alimentaire, avec pour objectif la transition vers la souveraineté alimentaire. Nous avons accompagné diverses organisations paysannes dans le pays. Nous avons fait de la production de semences une priorité afin que l’agriculture locale puisse assurer la souveraineté alimentaire du pays. Mais la production de semences ne peut être un objectif isolé. L’objectif est de changer l’ensemble du modèle de production. L’ensemble du modèle doit être radicalement modifié. Pour cela, il faut appliquer un schéma agroécologique intégral.

Dans notre travail, nous nous concentrons également sur les chaînes productives, terme utilisé par Chávez pour désigner le cycle intégral de production, de commercialisation et de consommation des aliments. C’est une chose à laquelle nous devons penser lorsque nous tentons de construire la souveraineté alimentaire. Sortir de l’économie rentière basée sur le pétrole passe par développer une nouvelle conscience. Cependant, cette conscience ne viendra que lorsque de nouvelles pratiques de production et d’organisation commenceront réellement à émerger.

Photos: En 2005, Hugo Chávez a visité le campement du MST de Lagoa do Junco, à Río Grande do Sul, au Brésil. Un accord de coopération a été signé lors de cette visite. (MST)

Avec quels types d’organisations et d’institutions le Mouvement des Sans Terre travaille-t-il au Venezuela ?

À nos débuts, nous avons travaillé avec le mouvement paysan Frente Campesino Ezequiel Zamora. Nous avons également travaillé avec des institutions gouvernementales et des organisations communales. Nous avons assumé les communes comme une priorité. Nous soutenons les organisations communales au Venezuela, mais nous apprenons aussi d’elles. Le modèle communal est quelque chose dont tout le continent a besoin ; c’est une façon de faire qui transforme vraiment le système existant, et la révolution bolivarienne en a fait une pratique. C’est très important pour les Sans Terre du Brésil.

Ce que nous avons fait avec les communes, c’est les aider comme nous le pouvons. Mais il est encore plus important d’apprendre des pratiques quotidiennes des gens lorsqu’ils se réunissent, construisent une commune sur leur territoire et développent une stratégie de production ayant pour objectif le bien commun. Dans une commune, tout cela se passe en construisant une nouvelle hégémonie. Au fur et à mesure que les conseils communaux, les entreprises de propriété sociale et le parlement communal se développent, le projet prend forme comme quelque chose de viable dans l’esprit des gens. Je pense que le plus grand enseignement de la révolution bolivarienne pour ceux qui luttent, y compris les Sans Terre, est la commune.

Le Mouvement des Sans Terre s’est engagé dans l’agriculture écologique. Comment faites-vous pour promouvoir cela ici au Venezuela ?

Il n’est possible de construire un projet souverain que si nous changeons réellement le modèle productif dans les zones rurales. Pour ce faire, une formation et une préparation techniques sont nécessaires, mais l’éducation politique est également indispensable. Pour qu’un tel changement se produise, les gens doivent comprendre que si nous luttons pour un modèle social différent, si notre horizon est le socialisme et si nous travaillons avec l’idée d’une nation souveraine, il est urgent de repenser nos modes de production. Pour résoudre ce casse-tête, l’agroécologie est un élément important. Par ailleurs, l’agriculture technologique doit devenir une politique d’État. En d’autres termes, l’agroécologie n’est pas seulement une méthode pittoresque à appliquer dans la production de conucos [parcelles traditionnelles de production familiale] ; le modèle doit être viable et permettre de nourrir l’ensemble de la société de manière durable. En ce qui concerne l’agriculture durable, notre tâche consiste à la promouvoir, à offrir un soutien technique et une éducation politique. Les Sans Terre ont également fait don de semences à l’Union Communarde pour aider à la transition vers l’agriculture durable.

Lorsque nous organisons des ateliers avec les paysans, nous enseignons les techniques de l’agriculture durable : de la production d’intrants agricoles biologiques aux méthodes non toxiques d’éradication des parasites. Il est intéressant de noter que la crise et le blocus ont fait tomber certains des obstacles au passage à l’agriculture durable. Désormais, de nombreux paysan(ne)s comprennent qu’il est possible et nécessaire de produire sans produits chimiques. Néanmoins, le passage à des pratiques écologiques dans la production à grande échelle reste un défi immense. Le but n’est pas de forcer les gens à changer leur modèle agricole, mais d’aider à créer les conditions pour qu’ils comprennent que ce changement est viable et nécessaire. Après tout, si cela ne se produit pas, les producteurs continueront à être dépendants des sociétés transnationales et le pays continuera à importer d’énormes quantités d’intrants agricoles. Il va sans dire que les pratiques agricoles traditionnelles ont des effets néfastes sur la vie des paysan(ne)s, mais aussi sur l’environnement.

Un modèle social différent exige un changement dans la façon dont la production se déroule dans les zones rurales. C’est pourquoi nous offrons des ateliers technico-politiques aux communes et aux autres organisations paysannes.

Les Sans Terre font désormais partie du paysage des mouvements populaires au Venezuela, dans une révolution qui se considère comme bolivarienne et, pour cette raison, latino-américaine. Qu’ont appris les Sans Terre de ce processus ?

Cela fait presque 18 ans que la première équipe de Sans Terre a atterri au Venezuela. Notre méthode de formation des brigades est la suivante : les compagnes et compagnons internationalistes Sans Terre restent ici pendant environ deux ans, puis nous retournons au Brésil, pour partager notre apprentissage avec d’autres membres de l’organisation. Dans l’ensemble, nous pensons que nous avons appris beaucoup plus que ce que nous avons enseigné ici.

Les membres de l’organisation qui viennent au Venezuela apprennent du processus bolivarien. Partager l’expérience des Sans Terre dans un pays en plein processus révolutionnaire constitue pour nous une école. Nous apprenons beaucoup des succès de la révolution bolivarienne, mais nous apprenons aussi des contradictions de la vie quotidienne des gens. Nous apprenons ce que nous devons et ne devons pas faire dans une société en transition vers le socialisme.

Parmi les choses les plus concrètes que nous avons apprises, il y a la façon dont le peuple vénézuélien a été l’acteur central de son processus révolutionnaire – en particulier les organisations politiques de base – et comment un processus en mouvement constant élève le niveau de conscience du peuple par la participation directe. Il ne s’agit pas d’une simple spontanéité, mais d’une participation intense, liée à une organisation territoriale et nationale. C’est une grande leçon pour nous : les gens doivent être impliqués dans les processus d’organisation dans toutes les sphères de la vie. Et oui, la commune est un espace où nous avons beaucoup appris. Dans les espaces communaux, les gens comprennent la nécessité de s’organiser pour construire une société vraiment différente.

Nous avons également appris de la créativité quotidienne des gens dans le processus bolivarien. Parfois, à gauche, nous avons des schémas très fermés sur le niveau de préparation et de planification nécessaire pour avancer, et cela peut devenir un obstacle. Au Venezuela, les gens savent que tout cela est nécessaire, mais la créativité – dans un pays où les gens sont très spontanés – est une grande vertu de la révolution bolivarienne.

Nous avons également beaucoup appris des processus électoraux. Le Mouvement des Sans Terre accompagne ces processus parce que le conflit électoral est aussi une bataille pour la défense du projet révolutionnaire. Ici, les élections ne sont pas liées à des intérêts individuels ou de groupe, mais à des intérêts collectifs. C’est très différent du Brésil, où les élections sont une sorte de marché et où la finance tend à gagner et à conserver le pouvoir. Ce qui est en jeu dans un processus électoral au Venezuela, c’est un projet politique. Ici, les élections ne sont pas un marché.

Le Venezuela nous a appris qu’une campagne n’est pas seulement un outil pour être élu, c’est aussi un moment pour se rapprocher des organisations de base et stimuler la participation du peuple. Le Parti Socialiste Uni du Venezuela (PSUV, principal parti chaviste) est le parti le plus avancé du continent lorsqu’il s’agit de défendre une révolution dans un tourbillon électoral. Bien sûr, les élections se déroulent ici dans les paramètres de la démocratie bourgeoise, mais les campagnes aident à construire un autre type de démocratie.

Nous avons aussi appris de l’anti-impérialisme et des pratiques patriotiques de la révolution bolivarienne, qui sont très tangibles dans la vie quotidienne du peuple vénézuélien. Le Brésil n’a pas connu de lutte historique pour son indépendance, et c’est peut-être pour cela que nous avons une société très fragmentée, une société qui n’a pas la défense de la patrie comme valeur fondamentale.

D’un point de vue politique, notre société est beaucoup plus dominée. Au Venezuela, nous avons appris comment construire un sentiment patriotique – non pas au sens du nationalisme bourgeois, mais avec l’objectif d’avoir un pays véritablement indépendant à tous les niveaux : économique, politique et social.

Photo: L’école technique agricole Ernesto Guevara d’El Maizal est gérée en collaboration avec les Sans Terre. (Commune d’El Maizal)

Le Brésil a des élections présidentielles le 2 octobre 2022. La course opposera l’extrême droitier Jair Bolsonaro au progressiste Lula da Silva. Quelle est l’importance de cet événement pour le Brésil et pour le continent ?

Le Brésil traverse une grave crise sociale et économique : les conditions de vie de la population sont catastrophiques. Des dizaines de milliers de personnes vivent dans la rue, dans des conditions de misère absolue, tandis que 60 millions de personnes sont directement touchées par la crise capitaliste : le chômage et l’inflation des prix alimentaires sont endémiques et les idées fascistes continuent de progresser. Bien entendu, le gouvernement d’extrême droite de Bolsonaro n’a aucun intérêt à résoudre les nombreux problèmes sociaux de notre pays. Au contraire, ses politiques favorisent le marché et la bourgeoisie, tandis qu’il encourage les idées fascistes et promeut un discours de violence.

C’est pourquoi nous pensons que les prochaines élections présidentielles revêtent une importance stratégique pour le Brésil et pour l’Amérique latine dans son ensemble. Si Lula gagne, la carte du conflit continental changera : cela permettra à la gauche et aux projets progressistes de continuer à avancer. La confrontation avec l’impérialisme et son projet économique broyeur se fera également dans des conditions plus favorables.

Le peuple brésilien doit choisir Lula comme président. Ce ne sera pas facile, mais il y a de bonnes chances que nous réussissions. En tout cas, pour atteindre notre objectif, nous devons travailler dur ; nous luttons contre un ennemi très puissant. Il dispose d’un solide soutien de 30% d’électeurs et de nombreux pouvoirs de facto, et de tentacules de grande envergure.

Le Mouvement des Sans Terre participe à la bataille électorale en organisant des comités de base. Les débats au sein de ces comités vont de l’avenir du pays aux politiques qu’un gouvernement populaire du PT [Parti des Travailleurs] devrait promouvoir. Les élections du 2 octobre sont très importantes, mais une victoire ne serait qu’un début. Les gens devront être prêts à défendre cette victoire. La situation du pays ne sera pas résolue avec des politiques d’assistanat, mais avec des politiques qui restructurent les choses en faveur du peuple. La crise du Brésil fait partie de la crise du capitalisme. Pour aller de l’avant avec les grandes réformes dont nous avons besoin, la mobilisation sera essentielle.

Enfin, le Brésil a un rôle important à jouer en matière d’unité latino-américaine. Il est urgent de réactiver les projets qui rassemblent le continent. Chávez a promu l’intégration économique et politique avec des mécanismes tels que la CELAC [Communauté des États Latino-américains et des Caraïbes] et l’UNASUR [Union des Nations Sud-américaines]. Alors que l’impérialisme états-unien perd son hégémonie, les gouvernements progressistes du continent doivent unir leurs forces. C’est pourquoi une victoire de Lula et du Parti des Travailleurs (PT) en octobre est importante non seulement pour le Brésil mais aussi pour l’ensemble de l’Amérique latine.

Propos recueillis par Cira Pascual Marquina

Source : https://venezuelanalysis.com/interviews/15536

Traduction de l’anglais : Thierry Deronne

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2022/05/27/les-sans-terre-du-bresil-a-lecole-du-venezuela-ici-le-peuple-est-vraiment-le-sujet-de-la-revolution/

Diplomatie des peuples : solidarité des deux principaux syndicats brésiliens avec le Venezuela

Des représentants des deux principales centrales syndicales du Brésil sont au Venezuela dans le cadre d’une campagne de solidarité visant à remercier le gouvernement du président Nicolás Maduro et les travailleur(se)s vénézuélien(ne)s pour leur soutien lors de la crise sanitaire provoquée par la pandémie, exacerbée par la négligence du gouvernement de Jair Bolsonaro.

Sergio Nobre, président de la Central Unitaria de Trabajadores de Brasil (CUT) et Miguel Torres, président de Força Sindical, ont soutenu une réunion avec Carlos Ron, président de l’Institut Simon Bolivar pour la paix et la solidarité entre les peuples (ISB).

Cette visite a un caractère historique puisqu’il s’agit d’un échange direct de solidarité entre travailleurs, dans le contexte de la pandémie et du blocus illégal des États-Unis contre le Venezuela.

Le peuple vénézuélien a montré sa solidarité avec le peuple du Brésil en envoyant de l’oxygène à Manaus, et en réponse, les travailleurs brésiliens ont lancé une campagne pour envoyer au Venezuela des équipements nécessaires à la production d’oxygène ; cependant, cet envoi a été bloqué par les mesures coercitives unilatérales des États-Unis.

À cet égard, M. Nobre a expliqué combien il était précieux pour la population de Manaus, dans l’État d’Amazonas, de recevoir de l’oxygène pour traiter les patients gravement infectés par le virus. « Dans la région de Manaus, il y a eu un drame parce que, contrairement au gouvernement vénézuélien, le gouvernement brésilien (Bolsonaro) n’a pas reconnu la pandémie ; il n’a pas pris les mesures sanitaires dont le pays avait besoin (…) mettant la situation économique au-dessus de la vie », a déclaré Nobre.

Au Brésil, des milliers de personnes sont mortes à cause de la pandémie. « Nous vivons le pire moment de l’histoire de la classe ouvrière. Nous avons dépassé les 600.000 victimes et ce sont des travailleurs qui ne pouvaient pas rester à la maison en pleine pandémie », a rapporté le président de la CUT. Pour cette raison, l’envoi de milliers de litres d’oxygène au Brésil depuis le Venezuela, au milieu des difficultés qu’il traverse en raison des mesures coercitives criminelles des États-Unis, est « un geste humain très important », explique Nobre.

Les représentants syndicaux brésiliens ont annoncé que dans le cadre de cette visite, ils enverront prochainement une cargaison de fournitures et de pièces de rechange pour la maintenance de l’usine d’oxygène de Siderúrgica del Orinoco (Sidor), la plus importante du pays.

De son côté, Miguel Torres, a rappelé que seuls la Chine et le Venezuela étaient capables de comprendre les difficultés que traverse le peuple brésilien, face à un gouvernement qui sert les intérêts des États-Unis.

Torres a réaffirmé que « la solidarité syndicale est très importante en ce moment ; en temps de crise, la seule chose qui nous unit est la solidarité ».

Carlos Ron a profité de la présence des deux dirigeants syndicaux pour les remercier de la campagne de solidarité. « Pour nous, cette visite est très importante ; cette expression de solidarité parce que c’est une reconnaissance de la souffrance du peuple vénézuélien affecté par le blocus criminel et illégal des États-Unis. »

Ron juge fondamental que les travailleur(se)s du monde entier s’articulent pour faire face ensemble aux défis de ces temps.

Source : https://www.isb.ve/2021/11/04/movimientos-sindicales-brasil-venezuela/

Traduction : Thierry Deronne

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2021/11/06/diplomatie-des-peuples-solidarite-des-deux-principaux-syndicats-bresiliens-avec-le-venezuela/

« Alors que l’Occident sape la souveraineté d’Haïti, le Venezuela maintient sa solidarité », par Owen Schalk (Canadian Files)

Le 14 août, Haïti a été dévasté par un séisme de magnitude 7,2 provenant du sud de la péninsule de Tiburon, à 150 kilomètres de la capitale, Port-au-Prince. Les dirigeants mondiaux ont publié des déclarations de solidarité, les organisations caritatives internationales ont commencé à encourager les dons et les Nations Unies ont commencé à organiser des fonds d’aide d’urgence pour aider le pays. Les articles sur cette tragédie en cours mettent souvent l’accent sur deux catastrophes antérieures qui ont aggravé l’impact du séisme sur le peuple haïtien : la pandémie de COVID-19 et l’instabilité politique suite à l’assassinat du président Jovenel Moïse. 

Dans de telles analyses, il va de soi que les pays du Nord global et les Nations Unies devraient consacrer la réponse internationale à la catastrophe.  Un article de Global News cite de nombreux responsables des Nations Unies et le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan, en tant qu' »autorités » sur cette situation tandis qu’un article de la BBC cite à la fois l’UNICEF et l’USAID. Ce qui n’est jamais souligné, c’est le rôle néfaste que les groupes affiliés aux Nations Unies et aux États-Unis ont joué en Haïti dans le passé, et le rôle positif que d’autres pays du Sud, en particulier le Venezuela, ont eu dans le développement d’Haïti.

Le Venezuela apporte un soutien matériel à Haïti via Petrocaribe

Le 12 mars 2007, le président vénézuélien Hugo Chávez a visité la République d’Haïti. C’était la dernière étape de son voyage présidentiel dans cinq pays d’Amérique latine et des Caraïbes, dont l’Argentine, la Bolivie, le Nicaragua et la Jamaïque. De manière typiquement audacieuse, Chávez suivait le voyage du président George W. Bush dans cinq pays pour rencontrer les dirigeants du Brésil, de l’Uruguay, de la Colombie, du Guatemala et du Mexique, dans l’espoir que son voyage diminuerait l’impact des visites de son rival idéologique. 

Le peuple haïtien a envahi les rues pour l’accueillir. La liesse publique à l’occasion de la visite de Chávez était différente de tout ce que Bush avait connu au cours de sa tournée en Amérique latine. Alors que son cortège présidentiel traversait les quartiers extrêmement pauvres de Bel Air et de Cité Soleil, une marée de supporters courait après lui et scandait « Vive Chavez, vive Aristide ! et « A bas Bush, à bas la MINUSTAH ! Chávez, au grand dam de son équipe de sécurité, a sauté de son véhicule et a couru dans les rues de Port-au-Prince, frappant des mains et des coups de poing avec le peuple haïtien – un peuple dont les conditions matérielles sombres sont si souvent évoquées par les dirigeants du Nord global, alors que ces mêmes dirigeants attaquent la capacité de leur gouvernement à soulager leurs souffrances. 

Chavez, contrairement à ces dirigeants, n’avait aucun intérêt à faire taire la voix du peuple haïtien. Il était là pour aider. Grâce à l’accord pétrolier Petrocaribe , le Venezuela a demandé au gouvernement haïtien de ne payer que 60 % de ses achats de pétrole au pays, tandis que la somme restante pouvait être remboursée sur une période de 25 ans à 1 % d’intérêt. Selon l’accord, le gouvernement haïtien (ainsi que les seize autres États membres) a été encouragé à investir ces économies dans le développement social national. Comme le note TeleSur , « Petrocaribe est devenu un phare pour les peuples des Caraïbes pour affirmer leur indépendance et leur autonomie économique, ainsi que pour développer une série de programmes sociaux » . 

Petrocaribe était immensément populaire parmi le peuple haïtien, qui – comme les Cubains qui avaient lutté pendant la période spéciale imposée par les États-Unis – était reconnaissant pour le généreux soutien infrastructurel du Venezuela. À la suite du tremblement de terre de 2010, Chavez a annulé toute la dette pétrolière d’Haïti, déclarant qu’ « Haïti n’a aucune dette envers le Venezuela, bien au contraire : le Venezuela a une dette historique envers cette nation », se référant au soutien d’Haïti au mouvement d’unité latino-américiane, à la révolution anti-coloniale menée par Simón Bolívar au début du XIXe siècle.  Kevin Edmonds, un expert en économie politique des Caraïbes à l’Université de Toronto, a résumé succinctement la relation : « Les Caraïbes, qui restent à la périphérie de l’économie mondiale – abandonnées par l’Europe et les États-Unis lorsque les préférences commerciales et les priorités de sécurité ont changé – ont trouvé un ami dans le Venezuela et Hugo Chavez. »  

Un autre leader mondial a effectué une visite en Haïti en 2007 : le Premier ministre canadien Stephen Harper. Il est arrivé à Port-au-Prince à la mi-juillet. Harper, comme Chavez, a visité Cité Soleil, mais le ton de leurs visites n’aurait pas pu être plus différent.  

Alors que Chávez a été accueilli avec une approbation enthousiaste, la visite de Harper était « virtuellement une opération militaire ». Avant son arrivée, des soldats de la MINUSTAH ont arrêté quarante Haïtiens qui organisaient une manifestation contre le rôle antidémocratique du Canada en Haïti. « Nos camarades sont descendus dans les rues avec des pancartes, des banderoles et des mégaphones », a déclaré Lovinsky Pierre-Antoine, un militant haïtien des droits humains engagé dans la manifestation. « À ce moment-là… les soldats de la MINUSTAH ont commencé à procéder à des arrestations sans raison. Beaucoup de nos amis ont été arrêtés ce matin-là. 

Lorsque Harper est arrivé, son cortège de voitures était précédé d’une jeep de l’armée contenant des troupes de la MINUSTAH lourdement armées, qui ont gardé leurs mitrailleuses braquées, aux mains d’observateurs méfiants à chque instant du parcours. Après être entré dans Cité Soleil comme un conquérant militaire, Harper a pris un moment pour se féliciter de sa propre magnanimité, affirmant que « les Canadiens devraient être très fiers d’offrir leur aide, que notre aide fait une différence en termes de sécurité. de la vie des gens, en leur donnant un peu d’espoir et des opportunités

Les puissances occidentales écrasent la démocratie haïtienne, le Venezuela défend la souveraineté haïtienne

Cité Soleil et des quartiers populaires qui ont la même histoire d’oppression ont constitué la base de soutien du mouvement Lavalas de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide. La philosophie politique d’Aristide était enracinée dans la théologie de la libération, ou la croyance que le capitalisme ne libérerait jamais les peuples d’Amérique latine et des Caraïbes de l’exploitation néocoloniale. Il a été élu au début de 1991, mais un coup d’État militaire l’a contraint à fuir aux États-Unis, où il a commencé à cultiver le soutien pour son retour au pouvoir, en particulier parmi le Congressional Black Caucus et la communauté de la diaspora haïtienne. 

Le président Clinton a accepté de l’aider, mais à la seule condition qu’il permette aux politiques d’ajustement structurel du type FMI et Banque mondiale de néolibéraliser l’économie de son pays. Comme le note Daniel Troup , « les États-Unis ont facilité le retour d’Aristide en septembre 1994 à condition qu’il accepte l’amnistie pour les auteurs du coup d’État, le développement d’une force de police haïtienne formée aux États-Unis et la mise en place d’un programme d’ajustement structurel néolibéral ». Aristide, n’ayant d’autre alternative pour sortir Haïti de la dictature militaire, a acquiescé. Les troupes états-uniennes ( avec l’aide du Canada et de l’ONU ) le ramenèrent au pouvoir en 1994, ses tendances plus radicales étant tempérées par les conditions de la « restauration ». 

Le rôle impérialiste du Canada en Haïti n’atteindra sa phase vraiment cancérigène qu’en 2004, lorsqu’un autre coup d’État – celui-ci soutenu par les gouvernements des États-Unis et de la France– a obligé illégalement Aristide à abandonner son mandat. Jusque là, Lavalas restait le seul instrument politique en Haïti qui sert les intérêts des populations les plus pauvres du pays, et Aristide avait recommencé à intensifier sa rhétorique. Après son élection en 2000 (que les partis d’opposition ont qualifiée de frauduleuse), Aristide avait appelé la France à rendre à son pays 21 milliards de dollars afin de rectifier enfin une indemnité de 1825 donnée à la France par Haïti en tant que « remboursement » pour les propriétés perdues pendant la Révolution haïtienne – propriétés basées sur la mise en esclavage des Haïtiens. L’indemnité de 1825 est souvent citée par les universitaires comme un moment critique dans l’appauvrissement forcé d’Haïti post-révolutionnaire par les puissances impérialistes du monde. Comme l’ écrit Marlene Daut , « l’impôt sur sa liberté que la France a contraint Haïti à payer – appelé « indemnité » à l’époque – a gravement endommagé la capacité du pays nouvellement indépendant à prospérer ». 

La France a refusé de dédommager le peuple haïtien et a commencé à travailler avec les États-Unis et le Canada pour saper le mandat d’Aristide. Le 1er février 2003, le député canadien Denis Paradis a accueilli un certain nombre de responsables français et américains au lac Meech pour décider de l’avenir d’Haïti. L’événement était intitulé « l’Initiative d’Ottawa sur Haïti ». Aucun représentant haïtien n’a été invité. Des fuites publiées par le journaliste Michel Vastel affirment que les personnes présentes ont décidé qu’Aristide devait être démis de ses fonctions au 1er janvier 2004, avant les élections prévues en 2005. 

Alors que les paramilitaires anti-Aristide basés en République dominicaine – qui auraient reçu une formation des ÉtatsUnis – ont commencé à faire des ravages dans de nombreuses villes haïtiennes, le Canada et l’Europe ont accru la pression diplomatique sur le président. Début 2004, il a été kidnappé par l’armée et contraint de quitter ses fonctions. Un avion américain l’a fait sortir du pays et l’a déposé en République centrafricaine. Les troupes canadiennes avaient sécurisé l’aéroport pour son départ. 

À la suite du coup d’État contre Aristide, le Canada a joué un rôle important dans la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH). Ostensiblement une mission de maintien de la paix, la MINUSTAH a rapidement acquis une réputation de réponses musclées aux manifestations en faveur de la démocratie et aux raids ciblés contre les partisans d’Aristide. Au lendemain du coup d’État, certains Haïtiens ont affirmé que les troupes canadiennes venaient chez eux et menaçaient les membres de leur famille s’ils refusaient de révéler les noms des partisans locaux de Lavalas. En 2007, un projet de manuel rédigé par les Forces canadiennes a révélé que les troupes canadiennes menaient des opérations de contre-insurrection contre « l’insurrection criminelle [c’est-à-dire les communautés pro-Aristide] en Haïti depuis le début de 2004 ». 

Alors que le Canada aidait à soutenir le gouvernement post-coup d’État, Chávez a annoncé : « Nous ne reconnaissons pas le nouveau gouvernement d’Haïti. Le président d’Haïti s’appelle Jean-Bertrand Aristide. Son soutien vocal à la démocratie haïtienne – pratiquement seul parmi les nations puissantes de l’hémisphère – a contribué à la bonne volonté qu’il a reçue lors de son voyage à Port-au-Prince en 2007. »  

À la suite du tremblement de terre de 2010, les forces militarisées de l’ONU (dont un nombre important de Canadiens) ont resserré leur emprise sur Haïti. Chávez a publiquement critiqué la présence accrue de l’ONU : « J’ai lu que 3 000 soldats arrivent. Des marines armés comme s’ils allaient à la guerre. Les armes ne manquent pas là-bas, mon Dieu. Des médecins, des médicaments, du carburant, des hôpitaux de campagne, voilà ce que les États-Unis devraient envoyer… Il s’agit d’une occupation déguisée. »

Parmi les nombreuses violations des droits humains commises par la MINUSTAH contre le peuple haïtien, certaines des plus atroces incluent : un massacre de 25 civils à Cité Soleil en juillet 2005 ; abus sexuels généralisés sur les femmes haïtiennes, crimes pour lesquels les troupes de l’ONU sont presque toujours restées impunies ; une épidémie de choléra en déversant des eaux usées de la MINUSTAH dans les cours d’eau d’Haïti, tuant plus de 10 000 personnes et infectant environ 800 000 autres. Il n’est pas étonnant que pour de nombreux Haïtiens, la MINUSTAH ait représenté un chapitre de plus dans leur longue histoire post-révolutionnaire d’exploitation par des puissances étrangères. L’histoire atroce de la MINUSTAH est la raison pour laquelle l’affirmation de l’ONU selon laquelle elle jouera un rôle de premier plan dans l’atténuation des dommages causés par le tremblement de terre du 14 août est un sujet de grande préoccupation. 

Au lendemain du séisme d’août 2021, le Venezuela a immédiatement envoyé plus de 30 tonnes d’aide humanitaire à Haïti, et Cuba a envoyé une brigade médicale composée de 250 médecins, sans conditions. Le ministre canadien des Affaires étrangères, Marc Garneau, a tweeté que « le Canada est prêt à aider le peuple haïtien » et que de nombreux organismes de bienfaisance canadiens collectent des dons privés, mais un plan d’aide canadien précis n’a pas encore été annoncé. La fait que le Canada et l’ONU se préparent pour une autre période d’engagement post-crise en Haïti, valide une fois de plus l’affirmation de Chávez selon laquelle les projets d’aide menés par le Nord global sont souvent des façades pour un renforcement clandestin de la domination néocoloniale.

L’auteur : Owen Schalk ( https://owenschalk.com/, Twitter: @OwenSchalk) est un écrivain canadien basé à Winnipeg, Manitoba. Ses domaines d’intérêt incluent le post-colonialisme et les impacts sociaux du néolibéralisme globalisé. Ses analyses politiques ont été publiées dans Canadian Dimension, Dissident Voice et People’s Voice (@CDN_Dimension, @TheCanadaFiles, @PVNews1), et ses nouvelles ont été publiées par Fairlight Books, antilang., whimperbang, (@FairlightBooks, @SobotkaLitMag, @antilangmag), notamment. Son travail universitaire a été récompensé par un certain nombre de bourses et de prix au Manitoba.

Source : https://www.thecanadafiles.com/articles/while-western-powers-undermine-haitian-sovereignty-venezuela-continues-to-show-solidarity

Traduction : Thierry Deronne

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2021/08/31/alors-que-loccident-sape-la-souverainete-dhaiti-le-venezuela-maintient-sa-solidarite-par-owen-schalk-canadian-files/

Du sommet de l’ALBA au Groupe de Puebla, la gauche en mouvement

L’intégration et la coopération pour surmonter la pandémie, le renforcement des économies figurent parmi les conclusions du 19e sommet de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (Alba-TCP). La réunion a rassemblé des représentants des neuf pays membres de l’alliance à Caracas le 24 juin. Le sommet a également célébré le 200ème anniversaire de la bataille de Carabobo – une bataille décisive qui permit aux armées de Simon Bolivar de porter un coup fatal au colonialisme espagnol et de sceller l’indépendance du Venezuela, de l’Équateur, de la Colombie, de la Bolivie et du Pérou. Comme l’explique le politologue vénézuélien William Serafino : « Quelles leçons devons-nous tirer de Carabobo aujourd’hui ? D’abord que l’unité politique/programmatique est la clé de la victoire et que le champ de bataille éthique/idéologique est aussi essentiel que le champ de bataille militaire. Ce jour-là, sur le champ de bataille, les idées de l’ancien ordre impérial européen et les prémisses d’une nouvelle géopolitique des nations souveraines se sont affrontées. »

En accueillant les leaders des pays membres de l’ALBA, le président Maduro a souligné : « Malgré tous ceux qui conspirent pour que nous empêcher de constituer une unité plurinationale qui a trouvé ses racines, nous sommes ici, présents. Nous sommes très émus que, malgré toute la campagne de démoralisation contre le Venezuela, vous soyez ici pour accompagner le peuple vénézuélien. L’autre jour j’interrogeai notre peuple. Pourquoi Bolivar victorieux ne s’est-il pas arrêté après avoir libéré le Venezuela ? Pourquoi ne s’est-il pas installé pour vivre à Caracas ou à Bogota ? Parce que pour lui et les Libertadores, les idées et la vision dépassaient la mesure d’une vie, la Patrie était la Grande Patrie comme pour nous aujourd’hui : la Patrie, c’est l’Amérique. Ou nous nous libérons tous ou nul ne sera libre »

Avec la confirmation de l’efficacité de 92 % du vaccin cubain Abdala – une formule qui sera utilisée pour la banque d’immunisation de l’Alliance – l’une des questions centrales du débat était le début d’une campagne de vaccination massive. Le président bolivien Luis Arce a proposé de former une brigade internationale de diplômés de l’École latino-américaine de médecine (ELAM) pour commencer la vaccination dans les pays du bloc, en commençant par les plus vulnérables. « Ils doivent atteindre chaque coin de rue, chaque communauté et chaque quartier populaire, afin que personne ne soit laissé de côté, que les droits de chacun soient garantis » a déclaré Luis Arce.

Outre la crise sanitaire mondiale, les présidents présents ont également célébré la victoire de Cuba aux Nations Unies. Pour la 29e fois, l’Assemblée générale des Nations unies – c-a-d la véritable communauté internationale, a approuvé une résolution exigeant la levée immédiate du blocus économique imposé il y a près de 60 ans par les États-Unis et maintenu par le gouvernement Biden. 184 pays sur 189 ont voté contre le blocus. Seuls à voter pour : les USA et Israël.

Selon le gouvernement cubain, l’embargo a causé des pertes de 147,8 milliards de dollars américains depuis 1962. Malgré le blocus, l’île des Caraïbes est le premier pays de la région à créer son propre vaccin contre le virus sars-cov2 et a également envoyé des missions médicales dans 39 pays pendant la pandémie. « Nous remercions tous les États membres de l’Alba-TCP pour leur soutien inconditionnel et leur appui à la résolution contre le blocus » a déclaré le ministre cubain des affaires étrangères, Bruno Rodríguez.

Au cours du sommet, les présidents ont convenu de créer de nouveaux programmes de financement par le biais de la banque ALBA-TCP / ALBA-TCP.

L’Alliance a également célébré les dernières élections au Chili, au Pérou et au Mexique, qui indiquent une nouvelle montée du progressisme en Amérique latine.

Le secrétaire exécutif d’Alba-TCP, Sacha Llorenti, a également déclaré « nous condamnons les attaques et les tentatives de déstabilisation du gouvernement légitime du Nicaragua par les États-Unis. Nous ratifions notre soutien inconditionnel au gouvernement sandiniste du président Daniel Ortega. » Le président Ortega a rappelé depuis Managua que contrairement à ce que disent les médias internationaux la vingtaine de personnes arrêtées ne le sont pas en tant qu’ « opposants » mais pour avoir sciemment violé les lois nicaraguayennes sur le financement étranger d’ONGs. Il s’agit en fait de désarticuler le réseau médiatico-politique de l’USAID/NED, un outil de déstabilisation mis en place par les États-Unis contre des gouvernements progressistes et qu’ont déjà dénoncé des pays comme la Bolivie, Cuba, le Venezuela et plus récemment le Salvador de Bukele ou le Mexique de Lopez Obrador. « Les Etats-Unis font pression sur nous, pour ces vingt personnes, alors je leur dis : « libérez immédiatement les quatre cents personnes que vous avez arrêtées et maintenez en prison pour avoir pris d’assaut le Capitole » a ironisé le président du Nicaragua.

Le Premier ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Ralph Goncalves, a quant à lui réaffirmé l’importance de l’ALBA pour s’opposer aux actions de la droite régionale, qui a pris le contrôle d’organismes internationaux tels que l’Organisation des États américains (OEA). « Ils ont réussi à inventer un coup d’État à travers les missions électorales. L’Alba-TCP est un tout, il est plus que la somme de ses parties. Nous devons nous défendre mutuellement afin qu’ils ne nous détournent pas de notre chemin » a souligné le premier ministre Ralph Goncalves. Pour sa part le Premier Ministre de la Dominique, Roosevelt Skerrit (photo) a expliqué comment « les Etats-Unis et l’OEA ont tenté de s’ingérer dans les élections qui ont eu lieu dans son pays mais qu’ils ont été mis en échec, comme en Bolivie. Nous ferons toujours partie de cette institution de l’ALBA, nous continuerons à travailler infatigablement parce que nous n’avons pas peur de d’élever nos voix. La solidarité avec le Venezuela doit être conditionnelle »

Le Président bolivien Luis Arce a profité de l’occasion pour présenter ses excuses aux missions diplomatiques du Venezuela et de Cuba qui ont été harcelées et persécutées en Bolivie à la suite du coup d’État du gouvernement d’extrême droite de Jeanine Áñez. « Nous menons la bataille judiciaire, nous nous battons pour la mémoire, la vérité et la justice, afin que ce type de coup d’État du XXIe siècle ne se répète pas » a-t-il souligné.

Rafael Correa, Evo Morales et Piedad Córdoba, ex-sénatrice colombienne et défenseuse des droits humains, étaient les invités spéciaux du sommet ALBA-TCP / ALBA-TCP, ainsi que les délégué(e)s du Congrès Bicentenaire des Peuples qui s’est déroulé à Caracas du 21 au 24 juin. Cordoba a dénoncé le massacre quotidien, les tortures et les disparitions de citoyen(ne)s et en particulier de jeunes par le gouvernement colombien et ses réseaux paramilitaires. « Et le monde se tait » a dénoncé le président vénézuélien.

Adriana Salvatierra, ex-présidente du Sénat de Bolivie, a lu les conclusions du Congrès Bicentenaire des peuples en défense des processus d’autodétermination des peuples, non seulement d’Amérique Latine mais aussi de Palestine et de la république Sahraoui. Ce Congrès autonome a réuni plus d’une centaine de militant(e)s de mouvements sociaux, partis, leaders (photos, ici de Haïti et Bolivie) qui ont élaboré des stratégies pour un monde libéré du capitalisme. Réunions sur les mouvements indigènes, les droits des femmes, des afrodescendants, de la diversité sexuelle, les droits des travailleur(se)s, des personnes âgées, l’écologie, la communication sociale, le monde multipolaire, etc… Leur déclaration finale, comme celle de l’ALBA, a été votée à main levée, comme feuille de route issue des mouvements sociaux, par les chefs d’Etat.

Soucieux d’intensifier l’intégration régionale, les présidents, ministres des affaires étrangères et premiers ministres ont également déclaré que l’un des objectifs était de réactiver l’Union des nations du Sud (UNASUR) et la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC). Rappelons que l’Alba-TCP a été fondé, en 2004, à l’initiative des présidents Hugo Chávez (Venezuela) et Fidel Castro (Cuba), peu après la défaite de la ZLEA – Zone de libre-échange des Amériques – défendue à l’époque par les États-Unis et ses satellites ultra-libéraux. Aujourd’hui, la plateforme anti-impérialiste rassemble le Venezuela, Cuba, la Bolivie, Grenade, la Dominique, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Antigua-et-Barbuda, le Nicaragua et Saint-Kitts-et-Nevis.

Par ailleurs, dans une initiative inédite, le Groupe de Puebla réagit aux menaces de déstabilisation de l’extrême droite réunie autour de Keiko Fujimori, et rencontrera le président élu du Pérou, Pedro Castillo, dans le cadre de la conférence « Défendre la démocratie, la souveraineté populaire au Pérou et le triomphe électoral du maître Pedro Castillo », qui sera animée par Marco Enríquez-Ominami, ex-candidat à la présidence du Chili et co-fondateur du Groupe de Puebla avec Lula da Silva, Dilma Roussef ou Evo Morales. Cette conférence comptera sur la participation exceptionnelle de l’ancien Premier ministre espagnol, José Luis Rodríguez Zapatero ; Jairo Carrillo, de la Conférence des partis politiques d’Amérique latine (COPPPAL) ; Maite Mola, du Parti de la gauche européenne ; Manu Pineda, député européen du groupe parlementaire de la gauche ; et Monica Valente, du Forum de Sao Paulo ; entre autres et d’autres personnalités du progressisme mondial.

L’événement, qui sera diffusé par le biais de Facebook Live du Groupe de Puebla, du Forum de Sao Paulo et de la chaîne Youtube du Parti des travailleurs brésiliens, entre autres, verra également la participation de l’ancien ministre des affaires étrangères de l’Équateur, Guillaume Long, de la sénatrice du Mexique, Beatriz Paredes, de l’ancien ministre du Brésil et fondateur du Groupe, Aloizio Mercadante, du sénateur argentin Jorge Taiana et de représentants de l’Internationale progressiste, du Groupe de la Fraternité et de la Coordination socialiste latino-américaine, entre autres.

La session est prévue pour ce samedi 26 juin aux horaires suivants :

  • 09:00 El Salvador, Guatemala, Honduras
  • 10h00 Colombie, Équateur, Mexique, Pérou et Panama.
  • 11h00 Bolivie, Chili, Paraguay et République dominicaine.
  • 12h00 Argentine, Brésil et Uruguay
  • 17:00 Espagne

Texte : Thierry Deronne, Caracas, le 25 juin 2021.

Source (entre autres) : https://www.brasildefato.com.br/2021/06/25/presidente-boliviano-propoe-criar-brigada-medica-da-alba-tcp-para-vacinacao-massiva de Michelle de Melo, correspondante de Brasil de Fato à Caracas / Groupe de Puebla ; https://www.grupodepuebla.org/el-grupo-de-puebla-y-otras-nueve-fuerzas-progresistas-se-reuniran-con-el-presidente-electo-del-peru-pedro-castillo/ .

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2021/06/26/du-sommet-de-lalba-au-groupe-de-puebla-la-gauche-en-mouvement/

Nicolas Maduro annonce la production en série du Carvativir contre le coronavirus avec l’aide de l’ALBA

Malgré la morgue colonialiste qui persiste dans les « réseaux sociaux » et les grands médias au sujet du Venezuela, les faits parlent d’eux-mêmes. La révolution bolivarienne a évité les hécatombes du Covid observées dans les régimes néo-libéraux voisins (Colombie, Brésil, Equateur, Pérou, etc..), ce qui a poussé l’OMS a demander au Venezuela l’autorisation d’étudier son modèle de lutte anti-Covid. Les chiffres de l’OMS confirment que les politiques volontaristes de santé publique ont permis d’aplatir la courbe de contagion du Covid-19 et de maintenir la létalité à un des taux les plus bas du monde. Mais il y a plus : avant la vaccination massive et gratuite qui débutera en avril grâce à l’arrivée du vaccin russe Sputnik (dont l’efficacité vient d’être confirmée par la revue The Lancet), et que l’Argentine, la Bolivie ou le Mexique administrent également à leurs citoyen.ne.s, les scientifiques vénézuéliens travaillent à compléter l’arsenal des médicaments disponibles. Ce dimanche 24 janvier, le président Nicolas Maduro a annoncé au monde entier que des scientifiques locaux ont réussi à produire un médicament capable de neutraliser le coronavirus SARS-CoV-2, qui provoque la maladie COVID-19, et que les rapports scientifiques seront bientôt publiés.

Carvativir est une initiative publique du ministère des sciences et de la technologie, du ministère de la santé, de l’Institut vénézuélien de recherche scientifique (Ivic), de l’Institut national d’hygiène Rafael Rangel et du Service national de médecine et de criminalistique.
Il est produit par Labfarven, Laboratorio Farmacológico de Venezuela C.A.
Le composé de base est l’isothymol.
Les premières études précliniques et cliniques ont commencé il y a neuf mois sur des patients présentant des symptômes légers, modérés et critiques, dans des hôpitaux sentinelles et au Poliedro de Caracas.
Des laboratoires en Turquie et aux États-Unis ont terminé les essais.
Selon le résumé global de la recherche, l’étude in vitro a été menée sur des souris par l’Institut vénézuélien de recherche scientifique (IVIC) et les laboratoires Carmed (Turquie). L’essai avec des modèles moléculaires simulés par ordinateur a été réalisé par Autodock Vina au Venezuela.
L’étude clinique a impliqué des chercheurs du département R&D, du centre de recherche Droguería J&R, du Laboratorio Farmacológico de Venezuela (Labfarven), de l’hôpital Dr. Domingo Luciani et du Service national de médecine et de sciences médico-légales (Senamecf).
La première et la deuxième phase de l’étude ont été réalisées entre juin et juillet 2020, avec la participation de 100 personnes. Au cours de ces phases, la sécurité et le dosage du médicament ont été mesurés.
La troisième phase a été menée sur 600 patients, entre août et novembre 2020. Il s’agissait d’un essai multicentrique, randomisé, en double aveugle et contrôlé par placebo. Il y a été certifié que les résultats n’étaient pas influencés par l’effet placebo.
Le médicament en est maintenant à la quatrième phase, qui correspond à la production de masse et à la pharmacovigilance.

Le docteur en virologie, Héctor Rangel, qui dirige les études sur les médicaments potentiels contre le virus depuis l’Institut vénézuélien de recherche scientifique (IVIC), a affirmé que ce médicament a montré une activité antivirale « in vitro ».

‘Nous évaluons différentes concentrations de ce composé dans les cellules infectées par le SARS-Cov-2. Avec des concentrations croissantes de Carvativir, une diminution de la formation de plaques lithiques a été observée. Cela indique une activité antivirale. Nous avons répété l’essai plusieurs fois, et nous avons trouvé le même comportement’, a expliqué le spécialiste à la presse.

La ministre de la Science et de la Technologie, Gabriela Jiménez, a expliqué que son origine est l’isotimol, comme principe actif naturel isolé de l’origan et du thym.

Selon les experts, l’effet antiviral du Carvativir a été évalué sur des cellules infectées afin de déterminer si le mécanisme probable d’action de l’isotimol sur le virus était centré sur le récepteur, sur la protéine de la tige, dans la protéase, et affecte la réplication.

Alexander Briceño, docteur en chimie appliquée de l’Université des Andes (ULA), a indiqué qu’une série d’essais et d’analyses chimiques avaient été effectués pour évaluer la stabilité du principe actif.

‘Nous avons validé les composants de la formulation du Carvativir et les relations dans lesquelles ils se trouvent, ainsi que la stabilité des émulsions développées au cours de l’étude. Ces tests ont coïncidé avec d’autres expériences faites dans d’autres pays’, a-t-il souligné.

La clinique Mayo, aux États-Unis, a évalué les taux de cytokine dans les plasmas sanguins des patients qui ont reçu le Carvativir et ceux qui ont reçu le placebo, a souligné la ministre, et les patients traités ont mis en évidence un effet immunomodulateur.

Le président a souligné que cet antiviral est «totalement inoffensif», qu’il ne génère pas d’effets secondaires et qu’il a déjà été testé lors d’essais. «Il a été utilisé dans le cadre des traitements appliqués au Venezuela aux patients atteints de COVID-19, donnant de bons résultats. Le Carvativir est un puissant antiviral en provenance du Venezuela. Nous rejetons le système inégalitaire, la rapacité de pays du nord qui veulent s’emparer de la plus grande quantité de vaccins au détriment des pays du sud, nous dénonçons la conception commerciale de la santé publique. Ici, nous pensons à l’Humanité», a-t-il expliqué.

Le président vénézuélien a souligné que le Carvativir sera incorporé au «kit de médicaments» contre le coronavirus. Il a également indiqué qu’il aura cette semaine une réunion avec les autorités sanitaires «pour établir un système de distribution directe par milliers aux centres de santé du pays».

En outre, il a déclaré qu’il coordonnerait les efforts avec les pays de l’Alliance Bolivarienne pour les Peuples de Notre Amérique (ALBA) pour exporter ce médicament. Rappelons que les médias occidentaux ont systématiquement passé sous silence ces initiatives et les succès enregistrés par le gouvernement bolivarien, y compris sa politique de rapatriement gratuit de dizaines de milliers de vénézuélien(ne)s pris au piège des régimes néo-libéraux déjà cités.

Le Carvativir est un projet de recherche gouvernemental

Le journal vénézuélien El Nacional – un média ouvertement opposé au gouvernement de Maduro – a interviewé Raúl Ojeda Rondón «en exclusivité». Il est le chercheur principal du projet qui a conçu Carvativir.

Dans l’interview susmentionnée, le scientifique vénézuélien explique que «le Carvativir réduit le temps de récupération à l’hôpital. Cela est possible parce qu’il accélère la réponse immunitaire» du patient, ce qui en fait un médicament efficace contre le coronavirus.

Pour Rondón, «il est important de préciser qu’il s’agit d’une ligne de recherche scientifique de l’État vénézuélien par le biais du Ministère de la Science et de la Technologie. Les études ont commencé en mars et se sont terminées en décembre» de 2020.

Il a également expliqué que, outre le ministère, d’autres organisations sont également impliquées. Parmi eux, il a mis en avant l’Institut Vénézuélien de Recherche Scientifique, l’Institut National d’Hygiène Rafael Rangel, le Service National de Médecine et des Sciences Médico-Légales et le Ministère de la Santé.

Jusqu’à présent, la recherche a franchi trois étapes, comme l’exigent les réglementations internationales, sous le contrôle et avec l’accompagnement de l’Institut National d’Hygiène Rafael Rangel. En outre, un comité de bioéthique composé de 14 spécialistes de différents domaines a également participé.

«C’est une étude multicentrique, randomisée et placebo», a expliqué le chercheur. De même, il a souligné qu’ils ont utilisé l’analyse statistique Kaplan-Meier, utilisée par l’Université d’Oxford et la Russie.

«C’est un système qui permet d’évaluer les données et d’établir comment était le comportement de certains paramètres cliniques par rapport à un médicament, une molécule et un placebo. (…) Il s’agit d’une recherche scientifique, et non politique. Des tests ont été effectués en Turquie, en Iran et aux États-Unis», a-t-il souligné.

Chercheurs de l’IVIC (Venezuela)

Qu’est-ce que le Carvativir ?   

Ce n’est pas une monture ou une huile essentielle. Tu ne le manges pas non plus. Le Carvativir est une molécule qui est extraite d’un produit phytochimique, purifiée et modifiée, et placée dans un excipient, qui est le véhicule qui transportera la molécule dans le corps humain. L’excipient que nous utilisons est le squalène, qui permet d’accélérer la réponse immunitaire du système immunitaire des patients que nous traitons avec de l’isothymol modifié. Nous la modifions pour produire un médicament qui a un potentiel thérapeutique. Ce n’est pas une huile d’origan. Le Carvativir est une molécule purifiée, synthétisée et modifiée, avec un excipient qui a la propriété de stimuler la réponse du système immunitaire inné de l’être humain. Nous le vérifions à l’aide de tests cliniques et paracliniques. Avec des laboratoires reconnus.

Quelles ont été les étapes suivies avant les essais cliniques ?

Avant les essais cliniques, nous avons eu une étape préclinique : plusieurs tests ont été effectués à l’IVIC. Le Carvativir a été testé in vitro, dans des cellules infectées. Là, l’inhibition de la réplication virale a été vérifiée. En Turquie, nous avons travaillé avec un modèle de souris. Il a été vérifié s’il y avait ou non une activité antivirale dans un modulateur. Par la suite, un procès in silico a été mené au Venezuela.

Que fait le Carvativir pour les patients atteints de coronavirus ?

Carvativir présente scientifiquement, avec preuves à l’appui, une action thérapeutique. Il sert à traiter une maladie et à obtenir le rétablissement du patient dans un délai déterminé. Les essais cliniques nous donnent une moyenne. Le Carvativir réduit le temps de convalescence à l’hôpital car il accélère la réponse immunitaire. Cela fait partie des constatations faites au Venezuela. Nous avons pu déterminer qu’il a une activité thérapeutique antivirale. La molécule inhibe la réplication virale dans les cellules humaines. Il diminue la charge virale. Il potentialise également les facultés immunomodulatrices. Il diminue, ce que nous appelons en médecine, la tempête de cytokines, qui n’est rien d’autre que la réponse exagérée du système immunitaire, ce que l’on appelle l’inflammation pulmonaire par une pneumonie atypique due au Covid-19. C’est là qu’intervient le processus d’intubation.

On-t-ils évalué tous les types de patients ?

Nous avons eu des patients dans des états légers, modérés et graves. Il y avait des patients sans oxygène, avec de l’oxygène à basse vitesse, avec de l’oxygène supplémentaire à haute vitesse et des patients intubés. Le Carvativir a une activité thérapeutique dans le traitement du Covid-19 car il permet une récupération réussie et empêche la tempête de cytokines et, dans de nombreux cas, la mort.

carvativir

On-t-ils informé l’Organisation Mondiale de la Santé ?

Oui, nous avons discuté avec l’Organisation Mondiale de la Santé et l’Organisation Panaméricaine de la Santé, mais nous allons maintenant rendre cela officiel. Nous allons soumettre les recherches que nous avons faites au Venezuela avec les preuves cliniques et paracliniques. En tant que chercheurs, nous demandons que l’OMS vienne valider, certifier, ce que nous faisons.

La médecine est-elle miraculeuse ?

Elle est efficace. La reprise est satisfaisante. Le problème du Covid-19 est immunologique. Avec le Carvativir, comme je viens de l’expliquer, il permet de donner une réponse satisfaisante dans le rétablissement des patients. C’est un traitement. Avec Carvativir, nous réduisons les délais de récupération et nous obtenons un post-covid moins agressif que ce que nous avons normalement. Cela est en cours d’évaluation. Ce n’est pas fini.

Qu’est-ce qui vient ensuite ?

La phase 4 arrive : production de masse du médicament et processus de pharmacovigilance. Nous allons évaluer comment la drogue se comporte dans la population générale. Nous allons nous ouvrir à toutes les communautés scientifiques du pays et de l’étranger afin qu’elles puissent voir ce que nous avons obtenu jusqu’à présent.

Source : https://www.elciudadano.com/fr/carvativir-maduro-annonce-la-production-en-serie-des-gouttelettes-miraculeuses-contre-le-coronavirus/01/28/, par Alexis Rodriguez

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2021/02/03/nicolas-maduro-annonce-la-production-en-serie-du-carvativir-contre-le-coronavirus-avec-laide-de-lalba/

Création de l’Institut Simon Bolivar : une bouffée d’oxygène pour un monde en lutte

Par Arnold August, pour COHA, Montréal, Canada

La création de l’Institut Simón Bolívar pour la Paix et la Solidarité entre les Peuples, le 6 septembre 2020, marque un nouvelle étape du combat politique. Dans des circonstances extrêmement difficiles, face non seulement aux sanctions états-uniennes et canadiennes mais aussi à la pandémie, la Révolution bolivarienne redéploie son énergie au profit de toutes celles et ceux qui croient en ses idéaux de libération à travers la planète. L’objectif de l’Institut est de coordonner la solidarité mondiale avec la Révolution bolivarienne et le peuple vénézuélien, mais aussi la solidarité de la nation sud-américaine envers les luttes pour la justice sociale et économique des peuples du monde entier. Il développera également la recherche, la formation et promouvra la discussion critique.

L’Institut répond également à la crise actuelle et urgente à laquelle la planète est confrontée. Le premier paragraphe de la déclaration de l’Institut Simón Bolívar explique : 

« La pandémie COVID-19 a montré que le modèle de société capitaliste basé sur des valeurs individualistes, dont le seul but est d’accumuler des richesses, n’est pas capable de défendre l’humanité, de garantir ses droits fondamentaux ni de sauvegarder la vie sur la planète. Face à cet échec, le modèle utilise la violence pour maintenir son hégémonie, s’approprie les ressources naturelles des peuples, s’attaque à la classe ouvrière et à ceux qui cherchent à construire un modèle alternatif« .

Les téléspectatrices(eurs) du monde entier qui ont assisté en ligne à la cérémonie à Caracas ont pu constater qu’un autre monde est possible, avec plus de 100 invités spéciaux, parmi lesquels des leaders sociaux, d’anciens présidents et des militants de nombreux pays, dont le prestigieux musicien Roger Waters :

L’un des premiers à prendre la parole a été Fernando González Llort, président de l’Institut cubain de l’amitié des peuples (ICAP). Le peuple cubain a été victime ces dernières années d’une intensification de l’embargo criminel des Etats-Unis, et González Llort a expliqué que  l’accent sur la solidarité internationale entre les peuples  et non sur le système bipartisan états-unien comme source de salut.

Parmi les autres participant(e)s figuraient Evo Morales et Rafael Correa, qui avaient beaucoup de choses à expliquer sur le récent coup d’État en Bolivie et le Lawfare qui se déchaîne en Équateur. Les deux anciens présidents sont touchés par des décisions de justice à motivation politique qui les empêchent de participer aux élections. Beaucoup d’autres voix ont résonné comme celle de la militante colombienne Laura Capote (photo), représentant la Marcha Patriótica, depuis la Colombie où se multiplient les assassinats de leaders sociaux. Dans l’une des premières déclarations publiques de l’Institut Simón Bolívar pour la paix et la solidarité entre les peuples, l’organisation a condamné dix meurtres récemment perpétrés par la police colombienne. L’Institut a également dénoncé l’assassinat de plus de 600 dirigeants sociaux et indigènes au cours des deux dernières années et celui de deux cents anciens guérilleros démobilisés et pourtant protégés par les Accord de Paix signés en 2016 par le gouvernement et les insurgés.

Un discours rafraîchissant

Au fur et à mesure que les travaux avançaient et que je réfléchissais à toutes ces paroles, à cette bouffée d’oxygène face au paradigme étouffant de la politique états-unienne dominante, une des nombreux représentant(e)s des États-Unis a pris la parole : l’universitaire Adrienne Pine (photo). Elle a souligné l’importance et la nécessité de développer le mouvement révolutionnaire contre ce concept idéologique empoisonnée de réformer un système en déclin. J’ai immédiatement commenté sur Twitter ses paroles formidables et rafraîchissantes : « le problème du fascisme n’est pas de voter pour l’un ou l’autre parti, la solution est la révolution« .

Les animateurs ont parlé la même langue, ne voyant aucune brèche transformatrice, aucun espoir d’humanisation sous l’actuel duopole états-unien qui a appliqué des sanctions sévères et illégales qui font tant de mal au peuple vénézuélien.

Nous avons également eu le privilège d’être en contact virtuel avec le président Nicolás Maduro dont le message s’adressait à tou(te)s les représentant(e)s des peuples du monde, lorsqu’il a dit : « Je demande le plein appui des mouvements de solidarité pour diffuser la vérité sur le Venezuela et ainsi conquérir la paix, la souveraineté, l’indépendance et le respect de notre peuple« .

Le Ministre du pouvoir populaire pour les affaires étrangères, Jorge Arreaza, a souligné que cette initiative a été créée pour coordonner la solidarité avec la révolution bolivarienne, mais aussi pour renforcer la solidarité du Venezuela et des Amériques avec toutes les révolutions et les causes justes du monde. Dans un récent article publié par le COHA, Arreaza a écarté toute illusion quant au scrutin de novembre 2020 alors qu’il est clair que les démocrates attaquaient Trump depuis la droite : « Trump ferait mieux de suivre son instinct initial de parler au président Maduro. Un dialogue respectueux avec le Venezuela va vraiment dans l’intérêt des États-Unis« .

Lors de son discours inaugural, le ministre Arreaza a également déclaré que « Cet Institut appartient aux peuples du monde et nous voulons que vous en tiriez profit, que vous l’utilisiez comme votre propre institut (…) Depuis le Venezuela, nous sommes solidaires de toutes ces luttes, de Julian Assange et de sa prison plus qu’injuste, du peuple palestinien, Saharahui, de tous ceux qui sont opprimés, soumis à des guerres injustes, et à l’impérialisme ».

Beaucoup d’entre nous, de l’Ouest capitaliste ou du Sud, se sentent chez eux au Venezuela. La solidarité n’est pas à sens unique. La solidarité est plutôt un soutien mutuel à la même cause d’opposition au capitalisme, à ses ramifications racistes, à l’hégémonie unipolaire de l’impérialisme et à ses guerres génocidaires. Nous sommes tous sur un pied d’égalité pour la même cause d’un monde multipolaire, de la souveraineté des peuples, de la paix et d’un nouveau système socio-économique.

Carlos Ron est le vice-ministre des Affaires Etrangères du Venezuela pour l’Amérique du Nord (au centre, avec Margaret Flowers et son compagnon Kevin Zeese, à Washington) et le nouveau président de l’Institut Simón Bolívar. Il nous l’a dit lors de la cérémonie de lancement : 

« Mes amis, soyez conscients que vous avez ici un peuple qui connaît vos luttes, qui les reconnaît et les partage« . De fait, au Canada, comme nos sœurs et frères aux États-Unis, nous avons fait l’expérience de la profonde sincérité des propos de Carlos Ron. Rien qu’en 2020, nous avons partagé deux événements. Tout d’abord, nous avons savouré la défaite de la candidature du gouvernement Trudeau à un siège au Conseil de sécurité des Nations unies (et je suis convaincu que l’une des raisons de cette victoire sur la candidature de Trudeau était la politique du gouvernement canadien au Venezuela). Deuxièmement, l’Institut canadien de politique étrangère, avec la collaboration de nombreux autres, a organisé une conférence virtuelle Zoom avec Jorge Arreaza depuis le Canada, qui a été vue par plusieurs milliers de personnes. Arreaza a fait une critique diplomatique mais aussi politique cinglante de l’ingérence de Trudeau au Venezuela par le biais de sa direction du groupe de Lima.

Le lancement de l’Institut Simón Bolívar a coïncidé avec l’anniversaire de la Lettre de Bolívar écrite en Jamaïque le 6 septembre 1885, par laquelle il voulait approfondir les perspectives et les objectifs du mouvement d’indépendance de l’Espagne. Un paragraphe de cette lettre nous permet d’apprécier la pertinence de l’héritage de Bolívar, en remplaçant simplement l’Espagne par les États-Unis : « Actuellement, le poids de l’adversité subsiste : nous sommes menacés par la peur de la mort, du déshonneur et de tout mal ; il n’y a rien que nous n’ayons subi aux mains de cette belle-mère contre-nature qu’est l’Espagne. Le voile a été déchiré. Nous avons déjà vu la lumière, et nous ne voulons pas être repoussés dans les ténèbres. Les chaînes ont été brisées, nous avons été libérés, et maintenant nos ennemis cherchent à nous asservir à nouveau. C’est pourquoi l’Amérique [du Sud] se bat désespérément, et il est rare que le désespoir n’aboutisse pas à une victoire. »

L’Institut a repris cette épée de Bolivar pour se tailler immédiatement une place dans les cyber-communications. Son compte Twitter est passé de zéro à plus de 3700 abonnés le 18 septembre, et de nombreuses mises à jour quotidiennes sont publiées depuis la création de l’Institut. De même, ses deux nouvelles chaînes YouTube (en anglais avec plus de 300 abonnés et en espagnol avec plus de 800) sont en constante évolution, tout comme ses comptes et son site web Telegram et Instagram. La cérémonie de lancement peut être vue ici en espagnol, et ici en anglais.

Hommage à l’avocat et militant Kevin Zeese

L’événement était consacré à la mémoire et à l’héritage de Kevin Zeese, connu dans le monde entier comme membre du Collectif de protection des ambassades vénézuéliennes à Washington DC. Il est décédé subitement au petit matin du 6 septembre, le jour où l’événement s’est déroulé à Caracas. À seulement 64 ans, sa mort a été un choc pour nous tous. Carlos Ron a immédiatement transformé notre chagrin en une émotion collective. Il a dédié le lancement de l’Institut à Kevin. Il ne s’agissait pas d’une dédicace officielle. Au contraire, le ministre vénézuélien des affaires étrangères Jorge Arreaza et Carlos Ron ont tous deux intégré un hommage à Kevin dans le tissu même de la fondation de l’Institut.

Je n’ai jamais rencontré Kevin. Mais j’ai suivi de près sa défense héroïque de la souveraineté vénézuélienne dans le ventre de la bête impériale, alors que la police de Washington menaçait à chaque instant de le déloger, lui et les siens, de l’ambassade du Venezuela. Cependant, bien que j’aurais pris l’avion pour Washington pour lui offrir mon soutien et écrire des articles, je n’ai pas pu entrer aux États-Unis depuis mars 2019. À cette époque, il y a un an et demi, je me rendais à Washington DC avec un message de soutien des mouvements canadiens pour cette manifestation historique dans la capitale américaine en faveur du Venezuela.

Je dédie donc, moi aussi, cet article à Kevin Zeese, à sa compagne Margaret Flowers, à sa famille et à ses camarades.

Arnold August est un auteur, journaliste, conférencier et membre de l’Institut canadien de politique étrangère basé à Montréal. Il a écrit trois livres sur Cuba, l’Amérique latine et les États-Unis. Ses articles sont publiés en anglais, en espagnol et en français en Amérique du Nord, Amérique Latine, Europe et Moyen Orient. Thèmes actuels : géopolitique des relations entre Etats-Unis, Venezuela, Cuba, Bolivie et le rôle du Canada.

[Credit of all photos: Foreign Relations Ministry of Venezuela]

Source : https://www.coha.org/new-simon-bolivar-institute-for-peace-and-solidarity-among-peoples-a-refreshing-contribution-from-venezuela-to-the-world/

Traduction : Thierry Deronne

URL de cet article : https://wp.me/p2ahp2-5B7

Les entretiens des Nouvelles Libres – L’école de communication internationale des mouvements sociaux à Caracas

Thierry Deronne, créateur du blog Venezuela infos, a accepté de nous parler du projet qui est en train de voir le jour à Caracas : celui d’une école de communication internationale des mouvements sociaux. Entretien.

  1. Bonjour Thierry. Vous habitez au Venezuela depuis 1994. Comment d’abord avez vous pris la décision d’aller vivre là-bas ?

 « Dans les années 80, parmi d’innombrables “internationalistes”, j’ai vécu deux ans au Nicaragua pour apporter mon modeste concours de vidéaste à l’immense effort de transformation mené par le gouvernement sandiniste (1). J’y ai rencontré Mariana Yonüsg Blanco, une militante vénézuélienne féministe dont l’appartement était devenu une sorte de “siège de l’ONU ». Jésuites madrilènes, théologienne de gauche allemande, infirmières basques, professeur de musique mexicain, médecins cubains, femmes bâtisseuses de Condega, nous débattions passionnément, de longues nuits durant, de comment nous allions construire la planète socialiste. Après la défaite électorale des sandinistes en 1990, nombre de ces “architectes” ont dû renoncer à leur « folie » et sont rentrés dans leur pays. Mariana est retournée au Venezuela avec ses enfants. Elle m’a invité à la rejoindre à Maracay pour poursuivre le travail d’éducation populaire. C’est elle qui m’a fait connaitre le MBR-200, le mouvement bolivarien – encore à demi clandestin – conçu par Hugo Chavez à sa sortie de prison. Après la victoire électorale du Comandante en 1998 s’est déployée au Venezuela la même énergie collective qu’au Nicaragua. Grâce à quoi j’ai pu fonder une école populaire et latino-américaine audiovisuelle et deux télévisions populaires. A partir de 2004 j’ai participé à la direction et à la formation du personnel de la télévision publique participative Vive TV créée à la demande du président Chavez par la militante de la communication populaire Blanca Eekhout. »

  1. Sur votre site vous présentez un aspect du Venezuela qu’en France et en Europe nous ne connaissons pas ou peu. Pourquoi ce choix ?

 « Les médias qui fabriquent le consentement mondial ont pour tactique de personnaliser les processus (Venezuela = Maduro, etc.). Invisibiliser le peuple, son rôle moteur dans la démocratie participative, vise à empêcher l’identification citoyenne pour mieux construire des opinions publiques favorables aux “frappes sélectives” contre un “dictateur solitaire”. Depuis vingt ans, les journalistes français, logés dans les secteurs chics de Caracas, ont occulté les 80 % de quartiers populaires où vit la base sociale du chavisme. Ils ont repeint en « peuple » substitutif l’extrême droite insurgée des Guaido et autres, et en « répression » les affrontements générés pour les médias internationaux. On pourra rappeler cent fois que Jimmy Carter, le Conseil des Juristes Latino-américainsRodriguez ZapateroLula ou Rafael Correa, parmi tant d’observateurs internationaux, ont attesté la transparence, la légitimité, le nombre record d’élections, que cela resterait insuffisant. C’est l’inclusion des exclu(e)s et l’avènement d’une démocratie participative qui caractérisent le mieux le Venezuela bolivarien. Montrer ce que les gens font de leur destin, apprendre à comprendre, à respecter et à aimer ce sujet plein d’histoire, qui construit des communes et d’autres formes de pouvoir citoyen, et qui n’est pas seulement une “victime de l’impérialisme pétrolier”, est donc stratégique. C’est l’angle que je privilégie dans mon Blog Venezuela Infos. »

« Si les grands médias du capitalisme n’ont de cesse d’effacer l’Histoire des peuples et d’opposer les citoyen(ne)s pour mieux démobiliser leurs luttes, nous suffira-t-il de démocratiser leur propriété ? »

 

  1. Un projet, l’école de communication internationale des mouvements sociaux est en train de voir le jour. Pouvez-nous le présenter ?

 « Si les grands médias du capitalisme n’ont de cesse d’effacer l’Histoire des peuples et d’opposer les citoyen(ne)s pour mieux démobiliser leurs luttes, nous suffira-t-il de démocratiser leur propriété ? Préparer le monde nouveau pourrait-il se faire sans créer de nouveaux médias qui permettent « au peuple de discuter avec le peuple » ? Récupérer tous ces espaces n’aura de sens qu’en nous formant d’abord et partout à une forme nouvelle, plus participative, moins narcissique, et moins éphémère, d’informer. Et comme disent les Travailleur(se)s Sans Terre du Brésil « c’est en période de reflux qu’il faut se former pour ne pas être pris au dépourvu quand revient la courbe ascendante« … »

  1. D’où est venue cette idée et par qui est-elle portée ?

 « Depuis vingt ans, avec Pablo Kunich d’Alba TV et tant d’autres, nous avons participé à des rencontres de mouvements sociaux latino-américains qui concluaient à ce besoin pressant d’un vaste système de communication populaire. C’est paradoxal : alors que nous assumons que tout travail politique, toute compréhension de l’Histoire suppose de mettre les cartes sur la table, d’ouvrir et de traiter les contradictions à partir du cerveau collectif, au moment de « communiquer » nous revenons à la forme pauvre – commerciale, lisse, verticale – de vendre un message à un consommateur individuel. On recycle les schèmes de la communication du libre marché, des techniques émanant d’un monde que nous rejetons. Or s’il est un acquis de la pensée révolutionnaire en matière de communication, c’est celui qu’Althusser résumait: “Ce n’est que d’une technique que l’on peut déduire une idéologie”. Un média (ou une usine, un État, une université, une commune, etc.) n’est pas révolutionnaire parce que son discours l’est mais parce que son mode de production l’est (à savoir comment il émane de la population, comment il organise le travail, la formation interne, la programmation, etc.).

Située à Caracas, au carrefour des Amériques et des Caraïbes, l’école de communication internationale Hugo Chavez est un vieux rêve des mouvements sociaux. Sa force réside dans les 25 ans d’expérience de ses fondateurs(trices) et dans son infrastructure déjà prête de production et de transmission télévisée. Elle sera un pas important vers le retour du champ médiatique aux mains des citoyen(ne)s et tendra les bras vers les autres continents, vers l’Afrique en particulier. »

  1. Quel est le rôle des mouvements sociaux, et notamment du Mouvement des Sans Terre dans ce projet ?

 « Les Sans Terre du Brésil appuient depuis le début, puissamment, notre école, et de beaucoup de manières, ils font d’ailleurs partie de son équipe pédagogique à Caracas. En tant qu’enseignant(e)s nous avons été très influencé(e)s par l’extraordinaire Université populaire des Sans Terre construite par eux-mêmes, sur la base du volontariat, au sud de Sao Paulo pour les mouvements sociaux du monde entier.

L’école Florestan Fernandes est un projet intégral. Après les matins d’étude de la philosophie, de l’économie politique, de l’agroécologie ou de la théorie de l’organisation, les étudiant(e)s de tous les continents partagent la tâche de produire leur alimentation en cultivant sur le terrain de l’école, et ils s’organisent pour faire la cuisine, entretenir l’école et créer toutes sortes d’activités culturelles parallèles aux cours. Aucune activité n’y est étrangère à la vision transformatrice. Dans notre école de communication aussi, chaque mouvement social apportera sa propre expérience. »

  1. Quelles en seront les modalités ? Qui pourra s’inscrire ? Quels seront les cursus et les matières ?

 « L’école est destinée aux mouvements sociaux – qu’il s’agisse de travailleurs(ses) et créateur(trice)s de tout bord, syndicats, mouvements de femmes, de jeunesse, écologistes, coordinations paysannes, enseignantes, étudiantes, médias alternatifs, etc. Dès 2020, elle organisera chaque année 30 ateliers intégraux, quatre ateliers de formation de formateurs, quatre séminaires, quatre laboratoires de création et deux stages internationaux. Elle apportera des réponses concrètes aux besoins en formation audiovisuelle, photographique, théâtrale, radiophonique, télévisuelle (y compris la transmission en direct) et dans l’écriture multimédia. Elle mettra ses modules de formation et ses master classes en ligne afin d’en faciliter l’accès à tous. Les mouvements pourront également envoyer leurs scénarios ou productions pour être analysés par nos formateurs. L’école sera un espace d’articulation des mouvements sociaux du monde entier et de rencontre avec les organisations populaires locales. »

  1. Depuis l’arrivée au pouvoir de Chavez au Venezuela, les attaques économiques, mais aussi médiatiques, contre le pays se multiplient. Plus généralement elles touchent tous les pays Latinos-américains dirigés par la gauche mais aussi tous les pays du monde qui refusent d’être les valets de l’impérialisme. Cette école est-elle un moyen de rétablir quelques vérités ?

 « Une des conséquences de la vitesse émotionnelle, de l’instantané satellitaire, de l’absence de contexte, etc. qui caractérisent le champ médiatique actuel, est « l’obligation de moyenne ». D’un côté mille médias martèlent la Weltanschauung états-unienne (Maduro-est-un-dictateur-qui-affame-son-peuple), de l’autre le terrain du Venezuela reste trop lointain, difficile d’accès. La plupart des citoyens, intellectuels ou militants sont donc réduits à « faire une moyenne » forcément bancale entre l’énorme quantité de mensonges quotidiens et le réel. Ce qui donne, dans le meilleur des cas : « Il y a des problèmes de droits de l’homme, de famine, de pauvreté, je condamne la violence d’où quelle vienne, etc. »

Comment, dès lors, nous reconnecter au réel ? Quand le Mouvement des Sans Terre du Brésil, ou Via Campesina, ou le Forum de Sao Paulo qui regroupe 168 organisations, partis politiques et mouvements sociaux d’Amérique Latine, ou 28 organisations vénézuéliennes des droits humains décrivent la déstabilisation économique, les violences, mais aussi les réponses populaires et gouvernementales à cette guerre impériale, on dispose d’un large éventail alternatif de sources et d’expertises provenant d’organisations démocratiques. C’est-à-dire de sources directes et d’une connaissance plus profonde de la réalité que la « moyenne » d’un science-po occidental, obligé de préserver sa carrière médiatique et universitaire. Dans notre école, le temps d’enquête, l’acquisition d’une culture historique, la possibilité de travailler sur place avec un secteur aussi ancré dans le réel que les mouvements sociaux, vont permettre en effet de générer toute sortes de contenus, documentaires, reportages multimédias, au-delà de toute propagande. »

« L’information est un besoin vital du peuple pour s’orienter dans le chaos de la globalisation. »

 

  1. A long terme l’école pourra-t-elle être reproduite dans d’autres pays afin d’aider à l’émergence de nouveaux médias ?

 « Telle est en effet notre stratégie : contribuer à mettre en place une politique de rupture médiatique partout dans le monde. Il est temps de sortir de l’éternelle “critique des médias” pour récupérer notre temps, notre agenda. Seule la souveraineté populaire, communicationnelle, la polyphonie des témoignages contradictoires, endogènes, permettent à une nation de croître mais aussi de dialoguer avec les autres. L’information est un besoin vital du peuple pour s’orienter dans le chaos de la globalisation. C’est pour esquiver les menaces, survivre, croître et trouver des alliés qu’il a besoin d’une information plurielle et différenciée – alors que la commerciale est de plus en plus homogène, superficielle, socialement inutile. C’est pourquoi l’avenir du métier d’informer est dans la démocratie participative. Pour le dire avec Sartre “le rôle du journaliste est de permettre que le peuple discute avec le peuple”. Contrairement aux médias commerciaux, la communication populaire ne résout pas la réalité sur l’écran ou sur la scène mais reste une « oeuvre ouverte » pour que le peuple participe à la construction du sens et se mette en mouvement. C’est aussi pourquoi elle est toujours originale dans sa forme. Elle repart toujours de quelque chose de nouveau parce que la réalité bouge à chaque instant, génère une forme nouvelle, non-formatée, à tout moment. Elle fait aussi ce que ne font jamais les médias dominants : un suivi d’une information pour transmettre les leçons qui nourriront la construction d’autres organisations.

Comment ne pas voir que lorsque le mode de produire l’information sera totalement nié par le grand monopole privé, notre grande “cellule” – appelons-la république, nation ou peuple – aura toujours besoin de “s’alimenter” ? Dès lors qu’attendons-nous ? Pourquoi ne pas anticiper les événements ? Combien de coups d’Etat médiatiques de plus attendrons-nous pour rédiger une loi mondiale, de démocratisation de la propriété des médias, refonder un service public participatif qui ne soit pas la copie du privé, remettre le reste des ondes, concessions, fréquences et ressources aux organisations populaires, repenser un usage du numérique organisateur et non narcissique, tribal ou éphèmère, et mettre en activité les écoles de la nouvelle communication sociale ? L’école “Hugo Chavez” est une école parmi d’autres. Chaque peuple va construire la sienne pour générer des médias socialement utiles qui posent les questions utiles aux citoyen(ne)s. »

Pour aider cette école à naître, tout don, même petit, sera très utile : https://www.helloasso.com/associations/primitivi/collectes/pour-la-creation-de-l-ecole-de-communication-integrale-a-caracas-venezuela

(1) : Un peu d’histoire #8 : L’affaire Iran-Contra

Créer l’école internationale des mouvements sociaux « Hugo Chavez » : pour rester maîtres de notre futur

Cher(e) Ami(e), l’école internationale de communication des mouvements sociaux « Hugo Chavez » est un projet merveilleux que nous demandent de réaliser depuis vingt ans de nombreux mouvements du monde entier qui n’acceptent plus l’écrasement des luttes sociales par le champ médiatique. Comme disent les Travailleur(se)s Sans Terre du Brésil « c’est en période de reflux qu’il faut se former pour ne pas être pris au dépourvu quand revient la courbe ascendante« .

C’est pourquoi nous sollicitons votre soutien. Nous espérons aussi, avec votre aide, toucher un peu plus de gens tous les jours. Voici la présentation détaillée du projet ainsi que les modalités pour qui souhaiterait faire un don et faire de cette idée folle une réalité forte d’engagement et de solidarité: https://www.helloasso.com/associations/primitivi/collectes/pour-la-creation-de-l-ecole-de-communication-integrale-a-caracas-venezuela

Un abrazo fraternel depuis Caracas!

 

L’école de communication continentale Hugo Chavez : rester maîtres de notre futur

[Versión en español al final – English version below]

 

Si les grands médias effacent l’Histoire des peuples et opposent les citoyen(ne)s pour mieux démobiliser leurs luttes, nous suffira-t-il de démocratiser leur propriété ? Récupérer tous ces espaces n’aura de sens qu’en nous formant partout à une forme nouvelle, participative, d’informer. Située à Caracas, au carrefour des Amériques et des Caraïbes, l’école de communication internationale Hugo Chavez est un vieux rêve des mouvements sociaux. Sa force réside dans les 25 ans d’expérience de ses fondateurs(trices) et dans son infrastructure déjà prête de production et de transmission télévisée. Elle sera un pas important vers le retour du champ médiatique aux mains des citoyen(ne)s et tendra les bras vers les autres continents, vers l’Afrique en particulier.

Pour former qui ?

Toutes celles et ceux qui cherchent des réponses concrètes à leurs besoins en formation audiovisuelle, photographique, théâtrale, radiophonique, télévisuelle (y compris la transmission en direct) et dans l’écriture multimédia : travailleurs(ses) et créateur(trice)s de tout bord, syndicats, mouvements de femmes, de jeunesse, écologistes, coordinations paysannes, enseignantes, étudiantes, médias alternatifs, etc. Dès 2020, l’école organisera chaque année 30 ateliers intégraux, 4 Ateliers de formation de formateurs, 4 Séminaires, 4 Laboratoires de Création et 2 Stages Internationaux. Elle mettra ses modules de formation et ses master classes en ligne à la disposition des mouvements sociaux, afin d’en faciliter l’accès à tous. Les mouvements pourront également envoyer leurs scénarios ou productions pour être analysés par nos formateurs. L’École sera un espace d’articulation des mouvements sociaux du monde entier et de rencontre avec les organisations populaires locales. L’objectif économique vise à financer tous ces ateliers : hébergement, nourriture, transport, équipe d’instructeurs(trices). Nous fournissons, en plus de notre expérience, le matériel d’études, l’équipement technique nécessaire aux ateliers, l’infrastructure où la formation aura lieu et nos équipes de formatrices et formateurs qui garantiront la réalisation des ateliers. C’est pourquoi nous vous invitons à participer à cet effort collectif.

Qui porte le projet ?

Quatre associations à but non-lucratif ont décidé d’unir leur expérience en formation intégrale pour créer cette école: l’ EPLACITEALBA TV , TERRA TV et la BALEINE NOIRE. Ses enseignant(e)s se sont formé(e)s depuis quinze ans aux côtés de professeurs chevronnés comme Augusto Boal (Théâtre de l’Opprimé, Brésil), Jorge Sanjines (Cinéaste, Bolivie), Thierry Odeyn (professeur de documentaire, INSAS, Bruxelles), Claude Bailblé (professeur de son, FEMIS, France) et toute sorte d’enseignant(e)s d’Histoire, de littérature, de formation sociopolitique comme celles et ceux de l’École des Sans Terre au Brésil.

L’EPLACITE

Depuis 1995 l’École Populaire et Latino-américaine de Cinéma, Théâtre et Télévision a formé des milliers de personnes comme le salvadorien Sergio Sibrián dont la première oeuvre Le Tigre et le Cerfa reçu le Prix du Meilleur Documentaire Latino-Américain au Festival Sunscreen (Floride) et du Meilleur Documentaire Indigène au Festival Voces Urgentes (Mexique). « Mémoire des Luttes » raconte l’histoire de l’EPLACITE.

ALBA TV

Depuis 13 ans, la chaîne de télévision Alba TV travaille main dans la main avec des mouvements sociaux et avec d’autres télévisions communautaires ou médias alternatifs en Amérique latine, dans les Caraïbes et dans le monde entier. C’est un média basé sur la participation directe des peuples, et ses lignes de travail sont la production, la formation et l’articulation d’un point de vue décolonial, anti-impérialiste et anti-patriarcal.

TERRA TV

Diffusé via le satellite et le câble d’Alba TV, via les réseaux sociaux ou par des projections de terrain, Terra TV transmet les luttes et les propositions des paysan(ne)s. En tant qu’école audio-visuelle, Terra TV les accompagne dans la création de formes innovantes, non formatées. Des participants tels le Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre du Brésil ont réalisé « La terre est à tous » visible dans ce reportage de Reporterre.

LA BALEINE NOIRE

La BALEINE NOIRE a créé des documentaires comme Qui-es tu octobre ? (Ecrans Documentaires, Benindocs – Africadoc, Festival International de documentaires de Buenos Aires, Visions du Réel, etc..) ou d’oeuvres théâtrales telles que le Choeur d’Ali Aarrass dont les 30 femmes racontent la lutte pour la libération du détenu belgo-marocain Ali Aarrass. La BALEINE NOIRE place la rencontre au centre du processus créatif, et tend à effacer la frontière entre acteur et spectateur à travers l’émancipation d’un regard critique.
Pour savoir comment participer aux cours de l’école, proposer des thèmes ou des collaborations, écrivez-nous : escuelaenred.comunicacion@gmail.com
 
[Versión en español]

La Escuela de Comunicación Continental Hugo Chávez: para seguir siendo dueños de nuestro futuro

Si los grandes medios de comunicación borran la historia de los pueblos y dividen a lxs ciudadanxs para desmovilizar sus luchas, ¿bastará con democratizar su propiedad? La recuperación de todos estos espacios sólo tendrá sentido si nos formamos en todas partes en una nueva forma participativa de informar. Ubicada en Caracas, en la encrucijada de las Américas y el Caribe, la Escuela de Comunicación Continental Hugo Chávez es un viejo sueño de los movimientos sociales. Su fuerza radica en los 25 años de experiencia de sus fundadore(a)s y en su infraestructura concreta de capacitación, producción y transmisión televisiva. Será un paso importante en el retorno del campo mediático a manos de los ciudadanos y extenderá sus brazos a otros continentes, en particular a África.

¿Para formar a quién?

A todxs aquellxs que buscan respuestas concretas a sus necesidades de formarse en escritura audiovisual, fotográfica, teatral, radiofónica, televisiva (incluso en vivo) y multimedia: trabajadorxs y creadorxs de todo tipo, sindicatos, movimientos de mujeres y jóvenes, organizaciones campesinas, de maestrxs, estudiantiles, colectivos de medios alternativos o comunitarios, etc… A partir de 2020, la escuela organizará 30 talleres integrales, 4 talleres de formación de formadores, 4 diplomados, 4 seminarios, 4 laboratorios de creación y 2 prácticas internacionales cada año. Pondrá a disposición de los movimientos sociales sus módulos de formación y clases magistrales en linea, para facilitar el acceso de todos y todas. Los movimientos también podrán enviar sus guiones o producciones para que sean analizados por nuestros formadore(a)s. La escuela será un espacio de articulación de los movimientos sociales de todo el mundo y de encuentro con las organizaciones populares locales. El objetivo económico apunta a cubrir la realización de todos estos talleres: alojamiento, comida, transporte, equipo de instructores. Aportamos, además de nuestra experiencia, los materiales de estudio, los equipos técnicos necesarios para las prácticas, la infraestructura donde se realizarán la formación y nuestros colectivos de compañeras y compañeros que garantizarán la realización de los talleres. Por eso te invitamos a ser parte de este esfuerzo colectivo.

¿Quién lleva el proyecto?

Cuatro asociaciones sin ánimo de lucro han decidido unir sus experiencias en formación integral para crear esta escuela: la EPLACITEALBA TVTERRA TV y la BALLENA NEGRA. Sus educadore(a)s se formaron durante quince años junto a maestros experimentados como Augusto Boal (Teatro de los Oprimidos, Brasil), Jorge Sanjinés (Cineasta, Bolivia), Thierry Odeyn (Profesor de Documentales, INSAS, Bruselas), Claude Bailblé (Profesor de Sonido, FEMIS, Francia) y todo tipo de maestrxs de Historia, Literatura, formación sociopolítica como lxs de la Escuela de los Sin Tierra de Brasil.

La EPLACITE

Desde 1995 la Escuela Popular y Latinoamericana de Cine, Teatro y Televisión ha formado a miles de personas como el salvadoreño Sergio Sibrián, cuya primera obra El Tigre y el Venado recibió el Premio al Mejor Documental Latinoamericano en el Festival Sunscreen (Florida) y al Mejor Documental Indígena en el Festival Voces Urgentes (México). « Mémoire des Luttes » cuenta la historia de la EPLACITE.

ALBA TV

Durante los últimos 13 años, el canal de televisión ALBA TV ha trabajado de la mano de los movimientos sociales y otros medios de televisión comunitaria y alternativa en América Latina, el Caribe y en todo el mundo. Es un medio de comunicación basado en la participación directa de los pueblos, y sus líneas de trabajo son la producción, la formación y la articulación de un punto de vista descolonial, antiimperialista y antipatriarcal.

TERRA TV

Transmitido por satélite y por cable a través de ALBA TV, de las redes sociales o mediante proyecciones de campo, TERRA TV es un canal-escuela que transmite las luchas y propuestas del mundo campesino. Como escuela audiovisual, Terra TV acompaña a los campesinos en la creación de formas innovadoras y sin formato. Participantes como el Movimiento de los Trabajadores Rurales Sin Tierra del Brasil, han realizado el corto « La Tierra es para todos » visible en este informe de Reporterre.

LA BALLENA NEGRA

La Ballena Negra ha creado documentales como Quien eres octubre? (Ecrans Documentaires, Benindocs – Africadoc, Festival Internacional de Documentales de Buenos Aires, Visions du Réel, etc.) u obras teatrales como el Coro de Ali Aarrass cuyas 30 mujeres cuentan la historia de la lucha por la liberación del prisionero belga-marroquí Ali Aarrass. La BALEINE NOIRE coloca el encuentro en el centro del proceso creativo, y tiende a borrar la frontera entre el actor y el espectador a través de la emancipación de una mirada crítica.

Para saber cómo participar a los cursos de la escuela, proponer temas o colaboraciones, escríbanos a: escuelaenred.comunicacion@gmail.com

(English version)

The Hugo Chavez School of Continental Communication : Let us remain in control of our Future

If the mass media erase the History of the peoples and oppose the citizens to demobilize their struggles, will it be enough for us to democratize their ownership? Recovering all those spaces will only make sense if we are trained everywhere in a new participatory form of informing. Located in Caracas, at the crossroads of the Americas and the Caribbean, the Hugo Chavez School of Continental Communication is a long-standing dream of the social movements. Its strength lies in its founders’ 25 years of experience and in its ready-made infrastructure for television production and transmission. It will be an important step towards the return of the media landscape in the hands of citizens and will reach out to other continents, in particular Africa.

To train whom?

All those who are looking for concrete answers to their needs in audiovisual, photographic, theatrical, radio, television (including live transmission) and multimedia writing training : workers and creators of all kinds, trade unions, women’s and youth movements, environmentalists, farmers’ organizations, teachers, students, alternative media, etc. Starting in 2020, the school will organize every year 30 integral workshops, 4 Workshops for Trainers’ training, 4 Seminars, 4 Creation Laboratories and 2 International Internships. It will upload its training modules and master classes which will be available to social movements, in order to facilitate access to all. The movements will also be able to send their scripts or productions for analysis by our trainers. The School will be a space for the articulation of social movements from all over the world and a meeting space with local popular organizations. The economic intention is to finance all of these workshops: including accommodation, food, transport, and the teams of instructors. In addition to our experience, we provide the study material and the technical equipment necessary for the workshops, as well as the spaces where the training will take place, as well as the personnel (the trainers) who will ensure the implementation of the workshops. This is why we invite you to participate in this collective effort.

Who carries the project?

Four non-profit associations have decided to combine their experience in integral training to create this school: EPLACITEALBA TVTERRA TV and the BLACK WHALE. Its teachers have been trained for fifteen years along with experienced teachers such as Augusto Boal (Theatre of the Oppressed, Brazil), Jorge Sanjines (Filmmaker, Bolivia), Thierry Odeyn (Documentary Film Teacher, INSAS, Brussels), Claude Bailblé (Sound Teacher, FEMIS, France) and all kinds of teachers of History, Literature, socio-political training such as those of the School of the Landless in Brazil.

EPLACITE

Since 1995 the Popular and LatinAmerican School of Cinema, Theatre and Television has trained thousands of people, such as the Salvadorian Sergio Sibrián, whose first work The Tiger and the Deer received the Award for Best Latin American Documentary at the Sunscreen Festival (Florida) and Best Indigenous Documentary at the Voces Urgentes Festival (Mexico). « Mémoire des Luttes » tells the story of EPLACITE.

ALBA TV

For the past 13 years, Alba TV has been working hand in hand with social movements and other community televisions and alternative media in Latin America, the Caribbean and around the world. It is a medium based on the direct participation of the peoples, and its directions of work are production, training and the articulation of a decolonial, anti-imperialist and anti-patriarchal point of view.

TERRA TV

Broadcast via satellite and cable of Alba TV, via social networks or through field projections, Terra TV transmits the struggles and calls for help of the peasants. As an audio-visual school, Terra TV accompanies its participants in the creation of innovative, unformatted forms. Participants such as the Landless Rural Workers Movement of Brazil have made « Earth is for everyone » which is viewable in this Reporterre report.

THE BLACK WHALE

The Black Whale has created documentaries such as Who are you Octobre? (Ecrans Documentaires, Benindocs – Africadoc, Buenos Aires International Documentary Festival, Visions du Réel, etc.) or theatrical works such as the Choir of Ali Aarrass, whose 30 women tell the story of the struggle for the liberation of the Belgian-Moroccan prisoner Ali Aarrass. The Black Whale sees the encounter as a central part of the creative process and tends to blur the lines between actor and spectator through the emancipation of a critical gaze.

To find out how to participate in the school’s courses, propose topics or collaborations, write to us at: escuelaenred.comunicacion@gmail.com

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Nicolas Maduro décrète une série de mesures pour protéger les travailleur(se)s vénézuélien(ne)s

Le président vénézuélien Nicolás Maduro a décrété dimanche plusieurs mesures pour protéger les travailleur(se)s vénézuélien(ne)s face à la situation générée par le Covid-19. Ces mesures viennent accompagner les mesures de santé publique (confinement général à domicile, port généralisé de masques, interruption ou réduction des activités économiques au minimum vital des transports et des services publics et commerces, etc..) qui ont déjà permis d’endiguer la progression de l’épidémie (1)

Ces mesures sont :

1. Prolongement de l’interdiction totale de licenciement jusqu’à la fin de 2020.
2. Les banques doivent suspendre pour six mois le recouvrement du capital et des intérêts sur tous les prêts, dettes, crédits.
3. Suppression immédiate du paiement des loyers des logements principaux et des commerces pendant 6 mois.
4. Interdiction de toute expulsion de logement, de toute coupure d’électricité, d’eau, de téléphone et d’internet.
5. Plan spécial par lequel le gouvernement assumera le paiement des salaires aux petites et moyennes industries par le biais du système Patria pendant 6 mois.
6. Restructuration des conditions d’accès au crédit, en faveur des petits et moyens producteurs.
7. Plan d’investissement prioritaire pour l’agroalimentaire en vue de garantir la production de 7 millions de caisses de nourriture à très bas prix pour leur distribution par les Comités Locaux d’Approvisionnement au même nombre de familles.
8. Des primes spéciales pour tous les travailleur(se)s de l’économie informelle et des entreprises privées par le biais du système Patria
9. Allocation pour l’ensemble de la population via le Carnet Patria.

Note (1):

Depuis que le Covid-19 est arrivé dans le pays (via les liaisons aériennes avec l’Europe en majorité, ainsi que via la Colombie), on compte 77 cas confirmés et aucun décès à ce jour, selon les statistiques officielles. Le gouvernement a très tôt déclaré l’état d’alarme, imposant une quarantaine générale d’un mois dans tout le pays. Il commence à administrer de la chloroquine non seulement aux patients infectés mais aussi à ses contacts proches – une quinzaine – et au personnel soignant qui s’occupe de ces personnes. Aucun patient infecté, pas même ceux ou celles qui sont dans des cliniques privées, ne paie un centime pour le traitement. Sont disponibles 23.762 lits  (11 mille dans le réseau public, 4003 dans les Centres de Diagnostic Intégral installés dans les quartiers populaires, 4759 dans le réseau privé et 4000 supplémentaires dans les hôtels réquisitionnés).

Nicolas Maduro a appelé de nouveau les États-Unis à lever toutes leurs sanctions et leur blocus bancaire, afin de pouvoir acheter l’ensemble du matériel médical dont a besoin le pays. La coopération médicale de la Russie, la Chine et Cuba, avec la production d’Interféron, l’envoi de kits de dépistage ainsi que la présence sur le terrain de 130 médecins cubains, permettent de pallier en partie les effets de la guerre économique de l’administration Trump. Le Venezuela vient de déposer plainte pour ces “crimes contre l’humanité” responsables de nombreuses morts et de vagues d’émigration, et visant à générer un chaos social comme technique de renversement d’un gouvernement élu.

Thierry Deronne, Caracas, 23 mars 2020

Sources: agences et https://albaciudad.org/2020/03/jefe-de-estado-nicolas-maduro-anuncio-medidas-economicas-para-proteger-a-los-venezolanos-durante-la-contingencia-del-coronavirus/

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